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"Une interview et des élections" par le Pr Ali Bensaad

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  • "Une interview et des élections" par le Pr Ali Bensaad

    Comme Bouteflika, Tebboune n’a jamais daigné s’adresser aux journalistes algériens. Sauf aux journalistes qu’il choisit lui-même ou qu’on lui choisit.

    Je ne doute pas que l’initiative soit venue des journalistes de « Le Point ». Mais Tebboune seul avait pouvoir de la concrétiser. Lui, comme le pouvoir ne sont pourtant pas connus pour leur audace et leur liberté de ton dans un paysage médiatique qu’ils ont ossifié comme jamais, soumis à la répression et au contrôle. S’ils ont bien voulu répondre à la demande d’interview, et pourquoi pas la solliciter, c’est que cela allait au-devant de leurs désirs et stratégies de communication, c’est qu’elle les servait. On ne peut le reprocher aux interviewers. Mais il faut le rappeler. Tout comme il faut rappeler le climat répressif du contexte où se déroule l’interview et d’où chacun parlait.

    On ne peut également s’empêcher de penser que, comme Bouteflika qui méprisait les journalistes algériens et courait derrière les journalistes français, c’est à un journal français qu’il donne cette interview même si les journalistes sont algériens. Comme quoi, on a beau dire, voire le pourfendre, ça aide d’avoir un pied à l’étranger. Et des deux côtés de la table, l’ambiguïté du rapport à l’étranger non assumé et sa mobilisation à géométrie variable, sont là.

    Je ne sais si c’était un scoop pour les journalistes, c’était en tout cas un bon coup de comm pour la présidence.

    Tebboune a poussé son avantage jusqu’à répondre à des questions « gênantes ». Il n’a été repris ou contredit dans aucune de ses réponses. Or, aucune question n’est gênante en soi si l’interviewé a toute latitude pour répondre comme il veut sans que sa réponse soit discutée ou reprise. Les questions « gênantes » deviennent autant de perches tendues à qui veut se justifier.

    Comment, ne serait-ce que sur l’exemple de l’incarcération du journaliste Karèche, se suffire de la réponse laconique et sans appel : « il a joué avec le feu !». Avec le feu de Dieu, de Rab Dzair? Son châtiment, c’est celui donc de la colère divine? Comment par respect pour la rédaction et les lecteurs du magazine et leur capacité de discernement laisser dire, sans reprise aucune même timide que le MAK est l’auteur d’attentats à la voiture piégée quand tout le monde sait que bien que séparatiste, ce mouvement est pacifique et que le régime est incapable de fournir la moindre preuve d’attentat ? Et j’en passe.
    Une interview serait-elle dans ce cas une simple caisse de résonnance de l’interviewé ? Cela aurait été une interview écrite avec des questions fermées, qu’il n’y aurait pas eu de différences.


    Au final, il y avait la même langue de bois péremptoire habituelle quand bien même le bois a été lustré par le vernis des questions.


    Le seul intérêt, incongru, que j’ai trouvé à cette interview, c’est la duplicité des décideurs qui finit toujours par transparaitre.

    Après avoir fustigé Rachad comme groupe terroriste, Tebboune dit sa compatibilité avec l’islam politique et fait l’éloge d’Erdogan qui est le type même de modèle promu par Rachad qui bénéficie par ailleurs de son soutien.

    Il le fait devant l’interviewer, Kamel Daoud, qui n’a de cesse d’alerter sur le risque islamiste et « l’avènement turc ». Ce même interviewer qui a pris la responsabilité de s’engager personnellement et publiquement sur le caractère sain et transparent des élections, soutenant en cela la démarche du régime et de Tebboune. En se basant sur quel élément objectif quand tous les éléments factuels et vérifiables le contredisent ? Sur les confidences de décideurs ? Sur leur proximité ? Sur la foi en leur engagement ? Sinon sur quoi pour qu’on puisse nous aussi en juger.

    Pr Ali Bensaad
    03 juin 2021

    Le bon sens est la chose la mieux partagée du monde... La connerie aussi - Proverbe shadokien

  • #2
    Non, mais il est clair que cet entretien est trop suspect pour être irréprochable. Même l'hebdomadaire Le Point ne semble pas trop vouloir en revendiquer la paternité, se contentant de renvoyer la responsabilité aux deux journalistes algériens et reléguant l'interview très loin derrière les premières pages.
    Un jour, peut-être, on saura quelle manigance a présidé à ce petit coup de pub inespéré pour Kedboune.

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    • #3
      l'interview très loin derrière les premières pages
      L’entretien avec Tebboune est sur la couverture avec le titre "Exclusif Abdelmadjid Tebboune, le grand entretien"

      Le bon sens est la chose la mieux partagée du monde... La connerie aussi - Proverbe shadokien

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      • #4
        L’entretien avec Tebboune est sur la couverture avec le titre "Exclusif Abdelmadjid Tebboune, le grand entretien"
        Oui, je l'avais vu. Le bandeau sur la une, c'est juste pour vendre, mais le contenu de l'entretien vient bien après un tas de chroniques et d'articles consacrés à la politique française interne. En somme, loin de justifier ce pompeux qualificatif d' "exclusif". On notera, par ailleurs, que le titre parle de ce que Tebboune "a dit à Kamel Daoud et à Adlène Meddi" et non d'un entretien accordé au Point.
        M'enfin, tout cela est secondaire, l'essentiel c'est qu'il s'agit d'une opération de com qui n'a pas encore livré tous ses secrets.

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