L’historien britannique, professeur au Trinity College d’Oxford, spécialiste de l’Algérie, revient sur les déclarations d’Emmanuel Macron. Dans son livre, A History of Algeria, il défait l’idée que « la nation algérienne » serait postérieure à la colonisation française
La mémoire de la guerre d'Algérie électrise toujours autant le débat public français. Dernière séquence en date, les déclarations d’Emmanuel Macron.
Alors qu’il recevait, jeudi 30 septembre, dix-huit jeunes ayant un lien avec la guerre d’Algérie et impliqués dans la démarche de réconciliation et de mémoire, chantiers du quinquennat, le président s’est fait l’auteur de saillies, provoquant la furie d’Alger.
Les autorités algériennes, accusées par Macron de profiter de « la rente mémorielle », ont fermé l’espace aérien militaire aux avions français.
En attribuant la paternité de la nation algérienne à la France mais aussi en ciblant la domination ottomane, minorée selon lui par les Algériens, Emmanuel Macron a montré une méconnaissance étonnante mais répandue de l’histoire algérienne.
Dans A History of Algérie (Cambridge university press, 2017), James McDougall, historien britannique, relate le chemin de la société algérienne de 1516, année du début de la régence d’Alger, jusqu’aux années 2000 et au Printemps arabe.
Si cette œuvre, disponible en langue anglaise uniquement, est aussi salvatrice que foisonnante, c’est qu’elle dresse un séquençage documenté et analytique de la construction de la nation algérienne. Avec une approche inédite et fondamentale pour saisir l’Algérie moderne, à savoir une plongée au cœur de la vie culturelle des Algériens mais aussi leur relation au « beylik » (État) et aux mondes extérieurs.
Comprendre l'Algérie contemporaine suppose d’inclure l’étude de son peuple, de la régence d’Alger à la fin de la décennie noire de la guerre civile, en passant par la naissance du nationalisme.
Pour James Mc Dougall, une histoire beaucoup plus critique et beaucoup plus riche est enseignée dans les lycées et les universités français (University of Oxford)
Souvent reléguée au second plan d’une histoire écrite par le colonisateur français, la société algérienne est, plus que les batailles et les conquêtes, le ferment principal de l’Algérie moderne, le cœur de cette histoire dont certains se disputent encore la primauté.
A History of Algeria est un préalable pour comprendre les ressorts des manipulations idéologiques autour de l’histoire de la nation algérienne. Une œuvre majeure qui gagnerait à être traduite en français tant elle éclaire, par les faits – et c’est un comble – la société française.
Middle East Eye : Jeudi 30 septembre, le président Macron recevait, à l’Élysée, dix-huit jeunes liés à l’Algérie et à son histoire. Tout d’abord, que pensez-vous du travail de mémoire qu’il tente de conduire de manière assez énergique ?
James McDougall : On ne peut que se féliciter qu’un président de la République prenne ces questions au sérieux, ce travail fait partie d’ailleurs d’une lente progression dans la reconnaissance publique en France des épisodes de l’histoire coloniale : on se rappellera qu’en 2001 et en 2012, Bertrand Delanoë, alors maire de Paris, et François Hollande, à la tête de l’État, avaient fait des pas dans ce sens par rapport à [la répression meurtrière du] 17 octobre 1961, par exemple.
MEE : Paradoxalement, Emmanuel Macron a franchi des pas plus significatifs…
JMD : Évidemment, ce que l’on voit chez Emmanuel Macron, par rapport à la reconnaissance de la responsabilité de la République dans les assassinats d'Ali Boumendjel et de Maurice Audin, ou dans le traitement réservé aux anciens harkis, c’est une meilleure manière de traiter la question.
Il ne cherche pas à faire de la mémoire un cheval de bataille revanchard comme on a vu avec la fameuse loi du 23 février 2005 [sous Jacques Chirac], dont l’article 4 reconnaissait le « rôle positif de la colonisation » (abrogé depuis), qui avait tenté d’imposer un récit officiel des prétendus bienfaits de la colonisation.
MEE : Pourtant, plus on avance sur ce sujet et plus le débat semble se crisper…
JMD : On peut tout de même se demander si un travail de mémoire public en France, qui engage l’État français dans ses rapports avec la société française aujourd’hui, peut vraiment effectuer une « réconciliation » avec l’Algérie.
Là, il est question de politique étrangère et de relations bilatérales. On glisse rapidement d’une question sociale et mémorielle qui engage la vie publique française à une question de « ce que les autres », les Algériens, « devraient faire ».
Cette approche se transforme en un moyen de faire pression sur Alger. Moyen d’ailleurs très peu efficace, comme on a pu le constater au regard de la réaction d’Alger après ses déclarations face aux dix-huit jeunes.
MEE : Justement, lors de de cette rencontre, Emmanuel Macron s’est dit « frappé » de voir à quel point l’histoire et les mémoires de la guerre d’Algérie restaient au cœur des traumatismes de la société française. Comment s’expriment ces traumas dans les deux sociétés ?
JMD : Il y a peut-être une façon précise, utile, de parler de « traumatismes » induits et même hérités de l’expérience de la colonisation et de la guerre.
Il y a d’ailleurs des tentatives en psychologie et en psychanalyse pour rendre compte de cela. Les mieux connues évidemment étant les travaux de Frantz Fanon. Il y a, également, le livre récent de Karima Lazali, Trauma colonial [La Découverte] à ce sujet.
Concrètement, pour certaines familles en Algérie dont l’état civil a été abusivement utilisé par l’État colonial, qui leur avait infligé des noms déshonorants hérités par leurs descendants, ou pour certains anciens combattants victimes de tortures, ou pour leurs familles, on peut vraiment parler de trauma.
MEE : Vous pensez, en revanche, que le terme « trauma » est galvaudé concernant ce sujet. Pourquoi ?
JMD : En tant qu’historien, je trouve qu’on utilise trop facilement et trop souvent ce mot dès que l’on parle de l’Algérie, surtout en France, mais aussi dans les médias internationaux. C’est devenu un stéréotype assez paresseux, pour dire : bon, l’Algérie, en gros, c’est la violence.
MEE : Et donc de ne pas aller au fond du sujet et de contourner les responsabilités ?
JMD : Là, il y a deux problèmes. C’est un moyen de dire, voilà, cette histoire-là est tellement difficile, on ne peut pas la comprendre, y toucher même serait pénible.
Et bien si, on peut écrire et comprendre cette histoire, on peut d’ailleurs la dédramatiser. On peut voir que l’Algérie, ce n’est pas un récit d’épouvante, c’est un pays avec des gens qui y vivent et une histoire que l’on peut comparer à d’autres.
MEE : Un propos au cœur de votre ouvrage A History of Algeria…
JMD : C’est tout l’enjeu de mon livre. Parler de traumatismes, surtout pour la société française, c’est aussi une façon d’éviter les responsabilités historiques. Parler de souffrances, de blessures, de traumatismes des deux côtés… permet trop souvent de ne pas dire d’où venait la violence à ses origines, par qui et à qui elle était infligée.
Or, la violence, systémique – physique, juridique, symbolique, etc. –, c’était sur cela que fut bâti l’État colonial, c’était le système qui était infligé à ceux qui y étaient soumis. On peut parler de douleurs « partagées » en quelque sorte au moment de la guerre et de l'indépendance. Or, c’est souvent un moyen d’esquiver, à nouveau, le fond de la question.
MEE : L’expression « rente mémorielle », utilisée par Emmanuel Macron – et qui a déclenché la colère d’Alger –, en est un exemple.
JMD : Il y avait en effet un récit « unanimiste » de l’histoire nationale qui avait passé sous silence une grande partie de l’histoire même du mouvement national, récit qui a été décortiqué depuis les années 1970 par les historiens, à commencer par les tout premiers travaux de Mohamed Harbi et de Benjamin Stora.
Et pour ce qui est de son emprise idéologique, tout cela a volé en éclats en Algérie par la suite dans les années 1990.
MEE : Cet affranchissement du récit officiel algérien a d’ailleurs éclaté au grand jour lors du hirak né en 2019 par opposion à un 5e mandat du président Bouteflika…
JMD : La réappropriation, justement, des symboles et de la mémoire sociale de la guerre d’indépendance par la rue et par le peuple est l’un des aspects les plus impressionnants du hirak depuis février 2019.
L’idée qu’il y aurait en Algérie « une rente mémorielle » qui rapporte quoi que ce soit au pouvoir actuel me paraît donc un peu surannée.
MEE : En France, le politique s’est aussi immiscé dans l’écriture de l’histoire. On l’a vu en 2005 avec la loi sur la "reconnaissance de la nation et contribution nationale en faveur des Français rapatriés". La recherche scientifique sur le sujet se heurte-t-elle encore aux idéologies ?
JMD : En France, dans les lycées et les universités, grâce en grande partie au travail de longue haleine d’historiens comme Benjamin Stora, de ses collègues – je pense surtout à Omar Carlier, à Raphaëlle Branche, à Sylvie Thénault – et leurs étudiants, on enseigne depuis longtemps une histoire beaucoup plus critique et beaucoup plus riche. Plus juste, en tout cas.
Mais c’est cette histoire, et ces historiens et historiennes, qui sont sans cesse attaqués par les idéologues à droite, des polémistes comme Robert Ménard par exemple, qui veulent justement une histoire officielle taillée à leurs revendications mémorielles. Ils ont assez souvent trouvé des relais, pour des raisons de clientélisme électoral, à l’échelle nationale en France.
MEE : Emmanuel Macron est, donc, dans une posture d’équilibriste entre volonté de solder ce passif et bénéfices électoraux…
JMD : Emmanuel Macron tente peut-être de récupérer le dossier mémoriel pour éviter que ce soit un terrain occupé par l’extrême droite et ce serait très bien.
Mais encore faut-il se demander si l’usage politique qu’on en fait vise à assumer la réalité ou simplement à faire un consensus factice pour dire, en somme, que nous, on reconnaît que cela a été très difficile pour tout le monde et puis vous, vous arrêtez de nous demander de rendre des comptes.
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La mémoire de la guerre d'Algérie électrise toujours autant le débat public français. Dernière séquence en date, les déclarations d’Emmanuel Macron.
Alors qu’il recevait, jeudi 30 septembre, dix-huit jeunes ayant un lien avec la guerre d’Algérie et impliqués dans la démarche de réconciliation et de mémoire, chantiers du quinquennat, le président s’est fait l’auteur de saillies, provoquant la furie d’Alger.
Les autorités algériennes, accusées par Macron de profiter de « la rente mémorielle », ont fermé l’espace aérien militaire aux avions français.
En attribuant la paternité de la nation algérienne à la France mais aussi en ciblant la domination ottomane, minorée selon lui par les Algériens, Emmanuel Macron a montré une méconnaissance étonnante mais répandue de l’histoire algérienne.
Dans A History of Algérie (Cambridge university press, 2017), James McDougall, historien britannique, relate le chemin de la société algérienne de 1516, année du début de la régence d’Alger, jusqu’aux années 2000 et au Printemps arabe.
Si cette œuvre, disponible en langue anglaise uniquement, est aussi salvatrice que foisonnante, c’est qu’elle dresse un séquençage documenté et analytique de la construction de la nation algérienne. Avec une approche inédite et fondamentale pour saisir l’Algérie moderne, à savoir une plongée au cœur de la vie culturelle des Algériens mais aussi leur relation au « beylik » (État) et aux mondes extérieurs.
Comprendre l'Algérie contemporaine suppose d’inclure l’étude de son peuple, de la régence d’Alger à la fin de la décennie noire de la guerre civile, en passant par la naissance du nationalisme.
Pour James Mc Dougall, une histoire beaucoup plus critique et beaucoup plus riche est enseignée dans les lycées et les universités français (University of Oxford)
Souvent reléguée au second plan d’une histoire écrite par le colonisateur français, la société algérienne est, plus que les batailles et les conquêtes, le ferment principal de l’Algérie moderne, le cœur de cette histoire dont certains se disputent encore la primauté.
A History of Algeria est un préalable pour comprendre les ressorts des manipulations idéologiques autour de l’histoire de la nation algérienne. Une œuvre majeure qui gagnerait à être traduite en français tant elle éclaire, par les faits – et c’est un comble – la société française.
Middle East Eye : Jeudi 30 septembre, le président Macron recevait, à l’Élysée, dix-huit jeunes liés à l’Algérie et à son histoire. Tout d’abord, que pensez-vous du travail de mémoire qu’il tente de conduire de manière assez énergique ?
James McDougall : On ne peut que se féliciter qu’un président de la République prenne ces questions au sérieux, ce travail fait partie d’ailleurs d’une lente progression dans la reconnaissance publique en France des épisodes de l’histoire coloniale : on se rappellera qu’en 2001 et en 2012, Bertrand Delanoë, alors maire de Paris, et François Hollande, à la tête de l’État, avaient fait des pas dans ce sens par rapport à [la répression meurtrière du] 17 octobre 1961, par exemple.
MEE : Paradoxalement, Emmanuel Macron a franchi des pas plus significatifs…
JMD : Évidemment, ce que l’on voit chez Emmanuel Macron, par rapport à la reconnaissance de la responsabilité de la République dans les assassinats d'Ali Boumendjel et de Maurice Audin, ou dans le traitement réservé aux anciens harkis, c’est une meilleure manière de traiter la question.
Il ne cherche pas à faire de la mémoire un cheval de bataille revanchard comme on a vu avec la fameuse loi du 23 février 2005 [sous Jacques Chirac], dont l’article 4 reconnaissait le « rôle positif de la colonisation » (abrogé depuis), qui avait tenté d’imposer un récit officiel des prétendus bienfaits de la colonisation.
MEE : Pourtant, plus on avance sur ce sujet et plus le débat semble se crisper…
JMD : On peut tout de même se demander si un travail de mémoire public en France, qui engage l’État français dans ses rapports avec la société française aujourd’hui, peut vraiment effectuer une « réconciliation » avec l’Algérie.
Là, il est question de politique étrangère et de relations bilatérales. On glisse rapidement d’une question sociale et mémorielle qui engage la vie publique française à une question de « ce que les autres », les Algériens, « devraient faire ».
Cette approche se transforme en un moyen de faire pression sur Alger. Moyen d’ailleurs très peu efficace, comme on a pu le constater au regard de la réaction d’Alger après ses déclarations face aux dix-huit jeunes.
MEE : Justement, lors de de cette rencontre, Emmanuel Macron s’est dit « frappé » de voir à quel point l’histoire et les mémoires de la guerre d’Algérie restaient au cœur des traumatismes de la société française. Comment s’expriment ces traumas dans les deux sociétés ?
JMD : Il y a peut-être une façon précise, utile, de parler de « traumatismes » induits et même hérités de l’expérience de la colonisation et de la guerre.
Il y a d’ailleurs des tentatives en psychologie et en psychanalyse pour rendre compte de cela. Les mieux connues évidemment étant les travaux de Frantz Fanon. Il y a, également, le livre récent de Karima Lazali, Trauma colonial [La Découverte] à ce sujet.
Parler de traumatismes, surtout pour la société française, c’est aussi une façon d’éviter les responsabilités historiques
Concrètement, pour certaines familles en Algérie dont l’état civil a été abusivement utilisé par l’État colonial, qui leur avait infligé des noms déshonorants hérités par leurs descendants, ou pour certains anciens combattants victimes de tortures, ou pour leurs familles, on peut vraiment parler de trauma.
MEE : Vous pensez, en revanche, que le terme « trauma » est galvaudé concernant ce sujet. Pourquoi ?
JMD : En tant qu’historien, je trouve qu’on utilise trop facilement et trop souvent ce mot dès que l’on parle de l’Algérie, surtout en France, mais aussi dans les médias internationaux. C’est devenu un stéréotype assez paresseux, pour dire : bon, l’Algérie, en gros, c’est la violence.
MEE : Et donc de ne pas aller au fond du sujet et de contourner les responsabilités ?
JMD : Là, il y a deux problèmes. C’est un moyen de dire, voilà, cette histoire-là est tellement difficile, on ne peut pas la comprendre, y toucher même serait pénible.
Et bien si, on peut écrire et comprendre cette histoire, on peut d’ailleurs la dédramatiser. On peut voir que l’Algérie, ce n’est pas un récit d’épouvante, c’est un pays avec des gens qui y vivent et une histoire que l’on peut comparer à d’autres.
MEE : Un propos au cœur de votre ouvrage A History of Algeria…
JMD : C’est tout l’enjeu de mon livre. Parler de traumatismes, surtout pour la société française, c’est aussi une façon d’éviter les responsabilités historiques. Parler de souffrances, de blessures, de traumatismes des deux côtés… permet trop souvent de ne pas dire d’où venait la violence à ses origines, par qui et à qui elle était infligée.
Or, la violence, systémique – physique, juridique, symbolique, etc. –, c’était sur cela que fut bâti l’État colonial, c’était le système qui était infligé à ceux qui y étaient soumis. On peut parler de douleurs « partagées » en quelque sorte au moment de la guerre et de l'indépendance. Or, c’est souvent un moyen d’esquiver, à nouveau, le fond de la question.
MEE : L’expression « rente mémorielle », utilisée par Emmanuel Macron – et qui a déclenché la colère d’Alger –, en est un exemple.
JMD : Il y avait en effet un récit « unanimiste » de l’histoire nationale qui avait passé sous silence une grande partie de l’histoire même du mouvement national, récit qui a été décortiqué depuis les années 1970 par les historiens, à commencer par les tout premiers travaux de Mohamed Harbi et de Benjamin Stora.
Et pour ce qui est de son emprise idéologique, tout cela a volé en éclats en Algérie par la suite dans les années 1990.
MEE : Cet affranchissement du récit officiel algérien a d’ailleurs éclaté au grand jour lors du hirak né en 2019 par opposion à un 5e mandat du président Bouteflika…
JMD : La réappropriation, justement, des symboles et de la mémoire sociale de la guerre d’indépendance par la rue et par le peuple est l’un des aspects les plus impressionnants du hirak depuis février 2019.
L’idée qu’il y aurait en Algérie « une rente mémorielle » qui rapporte quoi que ce soit au pouvoir actuel me paraît donc un peu surannée.
MEE : En France, le politique s’est aussi immiscé dans l’écriture de l’histoire. On l’a vu en 2005 avec la loi sur la "reconnaissance de la nation et contribution nationale en faveur des Français rapatriés". La recherche scientifique sur le sujet se heurte-t-elle encore aux idéologies ?
JMD : En France, dans les lycées et les universités, grâce en grande partie au travail de longue haleine d’historiens comme Benjamin Stora, de ses collègues – je pense surtout à Omar Carlier, à Raphaëlle Branche, à Sylvie Thénault – et leurs étudiants, on enseigne depuis longtemps une histoire beaucoup plus critique et beaucoup plus riche. Plus juste, en tout cas.
La France a sans doute inventé « son » Algérie (française). Ce qui est plus vrai, c’est que l’Algérie comme unité territoriale telle qu’elle existe aujourd’hui est bien l’héritage des découpages spatiaux de l’époque coloniale
Mais c’est cette histoire, et ces historiens et historiennes, qui sont sans cesse attaqués par les idéologues à droite, des polémistes comme Robert Ménard par exemple, qui veulent justement une histoire officielle taillée à leurs revendications mémorielles. Ils ont assez souvent trouvé des relais, pour des raisons de clientélisme électoral, à l’échelle nationale en France.
MEE : Emmanuel Macron est, donc, dans une posture d’équilibriste entre volonté de solder ce passif et bénéfices électoraux…
JMD : Emmanuel Macron tente peut-être de récupérer le dossier mémoriel pour éviter que ce soit un terrain occupé par l’extrême droite et ce serait très bien.
Mais encore faut-il se demander si l’usage politique qu’on en fait vise à assumer la réalité ou simplement à faire un consensus factice pour dire, en somme, que nous, on reconnaît que cela a été très difficile pour tout le monde et puis vous, vous arrêtez de nous demander de rendre des comptes.
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