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AlgériePatriotique
Mars 29, 2022
Par Nabil D
Le secrétaire général du ministère des Affaires étrangères a déclaré à un journal italien que l’Algérie «va revoir tous les accords avec l’Espagne» en raison du revirement inattendu du président du gouvernement espagnol, Pedro Sanchez, sur la question du Sahara Occidental. Selon le quotidien espagnol El-Correro, qui a repris les déclarations de Chakib Rachid Kaid à un média italien, ce dernier a estimé que l’Espagne a pris un «virage inexplicable» en soutenant le plan marocain d’autonomie.
Le haut responsable algérien a, toutefois, exclu qu’il y ait des conséquences immédiates dans la vente de gaz et de pétrole, bien qu’il ait laissé entendre que les contrats actuels pourraient ne pas être renouvelés à leur expiration, qui n’interviendrait qu’en 2030, après la récente prolongation, relève le journal espagnol. La révision des accords «dans tous les domaines» se fera en fonction de l’évolution de la position de Madrid par rapport à cette question, apprend-on encore.
Le média espagnol rappelle qu’environ 45% du gaz importés par l’Espagne en 2021 provenaient d’Algérie, «l’un des grands producteurs d’Afrique du Nord» qui «ne manque pas de débouchés pour son gaz», fait remarquer El-Correro qui explique que «de nombreux pays européens se tournent vers Alger pour combler le vide qui sera causé par la baisse des importations de Russie en représailles à la guerre en Ukraine». En Espagne, on craint, désormais, que l’Italie profite de la crise créée par le président du gouvernement espagnol qui a été désavoué, jusques et y compris par son propre parti en raison des énormes risques qu’il fait prendre à l’Espagne dans ce contexte tendu et de la violation de la légalité internationale en prenant fait et cause pour le régime expansionniste marocain.
L’Algérie, par la voix du secrétaire général du ministère des Affaires étrangères, exhorte les responsables politiques espagnols à reconsidérer leur position. «Nous espérons que nos amis espagnols prendront les mesures nécessaires», a en effet, souligné Chakib Rachid Kaid dans un entretien à un média italien, en affirmant ne pas vouloir utiliser le terme «trahison», en qualifiant le retournement brusque de Madrid de «surprise» et de «grande déception».
Des observateurs avertis ont constaté que la compagnie aérienne nationale Air Algérie n’a pas intégré les dessertes espagnoles dans son nouveau programme qui a vu le nombre de vols à destination et au départ de nombreuses villes européennes et arabes augmenter de façon substantielle. Cette «exclusion» de l’Espagne est perçue comme faisant partie des mesures de rétorsion que l’Algérie a décidées pour marquer son mécontentement vis-à-vis du gouvernement espagnol.
Des sources officielles algériennes avaient affirmé à El-Confidencial que l’Algérie pourrait recourir à une première mesure de rétorsion suite au revirement de Pedro Sanchez sur la question sahraouie. Le journal espagnol a relevé que l’Algérie, qui «privilégie l’Italie comme centre névralgique du gaz dans le sud de l’Europe devant l’Espagne», en précisant qu’Alger maintiendrait les accords contractuels signés avec l’Espagne, annoncerait une «réponse globale et multiforme à plusieurs niveaux après le changement de position sur le Sahara».
«La colère de l’Algérie envers le gouvernement espagnol est profonde et va au-delà de l’appel aux consultations de son ambassadeur à Madrid, Saïd Moussi. Alger remplira ses contrats gaziers avec l’Espagne, mais c’est désormais l’Italie qui est choisie pour approfondir sa relation énergétique avec l’Europe», a insisté
El-Confidencial, en s’appuyant sur les propos des sources officielles algériennes selon lesquelles Madrid a fait preuve d’un «renoncement à sa position de neutralité dans la question du Sahara Occidental» et d’un «soutien explicite à la perpétuation de l’acte colonial dans ce territoire occupé, qui est hors de la souveraineté marocaine».
«L’Algérie respectera ses engagements [avec l’Espagne] concernant la livraison des quantités contractuelles de gaz pour honorer sa signature, mais ces contrats contiennent des clauses contractuelles qui prévoient la révision périodique des prix, en fonction de l’évolution du marché», ont mis en garde les sources algériennes en question, en précisant que l’Algérie «orientera ses relations vers certains partenaires du sud de l’Europe qui ont investi en Algérie et qui entretiennent d’excellentes relations traditionnelles avec [notre] pays».
Lors de son déplacement à Rome, où il a rencontré le ministre italien des Affaires étrangères, Chakib Rachid Kaid s’est dit persuadé que les conditions pour une relance des rapports entre l’Algérie et l’Italie «sont réunies». «Notre souhait, a-t-il souligné, est de rehausser davantage le caractère stratégique et privilégié de nos relations bilatérales».