Dans un communiqué de son ministère des Affaires étrangères, l’Algérie a fustigé la nomination d’une diplomate marocaine en tant que représentante permanente de l’UMA auprès de l’Union africaine. Ce à quoi le secrétariat général de l’UMA a sévèrement répondu. Détail.
On a rarement vu une réponse aussi cinglante de la part du secrétaire général d’une organisation internationale à l’un des pays membres.
Taïeb Baccouche – c’est de lui dont il s’agit – a répondu du tac au tac à un communiqué algérien qui le mettait en cause suite à la nomination de la marocaine Amina Selmane, en tant que représentante permanente de l’UMA auprès de l’UA.
Taïeb Baccouche est secrétaire général de l’Union du Maghreb arabe et ancien ministre des Affaires étrangères de Tunisie. Ce fin lettré sait choisir ses mots. Il a donc répondu, le mardi 18 avril, au récent communiqué du MAE algérien, publié deux jours avant (le 16 avril), et qui était supposer "dénoncer les irrégularités de l’ouverture d’une représentation permanente de l’UMA auprès de l’Union africaine".
Les mots algériens
L’Algérie se dit "étonnée" par la décision, qu’elle qualifie de "désinvolte" et d’"irréfléchie", du président de la commission de l’Union africaine, Moussa Faki Mahamat, faisant référence à la réception des lettres de créance d’une "diplomate marocaine" qui, selon le communiqué du ministère algérien, "se présente faussement en qualité de représentante permanente de l’Union du Maghreb Arabe auprès de l’UA”.
L’Algérie a d’ailleurs contesté la nomination d’Amina Selmane qui, selon le même communiqué, "ne relève aucunement des prérogatives du Secrétaire général dont l’ultime mandat a définitivement pris fin le 1er août 2022 sans possibilité de prorogation, mais qui, par cette énième imposture, sert l’agenda tracé par son pays de résidence".
Le ministère des Affaires étrangères algérien conclut son communiqué en qualifiant cette nomination comme étant "une opération de manipulation malsaine, conçue et mise en œuvre à des fins ne servant aucunement les intérêts de l’Union du Maghreb Arabe et de l’Union Africaine, auxquelles l’Algérie réitère son attachement indéfectible".
Du côté de l’Union du Maghreb Arabe, la réponse ne s’est pas faite attendre. Dès le mardi 18 avril, un communiqué du secrétariat général a été mis en ligne sur le site de l’UMA et partagé sur ses réseaux sociaux.
L’UMA recadre l’Algérie
Dans ce communiqué, le SG commence par préciser que "l’ouverture d’un bureau du secrétariat général à l’UA, à Addis Abeba, en collaboration avec le président de la commission de l’UA, Moussa Faki Mahamat" a été lancée en janvier 2018, au moment de la signature d’un mémorandum d’entente entre les deux institutions.
Or, en raison du Covid, l’exécution de cet accord a été reportée. Ce n’est que plus tard qu’il a été permis à l’UMA de "désigner la directrice des affaires économiques au secrétariat général de l’UMA en tant que représentante à l’UA". Ce qui a coïncidé avec la prolongation du mandat du secrétaire général, Taïeb Baccouche qui, selon le même communiqué, "avait demandé, à plusieurs reprises, d’être remplacé" par les Etats membres.
La dernière fois, c’était à l’occasion du sommet arabe en Algérie les 1er et 2 novembre 2022, durant lequel "les parties concernées ont omis de donner suite à sa demande". Le communiqué du SG de l’UMA révèle que de "hauts responsables algériens" ont continué à "correspondre" avec le SG, "en son nom et en cette qualité, depuis août 2022, jusqu’à présent". D’où les regrets exprimés dans le communiqué du secrétariat, en constatant "la contradiction des parties algériennes" qui ont signé leur communiqué du 16 avril en qualifiant Taïeb Baccouche d’"ancien secrétaire général".
L’Algérie n’a pas payé sa cotisation depuis 2016 et a retiré ses diplomates
Le secrétariat général de l’UMA va encore plus loin, pour mettre l’Algérie face à ses contradictions. Et précise que "les quatre pays agréés sont représentés par tous leurs diplomates au secrétariat général et ont payé leurs cotisations pour l’année 2022, à l’exception de l’Algérie qui ne l’a pas fait depuis 2016 et a retiré tous ses diplomates, dont le dernier en juillet 2022. Et tous ont bénéficié des cotisations légales des contributions des autres pays".
Ainsi, l’UMA invite l’Algérie à "payer ses dettes" et à faire revenir "ses représentations diplomatiques" au secrétariat général. Et ce, pour aller dans le sens de "l’attachement indéfectible" envers ces institutions tel qu’évoqué par le ministère des Affaires étrangères algérien.
"Nous regrettons également l’attaque contre le président de la commission africaine, Moussa Fakih Mahamat, le qualifiant en des termes inappropriés car il a appliqué les dispositions de l’Accord de l’Union africaine et de ses huit groupements régionaux, qui prévoit la nomination d’un représentant permanent pour chacun d’eux auprès de l’Union Africaine, en recevant, officiellement, les lettres de créance d’Amina Selmane le 13 avril 2023", déplore le SG de l’UMA.
Il précise par ailleurs qu’Amina Selmane "avait auparavant prêté serment devant le secrétaire général de l’Union du Maghreb arabe en sa qualité de directrice des affaires économiques au secrétariat général, devenant ainsi une diplomate maghrébine, travaillant avec le secrétaire général et non avec le pays qui l'a désignée".
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