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Sur un terrain de près d’un hectare, à quelques encablures du port de Béjaïa, s’étend la nouvelle usine du groupe agroalimentaire Cevital, spécialisée dans la trituration des graines oléagineuses.
Dans ces installations flambant neuves, sort désormais une huile « 100 % algérienne, de l’agriculteur au consommateur« , comme l’a promis le président de la République Abdelmadjid Tebboune en septembre dernier.
L’usine a été inaugurée ce mardi 30 mai en présence du wali de Béjaïa, Kamel Eddine Kerbouche, et du PDG du groupe, Malik Rebrab. La cérémonie s’est déroulée sous un immense chapiteau qui a abrité les nombreux invités de Cevital. La direction du premier groupe privé algérien a mis les petits plats dans les grands pour marquer l’événement, et ce n’est pas sans raison.
Il s’agit d’un projet structurant de première importance pour le groupe, la région et l’Algérie. Tous les intervenants ont tenu à le souligner.
La portée de l’investissement va au-delà de la création de richesses et d’emplois. Il s’agit d’un projet précurseur dans la nouvelle orientation du pays qui tend à prioriser les industries de transformation de la matière première algérienne, particulièrement les agro-industries.
Après les graines oléagineuses, le prochain projet du groupe sera de transformer la betterave sucrière produite dans le sud du pays, annoncent ses responsables.
Le groupe Cevital est leader national en production des huiles de table depuis près de trois décennies. Sa nouvelle usine lui permet de maîtriser une autre étape du processus de fabrication, la trituration, qui se faisait jusque-là à l’étranger. L’autre grand avantage à tirer c’est la récupération des tourteaux issus de la trituration des graines oléagineuses, un produit que l’Algérie importe comme aliment de bétail.
L’intérêt est surtout dans le lancement véritable d’une culture des oléagineux en Algérie.
L’enjeu est de taille : il s’agit de contribuer à la souveraineté alimentaire du pays et le mettre à l’abri des fluctuations et des tensions du marché mondial, comme on a pu le constater après le déclenchement de la guerre en Ukraine.
Tout cela, Malik Rebrab a tenu à le souligner dans son intervention. « L’Algérie a pris son destin en main. Elle ne peut plus se permettre de dépendre des fluctuations du marché mondial« , a-t-il dit.
Cevital concrétise le concept « du champ à l’assiette »
« Du champ à l’assiette« , c’est le slogan choisi par Cevital pour le lancement de l’usine.
Des engagements seront pris avec les agriculteurs algériens pour l’achat de leur récolte de soja, de colza et surtout de tournesol. Cette nouvelle culture ne grignotera pas des surfaces aux autres filières notamment les céréalières, elle pourra se faire pendant les périodes de jachère de la céréaliculture, nous explique-t-on. Elle est donc complémentaire.
Un stock de 3.000 tonnes est déjà constitué pour les besoins du lancement de cette usine dotée d’une capacité de trituration de 11.000 tonnes/jour de graines de soja, 6 000 tonnes de tournesol ou 5 000 tonnes de colza.
Il faudra toutefois six mois pour que l’usine arrive à tourner à plein régime. L’objectif à terme est d’en finir définitivement avec l’importation et de ne triturer que des graines oléagineuses issues des champs d’Algérie. Pour l’emploi, 250 à 300 postes directs seront créés dans un premier temps.
L’usine rend encore plus gigantesque le site de Cevital de Béjaïa qui comptait déjà une raffinerie d’huile, une margarinerie et une raffinerie de sucre, la plus grande au monde, et 3.800 employés, dont 1.300 ingénieurs. Le site se distingue aussi par ce concentré d’intelligence qui en fait un pôle d’excellence de l’industrie algérienne.
Les responsables de Cevital présentent la nouvelle usine comme un « projet clé de l’entreprise » et « une installation moderne et innovante« .
« C’est la première usine du genre en Afrique et l’une des quatre plus grandes au monde« , assure Lounès Iheddaden, le responsable du projet, précisant que des unités similaires se trouvent dans un nombre très restreint de pays, au Brésil, en Argentine et aux États-Unis. .
L’unité est constituée de deux blocs, dont l’un abrite la pièce maîtresse de l’usine, l’extracteur aux mesures surdimensionnées, et de nombreux silos pour la matière première et le produit fini.
Les graines sont stockées dans 24 silos d’une capacité totale de 120 000 tonnes. Les silos destinés au stockage en vrac des huiles sont au nombre de 4, d’une capacité de 1 000 tonnes chacun.
Suivant le type de graines qui seront traitées, l’usine produira quotidiennement 2 090 tonnes d’huile et 8 910 tonnes de tourteaux de soja, 2 640 et 3 360 tonnes d’huile et de tourteaux de tournesol ou 2.120 et 2.880 tonnes d’huile et de tourteaux de colza.
Une usine clé pour Cevital
La trituration passe par plusieurs étapes, assurées par des machines ultramodernes, un personnel algérien qualifié et des procédures rigoureuses (nettoyage des graines, conditionnement, décorticage, purification, floconnage, transformation en expandats et cuisson/séchage).
Mais ce n’est qu’une phase d’un long processus qui va de la récolte des graines à la commercialisation de l’huile, en passant notamment par l’extraction, le raffinage et le contrôle qualité. Le pôle agroalimentaire de Cevital a obtenu en février dernier le prix algérien de la qualité 2023. Les service qualité, indépendants de ceux de la production, effectuent 1.8 million de contrôles chaque année, avait expliqué son DG.
Avec la nouvelle unité de trituration, Cevital fait un pas de plus dans l’intégration en transformant en produits à haute valeur ajoutée une matière première algérienne, en Algérie et par une main d’œuvre et des compétences algériennes. La diversification tant recherchée de l’économie passe inéluctablement par de tels projets intégrés.
TSA
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