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Mohamed Haichour. Expert financier : La Banque d’Algérie adopte une approche plus libérale dans la gestion de la devise

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  • Mohamed Haichour. Expert financier : La Banque d’Algérie adopte une approche plus libérale dans la gestion de la devise

    Propos recueillis par Hakim T.
    • Le Conseil monétaire et bancaire de la Banque d’Algérie vient d’adopter un projet de règlement relatif aux conditions d’autorisation, de constitution, d’agrément et d’exercice des bureaux de change, cela constitue-t-il un tremplin vers la libéralisation de l’activité de change après tant d’années d’attente ?

    C’est une excellente nouvelle que la Banque d’Algérie ait adopté une nouvelle réglementation relative au fonctionnement des bureaux de change. Cette initiative marque une étape significative dans la gestion des devises en Algérie et ouvre la voie à un nouvel horizon dans le domaine du marché de change. Elle adopte une approche plus libérale dans la gestion de la devise, ce qui se traduit par une plus grande transparence, une plus grande concurrence et des services plus compétitifs.

    Dans l’ensemble, la nouvelle réglementation devrait contribuer à éradiquer le marché informel du change à moyen terme. Elle permettra pour la première fois aux résidents d’accéder aux devises étrangères, même limitées, de manière plus facile, plus transparente et plus compétitive. L’un des objectifs clés de cette réglementation est de réduire le marché noir de change. En permettant aux résidents d’accéder plus facilement aux bureaux de change légaux pour leurs besoins en devises étrangères, la demande sur le marché noir peut diminuer, ce qui contribuera à éradiquer cette activité informelle.
    • Vous estimez donc qu’il s’agit bel et bien d’un projet de règlement si important pour la création tant attendue d’un marché de change légal et réglementé, pouvez-vous nous en dire plus ?

    Cette nouvelle réglementation est, à mon avis, si importante pour plusieurs considérations. Elle permet, d’abord, une plus grande flexibilité dans la gestion des opérations de change au niveau des bureaux de change. Elle peut inclure des ajustements dans les limites de change par l’élimination de la marge de change de 1%, assouplir les procédures de demande, et les mécanismes de cotation, ce qui permet aux bureaux de change de mieux répondre aux besoins changeants des entreprises et des particuliers. Cette nouvelle réglementation pourra, ensuite, encourager la concurrence entre les bureaux de change.

    Cela peut se traduire par une meilleure qualité de service, des taux de change plus compétitifs, et une plus grande accessibilité pour le public. Une réglementation bien conçue peut contribuer à une gestion plus transparente du marché des changes. Cela renvoie à l’application de procédures claires et cohérentes ainsi qu’à une surveillance efficace des activités de change pour prévenir les pratiques frauduleuses.

    Une réglementation plus ouverte peut également inciter les étrangers à échanger leur argent en monnaie forte en facilitant les opérations de change. Cela peut contribuer au développement économique du pays en absorbant des flux entrants en devise, notamment ceux de la diaspora.

    En s’alignant sur les normes internationales et en adoptant des pratiques de marché plus modernes, l’Algérie peut mieux s’adapter aux évolutions mondiales et aux besoins des Algériens dans un monde en perpétuel développement.

    Cette nouvelle réglementation pourrait donc être perçue comme une étape annonciatrice d’un nouveau dogme dans la gestion de la devise en Algérie. Elle pourrait favoriser une économie plus ouverte et plus compétitive tout en renforçant la stabilité financière et en facilitant les transactions de change.
    • Quelles sont, à votre avis, les conditions nécessaires auxquelles fait allusion la Banque centrale de nature à favoriser le déploiement d’un vaste réseau national de ces bureaux et faciliter les opérations de change au large public ?

    Pour garantir le succès des bureaux de change, plusieurs éléments clés doivent être, à mon avis, pris en compte. Tout d’abord, la
    localisation stratégique est essentielle. Les bureaux doivent être situés dans des zones touristiques ou commerciales fréquentées par des voyageurs internationaux. De plus, la diversification des devises est cruciale pour répondre aux besoins variés des clients. La gestion efficace des taux de change est un autre facteur décisif.

    Les bureaux de change doivent suivre de près les fluctuations du taux de change et les ajuster en conséquence pour offrir des devises compétitives. La transparence dans les frais et les commissions est également primordiale pour gagner la confiance des clients.

    La sécurité, en utilisant des systèmes de gestion fiable et la conformité réglementaire sont des conditions sine qua non. Les bureaux de change doivent mettre en place des mesures de sécurité robustes pour protéger les liquidités et se conformer aux réglementations locales et internationales, telles que la lutte contre le blanchiment d’argent.

    La formation du personnel est essentielle pour offrir un service de qualité et pour aider les clients à faire des choix éclairés. Enfin, une présence en ligne, via un site web convivial et des services à distance, peut élargir la clientèle et améliorer l’accessibilité.

    En résumé, le succès des bureaux de change dépend de la localisation, de la diversification, de la gestion des taux de change, de la transparence, de la sécurité, de la conformité réglementaire, de la formation du personnel et de la présence en ligne.

    La Banque centrale d’Algérie peut encourager la sensibilisation du public aux avantages d’utiliser des bureaux de change légaux et à la nécessité d’éviter le marché noir. En créant un environnement réglementaire favorable et en veillant à ce que les bureaux de change respectent ces conditions, la Banque d’Algérie peut contribuer à la réussite de ces établissements tout en assurant la stabilité du marché des changes en Algérie.
    • La Banque d’Algérie a indiqué également, dans son communiqué, que cette première étape, qui consiste à mettre en place un «réseau organisé et régulé» d’établissements offrant des services de change sécurisés, sera suivie par une révision du corpus régissant ces opérations de change. A quelle nouvelle réforme peut-on s’attendre à l’avenir ?

    Le développement du marché de change interbancaire en Algérie représente une priorité majeure pour la Banque d’Algérie. Il doit s’appuyer sur des réformes essentielles plus approfondies. Tout d’abord, il est nécessaire de dissocier les opérations de change du commerce extérieur, selon le principe du guichet unique qui réduit la marge de manœuvre pour le développement de la concurrence.

    Cela permettra de créer un marché de change indépendant et flexible. Ces réformes impliquent également un assouplissement significatif de la réglementation du contrôle des changes, notamment la libéralisation des taux de change et la suppression graduelle des restrictions sur les transactions de change. Il est crucial de mettre en place des mécanismes de marché solides, tels que des règles de marché claires, des mécanismes de règlement plus efficaces adaptés aux besoins des banques ainsi qu’une surveillance régulière.

    Les intervenants du marché, y compris les banques intermédiaires agréées et les nouveaux intervenants, doivent être soumis à des normes élevées en matière de gouvernance, de conformité et de transparence. Une formation approfondie du personnel est essentielle pour garantir une compréhension complète du marché de change.

    La Banque d’Algérie peut jouer un rôle actif au début du développement du marché en tant que participant et fournisseur de liquidité, mais elle devrait progressivement réduire son implication pour permettre au marché de fonctionner de manière autonome. Une communication claire et une sensibilisation aux avantages de la participation au marché interbancaire sont également essentielles.

    En mettant en œuvre ces réformes de manière progressive et coordonnée, l’Algérie peut créer un marché de change interbancaire dynamique, favorisant une meilleure gestion des risques de change, le commerce international, les investissements étrangers et la stabilité financière. Cette transition vers un marché de change interbancaire plus dynamique nécessite une planification minutieuse, une coordination efficace avec les acteurs du marché et une surveillance continue pour garantir son succès et son bon fonctionnement à long terme.
    • Cette décision de faciliter l’ouverture de bureaux de change aiderait-elle à mettre un terme enfin au change parallèle ?

    Tout à fait, si les bureaux de change en Algérie parviennent à remplir toutes les conditions évoquées précédemment et adhèrent pleinement à la nouvelle approche de gestion des devises proposée par la Banque d’Algérie, cela pourra avoir un impact significatif sur le marché de change parallèle. Les réformes structurelles profondes visant à rendre le marché de change d’une manière générale plus transparent, compétitif et réglementé pourraient potentiellement éliminer l’intérêt de maintenir un marché parallèle.

    En effet, si les bureaux de change sont en mesure d’offrir des taux de change compétitifs pour ces opérations qui viennent d’être autorisées pour les résidents, une large gamme de devises, une transparence totale en ce qui concerne les frais et les commissions, ainsi que la sécurité des transactions, les Algériens n’auront plus besoin de recourir au marché de change parallèle pour leurs besoins en devises étrangères.

    Cela permettrait de réduire considérablement l’activité illicite et non réglementée sur ce marché, tout en renforçant la confiance des citoyens dans le système financier officiel. Cependant, la réussite de cette transition dépendra non seulement de la mise en place des conditions évoquées, mais également de la communication efficace de ces changements aux citoyens, de la garantie de l’accessibilité aux services de change légaux, et de la mise en œuvre efficace des réformes par les autorités.

    Si ces éléments sont bien gérés, le marché de change parallèle pourra effectivement devenir une relique du passé pour les Algériens, avec des avantages tangibles pour l’économie du pays.

    H. T.
    El watan . dz

  • #2
    Point de vue - Bureaux de change et réglementation des changes : les confusions à éviter


    La loi 90-10 relative à la monnaie et au crédit avait prévu la création de bureaux de change hors banques. 34 ans après, la Banque d’Algérie promulgue les instruments juridiques (textes d’application), qui vont permettre l’exercice de cette activité qui existe déjà dans toutes les agences bancaires publiques et privées.

    La question qui prévaut actuellement, notamment à travers la presse, est celle de savoir si, à travers ces bureaux de change privés, le citoyen pourra convertir ses dinars en devises. La réponse est claire, certainement pas !

    De la bouche même du gouverneur de la Banque d’Algérie, cette activité va permettre de satisfaire aux opérations de droit de changes (15 000 DA équivalent par an et par personne) hors des guichets des banques classiques, c’est-à-dire toutes les opérations permises par la réglementation des changes actuelle !

    Le dinar étant convertible partiellement (à travers le système bancaire et les procédures de domiciliation), les bureaux de change ne pourront que se conformer à la réglementation en vigueur (pécules pour étudiants, pour soins et autres participations aux foires et expositions…) seulement. Il s’agit donc d’un service en plus, pour alléger les attentes au sein des agences bancaires saturées.
    Le Conseil de la monnaie et du crédit n’exclut pas un changement de la réglementation des changes dans le futur, notamment l’augmentation de


    l’allocation touristique (actuellement à 98 euros équivalent), ce qui aura pour conséquence de lutter contre le marché parallèle.

    En effet, si par exemple elle passe à 1000 euros par an et par personne (la Tunisie permet 4000 euros et le Maroc 3000 euros, à titre d’exemple), un simple calcul nous permet d’évaluer «la demande potentielle», la première année, à 20 milliards d’euros (20 millions d’Algériens concernés que l’on multiplie par 1000 euros), ce qui aura pour conséquence d’assécher le marché au noir des devises et de rapprocher le taux de change parallèle et celui officiel, par «convergence monétaire».

    Ne confondons donc pas les bureaux de change et la réglementation des changes. La réglementation douanière permet de sortir du territoire national, avec un maximum de 7000 euros, sur présentation d’une justification bancaire de «transit» (même d’une journée) sur un compte devises et de 3000 euros sans justification (cash).

    Ce qui signifie que les pouvoirs publics invitent les citoyens à aller s’approvisionner sur les marchés parallèles, notamment celui de Port-Saïd, très réputé pour les grosses sommes, et les épiceries et supérettes pour les petites.

    Cette situation de double marché a créé un marché parallèle florissant, avec tous les risques subséquents (billet falsifié, voire contrefait, agression physique, infraction pénale…), mais surtout fausse le calcul économique qui change du tout au tout selon que l’on procède à une évaluation avec le cours officiel ou celui parallèle.
    Ce qui est sûr, c’est que les opérateurs font leurs comptes, pour leurs transactions, sur la base du cours parallèle du dinar qu’ils évaluent aujourd’hui à 220 DA pour 1 euro !



    El Watan . dz
    Dernière modification par sako, 26 septembre 2023, 14h34.

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    • #3
      • Cette décision de faciliter l’ouverture de bureaux de change aiderait-elle à mettre un terme enfin au change parallèle ?
      Que vont faire de plus ou de moins ces bureaux de change comparativement aux banques existantes?
      La véritable décision c'est de laisser flotter le dinar! Tout le reste c'est du pipi de chat!
      "La chose la plus importante qu'on doit emporter au combat, c'est la raison d'y aller."

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