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La droite et l’extrême droite utilisent le repoussoir de l’Algérie pour conforter leur refus de l’immigration »

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  • La droite et l’extrême droite utilisent le repoussoir de l’Algérie pour conforter leur refus de l’immigration »

    Une double rente mémorielle est entretenue tant en France, par la droite et l’extrême droite, que par le régime algérien, qui s’en sert pour alimenter son propre nationalisme et faire taire ses opposants, relève Philippe Bernard, éditorialiste au « Monde », dans sa chronique.

    Philippe Bernard


    « Il faut fermer la boîte à chagrins. » Plus de soixante ans après, cette formule prononcée par le général de Gaulle en 1961 à propos de la guerre d’Algérie n’a rien perdu de son actualité. Nombreux sont ceux qui s’emploient à la maintenir ouverte, que ce soit parmi les lointains héritiers politiques du grand architecte de la décolonisation, ou à l’extrême droite qui encense l’ancien chef de l’Etat après l’avoir haï. La « boîte » algérienne n’est plus tant la guerre de 1954-1962 que le régime répressif d’Alger, dont la rhétorique antifrançaise et les références incessantes à la colonisation et au conflit servent à masquer les échecs. Ainsi, derrière la dénonciation justifiée de la « rente mémorielle », assurance-vie des dirigeants algériens, la « boîte » continue de charrier son torrent de hargne et de désir de revanche, avec, au centre, la figure repoussoir à haut potentiel électoral de l’immigré algérien.

    Prenez Bruno Retailleau posant les bras croisés à la une de L’Express sous le titre « Rien ne donne à l’Algérie le droit d’offenser la France », le 23 janvier. Sa colère de ministre de l’intérieur envers un pays qui rechigne à reprendre ses expulsés, emprisonne un écrivain français et pourchasse ses opposants par le biais d’influenceurs pourrait paraître logique. Mais, s’agissant de l’Algérie, il va plus loin.

    Sans doute pour asseoir une image de présidentiable, il use du registre de l’« offense », en affirmant que « beaucoup de Français se sentent blessés ».Puis il passe à celui de la rancœur, en soutenant que « la France est trop généreuse » en matière de visas aux Algériens. La « blessure » renvoie implicitement au traumatisme majeur qu’a été la perte de l’Algérie. La « générosité » concerne l’immigration. Ce qui paraîtrait déplacé envers tout autre pays – faire référence à la décolonisation pour envoyer un message sur l’immigration – paraît normal à propos de l’Algérie plus de six décennies après son indépendance.

    Certes, constater que le régime algérien abuse de la « rente mémorielle » relève de l’euphémisme tant il n’a cessé d’exploiter la culpabilité coloniale de la France pour alimenter son propre nationalisme, faire taire ses opposants et agiter l’arme migratoire. Le président Abdelmadjid Tebboune n’a-t-il pas affirmé, en 2022, dans Le Figaro, que les Algériens avaient droit à des visas de cent trente-deux ans, durée équivalente à celle de la colonisation française ? Mais pourquoi la France devrait-elle continuer à évoquer, même de façon subliminale, la guerre qu’elle a menée en vain pour conserver l’Algérie et les humiliations qu’elle a provoquées ?

    Effacement du gaulisme


    Tout se passe comme si la montée en puissance de l’extrême droite réenclenchait un mécanisme d’instrumentalisation de la guerre d’Algérie aussi implicite en France qu’il est affiché en Algérie. « En France aussi, ceux qui n’ont jamais admis la fin des colonies tentent d’activer la rente mémorielle de la grandeur perdue, remarque l’historien Benjamin Stora, dont le rapport de 2021 a inspiré la tentative de rapprochement mémoriel d’Emmanuel Macron. Ils entretiennent l’idée que “c’était mieux avant” et une nostalgie non assumée de “la plus grande France” impériale. »

    Longtemps, l’héritage gaulliste de la décolonisation, avec ses silences et ses zones d’ombre, a servi de garde-fou à la rancœur. La gauche, elle, a été paralysée par le souvenir de ses responsabilités dans la guerre d’Algérie, son antigaullisme et les ambiguïtés de François Mitterrand. Mais l’effacement du gaullisme a réactivé une focalisation française sur l’Algérie.

    « De Nicolas Sarkozy à Laurent Wauquiez, la droite a jeté par-dessus bord les leçons de De Gaulle. Il n’y a plus personne à droite pour défendre l’idée gaulliste de l’inéluctabilité de l’indépendance algérienne. C’est un boulevard pour l’extrême droite », analyse Benjamin Stora. Marine Le Pen glorifie l’homme du 18-Juin, mais ne dit mot sur celui de 1962. Que les figures du nationalisme instrumentalisent la blessure algérienne vue comme une amputation du pays procède d’une certaine logique.


    Des soldats français encadrent des manifestants en faveur de l’indépendance algérienne, devant la mosquée Ketchaoua à Alger, le 13 décembre 1960. JEAN-CLAUDE COMBRISSON/AFP

    Mais si la « boîte » ou la « rente » algérienne prospèrent à nouveau en France, c’est aussi que la droite et l’extrême droite utilisent le repoussoir de l’Algérie pour conforter leur refus de l’immigration. Quelque 66 % des Français veulent que « cesse immédiatement toute immigration en provenance d’Algérie », proclame un sondage pour CNews opportunément publié en pleine crise franco-algérienne. Portée par les mêmes courants, l’exigence d’une dénonciation de l’accord de 1968 sur l’immigration des Algériens en France présenté comme scandaleusement favorable à ces derniers, participe de la même entreprise. Au prix d’un contresens : le texte a été négocié à l’époque par Paris pour limiter l’afflux des Algériens. Et d’une impasse : sa dénonciation ramènerait l’état du droit à la lettre des accords d’Evian de 1962 qui instaurait… la libre circulation entre les deux pays.

    Mais l’exemple met en lumière un phénomène historique majeur, rarement porté sur la place publique : dès 1962 et jusqu’à aujourd’hui, des centaines de milliers d’Algériens ont émigré chez l’ex-colonisateur. Le phénomène illustre le besoin de main-d’œuvre de la France, mais aussi l’ambivalence du régime algérien pas mécontent de laisser filer sa population vers un pays officiellement honni mais en réalité terre promise. Quitte à instrumentaliser cette émigration qui, en réalité, a fait souche depuis plusieurs générations dans l’Hexagone.

    Ce lien entre décolonisation et immigration était absent des projets mémoriels d’Emmanuel Macron. Maladroitement, au prix d’un échec, le président a mêlé les relations franco-algériennes à l’enjeu sociétal hexagonal crucial de la réconciliation des héritages français et algériens des millions de Français liés à l’Algérie. Un chantier qui n’a rien d’un chemin parsemé de roses, mais aiderait, lui, à sortir de la boîte à chagrins.



    وألعن من لم يماشي الزمان ،و يقنع بالعيش عيش الحجر

  • #2
    L' idée de la gauche arrivé au pouvoir en 1981 de diviser la droite par l'introduction d'un parti d'extrême droite cette droite aujourd'hui peau de chagrin qui se bat pour récupérer ses électeurs avec les mêmes thèmes de séduction pourquoi l'Algérie en particulier c'est un pays indépendant à l'influence française loin du maroc ou Tunisie à ne pas frustré pour des intérêts.

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    • #3
      Pourquoi l Algérie ?
      En France c est l Algérie, en Allemagne les Afghans, au R. U les Pakistanais, en Suède les je-ne-sais-quoi... etc etc
      Bref le problème c est l immigration, et pourtant elle est nécessaire.
      Reste à mettre en place les mesures nécessaires pour qu elle ne soit plus subie mais acceptee.
      La religion est pour ceux qui ont peur d’aller en enfer ; la spiritualité est pour ceux qui y ont déjà été. (Citation d’origine inconnue)

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      • #4
        gdesmon
        ​​​​​​
        Brève moment de sagesse ou compte piraté ont te reconnaît plus.

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