Pour sortir de l'impasse
par Kharroubi Habib
L'échec de la réconciliation nationale, version algérienne, n'est pas dans le fait qu'elle n'est pas parvenue à ramener la paix totale au pays. Il est dans celui que l'Etat et ses dirigeants sont restés coupés de leur peuple, se comportant et agissant comme si cette réconciliation nationale légitime le mode de gouvernance négatif avec lequel sont gérées les affaires de la Nation.
Les Algériens qui ont voté pour la charte de la réconciliation nationale l'ont fait en sachant que la paix civile, qui en est l'objectif, serait longue à réaliser. Mais avec l'espoir qu'elle allait créer un climat de détente et de dialogue fécond entre pouvoir officiel et société civile dans toutes ses déclinaisons.
Au lieu de cela, le pouvoir s'est prévalu de leur vote favorable comme d'un chèque en blanc et d'un blanc-seing pour verrouiller la vie politique, empêcher l'expression de toute opinion en discordance avec son discours officiel. Et surtout pour perpétuer le système fait de «hogra», de violation des droits et libertés et générateur d'une corruption généralisée avilissante et pour ceux qui ont recours et pour ses bénéficiaires.
En optant pour la réconciliation nationale, les Algériens ont signifié qu'ils sont contre la violence en tant que recours dans les différends et les divergences qui les opposent, qu'ils soient politiques, religieux ou autres. Contre en premier, bien sûr, celle aveugle et sans perspective ayant voulu imposer à la Nation un projet de société rétrograde et stérilisant. Mais contre aussi celle exercée par le pouvoir et l'Etat dans leur rapport au peuple. Si la démarche a échoué, ce n'est pas parce qu'il subsiste encore un maquis terroriste et des nervis prêts à faire couler le sang de leurs compatriotes. Mais parce qu'il n'y a pas eu finalement de réconciliation entre la majorité des citoyens et leur Etat. Faut-il s'étonner alors que les jeunes réagissent et se comportent comme ils le font chez nous: qui se suicide, qui ne voit d'issue que dans la «harga» et qui enfin s'enrôle dans la sanglante guerre déclarée à son propre peuple.
Pour tarir les sources de recrutement pour le terrorisme, il aurait fallu que la politique de réconciliation se traduise par des changements dans le mode de gouvernance, respectant l'aspiration des citoyens à plus de démocratie, à moins d'arrogance méprisante et à la fin de la mise en coupe réglée des richesses collectives par une minorité.
Si les Algériens sont déçus du résultat de la réconciliation nationale, c'est pour avoir constaté qu'elle n'a apporté aucun changement de ce genre, mais que, pire, elle a servi d'alibi aux dérives totalitaires auxquelles se laisse aller le pouvoir en place. Un véritable processus de réconciliation nationale ne peut s'enclencher que lorsque le pouvoir acceptera enfin d'admettre ses erreurs, pas seulement dans le domaine économique, de reconnaîtra que le système qui est sa matrice est arrivé à ses limites, et négocie avec l'ensemble des forces vives nationales une alternative à l'impasse dans laquelle le pays est réduit à cause de cela.
Quotidien d'Oran
par Kharroubi Habib
L'échec de la réconciliation nationale, version algérienne, n'est pas dans le fait qu'elle n'est pas parvenue à ramener la paix totale au pays. Il est dans celui que l'Etat et ses dirigeants sont restés coupés de leur peuple, se comportant et agissant comme si cette réconciliation nationale légitime le mode de gouvernance négatif avec lequel sont gérées les affaires de la Nation.
Les Algériens qui ont voté pour la charte de la réconciliation nationale l'ont fait en sachant que la paix civile, qui en est l'objectif, serait longue à réaliser. Mais avec l'espoir qu'elle allait créer un climat de détente et de dialogue fécond entre pouvoir officiel et société civile dans toutes ses déclinaisons.
Au lieu de cela, le pouvoir s'est prévalu de leur vote favorable comme d'un chèque en blanc et d'un blanc-seing pour verrouiller la vie politique, empêcher l'expression de toute opinion en discordance avec son discours officiel. Et surtout pour perpétuer le système fait de «hogra», de violation des droits et libertés et générateur d'une corruption généralisée avilissante et pour ceux qui ont recours et pour ses bénéficiaires.
En optant pour la réconciliation nationale, les Algériens ont signifié qu'ils sont contre la violence en tant que recours dans les différends et les divergences qui les opposent, qu'ils soient politiques, religieux ou autres. Contre en premier, bien sûr, celle aveugle et sans perspective ayant voulu imposer à la Nation un projet de société rétrograde et stérilisant. Mais contre aussi celle exercée par le pouvoir et l'Etat dans leur rapport au peuple. Si la démarche a échoué, ce n'est pas parce qu'il subsiste encore un maquis terroriste et des nervis prêts à faire couler le sang de leurs compatriotes. Mais parce qu'il n'y a pas eu finalement de réconciliation entre la majorité des citoyens et leur Etat. Faut-il s'étonner alors que les jeunes réagissent et se comportent comme ils le font chez nous: qui se suicide, qui ne voit d'issue que dans la «harga» et qui enfin s'enrôle dans la sanglante guerre déclarée à son propre peuple.
Pour tarir les sources de recrutement pour le terrorisme, il aurait fallu que la politique de réconciliation se traduise par des changements dans le mode de gouvernance, respectant l'aspiration des citoyens à plus de démocratie, à moins d'arrogance méprisante et à la fin de la mise en coupe réglée des richesses collectives par une minorité.
Si les Algériens sont déçus du résultat de la réconciliation nationale, c'est pour avoir constaté qu'elle n'a apporté aucun changement de ce genre, mais que, pire, elle a servi d'alibi aux dérives totalitaires auxquelles se laisse aller le pouvoir en place. Un véritable processus de réconciliation nationale ne peut s'enclencher que lorsque le pouvoir acceptera enfin d'admettre ses erreurs, pas seulement dans le domaine économique, de reconnaîtra que le système qui est sa matrice est arrivé à ses limites, et négocie avec l'ensemble des forces vives nationales une alternative à l'impasse dans laquelle le pays est réduit à cause de cela.
Quotidien d'Oran