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Combien de pauvres en Algérie ?

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  • Combien de pauvres en Algérie ?

    Comme à chaque Ramadhan les nécessiteux et les pauvres sont la principale préoccupation du gouvernement et au centre de l’intérêt des médias.

    La flambée des prix des produits de large consommation et l’érosion du pouvoir d’achat qui caractérisent particulièrement ce mois sacré interpellent à chaque fois les décideurs sur l’ampleur de la pauvreté dans notrepays.

    Et comme à chaque fois, aucune réponse convaincante n’est donnée par les responsables chargés par l’Etat de gérer le très délicat département de la Solidarité nationale et la promotion des actions visant à lutter contre les poches de pauvreté.

    Quand aux citoyens, ils sont quotidiennement agressés par des scènes dramatiques de familles entières dans les rues s’adonnant à la mendicité, aux mamans avec enfants abandonnés sur les trottoirs, sans oublier ces images désolantes de personnes fouillant dans les poubelles en quête de nourriture.

    Ce genre de scènes se multiplient durant le mois sacré de Ramadhan.

    Pourtant l’Etat mobilise annuellement d’importants moyens financiers pour soutenir les couches les plus démunies de la société. Mais contre tout attente, les résultats sont là, visibles à l’œil nu ; au lieu de reculer la pauvreté avance dans notre pays ! Malgré le fait que la majorité des indicateurs financiers et économique sont au vert.

    Un paradoxe qui a laissé perplexe les économistes. «Quand un pays lance un plan développement doté d’une faramineuse enveloppe financière dépassant les 200 milliards de dollars sur cinq ans, on est en droit d’attendre la création de beaucoup d’emplois.

    Et qui dit création d’emplois dit surtout recul de la pauvreté», s’étonne un économiste.

    Mais, malheureusement, les chiffres concernant le financement des actions au profit des démunies communiqués à chaque fois par le département étatique concerné ne cesse de s’alourdir d’année en année.

    Ainsi et durant le Ramadhan 2007, 5,9 millions de repas ont été distribués aux nécessiteux à travers tout le territoire national. Ce chiffre passera à sept millions pour ce Ramadhan 2008. L’année passée pas moins de 1,25 million de couffins ont été distribués aux familles nécessiteuses alors que pour cette année, il est attendu la distribution de 1,5 million de couffins.

    En ce Ramadhan 2008, le ministère de la Solidarité, les wilayas et les APC ont mobilisé 300 milliards de centimes pour financer les couffins distribués aux familles nécessiteuses et les repas chauds servis dans les restaurant de la Rahma.

    Malgré ce niveau appréciable de mobilisation des fonds, les colonnes de la presse écrite rapportent quotidiennement depuis le début du mois sacré des informations de mécontentement des populations lors des opérations de distribution du couffin aux concernés.

    Certains accusent ceux qui sont chargés de mener ces opérations de pratiquer le passe-droit. D’autres vont même jusqu’à accuser les autorités de fournir des couffins à ceux qui ne sont pas dans le besoin au détriment de ceux qui le sont. Certains parlent de cas de détournement pur et simple de cette aide de l’Etat. Dans cette anarchie, il n’est pas à écarter parfois que les vrais démunis ne bénéficient pas de ces denrées. Ces informations nous viennent en général des communes les plus pauvres du pays (lire encadré).

    Mais alors quels sont les critères pour bénéficier de ces mesures de solidarité ? Selon le département étatique chargé de cette mission, sont concernées les familles ayant un revenu inférieur au salaire minimum garanti (SNMG), de l’ordre de 12 000 DA par mois.

    Donc, il s’agit des non-assurés sans revenu, des personnes âgées ou handicapées sans revenu qui perçoivent une allocation forfaitaire de solidarité (AFS), de l’ordre de 3 000 DA par mois et les personnes occupant un emploi temporaire qui touche une indemnité d’activité générale (IAIG). Mais ces critères d’éligibilité sont éloignés de la réalité.

    «Comment voulez-vous qu’une famille composée de six personnes ayant un revenu mensuel de 12 000 DA ou même de 20 000 DA par mois puisse aisément subvenir à ses besoins durant ce mois sacré avec la flambée des prix qui caractérise les marchés», s’insurge un père de famille.

    Et d’ajouter : «Il ne faut pas s’étonner que certains de ces salariés à bas revenus, qui normalement ne doivent pas bénéficier de cette opération, se battent eux aussi pour accaparer un couffin du Ramadhan dont la valeur en denrées va de 3 000 à 5 000 DA». C’est ce qui explique le fait que la demande en aide pendant ce mois sacré est largement supérieur à ce qui est offert. Le ministère de la Solidarité reconnaît lui-même l’aggravation de ce phénomène ces dernières années.

    Le guide d’orientation sur le déroulement de l’opération Ramadhan 2008 élaboré par le département de Ould Abbès souligne que l’enveloppe financière allouée par ce ministère était seulement de 51,5 millions de DA en 1999, année du lancement par l’Etat du «couffin du Ramdhan» et des «restaurants de la Rahma». Cette enveloppe passera de 114,2 millions de DA en 2004 à 130 millions de DA en 2008. Mais la part la plus importante des financements provient des collectivités locales, Assemblées populaires de wilaya (APW) et Assemblées populaires communales (APC). Les assemblées élues ont ainsi mobilisées une somme totale de 7 milliards de DA entre 2001 et 2007. Dont 1,2 milliard de DA pour la seule année 2006 et 1,5 milliard de DA en 2007. En 2008, les APW et les APW mobiliseront 2,473 milliards de DA au profit des démunis durant le mois de Ramadhan. Quant au budget de fonctionnement du ministère de la Solidarité nationale, il passera de 47,86 milliards de DA en 2006 à 85,5 milliards de DA dans l’avant-projet de la loi de finances 2009. Ce qui représente une augmentation de 78,64% en quatre an. Au total et en 2008, une enveloppe de 100 milliards, contre 31 milliards de DA en 1999 a été consentie par l’Etat au soutien des démunis, aux handicapés et aux titulaires de faibles revenus. Les résultats sont-ils à la hauteur des moyens financiers mobilisés. Rien n’est moins sûr !

  • #2
    Assistanat et absence de stratégie de lutte contre la pauvreté

    En 2005, le ministre chargé du département de la Solidarité affirmait qu’en Algérie, «il n’existe pas de pauvres, mais des nécessiteux». En 2006, le même ministre affirmera que la pauvreté a été «éradiquée en Algérie».

    Des déclarations qui reflètent les difficultés des décideurs à cerner cette problématique et surtout trouver les solutions adaptées à la réalité algérienne pour endiguer la pauvreté.

    Cette vérité sera rappelée par le président de la République lors de la récente audition consacrée à la solidarité nationale : «Une connaissance rigoureuse des personnes éligibles aux différents dispositifs de solidarité mis en place, ainsi que les réponses appropriées à la situation multiforme de personnes en difficultés, sont des axes importants dans les stratégies de solidarité sociale à mettre en œuvre à l’avenir dans la plus grande transparence», soulignera le chef de l’Etat.

    Mais pour mettre en avant cette stratégie, il est important de faire une évaluation de la pauvreté qui soit proche de la réalité. Selon le guide du ministère de la Solidarité, le nombre des familles démunies est passé de 1 million à plus de 1,2 million durant la période 2004-2007. Quelques mois auparavant, au mois de février 2008, le ministre de la Solidarité a évalué le taux de pauvreté en Algérie à 5%. Il précisera que ce taux est passé de 12,8% en 2000 à 5% actuellement.

    Un pourcentage qui contredit l’estimation du Programme des Nations unies pour le développement (Pnud) et de la Banque mondiale qui avancent une proportion de 20% de la population, soit 6,5 millions de personnes vivant sous le seuil de la pauvreté et gagnent moins de 2 dollars par jour. Mais en réalité, le guide élaboré tout récemment par le département de Ould Abbès rejoint les estimations faites par le Pnud et la Banque mondiale. S’il existe 1,2 million de familles démunies en Algérie et si chaque famille compte en moyenne entre 5 à 6 membres, la population des démunies seraient de 6 à 6,5 millions de personnes dans notre pays. Le même chiffre avancé par les deux institutions internationales.

    Mais pour les économistes, l’aggravation des dépenses engagées pour venir en aide aux nécessiteux serait en complète contradiction avec la dynamique du développement engagée dans le plan quinquennal 2005-2009. «Avec une enveloppe dépassant les 200 milliards de dollars mobilisés pour réaliser ce plan on s’attendait à un net recul du chômage et donc, celui de la pauvreté dans le pays. Mais contre toute attente nous remarquons une l’Etat consacre de plus en plus d’argent pour soutenir les démunis et la proportion des pauvres au sein de la société ne cesse d’augmenter», s’étonne un économiste.

    Le lien entre le développement et le recul de la pauvreté a été souligné par le président de la République lors de la séance qu’il a consacrée à la solidarité nationale. «Je suis convaincu, dira Abdelaziz Bouteflika, que les actions de solidarité les plus efficaces seront celles qui se conjuguent avec une croissance soutenue et durable et qu’à ce titre, les programmes de développement ambitieux engagés par la nation permettront au plus grand nombre de citoyens d’accéder à la création de leur propre revenu dans la dignité, faisant reculer progressivement et durablement le nombre de démunis dans notre pays.» Mais sur le terrain, la réalité des chiffres contredit les convictions du président de la République.

    Tout porte à croire que les pouvoirs publics mènent une politique d’assistanat basée sur une soi-disant «justice dans le partage de la rente pétrolière» qu’une véritable politique visant à intégrer les couches les plus démunies de la société dans une dynamique de développement économique et sociale. «Il n’y a pas très longtemps des non-voyants se sont rassemblés durant plusieurs jours devant le siège de la Centrale syndicale de l’UGTA pour protester contre la dissolution de leur entreprise spécialisée dans la production des brosses et des balais.

    Depuis l’indépendance du pays, Cette entreprise publique, l’Onabros, existait depuis l’indépendance. Celle-ci leur permettait de gagner dignement leur vie en travaillant. Puis se fut l’ouverture du marché.

    Et au nom de cette ouverture, des privés, qui ne payaient même pas leurs impôts commençaient à importer des balais et des brosses à qu’ils proposaient à bas prix. Chose qui entraîna la dissolution de cette entreprise et plusieurs non-voyants ont été licenciés», raconte un sociologue du travail.

    L’Etat a fait une grosse erreur on ne mettant pas à niveau cette entreprise et surtout de ne pas avoir protégé la production de brosses et de balais réalisée par les non-voyants. «L’Etat aurait pu interdire l’importation des produits qui sont fabriqués par l’ex-Onabros et dire clairement aux importateurs, qui eux sont valides, que l’ouverture du marché ne se ferait pas sur le dos des personnes handicapées.

    Et ce n’est pas cette petite entreprise des non-voyants qui va menacer les réformes économiques engagées par les pouvoirs publics», poursuit notre sociologue.

    a morale de cette histoire est que les pouvoirs publics ont choisi de fermer cette entreprise, compresser les travailleurs non-voyants et en contrepartie, ils leur ont proposé des pensions.

    Alors qu’il aurait été plus rationnel que l’Etat permette à ces handicapés de continuer à travailler pour avoir un salaire et non les transformer en assistés attendant chaque fin de mois une maigre pension inscrite annuellement dans le budget du ministère de la Solidarité.

    Les pouvoirs publics encouragent ainsi l’assistanat au détriment de l’effort et du travail. Pour ce sociologue, il serait intéressant de mener un audit indépendant pour évaluer l’efficacité des actions de solidarité mené par les pouvoirs publics.

    «A chaque occasion, les personnes dans le besoin s’adressent aux services sociaux pour prendre leur couffin du Ramadhan, leur pension ou tout autre aide accordée par l’Etat.

    D’autres attendent de bénéficier des différents dispositifs relevant de la solidarité nationale. Et à première vue, aucun plan sérieux n’est mis en avant pour insérer cette fragile frange de la société dans le monde du travail», explique le sociologue. Avant d’ajouter : «Tout le monde sait que pour avoir un emploi, il faut avoir des connaissances et des appuis.

    El les personnes nécessiteuses le sont parce qu’elles n’ont pas de connaissances et d’appuis.


    Et c’est pour cette raison que les pouvoirs publics doivent adopter une politique dite de «discrimination positive» visant à favoriser ces personnes dans le besoin à l’accès à l’emploi, à la formation professionnelle ou aux autres programmes d’insertion socioprofessionnelles lancés par l’Etat.»


    En clair et en coordination avec les services sociaux, des quotas d’embauche au niveau des agences de l’emploi ou au niveau des structures accordant des micro-crédits ou dans le cadre de l’emploi des jeunes doivent être dégagés par les pouvoirs au profit de ceux qui bénéficient de la charité de l’Etat.


    Ces mesures permettront de faire basculer les personnes nécessiteuses du statut d’assisté à celui d’individus actifs pouvant répondre à ses propres besoins dans la vie sans l’aide de l’Etat.


    Par ailleurs, les enfants et les mères abandonnées dans les rues ainsi que le nombre sans cesse croissant des mendiants constituent les signes les plus révoltants de la pauvreté dans une société.


    Et à première vue, il suffirait de faire un tour dans les principales villes du pays pour se rendre compte de l’ampleur du phénomène.


    La réalité du terrain rend démagogiques tous les efforts de l’Etat et des dizaines de milliards de DA mobilisées annuellement pour lutter contre la pauvreté. «L’argent et les actions folkloriques ne suffisent pas à eux seuls à faire reculer la pauvreté. Il faudrait surtout une stratégie de lutte contre ce fléau avec des objectifs clairement tracés pour aboutir à des résultats palpables sur le long terme», conclut notre sociologue.

    Réda C.
    - La Nouvelle Republique

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    • #3
      Les mots qui conviennent: absence de stratégie, amateurisme, incompétence, mensonge, détournement, démagogie, populisme, politique de l'autruche, récupération, pas de dignité...

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