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"We want sex (equality)": un film revient sur un vent de colère chez les prolos anglaises

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  • "We want sex (equality)": un film revient sur un vent de colère chez les prolos anglaises

    AFP

    Elles étaient les petites mains des usines Ford de la banlieue londonienne, 183 ouvrières qualifiées, face à 55.000 ouvriers, leurs père, mari, frères, qu'elles vont mettre au chômage technique avant d'emporter la bataille pour l'égalité des salaires.

    "We want sex (equality)", le long métrage du britannique Nigel Cole (sortie mercredi) revient avec tendresse et humour sur la grève, bien réelle, des femmes des usines Ford de Dagenham, dans l'East London, la plus grande usine d'Europe qui produisait jusqu'à 500.000 voitures par an.

    Trois semaines durant en juin 1968, elles bravèrent leurs patrons américains et leurs propres syndicats en observant, pour la première fois en Angleterre, une grève pour l'égalité des salaires hommes/femmes.

    Tout en bas de la pyramide des salaires, elles sont alors payées 15% de moins que les ouvriers non-qualifiés. Alors que leur travail, l'assemblage des sièges des voitures, exige une véritable formation de couturière.

    Lors d'une manifestation, un faux-pli malheureux de leur banderole clamant "We want sex equality" ampute leur message de sa dernière partie. Et voilà ces femmes, qui ont pourtant soigné leur mise, revendiquant "We want sex" sur les trottoirs de Londres...

    Mais malgré les pressions, notamment de leur entourage masculin, qui leur reproche l'arrêt des chaînes de montage, elles tiennent bon et obtiennent en partie gain de cause.

    Reçues à Londres par la Secrétaire d'Etat chargée de l'emploi au sein du gouvernement travailliste, Barbara Castle, elles parviennent à négocier un salaire représentant 92 % de celui des hommes, réduisant ainsi nettement l'écart.

    Souvent très drôle et émouvant, le film porte la patte de Nigel Cole, déjà signataire des "Calendars Girls", ces femmes d'âge mur du Yorkshire qui décidèrent de poser nues afin de recueillir des fonds au profit de leurs bonnes oeuvres.

    "Aujourd'hui on sait quelle a été l'issue de ce mouvement. Mais à l'époque, les femmes ont dû assumer l'énormité de leurs responsabilités, de priver leur famille de ressources. Au départ en fait, personne ne les prenait vraiment au sérieux", se souvient le réalisateur.

    Le film, présenté en octobre au Festival du film britannique de Dinard y a remporté le "Hitchcock d'or", le Prix du meilleur scénario et le Prix du Public. Une heureuse récompense pour sa productrice, Elizabeth Karlsen, en plein marasme du cinéma britannique avec la disparition programmée du UK Film council (UKFC), équivalent du Centre national du cinéma français, chargé de soutenir la production cinématographique outre-Manche.

    "Ces femmes n'avaient pas de comptes à régler, elles voulaient juste être considérées. Ce n'était pas des féministes radicales, seulement la voix des opprimées", expliquait-elle à l'AFP, à Dinard, relatant avec émotion et gourmandise son enquête à Dagenham et ses rencontres avec les véritables protagonistes de l'histoire.

    Plusieurs d'entre elles ont servi à "fabriquer" le personnage central de Rita, la meneuse.

    Quant à l'usine de Dagenham, il n'en reste rien.

    "Nous avons utilisé une ancienne usine Hoover au Pays de Galles qui employait encore près de 5.000 ouvriers, juste avant notre arrivée, à l'été 2009", raconte Mme Karlsen.

    A 40 ans de distance, les ouvrières Ford ont rendu un ultime service à leurs camarades galloises: la production du film a installé le tournage dans ces locaux abandonnés et recruté plus de 50 femmes du coin, pour figurer les grévistes de 68.
    « Ça m'est égal d'être laide ou belle. Il faut seulement que je plaise aux gens qui m'intéressent. »
    Boris Vian
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