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  • regard sur la vallée de la soummam.

    Bejaia Regard sur la vallée de la Soummam.

    ---- A environ cinq ou six kilomètres au sud -ouest du chef lieu de la commune d’Amizour, somnole une petite bourgade nommée Ahammam. C’est un hameau comme tous les autres où il ne se passe pratiquement rien .Les jours se suivent et se ressemblent, ils s égrènent, s’entassent et s’ajoutent au temps perdu .Le matin, simultanément , le soleil et les habitants se lèvent ; mais tandis que le soleil s’élève dans le ciel, les hommes descendent pour rejoindre Amizour ou El-kseur, Tous les jours, une trentaine de véhicules de tous genres, chargés des écoliers, des nombreux chômeurs et des quelques rares travailleurs , quittent le village . Le soir ,au retour, comme le soleil, les hommes s’éclipsent , rentrent et se terrent chez eux !La nuit tombe et le village s’enfonce dans son sommeil que percent les hurlements des chiens et chacals .
    Du haut de leur colline, qui s’élève à 300 mètres d’altitude, du matin au soir , inlassablement, les villageois , jeunes ou vieux, regardent , en bas… la vallée de la Soummam.
    Là- bas c’est la plaine où s’étirent et fleurissent les beaux carrés d’agrumes (c’est tout ce qui reste des anciennes exploitations agricoles !) entourés de brise- vents de cyprès et jalousement gardés par les affairistes et spéculateurs du monde agricole qui achètent tout sur pied, monopolisant ainsi la production et la commercialisation des oranges...Et, l’orange qui était ,il n’ y a pas si longtemps , un fruit banal accessible à tous , devient aujourd’hui, constate Said, l’aveugle du village, un fruit « « exotique » » vu son prix aligné sur celui de la banane importée du cœur de l’Afrique , d’Amérique du sud ou d’une autre contrée plus éloignée encore.!
    la Soummam traverse la vallée, comme un serpent qui passe, elle se fraye un chemin entre les roseaux luxuriants, les beaux peupliers, les ronces envahissantes et toutes les autres plantes qui poussent le long des rives .
    Il y a pas si longtemps, elle était encore un cours d’eau très propre, et Said (avant il voyait…) se souvient très bien :« pendant les grandes chaleurs de l’été, on s’y baignait…et quand on avait soif, on buvait son eau. Elle était légèrement salée, mais , elle était potable et très claire, plus claire que l’eau de ton robinet qui ne coule que très rarement.. . souvent quand il pleut ! Aujourd’hui ,c’est un égout à ciel ouvert :on y déverse toutes sortes de choses, d’ordures et de déchets…Et , en été, on pompe ce liquide noir pour irriguer les pastèques que tu achètes à 30 ou 40 dinars le kilogramme ! Et pendant ce temps, à la télévision, on te raconte …sur l’écologie, sur la protection de l’environnement ! »
    En hiver, quand la Soummam est en crue les villageois profitent des rares éclaircies pour admirer le spectacle du fleuve qui se gonfle en charriant des objets de toutes natures .Elle rejette tout : les sachets en plastiques et les tissus qu’elle accroche aux cimes des arbustes, les détritus et les ordures qu’elle laisse sur les bords. Elle rejette dans la vallée tous ce que les hommes avaient jeté dans son lit.
    Du haut de leur colline , les villageois écoutent et commentent le spectacle, le bruit sourd du torrent entraînant tout sur son passage .La plaine se trouve alors inondée et se transforme en un gigantesque miroir d’eau trouble reflétant les rares rayons du soleil hivernal…Recouverte de boue et de sable la vallée devient impénétrable; et , toutes les voix de communication coupées ,elle reste alors isolée pour un temps que seul le ciel détermine : une semaine, deux ou plusieurs… Elle se désaltère… et se repose loin des hommes!
    Longeant le lit de la Soummam, le chemin de fer coupe la vallée en deux ;les sifflement des trains ( qui se font de plus en plus rares…) annoncent l’heure et rythme le temps. Avant ,ils étaient plus nombreux .C’était l’unique moyen de transport .Les gens , pour voyager , prenaient le train ; et les marchandises ,essentiellement des produits agricoles ou des minerais, étaient transportés par la voix ferrée. « .Voici le train de midi… Celui- la monte à Alger… » Dit Da Yesla Yezra , il connaît tous sur les trains, les horaires de leurs passages, leurs sifflements, le nombre de wagons qu’ils tirent et leurs destinations !….Il est retraité et ne fait rien (à notre sens !Quant à lui, il se dit très occupé !) :il passe son temps , il l’occupe, à écouter, à observer : que dit la rumeur ? Que font les gens ?Que dit la mosquée ?Que conseille la nuit ? quand se lève le jour ?… il observe, il écoute … il parle et raconte.
    « Au temps des colons, la vallée était plus belle !Elle était exploitée, travaillée et bien entretenue :l’agriculture était prospère. D’ici, on pouvait promenait le regard sur des hectares et des hectares de vergers, de champs de céréales et de vignobles .Des vignes hautes et très fortes, de variétés diverses, couvraient toute cette surface que tu vois là -bas !Je me rappelle bien , les vendanges duraient trois mois !Hommes, femmes et enfants travaillaient douze heures par jours !C’était pénible, bien sur , dur avec les colons qui nous exploitaient, qui cherchaient la fortune…
    Mais ils nous ont laissé cette richesse, c’était une richesse qu’on aurait du préserver ! Les bâtiments, les habitations et les hangars étaient très propres ; les animaux dont les mulets , les bœufs et les moutons étaient nombreux et bien soignés…Aujourd’hui, regardez cette vallée désolée ,c’est un désert ! Tout a était détruit :les vignes arrachées , les bâtiments démolis ! le bétail a disparus…. Et depuis , ils n’ont rien planté , élevé ou construit !Les terres sont à présent distribuées,, louées ou simplement abandonnées aux sangliers, nombreux dans la régions…
    Les hangars, les caves et les étables sont saccagés , démantelés : tuiles, tôles ,citernes, poutres ,
    Piquets, fil de fer …Tout a été vendu…Toutes ces constructions sont aujourd’hui dénaturées, abandonnées sinon transformées en poulaillers de fortunes, en lieux de stockage, de vente …Dommage !
    On aurait pu profiter de ces fermes , de ces paradis ! On aurait pu hériter de ce savoir, de cet ordre et de cette harmonie ; et continuer à travailler ces exploitations ,à les valoriser et à les rendre plus rentables encore.! Les jeunes auraient trouvé des emplois et profité de cette terre, combien fertile !…Dommage, ils ont tout massacré ! »
    Un peu plus loin, parallèlement à la voix ferrée, la route nationale n° 26 charrie son flux de véhicules , de bruits et de mauvaises nouvelles. Les grands camions qui ronflent et passent à toute vitesse se font entendre au loin .Les sirènes des ambulances et les klaxons des véhicules des pompiers déchirent le ciel en colportant l’horreur des nombreux accidents qui se produisent sur la route .Quand une voiture heurte un arbre, un bus ou une autre voiture, les habitants des alentours sont alertés par le bruit du choc. La nouvelle se répand alors très vite, plus vite que l’ambulance qui transporte les blessés et les morts à l’hôpital de Boukhalfa (Amizour) .
    Plus loin, de l’autre coté du cours d’eau, El- kseur s’étire en lançant ses tentacules de fer et de béton à la conquête des terres agricoles. Avec un rythme de plus en plus soutenu, le village s’élargit à l’ombre, au pied, du mont Ibarrissen , en exhibant ses couleurs, ses façades blanches, grises, ocres, ses villas fraîchement construites et toutes non terminées !
    L’ancienne ville coloniale, El-kseur est bien bâtie. La ville conserve encore quelques vestiges de l’architecture coloniale : l’alignement de ses belles allées, son église, son cimetière…Au centre du
    village ,il reste encore quelque chose qu’on ne retrouve plus ailleurs, dans nos villages construits après l’indépendance : l’ordre, l’harmonie et le goût de la finition !
    Plus loin encore, à l’horizon, vers le nord ,le mont Ibarrissen, se dresse comme un colosse et culmine à quelques 500 mètres !Complètement dénudé ,d’une couleur de cendre, rarement couvert de neige, sobre et impassible, il regarde éternellement se transformer , se dégrader, la vallée de la Soummam …
    Plus loin en haut, c’est le ciel…les nuages blancs , gris, sombres…. le néant…et le bon dieu qui regarde les hommes détruire la vallée de la Soummam !
    .
    Amizour : le 06/03/2004
    Md Tahar Bensalem : [email protected]

  • #2
    Très bel hommage à la vallée de la soummam, Tahar.
    Je m'y reconnais beaucoup, étant originaire du même département. Par contre, j'ai gardé cette passion du travail de la terre, passion que m'a transmis mon défunt grand père.

    Durant mes années au pays et notamment durant les vacances scolaires, je passais le plus clair de mon temps à planter des arbres sur fond de passion du jardinage! Quel fut mon bonheur de voir le fruit de ma passion : Des dizaines d'arbres fruitiers (pommiers, abricotiers, poiriers, oliviers...etc) aux fruits si ...bons! On en produit tellement qu'on est obligé d'en vendre plus de la moitié de la production, sans oublier d'en offrir aux proches...


    Bienvenu parmis nous, Tahar.

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    • #3
      La bière là, c'est aussi le fruit de ta brasserie en montagne?

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      • #4
        Nope, on a pas de brasserie dans le coin, même si on a une formidable production de raisins!

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        • #5
          Tahar,
          Oui, je retrouve tout dans ce que tu décris si bien, ce ressenti des bruits, des paysages, des odeurs, de la vie telle quelle, là-bas. Le portrait noir d'une déchéance, les aspects "petits bonheurs" qui restent...Que dire de plus ? Tu as tout si bien dit!

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          • #6
            Azul Tahar,

            Ton récit me laisse une étrange impression. Emerveillement sur ce qui était un coin de paradis, rude mais prospère, vivant en tous les cas et là apres une grande nostalgie de ce qui était et qui n'est plus. Je ne connais pas la Vallée de la Soummam. Cet abandon est dus à qui? A quoi? Est il volontaire?
            Les jeunes sont ils partis? N'ont ils pas repris les exploitations du Père, du cousin?
            L'abandon est il inéluctable? N'est il plus possible de redonner vie à cela?

            Merci pour ce récit qui me laisse bien songeuse

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            • #7
              vallee de la soumam! azul felam!

              je sui tres content de te lire , de te voir reagir, dire qel chose a ce squjet!
              j'essayerai d'etre tres bref: l'abondon a quoi est_il du? ben, c'est du au mauvaises politiques, principalement la politique agraire applique a partir de 1971, puis la distribution des terre a partir de 1987!
              tu dois savoir que ces terres etaient exploitee par des francais, des colons..
              ils les ont quittees en 1962..
              depuis l'algerie n'a pas su exploite prendre en charge cette richesse qu'est la terre!
              je t'embrasse! je t'ecrirai longuemenyt sur ce sujet si cela t'interesse! tahar de bejaia! in genieur agronome! parle moi de toi!
              bisou! a tres bientot!

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              • #8
                Azul Fellak Taha,

                Bien sur que nous serions ravis si tu nous parles encore longuement de la Vallée de la Soummam.
                Je trouve aussi regrettable et pire que cela d'ailleurs de laisser perdre toute cette richesse qu'apporte la terre. Il n'y a rien de plus vrai que la Terre, c'est notre mère nouricière.
                D'autant plus quand on voit que l'Algérie importe de plus en plus ses produits et devient vraiment tributaire des hydrocarbures.
                J'etais heureuse d'apprendre que la mitidja reprenait vie et si au temps de la colonisation c'était prospère et bien entretenu pourquoi maintenant laisser tout cela mourir ?
                Y a t'il des projets concernant cette région? Il doit deja y avoir des cultures de blé car j'ai vus lors des problèmes d'Eriad Sétif qu'il y avait le moulin de la Somman. Il doit y avoir des figuiers, des orangers des oliviers?

                bonne journée

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