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La Brèche et le Rempart, Badr’Eddine Mili

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  • La Brèche et le Rempart, Badr’Eddine Mili

    Le premier roman de Badr’Eddine Mili, intitulé la Brèche et le Rempart, publié récemment aux éditions Chihab, est une véritable épopée historique qui relate le destin d’une famille constantinoise de la Seconde Guerre mondiale à l’indépendance.

    Dans une écriture fluide et limpide sertie de véritables moments d’émotion, l’auteur entraîne le lecteur dans un passé qui n’est pas aussi lointain que cela. C’est aussi l’histoire du quartier populaire d’Aouinet El foul, à Constantine.

    Un quartier historique, témoin privilégié de multiples histoires individuelles qui s’entretoisent, mais aussi de l’histoire de Constantine et, par delà, de toute l’Algérie.

    A propos du titre du roman, l’auteur avait précisé lors d’une rencontre aux éditions Chihab que «c’était une référence historique et militante à la prise par l’armée coloniale française en 1837 de Constantine, qui a ouvert une brèche dans le rempart, une brèche qui a mené à la destruction et à la dénaturation de l’identité d’une nation». Aouinet El foul, par laquelle les Français ont trouvé le passage vers le cœur de la vieille ville, a été aussi le terreau de la résistance contre le colonialisme et le quartier qui donna ses premiers martyrs à la guerre de libération national.

    Aouinet El foul, la petite fontaine des fèves, est décrite dans le roman par Badr’Eddine Mili en ces termes : «Personne n’avait pu percer le mystère de cette œuvre d’art, quelque peu rustique, qui déversait, nuit et jour, ses eaux musicales dans deux bassins distincts, le petit à l’eau potable, pure et fade destinée à la consommation des gens de passage, le grand recouvert d’une épaisse chape de vase gluante où s’abreuvaient une multitude de bêtes de somme, chevaux, onagres et dromadaires, tout heureux de s’abreuver, après de longues et harassantes traversée des Hauts Plateaux.»

    Aouinet El foul, terreau de la résistance et de la bravoure

    C’est aussi l’histoire des habitants du quartier populaire d’Aouinet El foul, qui se distinguent des citadins de la ville du Rocher. La plupart de ces habitants sont venus des régions avoisinantes, chassés par les colonisateurs français à coups de napalm en répression à leur soif de liberté et leur résistance farouche contre l’envahisseur.

    Ils sont originaires de Mila d’El Milia, de Taher, d’El Aouana, de Jijel, de Ziama Mansouriah et les descendants de tribus des Ouled-Ali, les Mechati, les Beni Hbibi, les Beni Sbih, les Beni Meslem, les Beni Belaïd, les Beni Ferguene, les Ouled Aouat, les Ouled Aïdoun, les Beni Aïcha.

    Le personnage central du roman explique à leur propos qu’«on les appelait Kebaïl El Hadra, les gens du Piémont, ils étaient connus pour leur esprit de corps, leur bravoure et leur sens moral très élevé». Ainsi, ce quartier hors du commun était le réceptacle de tous les survivants des tribus éclatées de l’Est
    algérien, le terreau de la révolution et de l’éveil des consciences politiques et sociales.

    Après le premier chapitre consacré à la description minutieuse du mythique quartier, l’auteur raconte la naissance de Mustapha, dit «Stopha», le personnage central de cette saga qui sera le fil conducteur de ce voyage temporel au cœur de l’âme de l’antique quartier.

    Mustapha est le fils de Salah-Eddine El Hamadene et de Zouaki, diminutif de Zakia, les deux autres personnages autour duquel s’articule le roman. La Brèche et le Rempart est un vibrant hommage au petit peuple, représenté par une myriade de personnages aux surnoms aussi scintillants que leurs répliques et dont la fibre patriotique permet de survivre à la misère et aux tortionnaires français. Ce petit peuple, qui par ses sacrifices a permis que l’Algérie soit libre et indépendante et a permis à des générations de dresser fièrement la tête sans jamais courber l’échine.

    Au fil des pages, l’auteur ne cesse, par petites touches, de faire des rappels historiques de l’antique cité Cirta et de ses légendes dans lesquelles a baigné l’enfance des principaux protagonistes de roman historique. Il décrit aussi avec minutie des événements contemporains, à l’instar du débarquement des Américains où les Constantinois «découvraient le nouveau monde, le chewing-gum, le chocolat, les sodas et les conserves et se gominaient les cheveux à la Rudolf Valentino. Ils avaient entendu dire qu’un de leurs présidents avait promis l’autodétermination aux peuples sous le joug et tous se prirent à espérer la fin de l’occupation».

    Mais les grandes espérances furent de courte durée et «l’année qui suivit resta dans les mémoires comme ‘‘Aam Echar’’ et ‘‘Aam el Boun’’, l’année de la faim et du bon ; les denrées alimentaires furent rationnées et le marché noir battait son plein. Les barons des trafics en tous genres, les gangs et les nervis firent leur apparition et mirent la ville sous le boisseau».

    Ainsi, au-delà des personnages fictifs, l’histoire est toujours présente et s’entremêle harmonieusement avec les péripéties romanesques. Badr’Eddine Mili rend ainsi hommage aux personnages historiques qui ont marqué l’histoire de l’Algérie, tels que Messali Hadj ou Ferhat Abbas, mais aussi les martyrs constantinois, dont Mustapha Aouati et Zaamouche, les premiers condamnés à mort et exécutés à la prison d’El Koudia. Il cite également les penseurs et artistes de la vieille ville du Rocher tels que cheikh Abdelhamid Ben Badis, Malek Haddad et Malek Bennabi.

    «Stopha», le destin merveilleux d’un enfant ordinaire


    L’un des personnages les plus attachants de ce roman est la mère Zakia, à laquelle le jeune Stopha voue une admiration absolue, qui est longuement décrite dans le roman en tant que mère courage qui sacrifie tout pour le bonheur de ses enfants et la survie de son foyer. Belle, gracile, esthète aux multiples talents, c’est elle qui prend conscience que la seule chance de survie est une instruction aboutie, et elle poussera sans cesse son enfant à étudier pour battre ces «roumis». L’amour maternel est ainsi clamé sur plusieurs pages, dont la phrase poignante de Zakia à Stopha : «Si par malheur il t’arrivait de mourir, je mourrais instantanément, car depuis ta naissance me relie à toi khaït errouh, le fil lumineux de l’âme.»
    L’auteur relate le choix du nom du héros dans un émouvant passage où il écrit : «La mère, qui n’avait pas encore récupéré de ses efforts de primipare, la dernière cuillerée de z’rir entre les dents, lâcha : ‘‘Mustapha ! Je l’appellerai Mustapha comme le Prophète.’’ Jusqu’à la fin de ses jours, elle ne cessa de trouver des diminutifs à ce prénom : ‘‘Mousmous, Fousfouss, Fousseïfissa, Stopha…’’»

    Ainsi, au fil des pages, le lecteur est convié à vibrer passionnément au cœur du quotidien de la famille El Hamadene et suivre le destin de Mustapha, de sa naissance à ses premiers jeux avec ses camarades d’enfance à la découverte du monde extérieur. Son adolescence, et la prise de conscience du statut du colonisé et le fossé qui séparent les Algériens des pieds-noirs. Le roman permet aussi de découvrir à travers le microcosme, les traditions et les rituels familiaux, les escapades des jeunes Constantinois et l’école coloniale et ses discriminations. Stopha voyage sans cesse entre deux univers inconciliables, en se posant sans cesse des questions, jusqu’à la nuit du phénix, le déclenchement de la révolution. Au fils du récit, il lutte à sa manière pour narguer les envahisseurs en travaillant dur pour obtenir son bac.

    Le roman se clôture ainsi, sur le départ de Stopha pour l’université, qui coïncide avec l’indépendance de l’Algérie, «celle qui porte le message du 1er Novembre, la grande espérance, la fin des injustices, des privilèges par la naissance, l’argent ou la position sociale».

    Par Sihem Ammour, la Tribune

  • #2
    Ils sont originaires de Mila d’El Milia, de Taher, d’El Aouana, de Jijel, de Ziama Mansouriah et les descendants de tribus des Ouled-Ali, les Mechati, les Beni Hbibi, les Beni Sbih, les Beni Meslem, les Beni Belaïd, les Beni Ferguene, les Ouled Aouat, les Ouled Aïdoun, les Beni Aïcha.

    Le personnage central du roman explique à leur propos qu’«on les appelait Kebaïl El Hadra, les gens du Piémont, ils étaient connus pour leur esprit de corps, leur bravoure et leur sens moral très élevé». Ainsi, ce quartier hors du commun était le réceptacle de tous les survivants des tribus éclatées de l’Est
    algérien, le terreau de la révolution et de l’éveil des consciences politiques et sociales.
    Les gens de Mila ce ne sont pas des"kbail lhadra", ce sont des citadins à l'histoire aussi millénaire que constantine. MILIA oui. La famille Fergani le grand artiste est originaire de Mila. Tous comme les gens de ziama qui sont appelés kbail à constantine. kbali nighass plus exactement. Tout comme ceux de tizi ou bougie.

    Aouinet el foul est située en contrebas du Rocher. à qlq centaines de metes de dénivelle de la brèche. C'était une sorte de favela ou effectivement bcp de maquisard se réfugiaient. la vielle ville, souika qu'on oppose à aouinet el foul était aussi un terreau de la révolution, on combattait la nouvelle ville coudiat(centre administratif colonial), st jean belle vue etc...

    Ce roman a l'air passionnant je l'achèterai.






    « Great minds discuss ideas; average minds, events; small minds, people. » Eleanor ROOSEVELT

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