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La piraterie Barbaresque ou alCorso

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  • #16
    Absence de régulation religieuse


    Il est totalement anachronique d'imaginer des religieux pleins de compassion soucieux d'adoucir la guerre. L'Islam, à l'époque qui nous occupe et sur la côte barbaresque, c'est le Jihad maritime.

    Ce côté exclusivement guerrier est revendiqué ouvertement, par exemple par cette inscription sur la mosquée Djamaa el Djedid (mosquée de la Pêcherie), située à deux pas du marché aux esclaves et construite en 1660 : "Que Dieu arrête ses regards sur les soldats victorieux et donne à chacun mille récompenses." Autre exemple : la Porte de la Marine à Alger est aussi appelée Porte de la Guerre Sainte (Bab el Jihad)[17].

    Une anecdote significative, relatée par d'Aranda, met en scène Ali Bitchnin et un bourgeois poltron, qui voudrait bien tuer un chrétien pour se mettre en règle avec le ciel, mais qui a peur des coups ; le bourgeois demande à Bitchnin de lui fournir un esclave pour qu'il le tue ; Bitchnin lui fournit un grand gaillard qu'il a armé de pied en cap et indique au bourgeois que, ce qui plait à Dieu, c'est de tuer un chrétien capable de se défendre.

    Même s'il le voulait, d'ailleurs, l'Islam n'aurait aucun pouvoir d'appeler à la paix, puisqu'il n'a pas d'autorité centrale comparable au Pape. Parmi les savants susceptibles de prendre position, les avis seraient dans le meilleur des cas divergents, et le pirate algérois choisirait entre eux.




    Simulacres de légalité


    Absence de droit opposable


    Avec l'Infidèle, la seule relation est le combat. Les terres dont le gouvernement n'est pas musulman sont appelées Dar al Harb ("Maison de la guerre"[18]) et ont vocation à être conquises à plus ou moins long terme.

    Il n'y a donc pas de contrat possible avec lui, mais seulement des pseudo-contrats chaque fois que c'est utile. Le chrétien n'obtient une paix relative qu'en assumant un statu d'inférieur, soit à titre individuel ("dhimmi") soit, pour les Etats, à titre de tributaire, ce qui est une forme de dépendance (plus tard, on dira : de colonisation).

    La supposée licéité permanente de la prédation des Infidèles est expliquée sans détour à un ambassadeur des États-Unis, pays naissant qui n'avait jusqu'alors ni bonnes ni mauvaises relations avec la côte des Barbaresques, et qui s'étonnait donc de voir ses navires attaqués : en 1786, Thomas Jefferson, ambassadeur américain auprès de la France, et John Adams, ambassadeur auprès de la Grande-Bretagne, ont une rencontre à Londres avec Sidi Haji Abdul Rahman Adja, ambassadeur de Tripoli en visite. Ils demandent pourquoi leurs vaisseaux sont attaqués hors de toute guerre. Ils s'entendent répondre [19] que, d'après le Coran, toutes les nations qui n'ont pas reconnu le Prophète sont pécheresses, et qu'il est donc légitime de les piller et de réduire leurs peuples en esclavages, sauf si elles acceptent par traité de payer des tributs.


    Côté chrétien, on se plait à souligner que le Musulman n'accorde aucune valeur aux traités et contrats qu'il passe avec l'Infidèle, et l'on se sent libre de faire de même. Dans un tel contexte, la notion de course étroitement soumise au droit est de toute évidence une pure fiction.

    On a conscience que le "Traité de paix" n'est rien d'autre que l'institution d'une sorte de rançon forfaitaire, apportant au pirate le beurre et l'argent du beurre : le butin sans combat. Le terme de traité de paix est d'ailleurs abusif, puisque le Jihad est permanent. Il s'agit simplement de trèves utilitaires.

    Dans un tel contexte, la partie chrétienne ne se gêne pas non plus pour jouer sur les deux tableaux. Par exemple, la France signe des traités de paix avec Alger, mais la noblesse française fournit la plus grande partie des Chevaliers de Malte, qui pratiquent le contre-corso.

    Entre deux traités de paix, la France envoie aux Barbaresque ses redoutables Dunkerquois[20]. Elle le fait parce qu'elle doit le faire. Aucun pays n'est obligé de se laisser réduire au rang de tributaire.



    Présence d'un cadre administratif



    Sans qu'il y ait de lettres de marque, et moins encore de Tribunaux des prises (et surtout, surtout pas de Droit, au sens vrai du terme) , le corso s'exerce dans un certain cadre administratif :
    * des registres des prises ayant pour seul objectif de s'assurer que les raïs partagent le butin avec le Régent ; celui démarrant en 1765 pour la Régence d'Alger a été retrouvé et analysé par l'archiviste Albert Devoulx ;
    * des Traités de paix (en réalité des trêves payantes) avec les puissances chrétiennes.



    Suite.....

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    • #17
      Les CORSAIRES

      C'étaient des CORSAIRES pas des pirates !

      C'était les corsaires d'un état souverain qui a signé des traités avec toutes les grandes puissances de l'époque (dont les Etats Unis) et qui entretenais des relations diplomatique avec ces états qui eux aussi avaient leur corsaires, même les Français qui nous diabolisent en nous traitant de pirates avaient leur corsaires.

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      • #18
        Il est vrai que les Algériens pratiquaient la course de façon systématique (autrement dit, ils s'arrangeaient pour être toujours en guerre contre quelqu'un) alors que les Européens ne la pratiquaient généralement pas en temps de paix.

        Ceci dit, cela n'explique pas que la France ait conquis l'Algérie et l'ait gardé pendant 132 ans.
        En 1830, la flotte algérienne pouvait être détruite en moins de deux et n'importe quelle condition militaire pouvait être imposée aux Algériens, sans envahir le pays.

        Il aurait juste fallu permettre aux Algériens de faire du commerce et d'en vivre.

        Le but de la France n'était pas vraiment d'en finir avec les "pirates" (en fait les corsaires, MedDz a raison d'insister) mais de conquérir cette terre.

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        • #19
          Ne nous hatons pas dans déductions ative , attendons de voir la fin de l'histoire algérienne . Moi aussi je pense qu'il s'agit plus de corsaire que de pirates , mais c'est seulement depuis que les Kheyrdines ont indistrualisé cette pratique que l'on pouvait parler de Corsaires . Voici la suite .......
          Je le réécrit j'ai mis en gras ce qui ne correspond pas à un pays musulman , l'auteur doit confondre avec les us européenne , à vous de jugés .


          Fonctionnement du corso



          On prendra l'exemple de la Régence d'Alger.

          L'on n'a pas connaissance de lettres de marque algéroises, même si le ''Registre des Prises'' (commencé en 1765 ; retrouvé et analysé par Devoulx) permet à l'autorité politique locale d'avoir une connaissance bateau par bateau et sortie par sortie, de l'activité des raïs ; la reddition de compte se borne cependant exclusivement à apporter les preuves que le raïs partage le butin avec cette autorité ; l'autorité politique supérieure (la Sublime Porte) est tenue à l'écart de l'information opérationnelle (quel bateau, quels captifs de quelle nationalité), ce qui rend inopérants les "traités de paix" que les puissances occidentales pourraient passer avec cette "autorité" supposée supérieure.

          Les pays européens les plus puissants, comme la France et l'Angleterre, négocient, régence par régence (puisque l'échelon central est inopérant) des "traités de paix", en fait des trêves payantes toujours précaires ; l'application des traités "de paix" ne va pas de soi ; l'asservissement "par erreur" de ressortissants des pays signataires n'est évité qu'au prix d'épuisantes et humiliantes tractations au cas par cas par les consuls, qui doivent sans cesse faire profil bas et donner quelque chose de plus.
          Daniel Panzac écrit : "On a noté que les Régences ne sont jamais en paix en même temps avec tous leurs adversaires potentiels afin de conserver les corsaires en haleine et maintenir une certaine pression sur les autres pays. "

          Les pays plus faibles, en particulier les micro-États italiens et les îles, n'ont pas la ressource de passer de tels traités (ni surtout de les faire respecter), et ils subissent de plein fouet la prédation qui se traduit non seulement par des attaques en mer, mais aussi par des razzias massives sur les côtes, et ce encore au XIX ème siècle. On citera encore Daniel Panzat :
          "Ciro, modeste bourgade de Calabre, au sud du golfe de Tarente, est attaquée à trois reprises en 1803 par des corsaires qui enlèvent treize personnes le 3 juin, six le 30 juin et six encore le 27 juillet ; ils reviennent à nouveau le 17 et le 27 juillet 1804 et encore en juin 1805 emportant cette fois des pêcheurs à quelques encablures de la côte. La côte méridionale de l’Adriatique, entre Pescara et Brindisi, est attaquée à onze reprises entre mai et novembre 1815 et la liste est longue des agglomérations elles-mêmes, ou leurs proches environs, sont victimes des corsaires : Silvi, Termoli, Vasto, Melito, Pizzo, Montauro, San Foca, Lecce, Ostuni, Brindisi, Carovigno.."
          Des ordres religieux se consacrent au rachat des captifs : les mercédaires et les trinitaires. On ne peut ici manquer de citer cette grande personnalité que fut Saint Vincent de Paul.


          Corso et esclavage


          Résumant le professeur Davis, Thomas Jackson raconte :

          "Dès l'arrivée en Afrique du Nord, c'était la tradition de faire défiler les chrétiens récemment capturés dans les rues, pour que les gens puissent se moquer d'eux et que les enfants puissent les couvrir d'ordures. Au marché aux esclaves, les hommes étaient obligés de sautiller pour prouver qu'ils n'étaient pas boiteux, et les acheteurs voulaient souvent les faire mettre nus pour voir s'ils étaient en bonne santé. Cela permettait aussi d'évaluer la valeur sexuelle des hommes comme des femmes; les concubines blanches avaient une valeur élevée, et toutes les capitales esclavagistes avaient un réseau homosexuel florissant. Les acheteurs qui espéraient faire un profit rapide avec une forte rançon examinaient les lobes d'oreilles pour repérer des marques de piercing, ce qui était une indication de richesse. Il était aussi habituel de regarder les dents d'un captif pour voir s'il pourrait survivre à un dur régime d'esclave.

          Le pacha ou souverain de la région recevait un certain pourcentage d'esclaves comme une forme d'impôt sur le revenu. Ceux-ci étaient presque toujours des hommes, et devenaient propriété du gouvernement plutôt que propriété privée. A la différence des esclaves privés, qui embarquaient habituellement avec leur maître, ils vivaient dans les bagnos ou «bains», ainsi que les magasins d'esclaves du pacha étaient appelés. Il était habituel de raser la tête et la barbe des esclaves publics comme une humiliation supplémentaire, dans une période où la tête et la pilosité faciale étaient une part importante de l'identité masculine.

          La plupart de ces esclaves publics passaient le reste de leur vie comme esclaves sur les galères, et il est difficile d'imaginer une existence plus misérable. Les hommes étaient enchaînés trois, quatre ou cinq par aviron, leurs chevilles enchaînées ensemble aussi. Les rameurs ne quittaient jamais leur rame, et quand on les laissait dormir, ils dormaient sur leur banc. Les esclaves pouvaient se pousser les uns les autres pour se soulager dans une ouverture de la coque, mais ils étaient souvent trop épuisés ou découragés pour bouger, et se souillaient là où ils étaient assis. Ils n'avaient aucune protection contre le brûlant soleil méditerranéen, et leur maître écorchait leur dos déjà à vif avec l'instrument d'encouragement favori du conducteur d'esclaves, un pénis de bœuf allongé ou «nerf de bœuf». Il n'y avait presque aucun espoir d'évasion ou de secours; le travail d'un esclave de galère était de se tuer à la tâche -- principalement dans des raids pour capturer encore plus de malheureux comme lui -- et son maître le jetait par-dessus bord au premier signe de maladie grave."

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          • #20
            Les Européens dans le corso barbaresque


            Il existe aussi un corso chrétien, bien qu'il soit de proportions infiniment moindres que le corso barbaresque.

            Il est en outre possible (voir les remarques sur Gênes et sur Livourne au paragraphe "Lieux interlopes") de pratiquer les deux corsos à la fois, d'acheter des esclaves barbaresques , et de vendre en même temps des femmes chrétiennes au Sultan Barbaresque .

            Mais il y a aussi des chrétiens qui participent au corso barbaresque, et c'est d'eux qu'il va être question ci-dessous.

            Participations à titre individuel


            La carrière de pirate à Alger attire les mauvais garçons de toute l'Europe, soit qu'ils recherchent le profit et l'ascension sociale (on en a connu plus d'un qui a fini Roi d'Alger), soit qu'il ait des comptes à règler. Il est même frappant de constater que la piraterie algéroise est quasiment une affaire d'Européens, du moins en ce qui concerne ses acteurs de terrain, les raïs. Les Barberousse, Uludj Ali, Dansa, de Veenboer, Janszoon, Bitchnin : autant d'Européens. C'est à peine si l'on réussit parfois à trouver un nom de grand raïs qui soit musulman de naissance (on citera quand même Dragut au XVI ème siècle et Hamidou au XVIII ème).

            Haedo écrit : "D'autres fois, ils prennent pour guide des renégats, dont il y a tant à Alger provenant de toutes les nations chrétiennes, à ce point qu'on pourrait dire que presque tous les corsaires sont des renégats, tous connaissent bien les terres et les plages chrétiennes".

            A titre d'exemples, et sans prétention à l'exhaustivité, on citera :

            Les Espagnols des Présides ont tendance parfois à changer de camp et à se convertir à l'Islam pour survivre et se venger de l'Espagne ; les Présides sont les forteresses que l'Espagne a implantées en Afrique du Nord et qu'elle abandonne sans ravitaillement durant de longs mois ; ce sont quasiment des lieux de déportation ; les soldats qui y arrivent ont probablement déjà un contentieux avec la société, et la façon dont leur pays les abandonne n'arrange pas les choses ; dans ce contexte, la tentation de changer de camp n'est pas rare

            Les Corses forment une partie importante des renégats ; parfois, ils ont préféré devenur Turcs plutôt que Génois ; une telle constattion n'entre pas en contradiction avec le fait que la Corse est particulièrement éprouvée par les raids barbaresques, bien au contraire, puisque, comme Haedo vient de nous le dire, les renégats servaient de guides par leur connaissance du terrain.

            Le début du XVII ème siècle amène des Hollandais à la suite de Simon Dansa ; la guerre d'indépendance des Provinces-Unies contre l'Espagne, qui bat alors son plein, fournit les arguments nécessaires au discours justificateur.

            Des Anglais suivent après 1603 : il s'agit d'anciens Chiens de Mer d'Elisabeth première d'Angleterre privés de leur lettre de marque à l'occasion de l'avènement de Jacques 1er en 1603 (souverain qui, contrairement à Élisabeth 1ère, à laquelle il succédait, recherchait la paix avec l'Espagne et résilia toutes les lettres de marques dans ce but) .

            Les circonstances du reniement peuvent être fort simples, comme le relate Maria Ghazali[11], citant une lettre de 1787 d'un diplomate espagnol :

            « Une frégate hollandaise, appelée La Jason, qui apportait 100 quintaux de poudre à canon pour les Tunisiens, est repartie le 8 octobre, en laissant à Tunis un tambour qui a renié, séduit par un autre renégat français. » Et le diplomate espagnol d’ajouter : « Il est très dangereux de laisser descendre l’équipage à terre, car des cas comme celui-ci, sont très fréquents »
            Un marin maltraité par son capitaine, une escale en Barbarie ... il n'en fallait pas forcément plus pour changer de camp. Nous aurions tort d'imaginer un Islam faisant un telle horreur à tous, que le reniement necessite des explications extraordinaires. La polygamie n'est pas le sujet d'indignation premier du marin d'autrefois. L'esclavage pas davantage s'il n'en est pas menacé personnellement. Et la justice expéditive de certains capitaines n'a parfois rien à envier à celle des Régences.


            Participation institutionnelle obligatoire


            Les traités de paix comportaient des obligations à la charge de la partie chrétienne (outre l'obligation de payer un tribut) ; les pirates barbaresques prisonniers à Marseille y avaient leur mosquée, comme les captifs chrétiens avaient leurs églises à Alger (à l'intérieur des bagnes ainsi qu'à la maison consulaire) ; les traités donnaient aussi aux pirates barbaresques l'autorisation de recevoir en mer l'assistance des navires du pays européen signataire, et celle de mouiller sans ses ports.

            Ainsi, en novembre 1622, le port zélandais de Veere voit arriver un ancien compatriote, Jan Janszoon devenu pirate à Salé (Maroc) sous le nom de Mourad Raïs ; Janszoon tire argument d'un possible traité de paix pour réparer son navire ; il faut bien l'accepter ; la femme de Janszoon habite d'ailleurs Veere, elle lui rend visite à bord mais ne peut obtenir qu'il revienne. Bien au contraire, il recrute sur place plusieurs marins zélandais qu'il a réussi à convaincre des avantages de la vie de pirate barbaresque.

            Les Zélandais sont indignés, d'autant plus que Janszoon se met à exiger des privilèges diplomatiques en tant qu' "Amiral du Maroc", titre qu'il s'est attribué lui-même.

            En 1626, notre binational zélando-marocain recommence : il a capturé un navire espagnol et il s'installe dans le port de Veere pour procéder à la vente de la cargaison.

            Suite...

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            • #21
              Merci .

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              • #22
                Lieux interlopes


                Corso chrétien et corso musulmans ont des ramifications complexes, qui parfois se rejoignent. Sous un certain angle, on pourrait parler d'un corso unique. L'on n'oubliera pas que, si le corso musulman présente des dimensions, une violence et une durabilité particulière (qu'on ne compte pas sur l'auteur de ces lignes pour noyer ces spécificités dans l'eau tiède), il s'insère dans un espace méditerranéen qui pratique la piraterie et l'esclavage depuis l'antiquité, et qui ne s'en choque pas outre-mesure.

                L'on renverra ici à l'ouvrage La Mediterranée occidentale au XVII ème siècle (lien en sources), qui traite du sujet avec beaucoup de nuances, distingue selon les lieux et les époques, souligne que l'esclavage a pu être important localement sans pour autant que l'Europe, même méditerranéenne, ait été une "économie de l'esclavage".

                Il reste que l'affrontement des religions a parfois bon dos, et que l'image de l'esclave capturé en mer relève parfois de la poudre aux yeux. Ainsi, l'approvisionnement des harems en femmes nécessitait de tous autres circuits. Le raïs barbaresque qui attaquait un navire ramenait au Batestan plus de gaillards baraqués que de blondes de rêve. Pour acheter celles-ci, les sultans s'adressaient avec plus de succès à des fournisseurs européens, gênois en particulier. A la base, ces femmes sont asservies par leurs propres coreligionnaires, même si elles sont vendues ensuite en Islam. Elles sont victimes de pur banditisme et non des aléas de la guerre.

                Parmi les lieux interlopes, nous citerons, sans prétention à l'exhaustivité :

                Gênes : cette ville a depuis le Moyen-Age une tradition de piraterie et de trafic des esclaves, tant musulmans que chrétiens, ou, pour mieux dire, chrétiennes.

                Dans l'ouvrage La Mediterranée occidentale au XVII ème siècle (lien en sources), on peut lire, note 17 : "Gênes, l'un des plus grands marchés de l'homme au milieu du XV ème siècle, étonnait encore certains voyageurs 200 ans plus tard par le nombre des esclaves qu'on y rencontrait : "Ils ont cette vanité étrange de se faire servir de quantité d'esclaves dont la ville est remplie ; de Turcs, Mores, nègres, barbares de Tunis, d'Alger, Maroc et autres lieux, qu'ils achètent des vaisseaux qui les prennent en mer" ;

                Mouette, un captif français, écrit : « Les génois déshonorèrent leur commerce en trafiquant des chrétiens comme des musulmans et en faisant la traite des blanches pour approvisionner de circassiennes les harems d’Egypte et du Maghreb. En plein XVIIe siècle, on voyait à Gênes de riches armateurs se faisant servir par des esclaves barbaresques » ;

                Pour se procurer des esclaves blondes, le plus pratique est de s'adresser à un fournisseur européen, tous comptes faits.

                En 1684, Louis XIV fait bombarder Gênes pour la punir d'avoir livré des armes aux pirates d'Alger.

                Livourne : à l'origine village à proximité de Pise, Livourne développa son port à mesure que celui de Pise s'ensablait ; elle devint un port franc ; en 1593, le Duc Ferdinand 1er de Médicis invita les Juifs à venir s'y installer, avec à la clé de très nombreux avantages ; cette invitation tombait à point pour les juifs d'Espagne chassés par la Reconquista ; Livourne devint un de leurs lieux d'installation, et, comme les Régences barbaresques en étaient un autre, il se trouva des familles juives (et morisques) ayant des branches dans l'un et l'autre de ces lieux.

                La ville de Livourne, en particulier ses juifs, est, avec Marseille, une des chevilles ouvrières du commerce avec les Régences barbaresques ; les Livournais utilisent de préférence, pour ce faire, des navires français, qui risquent moins que d'autres d'être attaqués par les raïs. Ils sont également les banquiers internationaux par qui passent les transactions financières entre l'Europe et la Barbarie, en premier lieu l'argent des rançons ; les banquiers juifs de Livourne peuvent également recevoir en dépot de l'argent d'un riche raïs algérois comme Ali Bitchnin, Vénitien de naissance et quasi-Roi d'Alger (voir l'article qui lui est consacré).

                Ces transactions financières avec les musulmans n'empêchent pas Livourne d'être très active dans le contre-corso, rivalisant même un temps avec Malte. Cependant, sa vocation s'avéra ensuite principalement commerciale. D'après Jean Mathiex (article cité en sources), il existait à Livourne, à fin du XVII ème siècle, deux ou trois maisons de commerce spécialisées dans le trafic d'esclaves barbaresques, fort prospères. La France et l'Espagne s'y approvisionnaient en galériens barbaresques. Toujours aussi au courant des prix, Mathiex précise : " A Livourne, en 1674, un esclave musulman vaut en moyenne 154 piastres, réduites à 130 dès 1675, et même à 95/100 en 1679."

                A Livourne, donc, aucune transaction n'est impossible ; l'on peut y acheter, ou y racheter, des esclaves des deux bords ; les notables du corso chrétien et les raïs barbaresques y ont leurs comptes chez les mêmes banquiers juifs ; toute ville d'Europe où ceux-ci ont des cousins peut être le point d'arrivée de marchandises ayant transité par Livourne dans des conditions obscures ; c'est ainsi que du butin barbaresque peut être vendu jusqu'à Amsterdam ou à Londres.

                Marseille : les marchands marseillais ont un fructueux commerce avec la côte barbaresque, en particulier ils exploitent le corail à La Calle ; la complexité de leurs calculs commerciaux est inouie ; elle a été analysée par Jean Mathiex dans son article Sur la marine marchande barbaresque au XVIII ème siècle (lien clickable en sources). Marseille avait le monopole de fait du commerce entre la France et la côte barbaresque. Afin de le conserver, nous la voyons qui tente de susciter des attaques corsaires chrétiennes contre des navires barbaresques. Pour ce faire, elle passe par des corsaires de Minorque, de Livourne ou de Malte.

                Un Marseillais écrit au ministre : "Faites donner des passeports et patentes à des Français par les Rois d'Espagne et du Portugal ..." ; et aussi : "J'ai vu, sur la fin du siècle dernier, plus de trente navires, tant français que d'autres nations, faire la course à tous les Turcs de Barbarie et du Levant avec des pavillons d'Espagne, du Portugal, de Savoie, de Malte, de Monaco, et d'autres pavillons des princes ou des Républiques d'Italie." Il ajoute : " J'ose assurer avec vérité et avec connaissance de cause que le commerce de la ville Marseille n'a jamais été aussi florissant que pendant ce temps. Il est vrai de dire que tous les Turcs négociants et passagers de toutes les Echelles du Levant ne faisaient aucun commerce d'une ville à l'autre que sur les navires français parce qu'ils appréhendaient les corsaires de toutes les nations qui les insultaient, les pillaient et les faisaient esclaves lorsqu'ils les trouvaient embarqués sur des navires turcs, orientaux et africains".

                En deux mots : Marseille se verrait bien organiser en sous-main la course contre les navires turcs, en même temps qu'elle assure la sécurité de ceux des Turcs qui ont besoin de se déplacer ... et son souci de développer ainsi le corso chrétien ne l'empêche pas de vouloir aussi le bon fonctionnement du corso musulman :

                Dans un mémoire du 25 février 1729, un Marseillais resté anonyme écrit : " Nous sentons bien qu'il n'est pas de notre intérêt que tous les corsaires de Barbarie fussent détruits pour la navigation, (car) nous serions de niveau avec tous les Italiens et les peuples du Nord. Mais il semble qu'il ne serait peut-être pas impossible que les puissances maritimes, dans un congrès tel que celui qu'on tient à présent, convinssent ensemble de ne jamais fournir aux Barbaresques aucune munition de guerre, ni mats, ni agrès ..."

                Si l'on comprend bien, l'objectif de ces notables marseillais est de faire mijoter, dans le chaudron du diable barbaresque, une sauce de haute cuisine qui doit toujours frémir sans déborder ...

                Ces mémoires, qui témoignent des revendications de Marseille telles qu'elle les présente aux autorités maritimes, ne signifient pas que ces revendications seront suivies à la lettre par l'Amirauté. Bien au contraire, la législation corsaire de Colbert interdit aux corsaires français d'opérer sous lettre de marque étrangère. Il demeure que la France, la plupart du temps, est en paix avec Alger et que les intérêts coïncident jusqu'à un certain point.

                Un temps, les Chevaliers de Malte commencent même à attaquer les navires français, sachant bien que les passagers et les marchandises sont musulmans ; ils déclenchent ainsi les protestations de l'ambassadeur de France à Malte, qui écrit, dans une lettre du 30 juin 1665 : "Que des batiments français soient au service de marchands musulmans, nul ne le nie ; mais ce n'est là que commerce secondaire ... c'est contre les corsaires et non contre les marchands que les Chevaliers de Malte doivent employer leurs armes, et, s'ils en veulent aux marchands turcs, c'est sur leurs propres vaisseaux et non sur ceux des Chrétiens, qu'ils les doivent attaquer."

                Suite ....

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                • #23
                  Fin de l'article {spécial ramadhan}.

                  La fin du corso et l'abolition de l'esclavage en Méditerranée occidentale



                  Le capitaine Bainbridge paie tribut au Dey d'Alger au nom des Etats-Unis


                  L'âge d'or du corso fut la seconde moitié du XVI ème siècle et la première moitié du XVIIème. Au début du XVIIIème, il est en décadence et parait près de mourir de lui-même, mais il suffit de quelques grands capitaines comme le Rais Hamidou (1770-1815) pour lui redonner vie, d'autant plus que la charnière des XVIIIème et XIXème siècles correspond aux guerres de la Révolution et de l'Empire qui voient les Européens se déchirer en eux et laisser le champ libre aux pirates d'Alger.

                  Même si elle n'a pas les dimensions qu'elle avait au temps des Barberousse et des Ali Bitchin, la piraterie barbaresque n'en a pas forcément besoin : entre 1690 et 1789, le prix de rachat d'un esclave a été multiplié par dix[21] : il importe donc assez peu que ces esclaves soient en nombre moindre ; en 1800, rançons et tributs liés aux traités "de paix" représentent 20 % du budget des États-Unis [22]. Pour ne rien dire des drames humains de l'esclavage.

                  Le corso prend fin, côté chrétien, par l'éviction de l'Ordre de Malte en 1798 par Bonaparte. Les esclaves musulmans qui y sont présents sont libérés sans contrepartie.

                  Napoléon libère également les esclaves musulmans détenus en Italie. Il entreprend des démarches diplomatiques musclées auprès des Régences, notamment celle de Tunis, en vue de la libération des esclaves chrétiens[12]

                  Le Congrès de Vienne (1814-15) et la Conférence d'Aix-la-Chapelle (1818) voient les puissances européennes exiger (verbalement) l'arrêt du corso et l'abolition de l'esclavage.[12]

                  Les puissances occidentales cherchent toutes les moyens de se débarrasser du corso.
                  Un événement tournant est la défaite de Napoléon en 1815, qui libère les forces que l'Europe peut consacrer à la lutte contre la piraterie barbaresque. Les moyens de la combattre sont discutés au Congrès de Vienne en 1815. La même année, les États-Unis lancent l'expédition américaine de 1815 (elle coûte la vie au Raïs Hamidou)
                  L'expédition anglaise de Lord Exmouth a lieu en 1816 ; ces opérations ponctuelles ont quelque effet (en particulier l'expédition anglaise permet de délivrer de nombreux esclaves), mais le corso reprend une fois les Occidentaux repartis. La flotte algéroise se reconstitue rapidement (voir nombre de navires plus haut dans cet article).

                  Le dernier état de la marine algéroise dressé en 1827 par l'irremplaçable Albert Devoulx[23] nous montre une marine encore redoutable , composée comme suit :
                  3 frégates : 1 de 62 canons, nommée Meftah el-Djihad, la clé de la guerre sainte (était à Alexandrie depuis près de trois ans lors de la prise d’Alger) ; 1 de 50 canons, appelée Bel Houaz, ou Et-Touloniya la Toulonnaise ; 1 de 40 canons nommée Rehber Iskender,le guide d’Alexandre, (se trouvait à Alexandrie depuis plus de trois ans, lors de la prise d’Alger.)
                  3 corvettes : 1 de 40 canons, nommée Fassia ; l de 36 canons, appelée Mashar tawfik, l’objet de la protection divine ; 1 de 24 canons, dite Kara, la Noire.
                  2 bricks de 16 canons, dont 1 nommé Ni’met el-Houda, les grâces de la voie du salut.
                  1 polacre de 20 canons
                  5 goélettes : 1 à trois-mâts de 24 canons, appelée Mansour, Victorieux, et aussi Nser el-Islam, la victoire del’islamisme ; l de 16 canons ; appelée Fetihié ; 2 de 14 canons, dont 1 nommée Chahin deria, la Terreur des-mers, et 1 nommée Djeiran, la Gazelle ; l de 12 canons, appelée Tsouria, les Pleïades.
                  2 chebecs : 1 de 10 canons ; 1 de 4 canons (utilisé par les Français, qui l’appelèrent le Boberach).
                  Total : 16 navires, 398 canons.
                  On note donc que la flotte algéroise est quasimement reconsituée depuis les sévères attaques américaine et anglaise de 1815 et 1816. Elle est cependant clouée au port par le blocus français.


                  La dernière tentative pour forcer le blocus français d'Alger est menée le 4 octobre 1827 par 11 navires que Devoulx pense être : la Toulonnaise, la Fassia, la Mashar Tasfik, la Kara, le polacre de 20, le brick Nimet el Houda, un autre brick de 16, les goelettes Mansour, Fetihie et Tsouriyia (cette dernière commandée par le raïs Hassan, qui confia à Devoulx avoir participé au combat), une autre goelette de 14.

                  Le corso musulman prend fin avec la conquête de l'Algérie par la France en 1830. Les derniers esclaves sont libérés cette année là par les troupes françaises.

                  On aimerait parfois que ce soit davantage souligné, au lieu de lire que la France a saisi un prétexte pour conquérir l'Algérie. Il m'est même arrivé de lire que le corso algérois était éradiqué à l'époque de la conquête française. La simple lecture de cet auteur de base qu'est l'archiviste Devoulx[3] (le seul qui se soit donné la peine de compter les navires algérois aux différentes époques) montre qu'il n'en est rien.

                  En réalité, et même s'il y eut pour la France des bénéfices secondaires qu'aucun pays à l'époque ne se gênait pour saisir, la conquête de l'Algérie et son administration directe par un pays européen étaient le seul moyen de mettre fin à la piraterie et l'esclavage. Des bombardements ponctuels d'Alger par différents pays avaient eu lieu à différentes époques, tous n'avaient pas échoué, comme le montre l'état des forces navales d'Alger, qui fut très faible à certaines époques, mais leurs effets étaient au mieux temporaires.

                  Pour ce qui est de l'esclavage des Noirs, la Régence de Tunis promulguera un décret d'affranchissement des esclaves en 1843[12]. Au Maroc, le dernier marché au esclaves fut fermé en 1920.[24]



                  Le corso dans la littérature


                  Le risque d'être enlevé et réduit en esclavage au moindre voyage en mer a profondément marqué les esprits.
                  Le corso est très présent dans la littérature, d'abord par certains écrits d'anciens captifs comme Cervantes. A cette grande œuvre, l'on ajoutera les nombreux récits de captifs moins célèbres, parmi lesquels certains, comme celui de "notre" Emanuel d'Aranda, sont d'une tenue littéraire très convenable.

                  La littérature de fiction est également très riche. On pourrait remonter au Moyen-Age, avec Aucassin et Nicolette.

                  Plus près de nous, il y a bien sur Molière, ses "Que diable allait-il faire dans cette galère ?" (Les Fourberies de Scapin) ; son grand Mamamouchi et ses turqueries en sabir (Le Bourgeois gentilhomme) ; la lingua franca telle qu'elle y est parlée est probablement assez vraie, Molière ayant été conseillé, pour ses turqueries, par le chevalier Laurent d'Arvieux, fin connaisseur de l'Orient.
                  Il y a aussi Goldoni, le Robinson Crusoe de Daniel Defoe, le Candide de Voltaire. Et Histoire de Gil Blas de Santillane de Alain-René Lesage.

                  Victor Hugo met la terreur en vers dans Les Orientales : "Dans la galère capitane, Nous étions quatre-vingt rameurs" (sur Google books)



                  Fin

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                  • #24
                    Reférences

                    Références
                    1. Voir Wikipedia, catégorie bateau de guerre algérien.
                    2. Wikipedia
                      Rais Hamidou
                    3. Dans La Marine de la Régence d'Alger
                      La Marine de la Régence d'Alger
                    4. Exemple : Wikipédia, article La Régence d'Alger, citattion de l'historien (sic) Daniel Panzac : "↑ « Bien-sûr, dans les semaines qui suivent, Tripolitains, Tunisiens et Alégriens tentent à nouveau d'envoyer des corsaires mais cette fois l'élan est brisé et passé 1818, la course barbaresque est pratiquement morte ». Daniel Panzac, « La course barbaresque : les hommes, les navires, les pratiques (fin XVIIIe-début XIXe) », dans Sophie Linon-Chipon et Sylvie Requemora (dir.), Les tyrans de la mer: pirates, corsaires et flibustiers, Presses Paris Sorbonne, 2002, pp. 99-107."
                      Wikipédia, La Régence d'Alger, notes et références
                    5. L'International Magazine
                      Colonisation : Paris minimise la portée des dédommagements italiens à la Lybie
                    6. Bertold Brecht, La résistible ascension d'Arturo Ui
                    7. Les estimations d'Albert Devoulx à diverses périodes pour lesquelles il a obtenu des données sont plus nombreuses que la petite sélection que nous donnons ici ; le lecteur se reportera à son ouvrage en ligne ; cependant, nous n'y avons pas trouvé de données pour la période 1640/41, ce qui nous a frustrée de notre souhait d'estimer le nombre de galères de notre vieille connaissance Ali Bitchnin
                    8. Wikipedia anglophone
                      Second Barbary War
                    9. Cahiers de la Mediterranée, Khalifa Chater
                      Commerce transsaharien et esclavage au XIXe siècle, dans les régences de Tunis et de Tripoli
                    10. Cahiers de la Méditerrannée, Alain Blondy
                      Le discours sur l'esclavage en Méditerranée : une réalité occultée
                    11. Cahiers de la Méditerranée Maria Ghazali
                      Le cosmopolitisme dans la régence de Tunis à la fin du XVIIIe siècle à travers le témoignage des espagnols
                    12. Cahiers de la Méditerranée, Maria Ghazali
                      La régence de Tunis et l’esclavage en Méditerranée à la fin du xviiie siècle d’après les sources consulaires espagnoles
                    13. Abdelkader Timoule
                    14. Dessin de Pierre Puget pris sur Wikimedia Commons
                    15. D'après Devoulx, op cit
                    16. Wikipedia
                      Division du monde dans l'Islam
                    17. Wikipedia anglophone
                      First Barbary War
                    18. Henri Malo, La Grande guerre des corsaires : Dunkerque 1702-1715 : "Ils établissent leur croisière dans les parages du Cap Saint-Vincent, poussent jusqu'à la côte barbaresque et, après trois mois d'absence, ramènent quinze prises, plusieurs fortement garnies d'artillerie, d'autres de poudre d'or" ; "Ils, c'est Cornil Saus et mon ancêtre Nicolas Baeteman.
                    19. Jean Mathiex
                      Trafic et prix de l'homme en Méditerrannée aux XVII ème et XVIII ème siècles
                    20. Wikipedia anglophone
                      Barbary corsairs
                    21. Albert Devoulx, Conservateur des Archives arabes du Service de l’Enregistrement et des Domaines, à Alger,Membre de la Société historique Algérienne, Correspondant de la Société Académique du Var

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