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Talents de Femmes en Algérie

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  • Talents de Femmes en Algérie

    Touches féminines parci, touches féminines par-là, les journées de la femme à Skikda, qui se sont étalées du 7 au 10 mars, au niveau de différentes infrastructures culturelles de la wilaya, ont célébré quelques talents, venus de toute l'Algérie, dans les domaines des beaux-arts, de la sculpture, de la décoration sur sable, des gâteaux traditionnels…

    Dans un environnement d’hommes, les femmes, retraitées, cadres, femmes actives ou chômeuses à la recherche d'un emploi ou d’un prêt dans le cadre des dispositifs d’aide, veulent broder à l’effigie de la gloire leurs noms.

    Les femmes en Algérie ne désespèrent pas de voir un jour la vision masochiste tomber de son piédestal devant la douceur de leur innovation.

    D’ailleurs, les journées de la femme innovante, organisées par la direction de la culture de la wilaya de Skikda, dans leur 1re édition, ont été l’intitulé d’un regroupement d’une trentaine d’entre elles, nullement incommodées par les épreuves du déplacement et du risque de déplaire à un public préférant les chanteuses aux artistes.

    Comme leurs collègues, les hommes, les femmes artistes butent sur les entraves auxquelles elles s’accommodent «féminiquement». Il y a aussi le désir de contribuer aux recettes des marchés formel et informel qui les font courir.

    Warda Drissi, décoratrice sur le sable, originaire de la commune de Aïn Cherchar, à l’est de Skikda, a, enfin, pu avoir droit à un local dans le cadre des 100 locaux par commune.Après une quinzaine d’années d’exercice. Sa passion, elle l’exerce d’une manière journalistique. L’inspiration couplée à l’investigation a donné lieu à quelques décorations faites avec le sable, d’une beauté plus pérenne que les châteaux de sable !

    «Je me déplace souvent dans les plages ou les forêts afin de collecter les matériaux et accessoires nécessaires à mes objets, avec tout ce que cela engendre comme coûts de transport et autres. Et il ne faut pas trop croire que je rentabilise mes déplacements en vendant mes créations, car il y en a celles que je ne céderai pas pour des millions. Elles ont été faites avec passion, épreuve et grand amour. On aimerait bien que les autorités compétentes nous accordent plus de considération, car les 30 000 DA accordés par l’Angem n’ont été destinés, comme leur nom l’indique, que pour l’achat de la matière première.»

    Une deuxième Warda , Ramdane cette fois-ci, fille du célèbre Ramdane Abdelaziz (peintre de style semi-figuratif et de l’abstrait, fondateur de l’Ecole des beaux-arts de Skikda, décédé le 27 janvier 2007), tente de faire une continuation toute féminine à l’œuvre paternelle. Tel père, telle fille ? Ce n’est pas chose aisée, le talent du père fait de l’ombre. Elle a introduit un style, le filopictural, qui a eu déjà à impressionner les Français en 1983 qui contemplaient les tableaux de son… défunt père.

    Ce dernier lui a déjà appris, depuis son enfance, qu’«un tableau n’est pas fait pour décorer la maison, mais pour lancer un SOS».

    Leçon bien apprise. «Actuellement, je suis en train de confectionner des tableaux, dont chacun contient une lettre, la somme de ces lettres révélera un message que vous pourrez lire à ma mort.» Tableaux à suivre !

    Toujours dans le monde des tableaux. Lannabi Bechiri Hafiza, constantinoise, retraitée de l’enseignement et ancienne élève des Beaux-Arts (promotion juin 1972), a opté pour le style semi-abstrait, qui rejoint, un tant soit peu, la condition féminine. Une femme tout en nuances ? Pas tout le temps quand elle peint le génocide de Ghaza et le recours au phosphore par l’ogre sioniste.

    Ce qu’elle aime, elle, ce sont les ruelles. Beaucoup de ses tableaux en «parlent». «Les ruelles d’Algérie du début du siècle, ce sont mes préférées. En général, les ruelles étroites, toutes petites, des deux côtés desquelles des maisons qui s’enlacent, ce sont des lieux qui parlent. » Explication poétique qui rappelle qu’elle a fait de l’enseignement !

    Dans le même style, mais avec un autre accessoire, le verre, Hamrane Nadia, algéroise, présidente de l’Association de prise en charge de l’enfant malade, à l’hôpital Nafissa-Hamoud (Ex-Parnet), même promo également que la précédente, mais à Alger, semble exceller dans l’art de peindre les villages, les douars… soit l’Algérie qu’on aime, mais qu’on boude pour le plaisir de l’urbanisation stressante. Variant les couleurs, en fonction du paysage à peindre, Hamrane Nadia aime, semble-til, dévoiler ce qui l’inspire, ce qu’elle ressent… Elle ne veut jamais céder à la facilité, d’où son choix du verre.

    En témoigne également son déplacement d’Alger à Skikda. Ces deux artistes ont, toutes les deux, formulé le vœu que soit mis en place un espace artistique permanent où elles peuvent exposer à longueur d’année.

    Najet Guedmani est un cadre à l’agence BADR de Skikda. Un détail inintéressant. Ce qui est intéressant, en revanche, c’est le fait qu’elle soit une artiste dans un style sans nom ! Et depuis une vingtaine d’années. C’est le goût qui en définit les grandes retouches. C’est tout. L’exercice est coûteux en plus. «Les matières premières sont indisponibles localement. Je profite souvent de mes voyages en Tunisie pour m’y approvisionner. On aimerait bien que les autorités locales les mettent à notre disposition, manière de nous encourager encore plus et, partant, encourager l’artisanat local. Malgré cela, les prix de mes objets sont raisonnables.» Que fait-elle au juste ? Elle peint des motifs sur les verres, les assiettes, les tasses à café, les ustensiles de cuisine. Les couleurs sont chatoyantes. L’impression qui s’en dégage, c’est qu’on dirait que les objets sont sortis d’une usine de décoration.

    L’une de ces admiratrices ne fut autre que… Lannabi Bechiri Hafiza ! Ce fut aussi une cliente.

    L’autre entrave de notre artiste est le fait qu’elle ne peut postuler à des prêts bancaires. Pourtant, elle est employée à la banque. La réglementation l’interdit. C’est un peu l’histoire du cordonnier mal chaussé. Le détail d’être cadre à la banque n’était pas si inintéressant que l’on croyait. Pour terminer, le dessert.

    C’est Cheniki Houda qui nous le servira. Elle, une jeune dame qui a contracté un prêt auprès de l’Ansej, pour lancer une boîte de conception de gâteaux traditionnels de type algérois, constantinois et autres. Dénichée dans une autre exposition, organisée cette fois-ci par l’APC de Skikda, au niveau du centre culturel Ali- Tlilani, du 7 au 10 mars, et intitulée «Journées de la femme productrice », elle rêve «d’exporter» ses gâteaux. Un don divin qu’elle veut partager avec toutes les nationalités.

    D’ailleurs, sanctionné par un premier prix à l’issue de ces mêmes journées. Il y a aussi les autres. Femmes au foyer, dotées d’un don de faire des gâteaux, des plats épicés (telle Fatima et sa mahdjouba), qui ignorent même l’existence de dispositifs d’aide.

    Pourtant, ces derniers ont, selon les dires de Karim Draoui, directeur de l’Angem, fait l’objet de médiatisation à travers les massmédias et les portes ouvertes organisées au niveau de chaque wilaya. Déconnexion féminine quand tu nous tiens !

    Par Le Soir
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