A l’origine fut la démocratie directe. La démocratie (en grec, demos signifie peuple et kratein signifie pouvoir) renvoie donc au pouvoir du peuple. Lincoln disait le gouvernement du peuple, par le peuple et pour le peuple. La démocratie grecque a instauré une démocratie directe dans laquelle les citoyens rassemblés sur l’agora décidaient directement des affaires de la cité. Mais l’agora ne réunissait qu’une minorité de citoyens
(6 000 sur 40 000 à Athènes) représentant eux-mêmes une faible minorité parmi les 400 000 habitants d’Athènes.
Aujourd’hui, seule la Suisse s’en approche par la pratique régulière de «votations», des référendums d’initiative populaire.La démocratie directe étant impossible, apparaît la démocratie représentative qui s’impose à partir de la fin du XVIIIe siècle aux États-Unis et en Europe. Elle repose sur l’élection de représentants. Elle a connu un processus historique qui l’a vue s’étendre grâce notamment à élargissement du suffrage universel d’abord à tous les adultes de sexe masculin, puis aux femmes. L’instauration de contre-pouvoirs, dont la presse, la protection effective de la liberté d’opinion, l’alternance politique, a renforcé le contenu de la démocratie représentative.
La démocratie n’est pas le gouvernement du peuple, par le peuple et pour le peuple. Elle n’est pas non plus «le régime qui assure le bonheur sur terre». Jean-Claude Casanova dit même qu’elle est le contraire. A travers la compétition électorale qu’elle organise, la démocratie, c’est le cadre politique de l’insatisfaction permanente, puisqu’il y a toujours un perdant. Il n’existe pas une seule forme de démocratie. De même, il n’existe pas de liste exhaustive de conditions nécessaires et suffisantes pour déclarer un régime démocratique. Ces précisions faites, il est quand même possible de s’entendre sur un ensemble de critères susceptibles d’apporter des éléments d’appréciation du caractère démocratique ou non d’un régime politique. Le premier est sans doute le choix des dirigeants à travers la tenue d’élections libres et transparentes. C’est ce qu’on appelle la souveraineté du peuple et la démocratie représentative. Le deuxième critère est la séparation des pouvoirs exécutif, législatif et judiciaire. Facteur important pour prévenir et sanctionner toute dérive autoritaire et abus de pouvoir. Le troisième critère est l’égalité devant la loi. Chaque citoyen est soumis aux mêmes règles judiciaires, y compris les personnes qui font la loi et celles qui l’appliquent. Un citoyen, un vote. Sans cette confiance dans un Etat de droit, le citoyen ne se sent pas reconnu en tant que tel et refusera d’assumer ses devoirs, comme de payer ses impôts, ou de jouir de ses droits, comme celui de voter. Pis, il pourrait s’adresser à d’autres interlocuteurs ou utiliser des moyens répréhensibles pour se faire entendre et réclamer ce qu’il estime être de son droit. Cela peut aller de la violence au séparatisme.Le quatrième critère relève des libertés fondamentales de conscience, d’opinion, de la presse, de réunion, etc.
La démocratie, c’est le système qui permet de négocier les intérêts de chacun et de trouver des compromis en fonction de règles bien établies et connues de tous, et imposées à tous. Or, l’absence de l’une de ces libertés entrave la capacité de certaines parties en présence à se faire entendre, comprendre et élire. Les règles du jeu sont faussées et les conséquences peuvent être désastreuses. Dernier critère et non des moindres : l’alternance du pouvoir. Il faut au moins deux alternances pour parler de démocratie. Deux alternances réalisées par les moyens cités ci-dessus. Il va sans dire que les alternances provoquées par des coups d’Etat, violents ou non, n’entrent pas dans ce cas de figure.
La démocratie représentative est en crise. Quel que soit le pays, quel que soit le scrutin, les abstentionnistes sont régulièrement la première force politique ; le manque de confiance, le message central ; et la sanction, le résultat ultime. Quand les Européens sont interrogés sur leur position à l’égard de leur démocratie, s’ils sont satisfaits du fonctionnement de la démocratie dans leur propre pays, le pourcentage des insatisfaits est élevé. Depuis vingt ans, le taux d’insatisfaction chez les peuples des pays latins (France, Italie, Espagne), est plus élevé que chez ceux du Nord. Les différences politiques propres à l’Italie, la situation économique de l’Espagne expliquent la forte désaffection de l’opinion dans ces deux Etats.
Mais le débat qui anime la «démocratie en crise» en ce début de XXIe siècle n’est pas inédit. Il serait même le deuxième du genre. Frédéric Van Caenegem rappelle ce qui s’est passé entre la Première Guerre et la Seconde Guerre mondiale au niveau des régimes politiques. D’abord,l’effondrement des dynasties impériales du centre et de l’est de l’Europe laisse la place à des régimes démocratiques. En 1919, l’Europe comptait une trentaine d’États démocratiques. Moins de 20 ans plus tard, il n’en restait plus qu’une douzaine.
Exception faite de la Tchécoslovaquie, toutes les démocraties nées au lendemain de la Grande Guerre s’étaient effondrées, remplacées par des régimes autoritaires ou totalitaires. A la Tchécoslovaquie s’ajoutaient les vieilles démocraties du nord et de l’ouest de l’Europe. La période allant de 1919 à 1939 est connue sous le nom de «crise de la démocratie» que l’on pourrait qualifier a posteriori de «première crise de la démocratie».Marcel Gauchet évoque, lui aussi, la seconde crise de la démocratie en référence à la première survenue après la Première Guerre mondiale.
Le suffrage universel permet la mise en place de régimes parlementaires décevants tandis que la société est déchirée par l’antagonisme entre classes sociales, avec pour conséquence l’avènement des totalitarismes dans les années 1930.
A l’époque, rappelle Jean-Claude Casanova, la crise de la démocratie tenait à l’existence de modèles non démocratiques, approuvés par une partie de l’opinion, admirés par des intellectuels, susceptibles de légitimer la critique de nos institutions et même d’être imités. Les réformes politiques, administratives et sociales mises en place après 1945 ont permis de surmonter la crise. Mieux, la démocratie connaît une importante vague d’extension.
(6 000 sur 40 000 à Athènes) représentant eux-mêmes une faible minorité parmi les 400 000 habitants d’Athènes.
Aujourd’hui, seule la Suisse s’en approche par la pratique régulière de «votations», des référendums d’initiative populaire.La démocratie directe étant impossible, apparaît la démocratie représentative qui s’impose à partir de la fin du XVIIIe siècle aux États-Unis et en Europe. Elle repose sur l’élection de représentants. Elle a connu un processus historique qui l’a vue s’étendre grâce notamment à élargissement du suffrage universel d’abord à tous les adultes de sexe masculin, puis aux femmes. L’instauration de contre-pouvoirs, dont la presse, la protection effective de la liberté d’opinion, l’alternance politique, a renforcé le contenu de la démocratie représentative.
Qu’est-ce que la démocratie ?
La démocratie n’est pas le gouvernement du peuple, par le peuple et pour le peuple. Elle n’est pas non plus «le régime qui assure le bonheur sur terre». Jean-Claude Casanova dit même qu’elle est le contraire. A travers la compétition électorale qu’elle organise, la démocratie, c’est le cadre politique de l’insatisfaction permanente, puisqu’il y a toujours un perdant. Il n’existe pas une seule forme de démocratie. De même, il n’existe pas de liste exhaustive de conditions nécessaires et suffisantes pour déclarer un régime démocratique. Ces précisions faites, il est quand même possible de s’entendre sur un ensemble de critères susceptibles d’apporter des éléments d’appréciation du caractère démocratique ou non d’un régime politique. Le premier est sans doute le choix des dirigeants à travers la tenue d’élections libres et transparentes. C’est ce qu’on appelle la souveraineté du peuple et la démocratie représentative. Le deuxième critère est la séparation des pouvoirs exécutif, législatif et judiciaire. Facteur important pour prévenir et sanctionner toute dérive autoritaire et abus de pouvoir. Le troisième critère est l’égalité devant la loi. Chaque citoyen est soumis aux mêmes règles judiciaires, y compris les personnes qui font la loi et celles qui l’appliquent. Un citoyen, un vote. Sans cette confiance dans un Etat de droit, le citoyen ne se sent pas reconnu en tant que tel et refusera d’assumer ses devoirs, comme de payer ses impôts, ou de jouir de ses droits, comme celui de voter. Pis, il pourrait s’adresser à d’autres interlocuteurs ou utiliser des moyens répréhensibles pour se faire entendre et réclamer ce qu’il estime être de son droit. Cela peut aller de la violence au séparatisme.Le quatrième critère relève des libertés fondamentales de conscience, d’opinion, de la presse, de réunion, etc.
La démocratie, c’est le système qui permet de négocier les intérêts de chacun et de trouver des compromis en fonction de règles bien établies et connues de tous, et imposées à tous. Or, l’absence de l’une de ces libertés entrave la capacité de certaines parties en présence à se faire entendre, comprendre et élire. Les règles du jeu sont faussées et les conséquences peuvent être désastreuses. Dernier critère et non des moindres : l’alternance du pouvoir. Il faut au moins deux alternances pour parler de démocratie. Deux alternances réalisées par les moyens cités ci-dessus. Il va sans dire que les alternances provoquées par des coups d’Etat, violents ou non, n’entrent pas dans ce cas de figure.
Une démocratie, deux crises
La démocratie représentative est en crise. Quel que soit le pays, quel que soit le scrutin, les abstentionnistes sont régulièrement la première force politique ; le manque de confiance, le message central ; et la sanction, le résultat ultime. Quand les Européens sont interrogés sur leur position à l’égard de leur démocratie, s’ils sont satisfaits du fonctionnement de la démocratie dans leur propre pays, le pourcentage des insatisfaits est élevé. Depuis vingt ans, le taux d’insatisfaction chez les peuples des pays latins (France, Italie, Espagne), est plus élevé que chez ceux du Nord. Les différences politiques propres à l’Italie, la situation économique de l’Espagne expliquent la forte désaffection de l’opinion dans ces deux Etats.
Mais le débat qui anime la «démocratie en crise» en ce début de XXIe siècle n’est pas inédit. Il serait même le deuxième du genre. Frédéric Van Caenegem rappelle ce qui s’est passé entre la Première Guerre et la Seconde Guerre mondiale au niveau des régimes politiques. D’abord,l’effondrement des dynasties impériales du centre et de l’est de l’Europe laisse la place à des régimes démocratiques. En 1919, l’Europe comptait une trentaine d’États démocratiques. Moins de 20 ans plus tard, il n’en restait plus qu’une douzaine.
Exception faite de la Tchécoslovaquie, toutes les démocraties nées au lendemain de la Grande Guerre s’étaient effondrées, remplacées par des régimes autoritaires ou totalitaires. A la Tchécoslovaquie s’ajoutaient les vieilles démocraties du nord et de l’ouest de l’Europe. La période allant de 1919 à 1939 est connue sous le nom de «crise de la démocratie» que l’on pourrait qualifier a posteriori de «première crise de la démocratie».Marcel Gauchet évoque, lui aussi, la seconde crise de la démocratie en référence à la première survenue après la Première Guerre mondiale.
Le suffrage universel permet la mise en place de régimes parlementaires décevants tandis que la société est déchirée par l’antagonisme entre classes sociales, avec pour conséquence l’avènement des totalitarismes dans les années 1930.
A l’époque, rappelle Jean-Claude Casanova, la crise de la démocratie tenait à l’existence de modèles non démocratiques, approuvés par une partie de l’opinion, admirés par des intellectuels, susceptibles de légitimer la critique de nos institutions et même d’être imités. Les réformes politiques, administratives et sociales mises en place après 1945 ont permis de surmonter la crise. Mieux, la démocratie connaît une importante vague d’extension.
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