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Djemila Benhabib dénonce les atteintes à la laïcité

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  • Djemila Benhabib dénonce les atteintes à la laïcité

    Djemila Benhabib
    24/05/2010 à 12h:25 Par Zora Aït El-Machkouri, au Canada

    Djemila Benhabib dénonce les atteintes à la laïcité dans son livre Ma vie à contre-Coran.
    © Jean-François Leblanc/Agence Stock photo, pour J.A.
    Née en Ukraine d’une mère chypriote et d’un père algérien, cette jeune essayiste, fonctionnaire du gouvernement fédéral canadien, a fait de la laïcité son combat.

    Elle achève à peine la tournée de promotion de son premier livre, Ma vie à contre-Coran, une femme témoigne sur les islamistes, mais Djemila Benhabib a l’air d’avoir dompté la fatigue de ses voyages entre France, Belgique et Canada. Cheveux courts, visage fin et déterminé, joues rougies par le froid de Montréal, la jeune femme de 37 ans se montre rapidement à l’aise, en habituée des entretiens avec les journalistes. Son livre, vendu à plus de 8 000 exemplaires au Québec, est un témoignage documenté et argumenté sur « le véritable agenda politique des islamistes dans les sociétés laïques ». Selon l’auteure, les dérogations à la loi pour motifs religieux nuisent aux valeurs fondamentales des sociétés démocratiques et prennent en otages les communautés musulmanes de ces pays. Elles reflètent l’influence d’un islamisme politique radical.

    La Belle province connaît en effet une controverse médiatique à la suite du rapport de la « Commission de consultation sur les pratiques d’accommodement reliées aux différences culturelles », la Commission Bouchard-Taylor, chargée de synthétiser les points de vue des citoyens québécois sur la gestion de la diversité. La laïcité doit-elle être intangible ? Doit-on concéder des accommodements « raisonnables » aux « nouveaux arrivants » ? Doit-on, par exemple, permettre le port du voile dans la fonction publique ? Les associations féministes du Québec sont montées au créneau : toute femme est libre de porter ou non un voile. Mais sur ce débat, la réponse de Djemila Benhabib est toute différente : ces concessions « raisonnables » cachent un réel danger… Et non, pour elle, le voile n’est pas acceptable. Au cœur de ce débat houleux, Ma vie à contre-Coran, qui dénonce les atteintes à la laïcité, a été bien reçu par les médias québécois. Les invitations se sont multipliées et Djemila a pu s’exprimer un peu partout, de l’Association du barreau canadien au Salon du livre de Toronto en passant par le Salon du livre de Montréal.

    Distinguer islam et islamisme

    « En France, ça a été différent, confie honnêtement la jeune écrivaine. Le livre est bien passé, mais il y avait plus de pressions. » Certains groupes islamistes ont tenté d’empêcher le débat autour du livre et de la problématique, plus générale, de la percée des islamistes dans les sociétés laïques. À Bobigny et à la Courneuve, en banlieue parisienne, les associations de défense des droits des femmes qui l’invitaient ont reçu des menaces et leurs locaux ont parfois été saccagés. Loin d’être effrayée, la néo-Québécoise a néanmoins tenu à rencontrer celles « qui font du terrain » chaque jour et distribuent des tracts sous tension. « J’essaie d’être là, mais je sens que le climat politique s’est largement détérioré, en France comme au Québec. L’abandon dont sont victimes les populations profite aux extrémistes qui occupent l’espace. Et ces gens ont des agendas politiques clairs. C’est ce que je tente de faire passer comme message. »

    Djemila Benhabib dit faire clairement la distinction entre l’islam, qu’elle respecte, et l’islamisme qui vise à ériger une version extrême de la religion en système politique. Ainsi, la multiplication des mosquées, en banlieue parisienne et ailleurs, l’inquiète. « Avec quel argent construit-on ces édifices ? demande la militante. Les gens de ces quartiers ne vivent pas dans l’opulence, mais paradoxalement, les mosquées se construisent ! » Les groupuscules islamistes ciblent, selon elle, les populations musulmanes immigrées en exploitant le sentiment d’injustice qu’elles ressentent et les discriminations qu’elles subissent dans leur société d’accueil, et en leur servant un discours politico-religieux réactionnaire. « La majorité des musulmans n’adhère pas à cet islamisme conservateur. C’est la majorité silencieuse. Mon grand-père était un musulman pieux, mais il avait une pratique ouverte de sa religion. »

    Si Djemila s’embarque dans un débat aussi sensible, c’est parce qu’elle a le sentiment de revivre, aujourd’hui, le cauchemar algérien des années 1990. « Honnêtement, au Québec, je pensais vivre dans une société laïque. J’imaginais que ce genre de débat sur les “accommodements raisonnables” était déjà tranché. Mais voilà que resurgissent dans le paysage ces requêtes religieuses ! Avec mon expérience, il était de mon devoir de recentrer le débat. Je dois prévenir, parce que j’ai pu mesurer la portée meurtrière de ce genre de revendications. »

    Condamnée à mort en Algérie

    Née à Kharkov, en Ukraine, d’une mère chypriote grecque et d’un père algérien, alors tous deux étudiants, Djemila est très tôt immergée dans un milieu multiculturel. Dès l’âge de 4 ans, elle maîtrise le russe, le grec, l’arabe et le français. En 1974, alors qu’elle séjourne à Chypre, le coup d’État pousse ses parents à partir s’installer à Oran, en Algérie, où Djemila passera près de vingt ans. L’enfance et l’adolescence sont heureuses, au sein d’une famille d’universitaires engagés dans des causes humanistes. La situation s’assombrit, à l’aube des années 1990, quand les islamistes terrorisent son « Algérie de lavande et de mimosa ». Pressions politiques, intimidations contre les intellectuels, terreur, Djemila voit alors les enterrements d’amis se multiplier et l’islamisation radicale de la société algérienne se préciser. Son père n’est pas épargné par les menaces. En août 1994, sa famille condamnée à mort par le Front islamique pour le djihad armé (Fida) quitte le pays et gagne la France.

    Elle qui ne renonce jamais à l’idée de défendre le droit des autres s’implique trois ans durant en banlieue parisienne dans des associations de défense des droits de la femme. Alors que ses parents et son frère cadet restent en France, elle demande le statut de réfugiée politique au Canada, en 1997. Il lui est accordé trois mois plus tard. Elle s’installe au Québec et obtient successivement une bourse de l’Institut national de la recherche scientifique en énergie, matériaux et télécommunications, une maîtrise en physique, et une maîtrise en sciences politiques et droit international à l’Université du Québec.

    Parallèlement, Djemila Benhabib devient journaliste, correspondante pour El-Watan, et réalise une série de reportages au Caire, à Beyrouth et à Damas, mais aussi en Palestine, où elle rencontre Yasser Arafat, assiégé dans son quartier général de Ramallah. En 2000, elle fait la connaissance de son futur mari, Gilles, également journaliste, puis donne naissance à une petite Frida, âgée aujourd’hui de 4 ans. En 2003, elle est embauchée au Parlement canadien et aujourd’hui, elle occupe un poste de fonctionnaire au sein du gouvernement fédéral du Canada.

    « Le nom germanophone de ma fille, qui signifie liberté, est porteur de cet universel que je défends. » Cette conviction profonde guide chaque jour le combat qu’elle mène, entre autres, au sein du Collectif citoyen pour l’égalité et la laïcité, le lobby qui tente de pousser le gouvernement québécois à adopter une charte claire en faveur de la laïcité. « À une époque où l’on renvoie constamment l’autre à son particularisme, le vivre ensemble se situe au-delà des croyances religieuses, qui ne sont que facteurs de division », dit-elle.
    jeuneafrique
    The truth is incontrovertible, malice may attack it, ignorance may deride it, but in the end; there it is.” Winston Churchill

  • #2
    Salut !
    …la seule et unique solution est la laïcité, ou si vous préférez la tolérance, le vivre ensemble sans vouloir imposer quoi que ce soit à l’autre peut faire sortir, ce pays que nous aimons tant, de l’ornière nauséabonde. Le respect des lois républicaines et rien d’autre.
    Ce que je dis depuis toujours mais hélas ni les uns, ni les autres n’entendent ce cri de bon sens et, des centaines et mêmes des milliers d’algériens comme Djémila Benhabib, à qui on demande de revenir au pays !!!. J’ai fait une virée de 15 jours à travers l’Algérie avec des universitaires européens (filles et garçons) d’origine algérienne : si le pays avec ses montagnes, son désert, son histoire les a émerveillés, il en est autrement de la vie sociétale des algériens et l’anarchie du comportement !
    L'Algérie fidèle à certains principes me laisse songeur des années 70 où des jeunes filles défilaient en mini jupes un certain 5 juillet que les conservateurs ont peu apprécié « la sociale révolution ».
    Nous avons constaté que le régime avait bradé le statut de la femme pour amadouer l’islamisme médiéval. Alors, comme me disait un ami haut fonctionnaire : « maintenant ils nous suivent même en Europe pour nous empoisonner la vie ». Ces rétrogrades donne du grain à moudre aux fachos, aux rancuniers et aux hommes politiques du moment à parler chiffon et zapper les problèmes sociaux.
    Comme disait François Soudan : les algériens doivent s’y faire : l’humilité ne leur sied point et l’on ne se résoudra jamais à ce qu’ils soient modestes.

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    • #3
      Dès l’âge de 4 ans, elle maîtrise le russe, le grec, l’arabe et le français.


      bon...
      de quoi dois t'on parler exactement sur ce topic??
      « Puis-je rendre ma vie
      Semblable à une flûte de roseau
      Simple et droite
      Et toute remplie de musique »

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      • #4
        Si Djemila s’embarque dans un débat aussi sensible, c’est parce qu’elle a le sentiment de revivre, aujourd’hui, le cauchemar algérien des années 1990. « Honnêtement, au Québec, je pensais vivre dans une société laïque. J’imaginais que ce genre de débat sur les “accommodements raisonnables” était déjà tranché. Mais voilà que resurgissent dans le paysage ces requêtes religieuses ! Avec mon expérience, il était de mon devoir de recentrer le débat. Je dois prévenir, parce que j’ai pu mesurer la portée meurtrière de ce genre de revendications. »

        juste de ca mon cher tamerlan

        Je dois prévenir, parce que j’ai pu mesurer la portée meurtrière de ce genre de revendications. »
        The truth is incontrovertible, malice may attack it, ignorance may deride it, but in the end; there it is.” Winston Churchill

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        • #5
          c'est juste un fond de commerce mon ami solas !!

          Djemila Benhabib dit faire clairement la distinction entre l’islam, qu’elle respecte, et l’islamisme qui vise à ériger une version extrême de la religion en système politique. Ainsi, la multiplication des mosquées, en banlieue parisienne et ailleurs, l’inquiète. « Avec quel argent construit-on ces édifices ? demande la militante. Les gens de ces quartiers ne vivent pas dans l’opulence, mais paradoxalement, les mosquées se construisent ! »
          en quoi la construction de nouvelle mosquée gene t'elle et ne fait plus partie de l'islam mais de l'islamisme?? elle qui fait clairement la distinction

          elle veut vraiment nous faire croire que l'argent de la construction d'une mosquée en france n'est pas traçable???

          c'est juste un fond de commerce pour vendre son livre ma vie a contre coran
          « Puis-je rendre ma vie
          Semblable à une flûte de roseau
          Simple et droite
          Et toute remplie de musique »

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          • #6
            moi je pense quelle veut se faire une place au soleil...

            et tant pis si pour cela elle doit salir ses soeurs au quebec

            le but des arrivistes est darriver, elle est la confrere doriana fallaci pour moi, ni plis ni moins

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            • #7
              Comme je suis laïc et homme de gauche, mes positions ont toujours étaient claires et sans détours. Né dans la révolution, pétri dans les mouvements de luttes et ces expériences me laissent dire que sans la lutte contre toute ségrégation, toute domination, exploitation et le respect de l'autre (ce qu'il dit, ce qu'il pense, ce qu'il fait) rien ne sortira de bon et les peuples continueront à se chamailler et se faire la guerre.
              Djemila Benhabib, cher Hugo, a sa place au soleil depuis fort longtemps et elle en a les capacités. Elle dit ce qu'elle a à dire et à ses lecteurs d'en juger.
              Ah! Combien de fois ai-je débattu avec les réactionnaires, les colonistes et les rétrogrades en tout genre!
              Si je soutiens L'Iran, ceci ne veut dire que j'accepterai de vivre avec les iraniens! Soutenir H.Chavès, c'est être aux côtés des peuples avides de liberté et de justice! Et je peux continuer à m'en saouler.
              Construire des mosquées - belles architectures au demeurant- mais ces supposés musulmans feraient mieux de construire des écoles et éduquer leurs enfants (j‘étais, j‘y suis, j‘ai vu). Et la réciproque, on en fait quoi? Ils nous demandaient que nos compagnes se voilent pour éviter les problèmes!!!!!! Quelle tolérance!
              Depuis les années 90 (et même avant dans certains pays) les extrémistes de tout bord administrent le poison à petites doses à une jeunesse plutôt avide de liberté, de connaissance.. De vivre, quoi!
              «*Quand le pouvoir de l’amour l’emporte sur l’amour du pouvoir les peuples vivront en paix.»
              Cette maxime est inversée dans les pays arabes. Quand Moïse parlait de Royaume de Dieu, certains ont compris: les royaumes nous feront dieux.

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              • #8
                @tariqlr
                c'est l'hôpital qui se fout de la charité???
                t la réciproque, on en fait quoi? Ils nous demandaient que nos compagnes se voilent pour éviter les problèmes!!!!!! Quelle tolérance!
                elle est entrain de demander qu'on "devoile" celles qui veulent porter le voile..elles qui par contre ne vous ont rien demander que les laisser tranquilles
                « Puis-je rendre ma vie
                Semblable à une flûte de roseau
                Simple et droite
                Et toute remplie de musique »

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                • #9
                  Allah Ihaounek y a monsieur Tamerlan! Aujourd'hui c'est journée sans cigarettes

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                  • #10
                    Merci Solas, je ne connaissais pas du tout cette dame, mais ô combien j'approuve ce qu'elle dit, puisque je ressens exactement la même chose.

                    Cette impression de déjà vu, ces manipulations, cette volonté d'utiliser la liberté pour l'assassiner ensuite.

                    Je regrette que toutes ces personnes ayant connu la barbarie du terrorisme integriste ne s'expriment pas assez pour qu'on n'oublie pas de quoi ces gens là sont capables.
                    Pour montrer à tous ceux qui n'ont pas vécu ça, le danger qui guette.

                    Ce serait vraiment bête que ca recommence...
                    Hope is the little voice you hear whisper "maybe" when it seems the entire world is shouting "no!"

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                    • #11
                      une arriviste lèche botte de plus qui nous fait le coup de la victime de l'islamisme, les occidentaux adorent ça. Son livre s'appelle à contre-coran mais elle ne dénonce que l'islamisme et pas l'islam, la bonne blague!!!

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                      • #12
                        une arriviste lèche botte de plus qui nous fait le coup de la victime de l'islamisme, les occidentaux adorent ça. Son livre s'appelle à contre-coran mais elle ne dénonce que l'islamisme et pas l'islam, la bonne blague!!!
                        Pourquoi faut-il que vous soyez toujours agressif quand on exprime un avis différent du votre?

                        Avez vous connu la montée integriste en Algérie?
                        Avez vous connu les affres du terrorisme?
                        Combien de proches avez vous perdu ?
                        Combien de veuves et d'orphelins victimes de la barbarie connaissez vous personnellement?
                        Avez vous été personnellement menacé?

                        Je suis prête à parier que NON. Vous n'en savez rien en fait, installé confortablement derrière un écran, vous prêchez la vérité absolue, une vérité virtuelle. Votre vérité.

                        Comment pouvez vous juger ainsi des gens qui ont vécu ce que vous ignorez, qui ont souffert dans leur chair?

                        Sachez que sans être une arriviste et étant une simple anonyme sans aucun titre, sans aucune prétention ni aucune célébrité je partage entièrement son point de vue, il y a sans doute des milliers (ou des millions) d'algériens qui pensent la même chose, simplement parce que c'est une réalité que nous avons vécu.

                        Les intégristes ont semé la terreur en Algérie, maintenant ils veulent étendre leur poison au monde entier, c'est un vrai danger, malheureusement nous, musulmans nous ne le disons pas assez.
                        Hope is the little voice you hear whisper "maybe" when it seems the entire world is shouting "no!"

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                        • #13
                          http://www.algerie-dz.com/forums/sho...d.php?t=170705
                          The truth is incontrovertible, malice may attack it, ignorance may deride it, but in the end; there it is.” Winston Churchill

                          Commentaire


                          • #14
                            Sachez que sans être une arriviste et étant une simple anonyme sans aucun titre, sans aucune prétention ni aucune célébrité je partage entièrement son point de vue, il y a sans doute des milliers (ou des millions) d'algériens qui pensent la même chose, simplement parce que c'est une réalité que nous avons vécu.
                            qui donc nie cela...

                            cette arriviste surfe sur la vague dislamophobie delirante regnant au quebec

                            la province la plus raciste du canada

                            elle naide ni les femmes, ni lislam des lumieres, elle en a rien a secouer, elle veut se faire sa place au soleil, et donne des munitions a tous ceux qui haissent lalgerie et les algeriens

                            le reste cest de la litterature

                            Commentaire


                            • #15
                              je maintiens mes propos.

                              "Ce livre est un souffle". "Ma vie à contre-Coran" de Djemila Benhabib



                              par La Princesse de Clève





                              A la maison de la mixité, où siège le mouvement Ni Putes Ni Soumises (NPNS), s’est tenue hier soir une très ennuyeuse assemblée, à l’occasion de la sortie du livre de Djemila Benhabib, Ma vie à contre-Coran. Le jeu de mots du titre, qui relève de cette liberté de pensée islamophobe dont sont si friands les écrivains ratés - de Houellebecq à Redeker - annonce la couleur.
                              Avant l’arrivée de la valeureuse écrivaine, une jeune femme blonde aborde l’amie qui m’accompagne. Elle s’appelle Jeanne, c’est la conseillère juridique de NPNS et l’une des deux personnes chargées d’animer le débat. Croyant avoir repéré "les beurettes", elle cherche sans détour - mais très maladroitement - à nous recruter. Lorsque nous déclinons notre identité, elle souligne en rigolant qu’elle “risque de confondre les prénoms”. Ils se ressemblent tous.
                              La même Jeanne, lorsqu’elle évoquera l’Islam prononcera le mot “Izlam”. Corrigée par une auditrice, elle confessera son ignorance en matière de prononciation. Faut-il en rire ou juste pleurer ?
                              Dans la salle, pas l’ombre d’un hijab - alors qu’il sera sans cesse question, plus ou moins explicitement, de ces femmes menaçant la cohésion républicaine parce qu’elles couvrent leurs cheveux. D’autres femmes, plus ou moins jeunes, d’origines ethniques diverses et quelques hommes sont venus assister à la promotion du livre. Une trentaine de personnes prêtes à écouter un prêche laïcard qui, sous le prétexte d’attaquer l’islamisme politique - sans l’avoir au préalable défini - dénigre tout simplement l’Islam.
                              L’introduction, déjà, était lourde de présupposés. Quand l’une des deux femmes chargées de présenter l’ouvrage, prononce le titre, sa langue fourche. Elle dit : “à contre courant”. Levée de boucliers dans la salle, le public hurle : “Contre Coran !”. C’est le cirque. On se lâche. Une dame dans l’assemblée surenchérit : “Il faut être convaincue tout de même !” Ils le sont presque tous pourtant, convaincus de la perversité intrinsèque d’une religion dont ils semblent ignorer les principes élémentaires puisqu’ils la réduisent à “ce qui se trame dans les caves”.
                              Quand Djemila prend pour la première fois la parole, elle déclare solennellement : “Ce livre, c’est un souffle”. Silence. On médite dans la salle, un ange passe - le pauvre ! Un souffle, assurément : celui du vide. Il suffit de lire la seule introduction pour avoir un avant-goût de la rhétorique générale de l’ouvrage où l’Islam est grossièrement assimilé aux traditions anté-islamiques - et l’islamisme à une idéologie fasciste.
                              Dans son livre, Djemila Benhabib écrit : “Face à la barbarie toujours prête à reprendre ses droits, nous avons la responsabilité, sinon le devoir, de la combattre.” Elle s’inscrit ainsi dans le sillage de la tradition réactionnaire du “clash des civilisations” tout en prétendant tenir des positions progressistes - or, citer rapidement Engels en introduction et se déclarer féministe ne prouve rien. Benhabib assimile, sans le moindre complexe, l’Islam à la barbarie et lui oppose la “civilisation occidentale”, à laquelle elle confère un préjugé toujours favorable. Quand on est ni pute ni soumise, on ne s’embarrasse pas vraiment de précision, ni de références historiques. On vit dans le monde merveilleux de la laïcité inoxydable où les conflits avec les méchants barbus et leur vilaine idéologie arabo-islamique finissent toujours par se résoudre dans la lumineuse blancheur philosophique des guerres impérialistes. Le bien l’emporte, quoi.
                              La rigueur intellectuelle de Benhabib peut se mesurer à son explication - en une phrase - de la philosophie de Spinoza : “Y’avait pas de laïcité dans le judaïsme, eh ben Spinoza, il était mal à l’aise.” C’est beau, on dirait presque du Philippe Val. D’autres remarques, dans la même veine, rappellent quelques vérités fondamentales : “Il faut vivre avec son temps” ou “La démocratie se porte mal quand on construit des mosquées.” Jacques Rancière n’y avait pas pensé...
                              Outre le ridicule - assez pathétique au fond - des femmes qui nous sont présentées comme des théoriciennes de la cause féminine arabo-musulmane, il faut souligner les conditions de leur accès à la parole publique, accès soumis à la propension à dénigrer les traditions de la communauté dont elles sont issues - notamment en stigmatisant les hommes qui en font partie. Lors de la rencontre, Djemila a déclaré : “Mon père est Algérien et pourtant il m’a toujours donné la possibilité d’évoluer et de m’émanciper”. Et pourtant.
                              Tout au long de la conférence, on aura pris soin de ne jamais accorder le moindre crédit aux personnes stigmatisées. Tariq Ramadan est ainsi évoqué : “Quand je le vois se pavaner avec sa cohorte de voilées, je ne vois rien de bon, vraiment je ne vois rien de bon.” Lucide, héroïque, pondérée, Djamila continue pourtant son combat : “Le seul référentiel pour moi, c’est le référentiel républicain” assène-t-elle avec une ferveur toute religieuse. Elle évoque ensuite les mariages mixtes, dressant le tableau d’une société française ou canadienne idéale, expurgée de sa composante musulmane. Evidemment, quand on la branche sur la burqa, elle ne résiste pas à une de ces analyses pénétrantes dont elle a le secret : “Jveux dire, euh, ça tombe pas du ciel, le voile islamique.”
                              Un ouvrage comme Ma vie à contre-Coran ne tombe pas du ciel, non plus. Il est le fruit d’une islamophobie décomplexée qui prend le prétexte des luttes féministes pour dénigrer l’Islam. Cette rhétorique pernicieuse, mise dans la bouche de femmes précisément issues de l’immigration, ne rend nullement service à celles qu’elle prétend - non sans un certain paternalisme - défendre. L’émancipation des femmes musulmanes sera l’oeuvre des femmes musulmanes elles-mêmes !
                              Aussi l’ouvrage de Djamila Benhabib, ainsi que la conférence qui a suivi sa publication, relèvent au final du non-événement. Car il n’y a vraiment rien à répondre de rationnel à une femme qui déclare sans rire, et avec l’assurance d’être progressiste : “J’ai déjà côtoyé des gens musulmans et modernes”.
                              La Princesse de Clève, 22 octobre 2010

                              http://www.indigenes-republique.fr/a...id_article=746

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