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Le Théâtre régional de Mascara présente Lalla

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  • Le Théâtre régional de Mascara présente Lalla

    Le Théâtre régional de Mascara (TRM) a présenté, lundi dernier au Théâtre national algérien (TNA), sa pièce Lalla, adaptée des Bonnes de Jean Genet par Bouziane Ben Achour et mise en scène par Djaballah Hamza.

    Dès le lever du rideau, le public est plongé dans l’atmosphère irréelle et sombre dans laquelle vont évoluer les personnages de la pièce. Sur scène, un décor où domine la couleur noire, marquée par la distorsion des lignes de ce qui semble être l’intérieur d’une pièce, symbolisé par un tabouret, un encadrement de porte et un miroir aux reflets scintillants et inquiétants.

    Dans ce décor proche d’une photo en noir et blanc floutée, une longue bande blanche s’élance des planches jusqu’au ciel tel les éthers de Baudelaire, où l’esprit se meut non pour s’élever mais pour sombrer au plus profond des abysses de la tourmente mentale. Cet état d’esprit est reflété par la première scène où trois femmes se meuvent avec des gestes de souffrance sur une musique angoissante.

    Lalla aborde sans tabou la thématique de la schizophrénie féminine, ce mal profond qui ronge l’esprit torturé des femmes camisolées dans un quotidien malsain, empli de frustrations. Chaque miroir, chaque geste, chaque parole renvoie inévitablement la personne à la médiocrité de son quotidien, de son destin, de son existence tout simplement.

    Lalla relate l’histoire de Saadia incarnée par Meriem Alleg et de Mbarka incarnée par Elouanfouni Rahil, deux bonnes au service de Lalla interprété par Warda Sayem. Lalla sombre dans la déprime suite à l’emprisonnement de son amant, victime d’un complot des bonnes, jalouses de leur maîtresse, d’une part, parce qu’elle a le bonheur qu’elles ne pouvaient atteindre, et, d’autre part, parce qu’elle les délaisse au profit d’un nouvel objet d’attention.

    En effet, les bonnes étaient le jouet préféré de cette bourgeoise capricieuse dont le passe-temps favori était de tourmenter ses servantes.

    Sous ses airs de grande dame généreuse, elle ne cessait de les rabaisser. Mais l’amant finit par être libéré. Les deux bonnes sont démasquées. Sans état d’âme, Mbarka, la plus audacieuse, décide d’empoisonner Lalla. Mais c’est la timide Saadia qui ose franchir le pas et propose la tisane empoisonnée à sa patronne qui ne la boit pas car appelée à l’extérieur par son amant, qu’elle va rejoindre. Une dispute violente éclate entre les deux servantes. L’une se remet à singer Lalla, allant jusqu’à boire la mortelle tisane en se persuadant qu’elle est en train d’assassiner Lalla.

    Dans la scène finale, le public découvre que, finalement, toute l’histoire n’était en fait qu’une projection mentale de Mbarka qui souffre de dédoublement de la personnalité.

    L’obscurité emplit peu à peu les planches, et un halo de lumière entoure la silhouette tourmentée de Mbarka.

    Une salve d’applaudissements salue la prestation de la troupe qui n’a pas encore bouclé une année d’existence. Elle a su relever le défi d’une présentation digne de figurer parmi les favoris.

    L’adaptation de Bouziane Ben Achour est en effet d’une qualité remarquable. Sans tomber dans le mimétisme de l’écriture originale, il a su préserver l’essence de l’œuvre de Genet en la transposant dans le contexte algérien, avec notamment l’insertion de plusieurs proverbes et expressions percutantes. Il a également abordé avec subtilité le tabou du désir charnel et de la frustration physique sans tomber dans la vulgarité du verbe.

    La performance est également dans la mise en scène de Djaballah Hamza avec une bonne maîtrise du rythme, de la direction des comédiens et de la justesse de la scénographie qui a donné corps à l’atmosphère écrasante et irréelle de cette œuvre avec l’utilisation de la musique et de la lumière en tant qu’élément scénique à part entière.

    Les comédiennes ont habité leur personnage avec authenticité. Endossant à tour de rôle les changements de personnalités, ce qui leur a permis de déployer tout un registre d’émotion avec sincérité et maîtrisant avec grâce et légèreté les expressions corporelles. Le seul reproche que l’on pourrait leur faire concerne les fluctuations dans la maîtrise des techniques vocales perceptibles dans certaines scènes, sans toutefois perturber l’harmonie de la représentation.

    Par La Tribune
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