Né vers 1100, fondateur de la dynastie amazigh des Almohades en 1145. Abd el-Moumen décéda en 1163 à Salé.
La jeunesse d'Abd el-Moumen:
Abd el-Moumen vit le jour à Târà, village des environs de Nédroma , en Algérie (près d’une montagne qui séparait Nédroma de Hunayn), vers la fin du XIe siècle. Il appartenait à la famille des Kumiya (de la confédération des Zénètes). Très tôt, le jeune homme allait révéler d’excellentes dispositions pour les études. De taille moyenne, il est musclé, robuste, son teint est clair et ses traits réguliers. Il s’exprime avec aisance. Son oncle Ya’lu décide alors de l’aider à poursuivre des études dont on ignore la valeur, et il l’accompagnera dans son voyage en direction de l’Orient, en quête de science.
Cette expédition ne dépassera pas Bougie où la rencontre avec Ibn Toumert décidera de son sort. Il n’est pas sans intérêt de noter que le futur Mahdi des Almohades, qui se pose déjà en réformateur, avait, quelques années auparavant, pris la route de l’Orient exactement dans les mêmes dispositions d’esprit que son nouveau disciple. Depuis son départ de sa montagne natale du Haut-Atlas , le masmoudien avait beaucoup appris auprès des maîtres à penser de Bagdad, du Caire, peut-être aussi de Damas, et il revenait de son long périple la tête bien pleine sans doute, mais surtout le cœur pur, plein d’un enthousiasme juvénile, décidé à répandre autour de lui la Vérité, à combattre l’erreur et à imposer à ses coreligionnaires les principes d’un islam rénové, scrupuleusement attaché à l’unicité d’Allâh.
Son voyage de retour s’effectuait en étapes plus ou moins longues, jalonnées d’exploits retentissants assez significatifs de ses futures intentions. A Bougie, en milieu amazigh toujours attentif aux échos venus d’Orient, toujours prêt à y trouver des éléments de querelle susceptibles de secouer le joug du pouvoir établi, le «Faqih du Sous» trouvait, à n’en pas douter, un écho favorable et il est probable que ses paroles éveillaient des sentiments qui ne demandaient qu’à s’exprimer. Pourtant, la rudesse du réformateur trop zélé qui s’exprimait dans la cité par des actions brutales, lui avait valu quelques ennuis et avait amené les dirigeants Hammadides à l’expulser, l’obligeant à se réfugier à Mallala, un faubourg, où il poursuivait dans une mosquée sa mission de propagande. C’est là que, en 1117, il devait recevoir le jeune Abd el-Moumen. Les deux personnages étaient faits pour s’entendre. On peut penser que, d’emblée, le neveu de Ya’lfi fut conquis et littéralement subjugué. Il résolut alors de se joindre au petit groupe d’adeptes, presque tous contribules du Maître, et de s’attacher, comme eux, aux pas du futur Mahdi. On connaît la suite de ce voyage marqué par de nombreux incidents de rue provoqués par la farouche intransigeance de Ibn Toumert . Tour à tour, Tlemcen, Nédroma, Taza, Fès, Meknès, Marrakech enfin, furent le théâtre de ses sermons et de ses exploits spectaculaires assortis d’expulsions la plupart du temps. Pourtant, en dépit de ces incidents, sans doute consciemment provoqués, la doctrine de l’unitarisme faisait son chemin et gagnait à sa cause de nombreux adeptes. Partout le grain était semé qui ne tarderait pas à germer et à lever.
Abd el-Moumen successeur d'Ibn Toumert:
Ibn Toumert avait jugé d’emblée les qualités de son disciple et il lui avait accordé très tôt un ordre de préséance à côté des grands chefs masmoudiens; mieux encore, on peut dire qu’il l’adoptera en réussissant à l’intégrer à sa propre tribu, celle des Hagra où il siégera au conseil des dix. Abd el-Moumen devient alors le plus brillant propagandiste du Maître, il sera de toutes les expéditions et révèlera ses qualités de guerrier. Pourtant, à la mort du Mahdi (septembre 1130), il faudra toute l’insistance de Abû Ilaf ‘Umar Hinti pour qu’il soit reconnu successeur du Maître. Comme il arrive dans le monde musulman, la mort du chef a été tenue secrète afin de permettre au conseil des dix de s’accorder sur le choix du successeur; on devine que la fameuse «Loi du sang», lien quasi organique des tribus, ne pouvait accepter sans contestation l’étranger, le Zénète venu d'Afrique du Nord central. Trois ans s’écoulèrent ainsi. Enfin, au retour d’une expédition victorieuse contre les Gazzula, on se résolut à annoncer le décès du Mahdï et à proclamer Abd el-Moumen, décision qui allait assurer le triomphe du mouvement. Jusque là, en effet, les succès des unitaristes n’avaient pas dépassé le cadre local et, la seule expédition en direction de Marrakech s’était soldée par un échec. Il n’est pas trop tôt de dire que l’immense succès des Masmouda fut certes dû aux qualités guerrières de l’homme; intelligent, éloquent, il avait à n’en pas douter le prestige du chef, mais son ascendant naturel en imposait d’autant plus aux amazighs du Haut Atlas qu’il était étranger aux clans, de tous temps hostiles les uns aux autres, comme il est fréquent dans une telle société.
Conquête de Marrakech et fin des Almoradives:
Trop habile pour renouveler l’erreur de descendre dans la plaine et de se mesurer aux troupes almoravides de Marrakech, le nouveau maître des Almohades commença par s’assurer quelques positions fortes en bordure de la montagne, puis il s’enhardit dans le Souss et dans le Draa ralliant de nombreuses tribus. De 1141 à 1145 il lance une grande offensive sur le Moyen-Atlas et s’empare de Taza, clef du Maroc central, puis du Rif , et il atteint la côte méditerranéenne. Il étend alors ses conquêtes vers l’Est et s’empare de Nédroma, siège de sa tribu d’origine. Ils s'emparèrent ensuite d'Oran où le sultan almoravide Tachfin Ben Ali, se tua en tombant avec son cheval du haut d'une falaise, son cadavre fut décapité et sa dépouille embaumée pour être envoyée comme trophée à Tinmel.
Guerrier almohade:
Tlemcen assiégée devait se rendre assez rapidement tandis que le chef amazigh était déjà aux portes de Fès. L’ancienne capitale résista neuf mois puis succomba à son tour (1146). Abd el-Moumen était alors maître de tout le Nord du Maroc et il tenait solidement la montagne amazigh. Le moment était venu de donner le coup de grâce à la dynastie almoravide. Marrakech devait résister héroïquement dans sa Qasba, mais elle fut contrainte de capituler en avril 1147. Le sultan et héritier Ibrahim Ben Tachfin et les princes almoravides y furent massacrés, leur palais détruit et sur son emplacement, on commença à élevé la mosquée de la Koutoubia. Ainsi, Abd el-Moumen qui avait passé dix-huit ans à conquérir le Maroc, après la prise de Marrakech il prit le titre de Commandeur des Croyants, c'est-à-dire Calife, rejetant ainsi la suzeraineté Abbaside. Dès la prise de Marrakech qui assurait son triomphe sur les Almoravides, Abd el-Moumen avait pris le titre califien de Amir ai-Mu’minin, marquant ainsi sa volonté de rompre avec le califat ‘abbâside d’Orient paralysé par les Turcs et affirmant également ses prétentions de réformateur de l’Islam, du moins dans tout l’Occident où il entendait imposer la doctrine définie par son maître le Mahdï impeccable Ibn Toumert. Abd el-Moumen, avait rompu avec les règles collégiales instituées par le mahdi, et avait assuré la succession à sa descendance. en imposant le principe d'hérédité dynastique. Les tensions allaient s'aggraver entre les cheikhs descendants des membres des premiers conseils almohades (ayant à leur tête Abu Hafs Umar, compagnon du mahdi, et ses descendants) et les sayyid, de la famille du souverain, sans préjudice des luttes entre ceux-ci.
Déjà, Abd el-Moumen avait affirmé ses ambitions de constructeur à Taza, et Tinmel qui voyait le modeste oratoire d’Ibn Toumert faire place à une très belle mosquée. Dans ces réalisations architecturales s’exprimait une très nette évolution de l’art musulman d’Occident qui atteignait alors sa pleine maturité. Mais, sur le plan politique, il restait à parfaire la conquête du Maroc en pacifiant la plaine atlantique, ce qui devait demander quelques années d’efforts. Après quoi, Abd el-Moumen entreprenait un tri rigoureux de ses fidèles. La purge atteignit quelques milliers de victimes soupçonnées, à tort ou à raison, de menacer la nouvelle puissance amazigh.
Conquérant de l'Afrique du Nord:
La solidité des arrières assurée, le chef des Almohades résolut de conquérir tout le reste de l'Afrique du Nord. Il se prépara soigneusement pendant plusieurs années à cette grande expédition. La situation du pays ne manquait pas d’être préoccupante. En Ifriqiya, les Zirides étaient aux abois. Défendant à grand peine le littoral contre les entreprises de Roger II, roi normand de Sicile. L’intérieur du pays leur échappait, envahi par les Arabes nomades hilaliens. Seule Tunis voyait sa population s’accroître et la ville connaissait une certaine prospérité sous les B. Hurasan. En Afrique du Nord central, les Hammadides avaient dû abandonner en partie leur capitale de la Qa’la où ne résidait plus qu’une modeste garnison sous les ordres d’un des fils du prince régnant installé à Bougie : Yahya fils de ‘Abd al‘Azîz. La nouvelle capitale, bien protégée par l’écran de la montagne kabyle se développait harmonieusement et les Hammadides tenaient la côte jusqu’à Alger, mais ils ne pouvaient s’aventurer vers l’intérieur où s’étaient infiltrés les Hilaliens qui maintenaient le pays en pleine anarchie.
Après avoir fait construire la forteresse appelé aujourd'hui les Oudaïa sur la rive gauche du Bou Regreg, il réunit une armée à Salé, ses soldats avaient été fort bien entraînées au combat, le chef almohade se décida à déclencher l’offensive. Et il la dirigea vers l'Est. Alger, Bougie, n’offrirent que peu de résistance. Il rencontra à Sétif les troupes des Atbej, Zoghba et Riyah, toutes tribus Hilaliennes. Après trois jours de furieux combats, les arabes sont vaincus et se sauvent, abandonnant leurs troupeaux et leurs familles qu'Abd el-Moumen fit envoyer à Marrakech. Plus tard, il prit les vaincus comme troupes auxiliaires, ce que firent ensuite ses successeurs, ouvrant ainsi les porte de l'Afrique du nord à ses nomades impénitents. En 1152, le royaume des Hammadides avait vécu. Les Arabes de la plaine, impressionnés, se ralliaient, Abd el-Moumen exerçant à leur égard une politique d’attirance, sans doute dictée davantage par la prudence que par la conviction. Cette prudence, une des qualités essentielles de Abd el-Moumen, devait lui faire remettre à plus tard la dernière entreprise: la conquête de l’Ifrikya.
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La jeunesse d'Abd el-Moumen:
Abd el-Moumen vit le jour à Târà, village des environs de Nédroma , en Algérie (près d’une montagne qui séparait Nédroma de Hunayn), vers la fin du XIe siècle. Il appartenait à la famille des Kumiya (de la confédération des Zénètes). Très tôt, le jeune homme allait révéler d’excellentes dispositions pour les études. De taille moyenne, il est musclé, robuste, son teint est clair et ses traits réguliers. Il s’exprime avec aisance. Son oncle Ya’lu décide alors de l’aider à poursuivre des études dont on ignore la valeur, et il l’accompagnera dans son voyage en direction de l’Orient, en quête de science.
Cette expédition ne dépassera pas Bougie où la rencontre avec Ibn Toumert décidera de son sort. Il n’est pas sans intérêt de noter que le futur Mahdi des Almohades, qui se pose déjà en réformateur, avait, quelques années auparavant, pris la route de l’Orient exactement dans les mêmes dispositions d’esprit que son nouveau disciple. Depuis son départ de sa montagne natale du Haut-Atlas , le masmoudien avait beaucoup appris auprès des maîtres à penser de Bagdad, du Caire, peut-être aussi de Damas, et il revenait de son long périple la tête bien pleine sans doute, mais surtout le cœur pur, plein d’un enthousiasme juvénile, décidé à répandre autour de lui la Vérité, à combattre l’erreur et à imposer à ses coreligionnaires les principes d’un islam rénové, scrupuleusement attaché à l’unicité d’Allâh.
Son voyage de retour s’effectuait en étapes plus ou moins longues, jalonnées d’exploits retentissants assez significatifs de ses futures intentions. A Bougie, en milieu amazigh toujours attentif aux échos venus d’Orient, toujours prêt à y trouver des éléments de querelle susceptibles de secouer le joug du pouvoir établi, le «Faqih du Sous» trouvait, à n’en pas douter, un écho favorable et il est probable que ses paroles éveillaient des sentiments qui ne demandaient qu’à s’exprimer. Pourtant, la rudesse du réformateur trop zélé qui s’exprimait dans la cité par des actions brutales, lui avait valu quelques ennuis et avait amené les dirigeants Hammadides à l’expulser, l’obligeant à se réfugier à Mallala, un faubourg, où il poursuivait dans une mosquée sa mission de propagande. C’est là que, en 1117, il devait recevoir le jeune Abd el-Moumen. Les deux personnages étaient faits pour s’entendre. On peut penser que, d’emblée, le neveu de Ya’lfi fut conquis et littéralement subjugué. Il résolut alors de se joindre au petit groupe d’adeptes, presque tous contribules du Maître, et de s’attacher, comme eux, aux pas du futur Mahdi. On connaît la suite de ce voyage marqué par de nombreux incidents de rue provoqués par la farouche intransigeance de Ibn Toumert . Tour à tour, Tlemcen, Nédroma, Taza, Fès, Meknès, Marrakech enfin, furent le théâtre de ses sermons et de ses exploits spectaculaires assortis d’expulsions la plupart du temps. Pourtant, en dépit de ces incidents, sans doute consciemment provoqués, la doctrine de l’unitarisme faisait son chemin et gagnait à sa cause de nombreux adeptes. Partout le grain était semé qui ne tarderait pas à germer et à lever.
Abd el-Moumen successeur d'Ibn Toumert:
Ibn Toumert avait jugé d’emblée les qualités de son disciple et il lui avait accordé très tôt un ordre de préséance à côté des grands chefs masmoudiens; mieux encore, on peut dire qu’il l’adoptera en réussissant à l’intégrer à sa propre tribu, celle des Hagra où il siégera au conseil des dix. Abd el-Moumen devient alors le plus brillant propagandiste du Maître, il sera de toutes les expéditions et révèlera ses qualités de guerrier. Pourtant, à la mort du Mahdi (septembre 1130), il faudra toute l’insistance de Abû Ilaf ‘Umar Hinti pour qu’il soit reconnu successeur du Maître. Comme il arrive dans le monde musulman, la mort du chef a été tenue secrète afin de permettre au conseil des dix de s’accorder sur le choix du successeur; on devine que la fameuse «Loi du sang», lien quasi organique des tribus, ne pouvait accepter sans contestation l’étranger, le Zénète venu d'Afrique du Nord central. Trois ans s’écoulèrent ainsi. Enfin, au retour d’une expédition victorieuse contre les Gazzula, on se résolut à annoncer le décès du Mahdï et à proclamer Abd el-Moumen, décision qui allait assurer le triomphe du mouvement. Jusque là, en effet, les succès des unitaristes n’avaient pas dépassé le cadre local et, la seule expédition en direction de Marrakech s’était soldée par un échec. Il n’est pas trop tôt de dire que l’immense succès des Masmouda fut certes dû aux qualités guerrières de l’homme; intelligent, éloquent, il avait à n’en pas douter le prestige du chef, mais son ascendant naturel en imposait d’autant plus aux amazighs du Haut Atlas qu’il était étranger aux clans, de tous temps hostiles les uns aux autres, comme il est fréquent dans une telle société.
Conquête de Marrakech et fin des Almoradives:
Trop habile pour renouveler l’erreur de descendre dans la plaine et de se mesurer aux troupes almoravides de Marrakech, le nouveau maître des Almohades commença par s’assurer quelques positions fortes en bordure de la montagne, puis il s’enhardit dans le Souss et dans le Draa ralliant de nombreuses tribus. De 1141 à 1145 il lance une grande offensive sur le Moyen-Atlas et s’empare de Taza, clef du Maroc central, puis du Rif , et il atteint la côte méditerranéenne. Il étend alors ses conquêtes vers l’Est et s’empare de Nédroma, siège de sa tribu d’origine. Ils s'emparèrent ensuite d'Oran où le sultan almoravide Tachfin Ben Ali, se tua en tombant avec son cheval du haut d'une falaise, son cadavre fut décapité et sa dépouille embaumée pour être envoyée comme trophée à Tinmel.
Guerrier almohade:
Tlemcen assiégée devait se rendre assez rapidement tandis que le chef amazigh était déjà aux portes de Fès. L’ancienne capitale résista neuf mois puis succomba à son tour (1146). Abd el-Moumen était alors maître de tout le Nord du Maroc et il tenait solidement la montagne amazigh. Le moment était venu de donner le coup de grâce à la dynastie almoravide. Marrakech devait résister héroïquement dans sa Qasba, mais elle fut contrainte de capituler en avril 1147. Le sultan et héritier Ibrahim Ben Tachfin et les princes almoravides y furent massacrés, leur palais détruit et sur son emplacement, on commença à élevé la mosquée de la Koutoubia. Ainsi, Abd el-Moumen qui avait passé dix-huit ans à conquérir le Maroc, après la prise de Marrakech il prit le titre de Commandeur des Croyants, c'est-à-dire Calife, rejetant ainsi la suzeraineté Abbaside. Dès la prise de Marrakech qui assurait son triomphe sur les Almoravides, Abd el-Moumen avait pris le titre califien de Amir ai-Mu’minin, marquant ainsi sa volonté de rompre avec le califat ‘abbâside d’Orient paralysé par les Turcs et affirmant également ses prétentions de réformateur de l’Islam, du moins dans tout l’Occident où il entendait imposer la doctrine définie par son maître le Mahdï impeccable Ibn Toumert. Abd el-Moumen, avait rompu avec les règles collégiales instituées par le mahdi, et avait assuré la succession à sa descendance. en imposant le principe d'hérédité dynastique. Les tensions allaient s'aggraver entre les cheikhs descendants des membres des premiers conseils almohades (ayant à leur tête Abu Hafs Umar, compagnon du mahdi, et ses descendants) et les sayyid, de la famille du souverain, sans préjudice des luttes entre ceux-ci.
Déjà, Abd el-Moumen avait affirmé ses ambitions de constructeur à Taza, et Tinmel qui voyait le modeste oratoire d’Ibn Toumert faire place à une très belle mosquée. Dans ces réalisations architecturales s’exprimait une très nette évolution de l’art musulman d’Occident qui atteignait alors sa pleine maturité. Mais, sur le plan politique, il restait à parfaire la conquête du Maroc en pacifiant la plaine atlantique, ce qui devait demander quelques années d’efforts. Après quoi, Abd el-Moumen entreprenait un tri rigoureux de ses fidèles. La purge atteignit quelques milliers de victimes soupçonnées, à tort ou à raison, de menacer la nouvelle puissance amazigh.
Conquérant de l'Afrique du Nord:
La solidité des arrières assurée, le chef des Almohades résolut de conquérir tout le reste de l'Afrique du Nord. Il se prépara soigneusement pendant plusieurs années à cette grande expédition. La situation du pays ne manquait pas d’être préoccupante. En Ifriqiya, les Zirides étaient aux abois. Défendant à grand peine le littoral contre les entreprises de Roger II, roi normand de Sicile. L’intérieur du pays leur échappait, envahi par les Arabes nomades hilaliens. Seule Tunis voyait sa population s’accroître et la ville connaissait une certaine prospérité sous les B. Hurasan. En Afrique du Nord central, les Hammadides avaient dû abandonner en partie leur capitale de la Qa’la où ne résidait plus qu’une modeste garnison sous les ordres d’un des fils du prince régnant installé à Bougie : Yahya fils de ‘Abd al‘Azîz. La nouvelle capitale, bien protégée par l’écran de la montagne kabyle se développait harmonieusement et les Hammadides tenaient la côte jusqu’à Alger, mais ils ne pouvaient s’aventurer vers l’intérieur où s’étaient infiltrés les Hilaliens qui maintenaient le pays en pleine anarchie.
Après avoir fait construire la forteresse appelé aujourd'hui les Oudaïa sur la rive gauche du Bou Regreg, il réunit une armée à Salé, ses soldats avaient été fort bien entraînées au combat, le chef almohade se décida à déclencher l’offensive. Et il la dirigea vers l'Est. Alger, Bougie, n’offrirent que peu de résistance. Il rencontra à Sétif les troupes des Atbej, Zoghba et Riyah, toutes tribus Hilaliennes. Après trois jours de furieux combats, les arabes sont vaincus et se sauvent, abandonnant leurs troupeaux et leurs familles qu'Abd el-Moumen fit envoyer à Marrakech. Plus tard, il prit les vaincus comme troupes auxiliaires, ce que firent ensuite ses successeurs, ouvrant ainsi les porte de l'Afrique du nord à ses nomades impénitents. En 1152, le royaume des Hammadides avait vécu. Les Arabes de la plaine, impressionnés, se ralliaient, Abd el-Moumen exerçant à leur égard une politique d’attirance, sans doute dictée davantage par la prudence que par la conviction. Cette prudence, une des qualités essentielles de Abd el-Moumen, devait lui faire remettre à plus tard la dernière entreprise: la conquête de l’Ifrikya.
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