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Hocine Asselah (1917-1948). Militant de la cause nationale

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  • Hocine Asselah (1917-1948). Militant de la cause nationale

    Un physique frêle, un fonceur intrépide

    « Les grandes révolutions naissent des petites misères comme les grands fleuves des petits ruisseaux... »

    Victor Hugo


    eut-on raisonnablement, malgré une santé déficiente et fragile, se donner à fond dans des actes que le corps peut difficilement supporter ? Hocine l’a fait. « Il avait de la peine à arpenter les marches de La Casbah », se souvient un de ses proches. S’il avait mal au cœur, sa grandeur d’âme était exceptionnelle... Pour la libération de son pays, il s’est donné corps et âme, poussé par son engagement et sa foi patriotiques. Pourtant, il souffrait d’une lourde pathologie cardiovasculaire. Sans doute, s’est-il inspiré de ses aînés en faisant sienne cette maxime : « Se sentir inutile est pire encore que de se sentir coupable ». Hocine s’est investi dans le nationalisme radical prônant l’indépendance jusqu’au dernier souffle de son existence. Il assuma son militantisme avec bravoure et détermination jusqu’à sa mort prématurée à la fleur de l’âge. Il n’avait que 31 ans. Le héros, c’est celui qui fait ce qu’il peut. Les autres ne le font pas.

    Hocine Asselah est né le 20 mars 1917 au village Ighil Imoula, commune de Tizi N’telta, wilaya de Tizi Ouzou. « Un village prédestiné, devenu un haut lieu historique par la volonté des hommes et des événements », note Ramdane Asselah, ancien moudjahid et cousin du héros. C’est à Ighil Imoula, en effet, que furent imprimés par ronéo et sous la direction de Ali Zamoum les premiers exemplaires de la déclaration du fln du 1er Novembre 1954.

    L’enfant d’Ighil Imoula

    Hocine a passé une partie de son enfance dans son village natal. Il grandit sous l’autorité de son père Amar Oulhadj dont la droiture, le courage et la sagesse étaient reconnus par tous les habitants. La mère, Dahbia, également pleine de bon sens éleva dans la dignité ses deux fils, dont Arab qui recueillera plus tard son cadet Hocine. A 12 ans, Hocine rejoint Alger où est établi Arab, en qualité d’homme d’affaires et conseiller juridique. Hocine poursuit ses études primaires à l’école Fatah dans la Haute-Casbah. Il prend des cours à la médersa d’Alger.

    Ramdane a relevé que Hocine avait saisi très tôt l’importance de l’instruction « qui, disait-il, est une arme de combat », engageant les jeunes à s’instruire dans n’importe quelle langue. Lui-même n’a cessé de se cultiver en autodidacte tout au long de sa vie, parvenant parfaitement à maîtriser l’arabe et le français. Hocine a vécu dans un monde tourmenté, difficile où une vision profondément tragique de l’existence le dispute à la vitalité des sentiments et des manifestations paradoxales d’espérance. Et comme Eluard, il aurait pu déclamer : Il nous faut drainer la colère et faire lever le fer pour préserver l’image haute Des innocents partout traqués et qui partout vont triompher Adolescent et écœuré par les injustices dont il était témoin, Hocine part à la recherche d’associations d’inspiration réformiste et progressiste.

    C’est ainsi que dans un premier temps, il se rapproche de la mouvance des Oulémas et des animateurs du Congrès musulman. Ses convictions patriotiques se renforcent à la suite du meeting du 2 août 1936 organisé par les membres du Congrès musulman au Stade municipal d’Alger. Messali y réclama devant près de 20 000 personnes l’indépendance de l’Algérie. Ce fut l’étincelle qui enflamma la population algérienne. Hocine Assellah, âgé seulement de 19 ans, s’engagera dès lors pleinement dans le mouvement indépendantiste. Hocine se met en relation avec Mohamed Taleb qui, en décembre 1942, prit l’initiative de réunir des jeunes nationalistes à la médersa Erached au 10 rue Médée à La Casbah. Ces jeunes étaient outre Taleb, Mahmoud Abdoun, Hocine Asselah, Sid Ali Abdelhamid, Cheikh Ahmed Benhocine, Ali Hallit et Abdelmalek Temmam. Cette organisation de jeunes, à l’instar de celle de Belcourt, s’intégrera au ppa auquel elle insuffla une autre dynamique juvénile et porteuse d’espoir.

    Hocine sortira du lot. Remarqué pour son engagement, son sens de l’organisation, il entre en 1944 au bureau politique du ppa. Selon l’historien Mahfoud Kaddache, on prête aussi à Hocine la prouesse d’avoir réussi à rencontrer Robert Murphy, représentant du président Roosevelt à Alger, à qui il a fait part des revendications des nationalistes. Hocine, investi de la confiance du parti, assumera plusieurs missions dont, notamment, la mise en place de cellules clandestines du parti et notamment en Kabylie. C’est dans ce cadre qu’au cours de l’année 1943, Hocine va charger son cousin Ramdane de former une cellule à Boghni où il était jeune postier.

    Au cours de de cette année, Hocine et Lamine Debaghine sont mandatés par le parti pour négocier avec Ferhat Abbas les termes de la plateforme des Amis du manifeste et de la liberté (aml). Asselah participe à la création d’un journal clandestin du ppa l’action algérienne dont il fut l’un des rédacteurs avec Hocine Lahouel, Mostefa Lacheraf, Benali Boukort, Kaddour Sator, Mohamed Ghersi et autres collaborateurs occasionnels. La réalisation matérielle de cette publication était confiée à Sid Ali Abdelhamid, ses deux frères Boualem et Mustapha, Saïd Ladjali et M’hamed Lamraoui. A la veille du 1er mai 1945, le parti charge trois de ses membres, Mostefaï, Asselah et Chadly El Mekki d’élaborer un modèle de drapeau national. Celui qui s’y implique le plus, en l’occurrence Mostefaï, parle avec beaucoup de respect de son ancien camarade de lutte.

    « C’était un homme déterminé, loyal, toujours prêt à s’investir pour les bonnes actions. Il était handicapé par sa maladie mais ne laissait rien transparaître. C’était un militant sincère qui s’est donné à fond pour défendre la cause. Jamais il n’a montré des signes de faiblesse ni reculé devant le devoir. Je garde de lui l’image d’un homme qui s’est totalement engagé dans le combat de la liberté et de la dignité. Hélas, il a été arraché très jeune à la vie. Il symbolise le sacrifice et le dévouement, son ascension dans la hiérarchie du parti renseigne sur ses capacités indéniables de tacticien clairvoyant. »

    Sachant par avance que son état de santé ne lui permettrait pas d’assister à l’indépendance de l’Algérie, il confiait avec philosophie à son ami Amar Bentoumi, devenu plus tard bâtonnier. « Tu as de la chance, car tu assisteras à la libération de l’Algérie ou du moins au déclenchement de la lutte de libération nationale. » Il était convaincu que sa maladie ne lui laisserait que peu de temps, c’est pourquoi il avait une activité débordante sur tous les plans et surtout dans l’action militante.

    Un homme attachant

    Bentoumi l’a connu en 1941 lorsqu’il a rejoint l’équipe de basket-ball du mca, dont Hocine était dirigeant. « Il ne ratait aucune occasion pour amener la conversation sur la situation du peuple algérien, sur les méfaits du colonialisme puis avec beaucoup de faits, il amenait son interlocuteur à tirer la conclusion logique, à savoir la nécessité de s’organiser pour libérer le peuple algérien du joug colonial. Il savait parler avec leur langage aux commerçants, aux ouvriers, aux cireurs. Où qu’il se trouve, il était en mission. Il la remplissait avec une foi inébranlable, il répandait avec joie la flamme du patriotisme. On ne compte pas le nombre de militants nationalistes que Hocine Asselah a attirés dans les rangs du Nidham, puis du ppa, à travers le mtld et l’os. Asselah me fut révélé lors de la manifestation organisée à l’occasion de l’Aïd El Fitr, le 23 septembre 1943, pour protester contre l’arrestation de Ferhat Abbas et d’une façon générale pour la la libération des détenus politiques. C’est un militant de haute volée, estime son ami Sid Ali Abdelhamid qui souligne que l’itinéraire de Hocine est d’autant plus remarquable pour avoir été bref mais bien rempli, il n’en fut que davantage exemplaire ».


    à suivre ....


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    “La vérité est rarement enterrée, elle est juste embusquée derrière des voiles de pudeur, de douleur, ou d’indifférence; encore faut-il que l’on désire passionnément écarter ces voiles” Amin Maalouf

  • #2
    Suite et fin !

    Un militant de haute volée

    Sid Ali remonte à la décennie charnière 1930-1940. « C’était l’époque du colonialisme triomphant, dont la célébration en apothéose du centenaire de son débarquement à Sidi Ferruch durant tout l’été 1930 avait alors marqué le summum de son indéniable apogée. Laminée, épuisée, déculturée, otage sans recours de la famine, des épidémies et des catastrophes naturelles, la population musulmane semblait avoir perdu jusqu’à la capacité d’espérer. Pour avoir accompagné le Congrès musulman pendant deux ans, Asselah avait fini par saisir l’absurdité de sa démarche conciliante alors qu’il avait en face un pouvoir retors, partisan de la manière forte, peu enclin aux compromis.

    Lorsque la Seconde Guerre mondiale éclata, Asselah était mûr pour virer de bord et déserter un Congrès musulman désarticulé. L’initiation de Asselah aux objectifs du nationalisme radical s’effectua au contact de Abdoun et de Temmam avec lesquels Hocine avait tissé de solides liens d’amitié et de confiance, quand il adhéra au parti, c’était davantage au carna qu’au ppa. Vulgarisateur-né, il avait l’art et la manière de rendre accessibles et surtout engageants les mots d’ordre et les consignes de l’organisation, sans pour autant s’exonérer de tancer rudement les mous et les sceptiques, ni de se montrer incisif et péremptoire pour ranimer et doper les énergies déficientes. »

    Asselah a été l’une des chevilles ouvrières qui ont permis au ppa, par le biais des aml, de parvenir à des résultats probants. La partie de sa vie que Hocine consacra à ces aml fut particulièrement dense, enrichissante et sans nul doute performante. Pendant toute l’année 1947, Asselah avait été sujet à de fréquentes alertes cardiaques. Il tenait tête à la maladie avec le sourire, mais il se savait condamné. Sa santé périclitait à vue d’œil. Courant janvier 1948, il fut évacué sur l’hôpital Mustapha dans un état critique. Il y décéda le 11 du même mois alors qu’il n’avait que 31 ans. Sa mort plongea ses amis dans un profond chagrin. Le parti et ses anciens compagnons lui réservèrent des obsèques dignes du militant irréprochable qu’il avait été. Une foule importante lui fit cortège jusqu’au cimetière d’El Kettar.

    C’est Mohamed Khider, membre du Bureau politique et député mtld qui prononça l’éloge funèbre. « La mort de Asselah m’avait douloureusement affecté. J’étais bouleversé car depuis son admission dans l’organisation de la Casbah, nous étions très proches et tous les deux nous étions plus proches encore de Mohamed Taleb, notre mentor commun en politique », confie Sid Ali Abdelhamid qui renchérit : « Je garde de Hocine le souvenir d’un compagnon agréable, dont la vitalité et l’entrain supplantaient ses défaillances de santé. C’est seulement après sa mort que j’ai réellement mesuré toute la richesse de sa personnalité aux talents multiples. Une personnalité aussi rigoureuse qu’attachante, rivée à une exigence militante qui forçait le respect... »
    Parcours :

    |Né à Ighil Imoula, commune de Tizi N’tleta, wilaya de Tizi Ouzou le 20 mars 1917, Hocine Asselah a consacré toute son existence à partir de l’âge de 17 ans à la lutte pour l’indépendance de l’Algérie. Arrêté à la suite des événements de 1945, il s’évada de l’hôpital Mustapha d’Alger en sautant de sa cellule haute de 4 mètres malgré un cœur fragile. En dépit des sévices subis qui ont aggravé son état de santé (troubles cardiaques), il continua à lutter dans la clandestinité et dans l’illégalité jusqu’à sa mort survenue prématurément à 31 ans. Un hommage sans pareil à l’époque lui a été rendu par des milliers de militants et sympathisants d’Alger qui l’ont accompagné au cimetière d’El Kettar où il repose en paix. Une des principales rues de la capitale (siège de l’apn) porte son nom.|


    Par Hamid Tahri
    El watan 24/06/10

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    “La vérité est rarement enterrée, elle est juste embusquée derrière des voiles de pudeur, de douleur, ou d’indifférence; encore faut-il que l’on désire passionnément écarter ces voiles” Amin Maalouf

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    • #3
      Merci à toi l'Impré et bravo à Hamid Tahri,
      On connait mal notre histoire, ce sont des articles comme celui-ci qui nous manque, j'ai toujours cru que feu Asselah Hocine a été tué au combat par l'armée coloniale, je fais référence à 1954-1962.
      Il y a des gens si intelligents que lorsqu'ils font les imbéciles, ils réussissent mieux que quiconque. - Maurice Donnay

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