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La Régence d'Alger et le monde Turc.

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  • #16
    LA MARINE ET LA GUERRE DE COURSE
    QUELQUES CONSIDERATIONS GENERALES :
    ANCIENNETÉ DE LA COURSE.

    La piraterie est sans doute aussi vieille que la navigation maritime. Un texte d'Ibn-Khaldoun sur les pirates de Bougie nous rappelle que la guerre de course n'a jamais cessé sur les côtes d'Afrique du Nord durant le Moyen Age.
    De son côté, le P. Dan affirme que « les corsaires de Barbarie étaient en grand crédit dès l'an 1390. et troublaient déjà fort bien le commerce sur mer, et le repos de la Chrétienté ».
    LA COURSE FUT-ELLE L'APANAGE DES SEULS MUSULMANS ?
    Selon l'historien de Mas-Latrie, « les meilleurs auteurs sont tous d'accord pour reconnaître que la piraterie s'est développée aussi bien chez les Chrétiens que chez les Musulmans ». D'ailleurs, dans la Méditerranée orientale les Chevaliers de Saint-Jean ne rançonnaient-ils pas les Turcs à partir de Rhodes ?
    D'abord justifiée par des prétextes religieux, la course devint rapidement une entreprise de brigandage.

    PIRATES ET CORSAIRES.

    Selon les usages et conventions, il convient de distinguer le pirate qui « court les mers pour son du compte sans y être autorisé par le gouvernement d'un État et qui n'est qu'un brigand à main armée », et le « corsaire » qui est au contraire un combattant régulier, en quelque sorte « le franc-tireur » de l'océan. Il attaque les navires ennemis de la nation dont il détient une commission régulière et dont il doit battre pavillon ». (On trouvera de nombreux renseignements complémentaires, dans l'ouvrage si documente de M. Coindreau : Les Corsaires de Salé - Paris 1948).
    Pour ceux d'Alger, la distinction paraît délicate à établir, étant donné qu'ils étaient les agents d'un État corsaire.

    COMMENT DEVENAIT-ON PIRATE ?

    On ne saurait imaginer les pirates barbaresques comme des volontaires débarquant sur les quais d'Alger pour contracter un engagement dans la marine de la Régence.
    Bien des voies conduisaient à la piraterie :
    - Les enfants enlevés sur les côtes d'Espagne ou d'Italie pouvaient être formés à l'école des corsaires. Ex. : Hassan, fils adoptif de Khaïr ed-Dîn, qui défendit Alger contre Charles-Quint, avait été enlevé tout enfant à sa Sardaigne natale.
    Hassan Veneziano , mousse à bord d'un navire vénitien, esclave du renégat Euldj Ali qui l'affranchit, fit carrière comme Pacha d'Alger puis Amiral de la flotte ottomane.
    - Les marins capturés par les corsaires pouvaient acheter leur liberté moyennant une conversion et devenir corsaires à leur tour. Ils apportaient aux Barbaresques leur expérience et de précieuses connaissances techniques. Eudj Ali, la plus grande figure de la Régence après Khaïr ed-Dîn, était Calabrais. Après avoir ramé quatorze ans sur les galères du Sultan, il se convertit à l'Islam, devint Beylerbey d'Alger, puis Amiral de la flotte ottomane. Cervantès qui fut son esclave en a laissé un portrait intéressant.
    Les corsaires européens venus délibérément en Afrique du Nord furent la minorité. Citons les Anglais Édouard et Uvert, et surtout l'étonnante aventure de Simon Dansa, ce Flamand, qui vint en Alger vers 1606, enseigna aux corsaires de la Régence la construction de nouveaux types de navires et sa carrière de corsaire terminée, rentra en France avec l'autorisation de Henri IV, ramenant avec lui dix Jésuites qu'il avait « rachetés ». On peut donc dire que la course renouvelait elle-même son personnel.

    CARACTÈRES COMMUNS AUX CORSAIRES ALGÉRIENS.

    Cette société cosmopolite était étrangère au pays où elle exerçait son activité. La grande majorité des corsaires étaient en effet des renégats chrétiens.
    « En 1588, à Alger, 24 galiotes sur 35 étaient commandées par des renégats représentant presque toutes les nations chrétiennes ». (Gosse). Tels furent ceux qui méritèrent le surnom de « Turcs de profession ».
    Les capitaines de vaisseaux ou Raïs, étaient groupés dans une association ou Taïfa qui ne tarda pas à prendre dans les affaires de la Régence une place prépondérante. Elle grandit encore avec le développement de la course.












    ORGANISATION DE LA COURSE
    LES NAVIRES - LES ARMATEURS.

    Au XVIème siècle, les corsaires utilisaient surtout :
    - le chébec, petit bâtiment à trois mâts et 30 avirons jaugeant moins de 200 tonneaux, monté par un équipage de 30 à 200 hommes, armé de 4 à 24 canons.
    - la galiote ou petite galère de 12 à 19 bancs, 20 à 130 hommes, 2 à 10 pièces d'artillerie.
    - le brigantin, navire de transition entre les navires à rames et les voiliers ; un seul mât, 8 à 16 rameurs avec un seul homme par aviron.

    En 1581, selon Haëdo, Alger possédait 35 galiotes et 25 frégates, (petits navires à rames). C'est seulement vers la fin du XVIème siècle que la galère fera son apparition en Afrique du Nord.

    Origine des capitaux investis dans la course.

    D'après l'historien de Grammont « les grands étaient armateurs, les petits marchands et les Baldis (Citadin d'Alger) se cotisaient pour acheter et équiper un navire à frais commun, les femmes elles-mêmes, selon le vice-consul Chaix, vendaient leurs bijoux pour prendre part à ces fructueuse opérations ».

    L'ÉQUIPAGE ET LA DISCIPLINE À BORD.

    L'État-major d'un navire (galère en particulier), comprenait :
    le Capitaine ou Raïs et ses lieutenants.
    des techniciens tels que :
    le pilote - nocher, qui dirigeait la manœuvre des voiles,
    le maître de hache ou charpentier,
    le calfat,
    le maître canonnier et les servants de bouches à feu,
    le chirurgien et
    l'écrivain (sorte de commissaire aux comptes), tous renégats.
    L'équipage, était composé en majeure partie d'esclaves chrétiens.

    Les uns étaient chargés de la manœuvre des voiles, les autres constituaient la chiourme des rameurs rivés à leur banc. Depuis longtemps, le travail de l'aviron avait cessé d'être une activité d'homme libre ; la plupart des marines européennes comptaient des esclaves sur leurs galères, en plus des condamnés.
    La vie sur ces bagnes flottants était aussi épouvantable chez les Chrétiens que chez les Musulmans. Il suffit pour s'en convaincre, de comparer les textes du P. Dan et la relation d'un Protestant français condamné aux galères. La compagnie d'abordage, formée généralement de Janissaires, armés de cimeterres, de haches, et de pistolets. Étrangers à la vie du bord, ils se réservaient pour l'abordage.
    Remarque : Les équipages des navires corsaires comptaient peu d'autochtones, ceux-ci ayant généralement été peu attirés par les activités maritimes.

    LA DISCIPLINE.

    Comme dans toutes les marines, le Capitaine ou Raïs, était « maître après Dieu » sur son navire. « Ils sont si soigneux de l'ordre, de la propreté et de l'aménagement de leurs navires, déclare le Bénédictin espagnol Haëdo, qu'ils ne pensent pas autre chose… il n’est pas permis à personne fût-ce le fils du Pacha lui-même, de changer de place, ni de bouger du lieu où il est. »

    LES VIVRES.

    On embarquait généralement pour 50 jours de vivres : biscuits, huile, vinaigre et autres légumes. Tous les occupants du navire, du Raïs aux hommes d'équipage, subissaient un régime sévère.
    Voici, à titre indicatif, l'ordinaire de certains repas :
    - Petit déjeuner, du pain et des olives,
    - Déjeuner , de la viande préparée de la façon suivante : D'abord séchée au soleil, puis cuite à 1 huile et enfin conservée dans un mélange de graisse et d'huile et mise en jarres. Cette préparation s'appelle « kheli ».
    - Souper , couscous aux pois chiches.
    - Boisson , de l'eau en principe, mais comme elle était vite polluée, les corsaires algériens usaient largement de vin et même d'eau-de-vie.

    LE « SALAIRE. » DU CORSAIRE.

    L'État-major et l'équipage ne touchaient aucun salaire, mais étaient rétribués sur les prises, « afin, dit le P. Dan, de les encourager au combat, à quoi ils ne se portaient pas si volontiers, s'ils avaient une paie assurée ».
    Si les corsaires rentraient au port sans capture. ils avaient donc seulement été nourris.

    LE COMBAT PRISE DE CONTACT ET ABORDAGE.

    Leurs navires étant plus légers, plus rapides et mieux armés que les vaisseaux auxquels ils s'attaquaient, leur tactique résidait dans l'exploitation de l'effet de surprise, et comportait de multiples ruses :
    - usage de faux pavillons destinés à rassurer leurs victimes lors de la prise de contact,
    - visite des navires, soi-disant pour en contrôler la cargaison, attaque au petit matin, toutes voiles baissées.
    — Noter le rôle important de la vigie, qui de son « nid de pie », au sommet du mât principal fouillait l'horizon. L'adversaire, réduit à l'impuissance par l'intimidation et la surprise du coup de canon de semonce, subissait alors l'abordage.

    LES ZONES D'OPÉRATIONS.

    Sans cesser complètement l'hiver, les campagnes des corsaires se déroulaient surtout d'Avril à Octobre. Selon leur durée ou l'éloignement des « théâtres d’opérations », on peut les classer en trois catégories :
    — Les coups de mains sur les côtes d'Espagne, d'Italie, de Sardaigne :
    « De paisibles villages endormis voyaient soudain surgir des gens en culotte rouge et cape blanche qui leur criaient : « chiens, rendez-vous ! ». Tous les habitants sans distinction prenaient le chemin de la captivité. » (D'après R. Coindreau).
    Les pêcheurs étaient également des proies faciles et recherchées. Ces descentes de pirates furent l'un des soucis constants du règne de Charles-Quint, aucune mesure de sécurité ne pu en venir à bout.

    Les croisières en haute mer - En Méditerranée occidentale et à la sortie du détroit de Gibraltar, les corsaires croisaient par petits groupes de deux ou trois navires, prêts à se porter main forte.
    Les expéditions lointaines, inaugurées sans doute par le Raïs Mourad en 1585 avec une rare témérité. Avec trois galiotes, il passa en effet dans l'Atlantique, relâcha à Salé (Maroc), qui s'organisait pour la course, et mit a sac les Canaries, capturant trois cents personnes, dont la femme du Gouverneur. Ces expéditions connaîtront un succès grandissant au siècle suivant avec les progrès de l'art nautique chez les corsaires algériens.

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    • #17
      RÉPARTITION DES PRISES.

      A l'État revenaient d'abord le capitaine, le pilote, l'écrivain et le charpentier, ainsi que les canons et les munitions d'un navire capturé. Aux armateurs, la carcasse et les agrès. Le Beylerbey prélevait pour son compte personnel 12°% des marchandises et des esclaves. Le reste du butin était divisé en deux moitiés. L'une pour les armateurs, l'autre attribuée à l'équipage et aux soldats. Dans cette dernière répartitionle Raïs touchait 40 parts, le matelot 3 parts, le soldat une demie. A quoi il faut ajouter le pourcentage prélevé pour les réparations du port et du môle, et l'entretien des marabouts.
      Une nuée d'intermédiaires (chaouchs. interprètes, brocanteurs, etc.) touchaient également leur dîme.
      Les prises qu'on ne pouvait écouler en Afrique étaient dirigées, sur Livourne (Toscane) et revendues en Europe, celles qui provenaient de navires appartenant à des nations « théoriquement en paix avec la Régence » étaient transportées à Salé.

      CONCLUSION.

      La course était donc une fructueuse affaire et Alger accueillait par de bruyantes réjouissant ses corsaires victorieux. Quant aux captifs, désormais esclaves en Alger, en attendant le paiement de leur rançon, ils étaient conduits sur la place du Badistan (actuelle place de la Pêcherie), pour y être exposés et vendus. Le trafic des esclaves semble avoir été l'un des mobiles les plus puissants de la guerre de course.


      L'ESCLAVAGE EN AFRIQUE DU NORD
      DE LA SURVIVANCE DE L'ESCLAVAGE EN EUROPE :

      Le sort des esclaves chrétiens en Alger a tenu une grande place dans les chroniques religieuses et historiques. Mais pour saisir la portée de cette institution barbare, il est bon de la replacer dans la perspective de son époque.
      L'usage des galères en Méditerranée posait des problèmes nouveaux, le recrutement des rameurs en particulier. Le métier de galérien est passé en proverbe, car le travail de l'aviron n'était pas une activité d'homme libre. D'où la nécessité de se procurer des hommes préalablement réduits à la condition servile par la guerre ou la justice des tribunaux. C'est ainsi que les Espagnols réduisaient en esclavage les Maures qu'ils capturaient en Afrique du Nord. Les Chevaliers de Malte faisaient payer rançon à leurs captifs Turcs ou les revendaient à Livourne, «cette autre Alger», où les chiourmes d'Europe venaient largement s'approvisionner. Sans parler de la traite des Noirs qui devait assurer une certaine prospérité aux ports européens de l'Atlantique durant le XVIlème siècle.

      Les historiens rapportent qu'en plein XVIIème siècle, la marine de Louis XIV comptait officiellement, en plus des condamnés aux galères, d'authentiques esclaves capturés ou achetés.
      L'esclavage en Alger n'est donc qu’un cas particulier d'une situation couramment admise.

      LES ESCLAVES EN ALGER
      VERS LE BADISTAN.

      Après l'abordage, tous les captifs étaient « dépouillés et fouillés jusqu'aux lieux les plus secrets, et mis les fers aux pieds, dix ensemble à la même chaîne ». (Mouette-Relation de captivité1683).
      Ils gagnaient ensuite la place du Badistan. Leur prix était sensiblement égal à celui d'une bête de somme.

      RUSES DE CAPTIFS.

      Ceux dont espérait une bonne rançon ou un travail spécialisé étaient particulièrement recherchés. Quant aux esclaves, afin de faire baisser le prix de leur rançon, ils s'efforçaient de dissimuler aux Turcs leur véritable condition, ou simulaient certaines maladies :
      « L'un dit, P. Dan, contrefit si bien le, boiteux que son patron le croyait tel véritablement, et le vendit à vil prix. En débarquant à Marseille, il marchait aussi droit et aussi ferme qu'aucun de ses compagnons... parmi lesquels un autre, habile à contrefaire le furieux et l'estropié de cervelle ».

      ACTIVITÉS D'ESCLAVES.

      On distinguait ceux du Bey, ceux de la ville (ou de l'État), ceux des particuliers. Ceux du Bey , « somptueusement vêtus, donnaient leurs soins à la cuisine et à la maison », ils étaient paraît-il, redoutés pour leurs mouchardages. Ceux de la Ville , débardeurs, manœuvres, sur les chantiers du port, aux carrières, ou même loués comme ouvriers agricoles.
      Deux fois l'an, les esclaves servaient à bord des galères durant 50 jours environ, après quoi, ils étaient affectés à d'autres tâches. Moyennant une redevance, les plus favorisés circulaient librement en ville où ils exerçaient de petits métiers : porteurs d'eau, écrivains (dans les bagnes), « chirurgiens », vendeurs de gâteaux, brocheurs de bas, etc. Certains même tenaient tavernes et gargotes, tandis que d'autres vivaient de jeux de hasard.
      « Cependant selon de Roqueville (1675) le vol était l'activité la plus courante, presque tous essayaient de gagner de l'argent, sauf les Anglais, qui par morgue se tenaient à l'écart ».
      Ceux des particuliers, chaque maison avait en effet un ou plusieurs esclaves occupés aux travaux domestiques : entretien de la maison, blanchiment des murs à la chaux, fabrication du pain, garde des enfants, etc. Ils étaient plus ou moins heureux selon l'humeur du maître, cependant dira, Venture de Paradis, « les jeunes gens qui sont jolis garçons, sont sûrs de la faveur de leurs maîtres, et ils ramassent en peu de temps de quoi fournir leur rachat. » La société turque était en effet « furieusement mâle »

      LES BAGNES, QUELQUES CHIFFRES.

      Chaque soir les esclaves de la ville, comme ceux des particuliers les plus riches étaient enfermés dans les six bagnes ou prisons d'Alger. Celui du Bey pouvait à lui seul en contenir 2000.
      En 1580, Haëdo a dénombré 25 000 esclaves chrétiens en Alger. En trois siècles, il en serait passé un million.

      DES CAPTIFS CÉLÈBRES.

      Cervantès, esclave du Beylerbey Euldj Ali, puis du Pacha Hassan Veneziano de 1574 à 1580 a relaté sa captivité dans « La vie à Alger » avant d'écrire le chef-d’œuvre qui devait l'immortaliser et qui contient des scènes de la vie des bagnes algérois. Un buste de l'illustre captif fut érigé en 1894 par la colonie espagnole d'Alger dans la grotte où il se réfugia lors d'une tentative d'évasion, sur le Boulevard Cervantès près de l'actuel Jardin d'Essai.
      Regnard capturé en vue de Nice, alors qu'il rentrait d'Italie, esclave en 1678, fit dans « La belle Provençale » un récit de sa captivité.
      D'Aranda, gentilhomme né à Bruges, pris en 1640, libéré en 1642, a décrit les mœurs des bagnes dans sa « Relation de la captivité du Sieur Emmanuel D'Aranda » Paris 1657.

      LE RACHAT.

      C'était l'événement attendu, espéré.
      Divers ordres religieux s'y employaient :
      — L'Ordre des Mathurins et des Trinitaires, fondé à la fin du XIIème siècle par Jean de Matha, gentilhomme provençal.
      — L'Ordre de la Merci créé à Barcelone en 1218, à l'image du précédent.
      — L'Ordre des Lazaristes et Pères de la Mission, fondé par Saint Vincent de Paul (dont la captivité à Tunis est aujourd'hui contestée). Le Père Levacher qui subit le supplice du canon en 1683 est le Lazariste le plus célèbre.
      Rôle des Missionnaires.
      A leur activité d'intermédiaires reconnus dans les rachats, ils joignaient une action constante sur les lieux mêmes de la captivité pour en atténuer les rigueurs.

      C'est ainsi qu'ils :
      - aidaient les esclaves à se maintenir dans leur foi et servaient la messe le dimanche dans les chapelles des bagnes,
      - entretenaient un hôpital,
      - assistaient les agonisants e portaient à cet effet une hostie dissimulée dans une boîte suspendue à leur cou.

      C'est seulement à partir du XVIème siècle que les esclaves eurent leur cimetière, au-dessus de l'actuelle plage Matarèse, près des remparts de l'Esplanade de Bab el-Oued.

      En France, les Ordres missionnaires s'efforçaient d'intéresser les fidèles au sort des captifs et collectaient des fonds pour contribuer au paiement des rançons. Les moyens d'action les plus variés étaient mis en œuvre :
      - taxations telles que redevances sur les coches et carrosses d'Orléans, Bourges, Bordeaux, Tours, etc.,
      - prêches dans les églises,
      - ouvrages de propagande qui dénonçaient, en les exagérant, les servitudes de la captivité et appelaient la Chrétienté à la « Croisade » contre l'Infidèle. Le plus caractéristique et le plus connu est sans doute celui du P. Dan, « Supérieur du Couvent de la Sainte Trinité et Rédemption des Captifs »

      Détail curieux, les vaisseaux transportant les Pères Rédemptoristes bénéficiaient d'une immunité garantie par le Divan d'Alger.

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      • #18
        LE MAGHREB À LA FIN DU XVIe SIÈCLE

        Khaïr ed-Dîn avait eu l'insigne mérite de doter la Régence, repaire de corsaires, d'une organisation administrative et politique. Dans la lutte qui opposa l'Empire hispano-allemand à l'Empire Ottoman, la Méditerranée fut comme un « second front » tenu dans le bassin occidental, par les corsaires d'Alger et de Tunis. La participation de Euldj Ali, Beylerbey d'Alger, à la bataille de Lépante (1571), témoigne des liens qui unissaient Alger à Constantinople. En 1587, à la mort de Euldj Ali, le Sultan supprima le poste de Beylerbey pour l'Afrique du Nord et partagea ses possessions en trois Pachaliks : Alger, Tunis. Tripoli, avec à leur tête des Pachas triennaux.

        AU MAROC

        Le dernier Sultan Mérinide qui régnait à Fès fut exécuté par ses sujets en 1645. Les Béni-Wattas, anciens nomades du Maroc oriental puis véritables Maires du Palais, s'emparent alors du pouvoir. Ils doivent faire face :
        - aux Portugais et aux Espagnols qui poursuivent leur croisade, mais aussi
        - à de nouveaux venus, les Chérifs Saadiens, originaires du Sous.
        Avec l'appui des Marabouts, des Zaouïas et des confréries religieuses, ils surmontent tous les obstacles.
        Étapes de leur ascension :
        - 1524. Les Saadiens font de Marrakech, leur capitale.
        - 1549. Ils sont à Fès.
        - 1554. Leur autorité s'étend sur tout le Maroc.
        — Un grand Sultan Saadien domine l'histoire du Maroc au XVIème siècle : Ahmed el-Mançour ; Il chasse les Portugais du Maroc par la-victoire de El-Ksar el-Kébir (S. E. de Larache) en 1578, victoire appelée aussi bataille de l'Oued el-Makhazîn par les historiens arabes, et bataille des Trois Rois par les Européens, parce que trois rois y sont morts. Il jette les bases de l'État Marocain sous la forme d'une fédération de tribus, administrée par un organisme central : le Makhzen. Organise à partir de 1591 la pénétration marocaine vers le Soudan et le Niger, d'où il retire de l'or et des esclaves. Parvient à interdire son pays aux Turcs d'Alger malgré les tentatives de Euldj Ali. El-Mançour mourut en 160

        EN TUNISIE.

        Durant tout le XVIème siècle, l'histoire de Tunis est intimement liée à celle d'Alger. Les Turcs d'Alger s'efforcent de contrôler, l'entrée du bassin occidental de la Méditerranée. Ils se heurtent aux Espagnols qui ont la même prétention. La Tunisie plusieurs fois envahie est l'enjeu d'un conflit qui la dépasse. Khaïr ed-Din, s'empare de Tunis en 1534.
        Charles-Quint enlève la ville aux Turcs en 1535 et fait construire la forteresse de La Goulette. Mais, en 1541, alors que les Ottomans envahissent la Hongrie, l'Espagne ne peut soutenir la lutte sur deux fronts, et ralentit son activité en Afrique. Elle perd Bougie (1555), tandis que la place d'Oran est assiégée par les Turcs (1556) et que le corsaire Dragut s'empare de Tripoli.
        Après le traité de Cateau-Cambrésis (1559) échec espagnol en Europe ; la guerre maritime entre « les deux grands », se rapproche de la limite des deux bassins méditerranéens
        1560 - Expédition espagnole contre Djerba.
        1565 - Siège de Malte par les Turcs.
        1569 - Euldj Ali s'empare de Tunis.

        Enfin, après Lépante et l’entrée de Don Juan à Tunis (1573), la ville et La Goulette tombent en 1574, sous les coups de Sinan Pacha et de Dragut. Quant aux derniers Hafsides, clients et protégés des « Rois très Chrétiens », ils succombent avec leurs protecteurs.

        CONCLUSION :

        « Les grandes luttes du XVIème siècle ont fait sortir le Maghreb de son Moyen Age.
        Au Maghreb morcelé du XVème siècle, se substituent les trois blocs politiques des temps modernes : Maroc, Algérie. Tunisie (Braudel).

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        • #19
          XVIIe SIÈCLE. LE GRAND SIÈCLE DE LA COURSE EST AUSSI CELUI DES TROUBLES INTÉRIEURS.

          UNE MONARCHIE ÉLECTIVE

          Les Pachas, véritables gouverneurs ou vice-rois, étaient sans doute accueillis en Alger avec de grands honneurs, mais leur autorité était mal acceptée par les Raïs et les Janissaires. L'Agha des Janissaires, à la tête de 15.000 hommes, prit une place prépondérante aux dépens du Pacha dont les attributions devinrent surtout honorifiques.
          En 1671, la corporation des Raïs, profitant de la confusion qui régnait dans les affaires de l'État, imposa à la Régence un nouveau chef qui prit le titre de Dey. Cependant, à partir de 1689, les Deys furent choisis par la Milice des Janissaires. Alger devint alors une sorte de monarchie élective où « l'assassinat fut érigé comme procédure de succession » (Julien). De 1671 à 1830, 30 Deys se succédèrent ; sur ce nombre, 14 arrivèrent au pouvoir à la suite de l'assassinat de leur prédécesseur. Le Dey était désigné à vie, et le plus humble des Janissaires pouvait aspirer à cette dignité. Son pouvoir, en principe contrôlé par le Divan, était en réalité un pouvoir absolu.

          DÉVELOPPEMENT DE LA PIRATERIE
          UN NOUVEAU TYPE DE NAVIRE.


          Au début du XVIIème siècle, la flotte d'Alger Était surtout constituée de galères, bateaux essentiellement à rames. Vers 1606, un renégat hollandais, Simon Dansa, initia les corsaires de la Régence à la construction et à la manœuvre de véritables voiliers appelés aussi « bateaux ronds » du fait qu'ils étaient seulement 3 ou 4 fois plus longs que larges, alors que ce rapport variait de 6 à 9 sur les galères ou « bateaux longs ». En 1634, le P. Dan compte dans le port d'Alger, 13 bateaux longs (galères, brigantins) et 70 bateaux ronds. (polacres, grandes barques, tartanes, fistres).

          Conséquences de cette transformation :

          Toute la Méditerranée devint accessible aux pirates qui guerroyèrent jusqu'à Smyrne, Chypre, Alexandrie ; ils purent aussi atteindre des régions encore plus lointaines comme l'Atlantique Nord. En 1617, le Raïs Mourad ravage les côtes de l'Islande. En 1617, les Corsaires d'Alger attaquent l'île de Madère et emportent jusqu'au cloches des Églises. En 1624, « ceux d'Alger » se joignent à « ceux de Salé » (Maroc) pour donner la chasse aux pêcheurs de Terre Neuve, ils vont même jusque sur les côtes d'Acadie (Nouvelle Écosse).
          En 1631, ils patrouillent dans le canal de Saint-Georges et attaquent les navires entre l'Angleterre et l'Irlande.

          RÉACTIONS DES PUISSANCES EUROPÉENNES.

          L'insécurité en mer devenait totale.
          Diverses mesures furent appliquées par les marines européennes :

          — Armement des bâtiments marchands,
          — Organisation de convois, semblables à ceux organisés contre les sous-marins dans les guerres modernes.
          — Croisières annuelles sur les théâtres d'opérations des corsaires, à la sorte du Détroit de Gibraltar pour leur interdire l'Atlantique, le long des côtes d'Espagne, du cap Finisterre au cap Saint-Vincent, pour protéger les navires européens faisant route vers le Sud.
          — Bombardement des ports des pirates ; pour sa part, Alger fut bombardée au XVIIème siècle par de nombreuses escadres :

          Les Anglais en 1622-1665-1672, les Hollandais on 1672 avec l'amiral Ruyter, les Français en 1665 avec Beaufort, en 1689 avec le Chevalier Paul, en 1682-83 avec Duquesne et en 1688 avec d'Estrées.
          C'est en représailles du bombardement de 1683 que les Turcs firent subir au Père Levacher le supplice du canon.

          Il faut ajouter aussi les descentes à terre, le long des côtes d'Afrique du Nord, comme par exemple la tentative d'occupation de Djidjelli en 1694 par un corps expéditionnaire français. Les résultats obtenus étaient sans rapport avec les sacrifices consentis. Certaines actions répressives, les bombardements en particulier, avaient surtout pour but d'appuyer des négociations pour le rachat des esclaves ou d'obtenir d'éphémères traités d'alliance. La plupart des diplomaties européennes s'efforçaient d'acheter la paix avec Alger par des cadeaux adroitement distribués dans l'entourage du Dey, ou par le paiement d'un véritable tribut annuel. De plus, certaines puissances protestantes, l'Angleterre et surtout la Hollande, furent comme un arsenal de la piraterie africaine.

          ENRICHISSEMENT ET INSOLENCE DES RAÏS.

          De 1628 à 1634, les pirates d'Alger capturèrent aux Français seulement, 80 vaisseaux évalués avec leur cargaison à 4 millions 752 mille livres ; de plus, ils avaient pris et mené en Alger, 1331 personnes. Grands pourvoyeurs des marchés de la Régence et des caisses de l'État, ils prétendirent :

          - imposer aux Janissaires les Deys de leur choix, ce qu'ils firent de 1671 à 1689.
          - s'affranchir du pouvoir central auquel ils consentaient tout au plus à verser 10% de leurs prises.

          Les Raïs opulents se firent bâtir des maisons belles et spacieuses des palais en ville ou à la campagne.
          Dernière modification par KhanPakis, 09 août 2006, 16h42.

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          • #20
            ALGER AU XVIIe SIÈCLE

            LE SITE :

            Alger, bâtie sur une colline, avait approximativement la forme d'un triangle, comme on peut s'en rendre compte en observant les vues aériennes de la vieille ville. C'est pourquoi on l'a comparée à « un vaste terrain couvert de linge blanc à la voile d'un hunier de vaisseau, à une vaste carrière de craie ouverte sur le penchant d'une montagne ». Ceinturée de remparts, défendue par ses portes et ses forts, elle ressemblait à une cité moyenâgeuse aux rues étroites et sombres.











            EMBELLISSEMENTS ET MONUMENTS PUBLICS :

            Dans la ville enrichie par la course, les Turcs firent procéder à certains travaux d'utilité publique :

            - Construction de l'aqueduc du Hamma par un Maure Andalou (1610).
            - Multiplication des fontaines publiques ; on en comptait une centaine.
            - Aménagement d'un système d'égouts par canalisations en 1634.

            On construisit aussi de nombreux édifices religieux, entre autres les mosquées de :
            - Ali-Bitchnin (1662) convertie en Église N. D. des Victoires,
            - La Pêcherie (1660), Djamaâ el-Djedid, construite par la Milice, le monument turc le plus imposant d'Alger.
            - Sidi Abd er-Rahman (1696) qui renferme les restes du grand Docteur de l'Islam, patron d'Alger, né en 1387.
            - Mezzo-Morto, bâtie par un renégat italien, près de la Porte Bab-Azoun et détruite lors du percement de la rue du même nom (gravure 4 et calque).

            LA POPULATION :

            CAUSES DE SON ACCROISSEMENT AU XVIIème SIÈCLE.

            En 1850, selon Haëdo, la ville comptait 60.000 habitants. En 1634. P. Dan put dénombrer 100.000 personnes auxquelles il fallait ajouter 25 à 30.000 esclaves.
            Au XVIème siècle, Alger avait déjà bénéficié de l'apport de nombreux Musulmans et de Juifs venus d'Espagne. Cependant, les fameux Édits de 1609-1610 équivalents espagnols de la Révocation de l'Édit de Nantes, déclenchèrent de grands mouvements de populations. Ils enjoignaient en effet « à tous ceux, qui pour quelque raison et à quelque époque que ce fût avaient été Musulmans, de quitter immédiatement le pays ». Au lieu de gagner la Turquie comme le commandaient les Édits, la plupart passèrent en Afrique du Nord et trouvèrent asile dans les principales villes du littoral qu'ils enrichirent de leur activité : Alger, Bougie, et surtout Tunis ; ainsi que dans la vallée de la Medjerda : Tebourba, Testour, et Kalaat el-Andaleus, au nom significatif. Ceux d'Estrémadure, s'installèrent à Salé (Maroc) qui devint alors le plus grand centre de piraterie de l'Atlantique.

            PRINCIPAUX ÉLÉMENTS DE LA POPULATION.

            Les Turcs « de profession » ou d'origine, étrangers à la ville qu'ils dominaient, constituaient la Milice, la Taïfa des Raïs et l'ensemble des fonctionnaires civils. Ils se mêlaient assez peu au reste de la population, et les Kouloughlis issus de mariages de Janissaires avec des Mauresques, n'étaient pas considérés comme Turcs. Plusieurs milliers de Corses vivaient en Alger, ils avaient en effet préféré quitter leur île plutôt que d'accepter la domination génoise. (1559). Les Maures ou Hadhrs, Algérois d'origine, ou réfugiés espagnols, surtout artisans : arquebusiers, serruriers, charpentiers, maçons, cordonniers, potiers ou commerçants. Un quartier d'Alger porte encore le nom des « Tagarins », Maures de Catalogne, qui en 1612, s'installèrent hors de la ville. Aux Juifs autochtones, fixés en Afrique du Nord depuis des siècles, le grand exode de 1609 ajouta des immigrants espagnols qui « apportaient, avec l'intelligence, la richesse, la science, l'aptitude au commerce et à l'industrie ». (Lespès). Ils étaient tailleurs, bijoutiers en corail, orfèvres, frappeurs de monnaie, etc. Les Juifs d'Alger devaient porter des vêtements de couleur sombre, payer un impôt collectif ou djezya, s'abstenir de monter à cheval ou de porter des armes, etc. - Ils pouvaient cependant se livrer aux diverses activités artisanales ou commerciales et vivre selon leurs lois religieuses.

            Les Baranis ou gens de l'intérieur du pays :
            - Kabyles, ouvriers, maçons. Journaliers.
            - Biskris, Arabes originaires de Biskra et des oasis des Zibans, porteurs d'eau, portefaix, chargés également de la police de nuit.
            - Mzabites, originaires des oasis du Sud, pourvoyeurs d'esclaves noirs, avaient le monopole des bains maures, boucheries, et moulins.
            - Laghouatis, de Laghouat, spécialisés dans l'épuration et le trafic de l'huile.
            - Nègres, esclaves, domestiques, manœuvres, âniers.

            Chacune de ces communautés (sauf les Kabyles), était placée sous l'autorité d'un chef responsable devant l'autorité turque.

            LA VIE ÉCONOMIQUE
            LES ARTISANS D'ALGER.


            Dans les souks d'El-Djezaïr, sur l'actuelle Place du Gouvernement, de nombreux artisans fabriquaient certains objets vendus dans les tribus des environs : Babouches, chéchias, calottes de velours, coffres enluminés, ceintures, harnachements, lits de parade, serrures. A Bab et Oued, des poteries grossières, des briques et de la chaux. Ces artisans étaient groupés en corporations, à la tête de chacune d'elles se trouva t un chef ou amîn. Aujourd'hui encore. autour de la Place du Gouvernement, dans les rues de la Lyre, Blondel et les ruelles avoisinantes, des brodeurs, des ciseleurs, des fileurs d'or continuent la tradition des artisans d'autrefois.

            LE COMMERCE.

            Commerce intérieur :

            Alger grand centre de consommation attirait des caravanes venues du Sahel, de Kabylie, du Sud ou même du Maroc, qui y apportaient les denrées les plus diverses ; fruits et légumes, huile, bétail, tabac, cuirs, etc. Ces caravanes de chameaux, d'ânes et de mulets campaient principalement devant la porte Bab-Azoun ou s'installaient dans les fondouks, sortes de caravansérails, qui accueillaient les voyageurs et leurs montures. Des marchés assuraient la distribution de ces provisions.

            Commerce extérieur :

            Le trafic des esclaves et des prises constituait l'essentiel des exportations d'Alger. En plus des cuirs, laines et cire dont le Dey monopolisait le commerce, Alger exportait quelques produits locaux : figues, dattes, « Alger ne nous rapporte rien » écrit en 1699 le Consul de France à la Chambre de Commerce de Marseille.

            Alger importait :

            - de France : la mercerie, les cotonnades, le fer, les clous, la coutellerie, les armes, des sirops et des confitures ;
            - d'Angleterre : les armes et les munitions ;
            - d'Orient : les tapis, les poignards, les narghilés et« tous les objets affectionnés des Raïs et qui servaient à la parure de leur personne ou à celle de leurs femmes ». (Lespès).

            CONCLUSION :

            L'âge d'or de la course fut aussi une période de troubles politiques, qui aboutirent à un relâchement des liens avec Constantinople. Cependant, Alger n'était pas seulement une cité de corsaires, la capitale de la Régence avait aussi ses souks, ses medersas, ses mosquées, témoignages d'une activité économique et religieuse non négligeable.

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            • #21
              LES EUROPÉENS DANS LA RÉGENCE

              Ils vivaient à l'écart de la population autochtone et n avaient avec les Turcs que des relations administratives.

              LES CONSULS ET LEUR PERSONNEL

              Considérés comme des otages, ils ne pouvaient porter d'épée ni en ville, ni chez le Dey, où ils étaient reçus debout sur leurs jambes ». (Venture de Paradis.). Le Consul de France était le plus important. Nommé par le Roi, payé par !a Chambre de Commerce de Marseille. Il rendait hommage au Dey et à son entourage, (nombreux cadeaux en toutes occasions : nomination, naissance, fête, victoire, etc.), Réglait les incidents, Jugeait les résidents au civil et au criminel, Négociait certains rachats, etc.
              A partir de 1646, le Consulat de France fut confié aux Lazaristes, Colbert le leur retira en 1661 pour le donner à des fonctionnaires.

              LES COMMERÇANTS :

              Ils étaient peu nombreux en dehors des Établissements français de l'Est : La Calle, Tabarka, Bastion de France, Bône.
              A l'exportation des cuirs et céréales, ils joignaient le monopole de la pêche du corail ; il leur arrivait aussi de pratiquer l'usure auprès des esclaves.
              Les commerçants français ne pouvaient s'installer en Afrique ou dans les « Échelles du Levant » qu'avec l'autorisation de la Chambre de Commerce de Marseille, après le dépôt d'un cautionnement.

              LES RELIGIEUX :

              Lazaristes, Trinitaires, Rédemptonistes, mêlés aux esclaves, ou en mission de rachat.

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              • #22
                Merci beaucoup, c'est un régal.

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                • #23
                  LA RÉGENCE D'ALGER ET L'EUROPE

                  POLITIQUE ÉTRANGÈRE DE LA RÉGENCE :

                  Au XVIIème siècle, la Régence négocie des traités et pratique une politique étrangère autonome : Le Bastion de France est incendié en 1604 alors que la Porte de Constantinople accepte de renouveler les Capitulations avec la France.
                  D'ailleurs, le Dey n'accepte de s'engager qu'avec une puissance à la fois, ce qui permet aux corsaires de s'attaquer aux navires de toutes les autres. La paix signée, en 1670 avec Louis XIV amène une recrudescence de la course contre les Hollandais et les Anglais. La paix de 1681 avec les Anglais déclenche une reprise de la piraterie contre la France.
                  Quant aux puissances européennes, elles s'efforcent d'améliorer leur position économique dans la Régence et d'obtenir des conditions avantageuses pour le rachat des captifs. Des manifestations de force viennent parfois appuyer les arguments des diplomates.
                  Cependant, certaines puissances n'hésitent pas à ménager les Barbaresques pour s'en faire des alliés contre un adversaire éventuel. C'est ainsi que les Hollandais arment les Turcs et accueillent les navires d'Alger et de Salé dans les ports des Pays-Bas. Les Turcs ne sont-ils pas ennemis des Espagnols ?
                  Une subtile politique d'équilibre méditerranéen impliquait le maintien des corsaires algériens malgré l'irritant problème de la course. Ils bénéficiaient d'ailleurs d'une active contrebande d'armes, et la piraterie n'entraînait nullement la suppression de relations commerciales régulières avec les nations dont les navires étaient pillés.

                  LOUIS XIV ET LA RÉGENCE D'ALGER

                  Comme dans ses relations avec Constantinople, Louis XIV fut guidé par ses inspirations diverses où l'on retrouve l'influence des « dévots » (duchesse d'Aiguillon, Vincent de Paul, la compagnie de Jésus) et celle de Colbert. Louis XIV voulait en effet, imposer le respect de son pavillon en Méditerranée, conserver les avantages économiques reconnus à la France sur les côtes Est de la Régence, mais aussi faire honneur à ses obligations de Souverain chrétien qui, aux yeux de la Catholicité, devait « assurer la vengeance sur les Turcs par la justice de ses armes ». (P. Dan).
                  Il lui fallait aussi veiller au maintien de l'alliance traditionnelle avec l'Empire Ottoman.
                  Les « dévots » triomphèrent d'abord, puis, après la mort de Saint Vincent de Paul, l'influence de Colbert devint prépondérante, et il retira les Consulats d'Afrique aux Lazaristes pour les confier à des fonctionnaires.
                  Dans tous les cas, le Roi fut amené à manifester sa puissance par des expéditions et des actions de guerre :
                  - 1661-1665 - Bombardement d'Alger.
                  - 1664 - Tentative d'occupation de Djidjelli.
                  - 1682-1683 - Duquesne bombarde Alger.
                  - 1688 - Bombardement d'Alger par d'Estrée.

                  L'action de Duquesne fut sans doute la plus importante par ses conséquences ; elle devait en effet aboutir au traité peu connu dit « de Tourville ». Duquesne exigeait la libération de tous les Chrétiens captifs en Alger, pris sur des bateaux français. En représailles du bombardement de la ville (26-27 Juin 1683), le Père Levacher, qui avait pourtant acquis une grande autorité auprès des Turcs, subit le supplice du canon, ainsi que vingt résidents français.

                  Duquesne regagna la France et laissa le Chevalier de Tourville en croisière le long des côtes de la Régence. Celui-ci, pressenti par Mezzo Morto, devenu Dey après l'exécution de son prédécesseur, négocia un traité qui fut signé le 25 Avril 1684. Ce traité, dit « de Tourville » devait, selon ses auteurs, assurer une paix de cent ans. Il servit de base aux conventions qui intervinrent ultérieurement entre la France et la Régence d'Alger.

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                  • #24
                    XVIIIème - XIXème SIÈCLES
                    LES FORCES QUI SOUTIENNENT L'ÉTAT

                    LES DEYS

                    Les Deys, élus de l'Odjaq, reçoivent toujours l'investiture du Sultan de Constantinople. Sans elle, ils ne pourraient se faire obéir des Turcs d'Alger, ni recruter leurs Janissaires.
                    Un ordre de succession a fini par se dégager au bénéfice du Khasnadji (ministre des finances) et de l'Agha des Janissaires. Une longue période de calme intérieur succède à la fameuse révolte des Arnaouds (Albanais) (1574) et deux Deys seulement se sont succédé dans la seconde moitié du XVIIIème siècle. Mohammed Othman Pacha qui régna de 1766 à 1791 est présenté par les chroniqueurs comme particulièrement intelligent et dévoué au service de l'État. Son règne peut être considéré comme une « modeste renaissance » dont les effets furent compromis par les guerres de la Révolution et de l'Empire qui redonnèrent une certaine importance aux corsaires.

                    Au début du XIXème siècle, trois Deys périrent victimes de l'Odjaq, et en 1816, Ali Khodja quitta la Djenina pour s'installer à la Casbah et se soustraire ainsi aux Janissaires.
                    Le Dey Hussein régnait depuis 1818 lorsque survint le débarquement français en 1830.

                    LES BEYS DES PROVINCES

                    Quant à l'administration des provinces d'Oran, du Titteri et de Constantine, elle était toujours confiée à des gouverneurs (Beys) dont certains, malgré leur cruauté, ont à leur actif d'intéressantes réalisations. L'un des plus célèbres est sans doute Salah Bey, placé en 1771 à la tête du Beylik de Constantine. Sa tragique histoire montre, que les Beys des provinces étaient étroitement surveillés par leur chef, le Dey d'Alger, toujours prêt à réprimer durement la moindre velléité d'indépendance.
                    Dans l'Oranais, le Bey de Mascara, Mohammed el-Kébir, esprit ouvert et énergique favorisa la culture des céréales. Détail curieux, ce Bey eut pour esclave et Ministre du Trésor, un Français nommé Thédena qui a laissé une relation de la vie dans le Beylik de l'ouest à la fin du XVIIIème siècle.

                    LES JANISSAIRES.

                    Ces soldats qui constituent toujours la base même du pouvoir de l'État, ne sont plus que 5.000 environ au début du XIXème siècle. Comme leurs congénères de Constantinople vers la même époque, ils semblent quelque peu décadents ; ils tiennent boutique ou vendent sur les marchés les produits de leurs terres.

                    LES KOULOUGHLIS

                    Devenus plus nombreux avec le temps, ils servent également dans l'armée. Bien que toujours méprisés des Turcs, ils sont cependant des auxiliaires précieux.
                    En 1830, une ville comme Tlemcen par exemple. était occupée par une centaine de Turcs seulement, mais les 4.000 Khouloughlis et leurs familles logés au Méchouar (citadelle), tenaient le pays.

                    LES TRIBUS MAKHZEN

                    Elles étaient formées de tribus guerrières privilégiées (exemptes de l'impôt sur la terre) ; et d'un amalgame de guerriers recrutés individuellement, constituant une « véritable légion permanente ». Ces forces supplétives permirent aux Turcs de se maintenir dans un pays hostile, malgré leur petit nombre. On peut citer les H'chem, les Douaïrs en Oranie, les Douaouda, et les Nemamecha dans le Constantinois.

                    LE TRÉSOR DE LA RÉGENCE D'ALGER

                    Comment était-il alimenté ? Parmi les multiples redevances, signalons ;
                    - l'impôt sur la terre (kharadj), perçu avec une extrême rigueur.
                    - les rachats des esclaves,
                    - les droits de douanes,
                    - les tributs des provinces (Oran-Constantine),
                    - les droits sur la cire, les bêtes abattues en ville, les droits sur les boutiques,
                    - la vente de certains emplois, la location d'esclaves à des particuliers,
                    - les biens de ceux qui mouraient sans descendance, les tributs des puissances étrangères,
                    - la taxe (djezya) levée sur les communautés non musulmanes, etc.

                    La situation du Trésor, peu brillante durant les périodes de troubles, s'améliore vers la seconde moitié du XVIIIème siècle. Certains Deys, Mohammed Othman en particulier, se montrèrent des administrateurs scrupuleux des finances de la Régence.


                    SITUATION INTÉRIEURE

                    LES SOULÈVEMENTS.

                    Les Turcs ne contrôlent guère que le 1/6 du pays ; montagnards kabyles et nomades des Hauts Plateaux, échappent toujours à leur autorité.

                    De 1810 à 1815, razzias, expéditions punitives, exécutions sommaires viennent difficilement à bout des révoltes qui s'allument dans les Babors, le Titteri, le Djurjura. Dans l'Oranais, les insurrections se multiplient à l'appel des prédicateurs religieux de la confrérie maraboutique des Derqaoua.

                    La misère des campagnes et la disette consécutives aux exportations massives de grains du début du XIXème siècle, suscitent des soulèvements durement réprimés. « Quand éclata le conflit entre la France et la Régence, le Dey n'avait pas encore réussi à rétablir son autorité ». (Julien).

                    L'AGRICULTURE ET LES EXPORTATIONS DE CÉRÉALES.

                    Selon Venture de Paradis. plus de la moitié du territoire de la Régence était en friche vers 1788. Cependant, vers la même époque la culture du blédur se développa particulièrement dans les beyliks (Provinces) d'Oran et de Constantinople. Les navires européens venaient à Oran, Arzew, Mers-el-Kébir, et surtout à Bône et La Calle, faire leurs chargements de blé. C'est ainsi que la Régence contribua de 1793 à 1800 au ravitaillement « des départements méridionaux et des armées d'Italie et « d'Égypte » (Julien).
                    Nous ne savons rien de la répartition des terres à cette époque, car l'histoire de la période turque progresse très lentement, mais à travers les « Notes » de Venture de Paradis, on devine, à côté de grands propriétaires, une masse de paysans misérables.
                    Autres cultures pratiquées dans la Régence : le tabac (environs d'Alger et de Bône), le riz (Miliana), le lin, la vigne, l'olivier, etc. « Bougie fournissait une quantité considérable d'huile qui approvisionnait la capitale (de la Régence) et les fabriques de savon de Marseille ». (Dubois-Thainville - 1809).





                    DÉCADENCE DE LA COURSE ET FIN DE L'ESCLAVAGE

                    Du XVIIIème siècle au début du XIXème siècle, la course a connu des fortunes diverses en fonction des vicissitudes de l'histoire européenne.
                    Dans le courant du XVIIème siècle, la course était progressivement devenue moins prospère ;
                    - l'organisation de convois,
                    - l'armement des navires marchands,
                    - les croisières à la sortie du Détroit de Gibraltar en particulier, parvinrent à préserver des pirates les plus riches cargaisons.
                    La flotte d'Alger, qui comptait 24 vaisseaux en 1724, tomba à « 8 chébecs et deux demi-galères en 1788 ». Les renégats disparurent des équipages devant les Turcs et les Albanais.
                    Pendant cette période, Alger fut cependant assez puissante, pour rejeter à la mer une expédition espagnole débarquée près de l'Harrach en 1775, et imposer à l'Espagne une « paix onéreuse après les bombardements de 1783-1784 par Angelo Barcelo.
                    La cession volontaire d'Oran en 1791 aux autorités d'Alger, mit un point final à la politique espagnole en Afrique du Nord. Oran devint alors la capitale du Beylik de l'ouest.
                    La Période révolutionnaire et les guerres de l'Empire, contribuèrent à donner un nouveau départ à 1a course. D'après le consul de Kercy (1791), les corsaires « enlevaient même les navires au mouillage dans les rades, contrairement, dit-il, aux engagements pris, selon lesquels ils ne pouvaient faire des prises en deçà de la portée de canon des côtes de France ».
                    En 1815, avec le Raïs Hamidou, la flotte d'Alger compta jusqu'à 30 navires.
                    Quant aux puissances européennes, et aux États-Unis, ils jugeaient plus expédient de payer tribut dans l'espoir d'acheter la paix.
                    Après les guerres de l'Empire, les puissances européennes n'ayant pu se mettre d'accord sur une attitude commune à l'égard des corsaires d'Alger, agirent chacune pour son compte :
                    -1815 : les États-Unis obtiennent un traité après saisie d'un navire algérien en Méditerranée.
                    - 1816 : Lord Exmouth et Van Cappelen écrasent la ville sous 34.000 projectiles et Alger signe un nouveau traité avec l'Angleterre.
                    - La même année, la France refuse son adhésion à un projet de suppression de la piraterie, élaboré à Londres, et qu'elle jugeait trop favorable à l'Angleterre. La guerre de course survivait grâce aux rivalités européennes.
                    - En 1830, le port d'Alger n'abritait qu'une dizaine de navires et 32 chaloupes canonnières.

                    L'ESCLAVAGE.

                    Les esclaves ne ramaient plus à bord des navires : la voile avait remplacé l'aviron et on hésitait à risquer une marchandise qui se raréfiait. Les plus malheureux étaient toujours ceux employés sur les chantiers publics, le sort des autres était beaucoup moins rigoureux qu'autrefois. Si les esclaves étaient moins nombreux, le prix des rançons avait quintuplé. La courbe des effectifs est parallèle à celle de la course :
                    800 esclaves en 1788 ; 1642 en 1816, et 122 en 1830.
                    Dernière modification par KhanPakis, 12 août 2006, 00h05.

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                    • #25
                      ALGER AU XVIIIème SIÈCLE

                      De nombreuses calamités s'abattirent sur Alger dans le courant du XVIIIe siècles : entre autres, des épidémies de peste (1740-1752-1787-1798 et 1817) et des tremblements de terre (1755).
                      « La peste n'est point indigène à Alger, elle est toujours venue de l'Est ». (c'est-à-dire d'Égypte ou de Syrie), déclare Boutin en 1808, dans son rapport à l'Empereur. L'épidémie de 1787, particulièrement meurtrière, enleva le tiers de la population.

                      QUELQUES CHIFFRES :

                      Pour l'ensemble de la Régence : 3.000.000 d'âmes environ selon Boutin, mais ajoute-t-il, « c'est une estimation de confiance ».
                      Pour Alger : 73.000 habitants en 1808, selon Boutin, 30.000 en 1830 (Rozet-Voyage dans la Régence d'Alger). Cette chute verticale n'est sans doute pas un indice de grande prospérité.
                      Vers 1830, les revenus de la course étaient à peu près nuls, et le trafic du port restait fort réduit : laine cuir et cire, d'ailleurs monopolisés par le Dey, constituaient toujours l'essentiel des sorties.
                      Alger demeurait cependant le centre d'un commerce intérieur actif, et d'une activité artisanale qui s'est maintenue jusqu'en 1830.
                      Parmi les constructions importantes de cette époque, on peut citer :
                      - La mosquée Ketchaoua (1794), devenue cathédrale après d'importantes transformations.
                      - Des maisons mauresques et des Palais comme Dar Mustapha Pacha (1798) construit par le Dey Mustapha, assassiné en 1805, le Palais du Bardo, magnifique maison de campagne de la fin du XVIIIème siècle (gravure 7).
                      - Un aqueduc long de 8 km, qui amenait l'eau de l'Aïn Zeboudja, à travers le ravin d'Hydra, jusqu'à la Casbah. De plus, les Deys s'attachèrent à augmenter encore le nombre des fontaines publiques.




                      LA VIE RELIGIEUSE ET L'ENSEIGNEMENT

                      LES CONFRÉRIES

                      Au Maghreb où le culte des saints a toujours été vivace se constituèrent de véritables ordres religieux. C'étaient des sociétés secrètes dont les membres, liés par des rites communs, une obéissance absolue au chef ou Cheikh, se considéraient comme des frères ou Khouan.
                      Certaines de ces confréries avaient seulement une importance locale : les Rahmania de Kabylie. D'autres rayonnaient sur le Maghreb tout entier, voire même sur le monde de l'Islam : Taïba. Kadria, Chadelia...
                      Les Turcs eurent à combattre leurs insurrections au début du XIXème siècle

                      L'ENSEIGNEMENT

                      Écoles coraniques

                      Comme en Europe à la même époque. l'Enseignement n'était pas un service public. La piété des populations favorisa le développement de nombreuses écoles coraniques. Le taleb ou maître d'école, y enseignait les versets du Coran, les rudiments de l'écriture arabe et les préceptes religieux.
                      Médersas et Zaouïas.
                      Un enseignement plus élevé était donné dans les Médersas et les Zaouïas, établies auprès des mosquées, sous la direction du corps des Oulémas. Ces écoles supérieures auraient compté jusqu'à « 2 à 3.000 élèves par province » (Emerit). On peut citer les Médersas de M'sila, de Sidi Abd er-Rahman Ilouli (Grande Kabylie), Mazouna (Oranais), spécialisée dans le Droit musulman, Chellata de Sidi Ali Chérif (commune d'Akbou). La tradition rapporte que l'Imam de la mosquée de Sidi Ramdan à Alger, derrière l'actuel boulevard de Verdun, enseignait les successions, la géométrie et l'astronomie.
                      Les étudiants étaient logés et nourris gratuitement sur les revenus de fondations pieuses, (habous). Ils pouvaient également être hébergés ou entretenus par des particuliers aisés. A la bonne saison, ils se répandaient à travers la contrée pour collecter des fonds. A la fin de leurs études, ils choisissaient la carrière religieuse ou la carrière judiciaire.




                      FIN DE LA PÉRIODE TURQUE

                      En 1827, l'affaire des céréales exportées de la Régence vers la France, de 1793 à 1800, n'était toujours pas réglée. Le Dey Hussein considérait le Consul de France, Deval comme responsable de cette situation. Le 29 Avril 1827, une discussion orageuse entre le Dey et Deval se termina par un coup de chasse-mouches : le fameux coup d'éventail. La France exigea des excuses, sur le refus du Dey, elle mit le blocus devant Alger ; opération onéreuse et inefficace. Le 3 Août 1829, les batteries côtières bombardèrent le vaisseau parlementaire « La Provence », à sa sortie du port d'Alger.
                      Sans diminuer l'importance de ces événements on doit noter que l'explication des gestes décisifs qui conduisirent aux hostilités entre la France et la Régence, peut être également recherchée dans l'évolution de la politique intérieure française vers 1830.
                      L'impopulaire Ministère Polignac n'espérait-il pas redresser une situation difficile par une éclatante victoire militaire ?. Le 31 Janvier 1830, il fut décidé qu'une action serait entreprise contre la Régence d'Alger. Le 25 Mai 1830, la flotte française quittait Toulon sous les ordres de l'Amiral Duperré. Le 14 juin, le corps expéditionnaire commandé par le Général de Bourmont débarquait sur la presqu'île de Sidi-Ferruch à 26 km à l'ouest d'Alger. Le 5 Juillet, la capitulation du Dey livra la ville. Quelques jours plus tard, le Dey Hussein gagnait Livourne.
                      Dans le courant d'Août, les janissaires furent embarqués pour l'Asie mineure. En quelques semaines, la domination trois fois séculaire d'une caste militaire s'était effondrée sans même laisser de traces apparentes sur la société arabe-berbère. Cependant, la prise d'Alger n'entraîna pas « la soumission spontanée de la Régence » (Julien). Pour désigner cette conquête, la Monarchie de Juillet devait créer un vocable qui est désormais entré dans l'Histoire: C'est ainsi que la Régence d'Alger devint l'ALGÉRIE.

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                      • #26
                        Bonjour,

                        Merci pour ce très bon résumé de la période turque en Algérie. J'aimerais si vous me le permettait mettre en avant deux choses qui manque aux informations que vous nous présentés:

                        1. Vos sources et citations bien qu'excellentes, manque d'une vision "locale" de la Régence. Par exemple je vous encourage a lire "Le Miroir" (1831) de Hadj, Hamdan Khodja, ministre des finances et ambassadeur auprés de la France et de l'Angleterre de Hussein Dey. On y trouve quelques statistiques et de nombreuses précisions sur une société tout de même trés mal connue par les occidentaux. Haedo et Cervantès par exemple on mieux connu les prisons d'Alger que le mode de vie des algérois, même si la lecture de ouvrages de ses auteurs reste très enrichissante.

                        2. Ma seconde remarque découle de la premiére, je ne suis pas du tout d'accord avec l'idée généralement accépté en occident selon laquelle l'Odjak serait une milice étrangére placée en Algérie et téléguidée depuis Istanbul. c'est peut-être vrai au tout début mais trés vite, les contingents venu de tout l'empire Ottoman pour étoffer cette milice ne suffisait plus et la rendait dangereusement dépendante du bon vouloir de la Sublime Porte. Un ouvrage intitulé " Alger au 16iéme siécle" édité par l'université Ben Gourion de Tel-Aviv, (désolé je n'ai pas les références exactes sous la main) se base sur l'examen des registres mortuaires de cette période pour affirmer que la Milice était beaucoup plus hétérogéne qu'on ne le croît (les turcs comme vous le savez étaient des "fous" des rapports et du fonctionnariat, les sources sont nombreuses).
                        Ces registres montrent que la milice comptait des officiers d'origine Kabyle (nom de famille) Arabes, ou plus couramment Kouloughli. D'ailleurs certains rapports font état des marriages contractés entre Turcs et Kabyles. Bien sûr la vieille garde turque était trés méfiante a l'égard de ses hommes nouveaux, surtout aprés la révolte des Kouloughlis, mais plus le temps passe et plus la Régence affirme son indépendance vis-avis d'Istanbul, notamment en recrutant parmi les populations locales, surtout dans l'arriére pays, Tlemcen, Constantine sont des exemple parfait de l'integration des populations d'origine turques a celles d'origine Bérbéro-arabes. Hadj Hamdan Khodja dont je vous ait parlé plus haut confirme ces informations puisqu'il n'est pas d'ascendance turque, il n'en est pas moins grand homme d'État et richissime propriétaire terrien.


                        Voila je voulais ajouter cela pour qu'on arrête de croîre a la propagande française qui date des préparatifs de la prise d'Alger, des agents français pénétrant en Algérie via la Tunisie, se sont mis a distribué des tracts de tout genre (régigé en Arabe) appelant les tribus Kabyles a se soulever contre la Régence, présenté comme un puissance colonisatrice. Votre introduction qui parle de colonie Turque en Algérie (?) montre bien l'aspect tendancieux de vos sources. On connaît aujourd'hui les conséquences de cette propagande sur l'unité du peuple algériens. Sans parler du fait que les français on profité de l'étiquette "turcs" pour déposséder les Algérois de leurs biens et de leur terres malgré les traités de capitulations et pour les expulser vers une turquie qu'ils n'avaient pas vu depuis 20 générations!

                        Quand un pays n'a plus de fonctionnaires, qu'on a brulé tout les registres, tout les comptes, toutes les factures, les titres de propriété, ont peut alors pillé en toute impunité, personne ne va venir contester quoique ce soit, et aprés on dit qu'on a colonisé des barbares en leur apportant la civilisation...

                        Merci de m'avoir lu.

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