ALGER, 18 mars (IPS) – (InfoSud) En 2007, les services de sécurité algériens ont enquêté sur 25 affaires de trafic de patrimoine et ont récupéré 1.310 pièces archéologiques. Diverses mesures ont été prises ces dernières années pour combattre ce trafic, qui est aussi lié au tourisme et facilité par Internet.
En 2007, les services de sécurité algériens ont enquêté sur 25 affaires de trafic et de vol de pièces archéologiques et en ont récupéré 1.310, dont 26 pièces de monnaie anciennes et 200 fossiles d’animaux marins. Ce type de délit n'est pas nouveau, mais, selon le responsable de communication de la Gendarmerie nationale, il a pris des proportions alarmantes depuis l’an 2000 environ.
Organisés en réseaux internationaux, les trafiquants proposent "ces objets volés d’une valeur inestimable à la vente via Internet", ajoute ce responsable. Dans nombre de cas, ce sont des touristes qui volent les objets sur les sites qu’ils visitent, notamment au parc Tassili, classé patrimoine mondial de l’humanité, puis les vendent à des trafiquants qui, à leur tour, tentent de les écouler, cachés derrière l’anonymat de l’Internet. Parfois, ces touristes bénéficient de complicités d’Algériens, notamment, explique la gendarmerie, lors des vols dans les musées.
L’exemple le plus édifiant reste incontestablement celui des touristes allemands arrêtés en 2004 pour le vol de 130 fossiles du parc du Tassili, au sud du pays. Jugés, ils ont été condamnés à trois mois de prison fermes et à 35,2 millions de dinars (330.000 euros) d’amende.
Autre exemple : le vol, en 1996 de neuf statuettes, dont une en marbre représentant la tête de l’empereur romain Marcus Orlius, au musée de Skikda, dans l’Est. Cette statue du 2e siècle avait été dérobée avec la complicité d’Algériens. Restituée en décembre dernier par l’Administration de l’immigration et des douanes américaines, la statuette avait été découverte à New York, chez Christie's, la célèbre maison d'enchères. La directrice du bureau des enquêtes des douanes américaines, Mme Forman, a indiqué que "cette pièce n’est pas un souvenir à vendre au plus offrant, mais un trésor inestimable qui fait partie de l’histoire de l’Algérie". L’affaire du musée de Djibrine a aussi défrayé la chronique. Les services de la police algérois ont récupéré, en 2007, 98 objets archéologiques qui y avaient été volés.
Vente sur l’internet
Plus de 200 sites Internet proposant des pièces venues d’Algérie ont été répertoriés par la Gendarmerie nationale, a indiqué le lieutenant Medjahed, chef de la cellule de protection du patrimoine de l’Institut national de criminologie et criminalistique. D’après lui, la "décennie noire", celle marquée par le terrorisme, a profité aux pilleurs, notamment aux touristes occidentaux.
En effet, "durant cette période, la priorité a été accordée à la lutte antiterroriste. De 1990 à 1996, les services de la gendarmerie n’ont traité que trois affaires liées au pillage d’œuvres d’art et de 1998 à 2004, seules 25 affaires de trafic de patrimoine ont été recensées", note le commandant Abdelatif Keroud, adjoint-chef de communication au commandement de la Gendarmerie nationale.
Robert Vernet, préhistorien, chercheur au Centre interafricain d’archéologie et professeur aux universités de Niamey et Nouakchott, a déclaré au journal algérois El Watan que la progression des affaires liées au pillage archéologique "quels qu’en soient les chiffres, n’est que la partie émergée de l’iceberg. Mais il ne faut pas fatalement parler de trafic : le pillage n’est pas seulement le fait de trafiquants… Depuis toujours, les ‘gens du coin’ ont récupéré des objets pour leur usage personnel ou pour en tirer profit", a-t-il ajouté.
Cependant, parmi les auteurs de ces vols, certains ont un comportement de prédateur quasi pathologique, remplissant des cantines entières d’objets archéologiques. De véritables trafics organisés, avec complicités sur le terrain, dans les aéroports et chez les antiquaires en Europe et aux États-Unis.
Mieux contrôler
Devant la progression de ces vols, l’Algérie a ratifié la Convention internationale pour la protection du patrimoine culturel mondial qui oblige les États signataires à protéger celui-ci. La Gendarmerie a mis sur place en 2005 trois cellules régionales de protection du patrimoine, en plus d’un bureau central, qui sont à l’origine de la récupération des 1.310 pièces archéologiques retrouvées l’an dernier.
"Avant, les touristes occidentaux circulaient librement sur les sites archéologiques du sud du pays" poursuit le commandant Abdelatif Keroud. "Aujourd’hui, les choses ont changé. Les agences de voyages informent la Gendarmerie nationale de l’arrivée de groupes de touristes. Ces derniers seront escortés par des gendarmes lors des randonnées et des excursions effectuées sur les sites".
Parmi les mesures prises pour lutter efficacement contre ce trafic figure aussi la création d’une banque de données comprenant des informations précises sur les pièces archéologiques et culturelles que renferment les sites algériens. L’Algérie compte plus de 500 espaces archéologiques et historiques, dont sept (Tassili, Timgad, Tipasa, Djemila, Oued M’Zab, la Casbah et Kalaât Béni Hamed) sont classés patrimoine mondial par l’Unesco
En 2007, les services de sécurité algériens ont enquêté sur 25 affaires de trafic et de vol de pièces archéologiques et en ont récupéré 1.310, dont 26 pièces de monnaie anciennes et 200 fossiles d’animaux marins. Ce type de délit n'est pas nouveau, mais, selon le responsable de communication de la Gendarmerie nationale, il a pris des proportions alarmantes depuis l’an 2000 environ.
Organisés en réseaux internationaux, les trafiquants proposent "ces objets volés d’une valeur inestimable à la vente via Internet", ajoute ce responsable. Dans nombre de cas, ce sont des touristes qui volent les objets sur les sites qu’ils visitent, notamment au parc Tassili, classé patrimoine mondial de l’humanité, puis les vendent à des trafiquants qui, à leur tour, tentent de les écouler, cachés derrière l’anonymat de l’Internet. Parfois, ces touristes bénéficient de complicités d’Algériens, notamment, explique la gendarmerie, lors des vols dans les musées.
L’exemple le plus édifiant reste incontestablement celui des touristes allemands arrêtés en 2004 pour le vol de 130 fossiles du parc du Tassili, au sud du pays. Jugés, ils ont été condamnés à trois mois de prison fermes et à 35,2 millions de dinars (330.000 euros) d’amende.
Autre exemple : le vol, en 1996 de neuf statuettes, dont une en marbre représentant la tête de l’empereur romain Marcus Orlius, au musée de Skikda, dans l’Est. Cette statue du 2e siècle avait été dérobée avec la complicité d’Algériens. Restituée en décembre dernier par l’Administration de l’immigration et des douanes américaines, la statuette avait été découverte à New York, chez Christie's, la célèbre maison d'enchères. La directrice du bureau des enquêtes des douanes américaines, Mme Forman, a indiqué que "cette pièce n’est pas un souvenir à vendre au plus offrant, mais un trésor inestimable qui fait partie de l’histoire de l’Algérie". L’affaire du musée de Djibrine a aussi défrayé la chronique. Les services de la police algérois ont récupéré, en 2007, 98 objets archéologiques qui y avaient été volés.
Vente sur l’internet
Plus de 200 sites Internet proposant des pièces venues d’Algérie ont été répertoriés par la Gendarmerie nationale, a indiqué le lieutenant Medjahed, chef de la cellule de protection du patrimoine de l’Institut national de criminologie et criminalistique. D’après lui, la "décennie noire", celle marquée par le terrorisme, a profité aux pilleurs, notamment aux touristes occidentaux.
En effet, "durant cette période, la priorité a été accordée à la lutte antiterroriste. De 1990 à 1996, les services de la gendarmerie n’ont traité que trois affaires liées au pillage d’œuvres d’art et de 1998 à 2004, seules 25 affaires de trafic de patrimoine ont été recensées", note le commandant Abdelatif Keroud, adjoint-chef de communication au commandement de la Gendarmerie nationale.
Robert Vernet, préhistorien, chercheur au Centre interafricain d’archéologie et professeur aux universités de Niamey et Nouakchott, a déclaré au journal algérois El Watan que la progression des affaires liées au pillage archéologique "quels qu’en soient les chiffres, n’est que la partie émergée de l’iceberg. Mais il ne faut pas fatalement parler de trafic : le pillage n’est pas seulement le fait de trafiquants… Depuis toujours, les ‘gens du coin’ ont récupéré des objets pour leur usage personnel ou pour en tirer profit", a-t-il ajouté.
Cependant, parmi les auteurs de ces vols, certains ont un comportement de prédateur quasi pathologique, remplissant des cantines entières d’objets archéologiques. De véritables trafics organisés, avec complicités sur le terrain, dans les aéroports et chez les antiquaires en Europe et aux États-Unis.
Mieux contrôler
Devant la progression de ces vols, l’Algérie a ratifié la Convention internationale pour la protection du patrimoine culturel mondial qui oblige les États signataires à protéger celui-ci. La Gendarmerie a mis sur place en 2005 trois cellules régionales de protection du patrimoine, en plus d’un bureau central, qui sont à l’origine de la récupération des 1.310 pièces archéologiques retrouvées l’an dernier.
"Avant, les touristes occidentaux circulaient librement sur les sites archéologiques du sud du pays" poursuit le commandant Abdelatif Keroud. "Aujourd’hui, les choses ont changé. Les agences de voyages informent la Gendarmerie nationale de l’arrivée de groupes de touristes. Ces derniers seront escortés par des gendarmes lors des randonnées et des excursions effectuées sur les sites".
Parmi les mesures prises pour lutter efficacement contre ce trafic figure aussi la création d’une banque de données comprenant des informations précises sur les pièces archéologiques et culturelles que renferment les sites algériens. L’Algérie compte plus de 500 espaces archéologiques et historiques, dont sept (Tassili, Timgad, Tipasa, Djemila, Oued M’Zab, la Casbah et Kalaât Béni Hamed) sont classés patrimoine mondial par l’Unesco
