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Un pouvoir en quête de légitimité - Le temps du parti unique, Saïd Chibane

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  • Un pouvoir en quête de légitimité - Le temps du parti unique, Saïd Chibane

    Le mode de gouvernance algérien de 1962 à 1988

    C’est parce que la passion d’écrire sur notre histoire récente était forte, que l’auteur Saïd Chibane s’est attelé dès son départ à la retraite en 2001 à se lancer dans l’univers de l’écriture.


    Saïd Chibane vient de signer aux éditions Le Montagnard son premier ouvrage intitulé Un pouvoir en quête de légitimité. Ce texte, tient à rappeler l’auteur en guise d’avertissement, a été achevé en décembre 2010 avant les événements qui ont secoué la Tunisie.

    «Puis, ce fut l’effet domino. La contagion va atteindre plus ou moins toute l’Afrique du Nord et le Moyen-Orient, toutes les régions de non-droit. Le 17 janvier 2011, c’est au tour du géant égyptien de basculer. Quelques mois plus tard, en octobre 2011, après une guerre civile dévastatrice, le guide libyen est tué dans une ultime bataille des révolutionnaires près de sa ville natale, Syrte», explique-t-il en substance. Riche de 332 pages, l’incipit du livre s’ouvre sur le 19 mars 1962. C’est le cessez-le-feu en Algérie. Les désaccords entre les dirigeants de la guerre d’indépendance apparaissent au grand jour. Certains d’entre eux, assoiffés de pouvoir, décident de faire un coup de force contre les instances de la «Révolution». Aidés par «l’armée des frontières» dirigée par Houari Boumediène, chef d’état-major général, ils décident de transformer le FLN de la guerre en parti unique, en instituant d’autorité un bureau politique qui aura pour tâche de préparer les institutions de l’Algérie indépendante en lieu et place du GPRA, gouvernement légitime.

    C’est la première atteinte à la légitimité historique. Un système autoritaire commencera à s’installer dans le pays du «million et demi de martyrs». Il sera dirigé d’abord par Ahmed Ben Bella, qui entamera son règne par le harcèlement et l’emprisonnement de plusieurs anciens responsables de la Révolution. En condamnant à mort le colonel Chaâbani, chef de la 6e Région militaire en 1964, sous le couvert d’une cour martiale expéditive, le nouveau pouvoir ouvre la voie à l’assassinat politique comme mode de gouvernance. C’est le début du règne du pouvoir personnel, de l’arbitraire et du déni de droit. «Le régime se proclame socialiste. Une sorte de démocratie populiste et non populaire, spécifiquement algérienne, faite de slogans creux, de propagande et de mensonges, car dans la réalité tout est verrouillé et interdit en dehors de la ligne politique tracée par le parti unique. C’est le règne de la pensée unique, de la démagogie, de la médiocrité et de la folie des grandeurs», précise l’auteur. Trois années à peine de gouvernance en solo et le voilà déposé par un Conseil de la Révolution le 19 juin 1965. L’homme fort, Houari Boumediène, prend les rênes du pouvoir à la suite d’une proclamation où il fustige et dénonce les méthodes de gouvernance de son prédécesseur.

    Il gouvernera sans partage à la tête du CR durant 11 ans (1965/1976). Il se fera élire président de la République en 1977 dans la même forme que Ben Bella, sous le couvert d’un scrutin électoral préfabriqué et d’une nouvelle Constitution sur mesure élaborée sous ses ordres en 1976. «Comme son prédécesseur, il gouvernera avec arrogance, arbitraire et paternalisme. C’est d’ailleurs durant son règne que le régime s’est durci en procédant directement par ses hommes de main (la SM) à l’assassinat d’opposants politiques, anciens responsables de la Révolution, notamment Khider en 1967 et Krim Belkacem en 1970. Ce sera la naissance de ce que les Algériens appelleront le système». Durant sa période se développeront tour à tour mauvaise gestion, corruption, passe-droits, piston et autres maux sociaux. Pourvu que les Algériens ne s’occupent pas de politique. C’est finalement la maladie qui a eu raison de Boumediène. Il décède en décembre 1978. Immédiatement, suite à un conclave d’officiers supérieurs de l’ANP, on désigne le colonel Bendjedid comme candidat unique à la tête de l’Etat. Il sera élu comme ses prédécesseurs suite à un scrutin de pure forme. Comme son prédécesseur, il gouvernera sous l’égide du parti unique jusqu’en 1989. C’est la règle du système ; à chaque Président «sa» Constitution. C’est durant son règne que la contestation populaire commencera à monter durant la décennie 1980 jusqu’à l’explosion du 5 octobre 1988.

    Après deux mandats successifs, explique Saïd Chibane, le voilà qu’il rempile pour un troisième mandat fin 1988, alors qu’il est en train de concocter sa propre Constitution. Selon l’auteur, cette Constitution soi-disant pluraliste devait ouvrir la voie à la démocratie et à l’alternance au pouvoir. Qu’en sera-t-il réellement ? Serait-ce l’instauration de l’alternance et de la démocratie ou simplement une «fausse ouverture» en attendant que le «système» se régénère et ressaute de nouveau toujours sous le couvert d’une légitimité douteuse ? Après la publication de ce premier jet consacré au temps du parti unique, l’auteur, Saïd Chibane, compte éditer prochainement une seconde partie intitulée La fausse ouverture. A travers ce nouveau livre, il tentera de décortiquer la fin du règne énigmatique de Chadli Bendjedid et les interventions du «cabinet noir» dans les différentes étapes suivantes : la décennie noire, le HCE, Zeroual et Bouteflika. C’est du moins ce qu’il nous a déclaré lors de sa récente vente-dédicace à Alger. 

    Nacima Chabani El Watan
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