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Les nouveaux doctorants américains s’intéressent à des pans de l’histoire coloniale de l’Algérie

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  • Les nouveaux doctorants américains s’intéressent à des pans de l’histoire coloniale de l’Algérie

    Dans la lignée des nouveaux doctorants américains qui s’apprêtent à publier des thèses portant sur des pans de l’histoire de l’Algérie, Brock Cutler de la Radford University, invité par le CEMA (centre d’études maghrébines en Algérie) a donné jeudi une communication intitulée « Du massacre et de la modernité : nature et signification en Algérie (1865-1870).»



    L’intitulé peut paraître paradoxal mais c’est justement tout l’intérêt du travail de l’historien qui, se basant sur un événement précis, le massacre de commerçants d’une caravane appartenant à une tribu tunisienne Hamama par des cavaliers des Nemamcha en 1868, va tenter de comprendre d’une part les conséquences des catastrophes naturelles sur le comportement humain et de l’autre le rapport à la modernité et à la rationalité du triptyque colons, indigènes et pouvoir militaire de l’époque représenté localement par ce qu’on appelait le «bureau arabe».
    Un vaste champ d’analyse pour lequel l’universitaire n’a «pas de réponses précises mais plutôt des hypothèses et des interrogations » qui, il l’espère, vont apporter de l’eau à son moulin une fois débattues et approfondies. La problématique du rapport à l’écrit (la parole écrite, la trace et l’archive) comme un des fondements de la rationalité et de la modernité occidentale est le moteur de son investigation par lequel, en filigrane, il va tenter de baliser cette prétendue frontière culturelle entre les deux mondes.
    Brock Cutler n’omet pas de rappeler le contexte extrêmement difficile dans lequel l’événement a lieu. Une double invasion acridienne entre 1866 et 1867 couplées à de sécheresses répétitives qui ont engendré, dans un contexte colonial où les indigènes ne jouissaient déjà que de très peu de considération, une famine inédite, des épidémies et des mouvements d’exode et d’abandon des terres pour aller chercher du travail dans les villes. Pour donner une idée de la gravité de cette catastrophe qui a fini par toucher l’ensemble des trois départements français d’Algérie de l’époque, il estime à 200 000 le nombre de morts pour le Constantinois, 220 000 pour l’Algérois et 400 000 pour l’Oranie.
    A Tébessa où l’événement tragique a eu lieu, «la situation a généré un changement important dans la dynamique du pouvoir local et dans l’organisation sociale». L’historien évoque la consolidation de l’intérêt commun grâce notamment à la proclamation «officielle» d’un pacte d’aide mutuel qui prévoit également la mobilisation à la demande des troupes de chaque tribu en cas de menace. Au milieu de cet immense désespoir, «les Nemamcha avaient perçu comme une insulte l’autorisation donnée en 1968 par le pouvoir colonial à la caravane des Hamama pour rentrer en Algérie.»
    Les causes du massacre ne sont évidemment pas simples à démêler avec, en sus, l’ambigüité de l’attitude adoptée par les officiers du bureau arabe. Ces derniers avaient-ils ou pas ordonné la razzia ? Lors du procès intenté dans un tribunal militaire, ils avaient nié avoir donné un tel ordre, ce que ne soutient pas le chef tribal qui a mené l’assaut. La hiérarchie militaire fonctionne avec des ordres écrits, garants de la transparence mais les relations entre militaires et chefs tribaux sont d’une autre nature. Autrement, le procès aurait pris une autre tournure.
    « L’écriture justifierait l’action », explique l’historien pour revenir à sa problématique en évoquant à ce sujet l’existence d’une lettre jamais récupéré sensée avoir été envoyée par le chef tribal à son frère. Brock Cutler, qui analyse aussi les représentations dans le discours colonial, fait néanmoins la différence du traitement médiatique de la situation générée par ce drame entre la presse coloniale et la presse métropolitaine. Comme autre conséquence, il évoque «le débat parlementaire survenu en 1899 mettant dos à dos les Algériens et le régime militaire colonial.» Mais pour lui, la question de «la nature antimoderne de la violence reste toujours posée.»

    Djamel Benachour

    el watan
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