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Brahim Tazaghart, écrivain: « Le combat aujourd’hui est de faire de tamazight une langue officielle »

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  • Brahim Tazaghart, écrivain: « Le combat aujourd’hui est de faire de tamazight une langue officielle »

    Brahim Tazaghart est écrivain et militant de la cause berbère. Dans cet entretien, il revient sur le 1er jour de l’an amazigh, le combat pour l’officialisation de tamazight et sa dernière visite à Taghit (Béchar) dans une rencontre organisée par le Haut Commissariat à l’amazighité (HCA).Reporters : Nous célébrons aujourd’hui le Nouvel an amazigh 2965. Que peut encore représenter cette date pour les Algériens, en particulier les jeunes générations ?Brahim Tazaghart : Les jeunes générations ont besoin de repères, d’Encrages solides dans leur culture et leur histoire. Yennayer nous place comme un peuple à part parmi d’autres peuples du monde. Nous sommes des Nord-Africains, des Amazighs, avec les apports essentiels qui sont l’Islam et la langue arabe. Yennayer met en avant un pont de notre passé à travers Chachnaq qui a accédé au trône pharaonique. Les jeunes générations doivent savoir que les Amazighs, les pharaons, les Grecs ont façonné la civilisation méditerranéenne. De ces faits historiques, ils sauront qu’ils ne viennent pas du néant. D’un autre point de vue, Yennayer est l’antithèse de la mondialisation version totalitaire qui veut effacer toutes les cultures au profit de celle du seul profit. Yennayer est un atout à la réinvention de l’humanisme, au renforcement de l’inter-culturalité.Qu’en est-il du combat pour l’officialisation de cette date dans notre pays ?Il y a une demande, mais il n’y a pas un combat proprement dit. Le combat est celui qui consiste à faire de tamazight une langue officielle à côté de la langue arabe. Cela dit, des associations, des personnalités, des partis, à l’instar du FFS, avancent cette requête. Malheureusement, le pouvoir n’a pas encore l’intelligence de solutionner les questions sans qu’il soit sous pression. Il ne sait pas faire plaisir à son peuple, même lorsqu’il s’agit d’une fête.Quels sont les moyens et les arguments dont vous disposez pour concrétiser l’officialisation de cette journée, aux côtés d’autres journées nationales ?Cette journée est une manifestation concrète de notre personnalité d’Algériens, elle nous unit du Sud au Nord, d’Est en Ouest, et elle est un atout à la cohésion et à l’unité symbolique de notre peuple et, au-delà, des peuples nord-africains. Le pouvoir doit investir sur ce qui unit et non pas sur ce qui divise. Diviser pour régner doit laisser place à la consolidation de l’unité qui sécurise peuple et Etat.Cette journée, comme celle du 31 décembre d’ailleurs, est célébrée dans la quasi-totalité du territoire national pratiquement dans son seul aspect folklorique qu’est la célébration culinaire. Est-ce suffisant ?L’aspect folklorique, même s’il est important, n’est pas suffisant. Yennayer est l’entame ; à ce titre, il doit remplir cette fonction. Entamer une visite éclairée et intelligente de notre histoire, de l’Antiquité à nos jours, est nécessaire. Mettre en évidence les moments forts, ceux des victoires et des résistances pour inculquer aux nouvelles générations les valeurs qui sont celles de ce pays qui n’a jamais cédé à aucun adversaire. Entamer l’élaboration d’un projet culturel national, consensuel qui soit le soubassement à tout élan de développement. Entamer une politique de dialogue national entre Algériens afin qu’ils réalisent la force de ce qui les unit devant la faiblesse de leurs différences. Yennayer est un testament de cohésion légué par les ancêtres, il faut le célébrer pour le renouveler chaque année.Cette journée a-t-elle la même valeur dans toutes les régions d’Algérie ?Cette journée est l’expression parfaite de notre personnalité. Au même moment, les Algériens réalisent les mêmes rites, se comportent de la même façon, abordent le monde avec le même regard et la même vision. C’est extraordinaire comme les peuples maintiennent leur cohésion culturelle et symbolique contre vents et marées.Peut-on dissocier votre action de celle pour l’officialisation de tamazight ?L’officialisation de tamazight est l’objectif principal que visent toutes nos actions. De cette reconnaissance découlera l’ensemble du processus de la promotion de tamazight comme langue, culture, identité et civilisation. Des gens qui ne maitrisent pas ce dossier disent : « quelle variante officialiser ? » Je leur dis, l’officialisation permettra l’institution d’une académie, l’allocation des moyens financiers et scientifiques qui vont rapprocher toutes les variantes qui sont déjà très proches. Il est du rôle de l’Etat d’être au service de la nation, des langues de la nation. Les langues ne s’aménagent pas naturellement, par magie. C’est à l’Etat de le permettre par ses textes et ses institutions.Vous étiez dernièrement aux côtés de plusieurs personnalités culturelles dans le sud du pays, précisément à Béni Abbès. Pouvez-vous nous donner plus de détails sur cette visite ? A-t-elle un lien avec votre combat pour tamazight ?A Taghit, le HCA a organisé des ateliers de traduction et des sorties sur le terrain. Quatre romans en arabe et trois en langue française ont été traduits vers tamazight. Des romans d’auteurs algériens comme Ahlam Mestghanmi, Mohamed Sari, Hamid Grine, Azedine Mihoubi… Il y avait aussi la réalisation d’un beau livre bilingue amazigh-français sur les Aurès, dont l’auteur est votre confrère du quotidien Liberté Rachid Hamattou. Il y avait aussi des sorties sur le terrain, essentiellement vers Igli et d’autres villages amazighophones. A Igli, nous avons trouvé plus de 5 associations amazighes, ce qui est considérable. Voilà, en résumé, le but de la visite dans le Sud. Le combat pour tamazight est multiforme. Il avance dans toutes les directions.Vous êtes depuis des décennies militant de la cause identitaire. Aujourd’hui, vous êtes également propriétaire d’une maison d’édition Tira. Quel est l’apport de cette dernière dans la promotion de la langue et de la culture amazighes ?Les traductions réalisées à Taghit seront coéditées par le HCA et Tira. C’est d’ailleurs la raison essentielle de ma présence à Taghit. Les éditions Tira, que je dirige, se placent entièrement au service de la production livresque en tamazight. C’est sa raison d’être. C’est l’un des prolongements concrets que j’ai donné à mon engagement militant. Le militantisme doit évoluer avec les temps et produire des plus-values. Tout le monde admet que l’avenir de tamazight est dans le passage à l’écrit, et Tira est là pour renforcer ce passage et rendre réalisable le rêve de faire de tamazight une langue de savoir et de développement.par Adel Boucherguinereporters dz
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