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Oran d’antan Une époque à M’dina J’dida

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  • Oran d’antan Une époque à M’dina J’dida

    Une époque à M’dina J’dida Etant enfant, il me plaisait de flâner à M’dina J’dida, venant de St-Antoine où j’habitais. Et le souvenir des endroits où je passais demeure toujours vivace dans ma mémoire.

    La rue d’Isly

    Je traversais ainsi le boulevard Mascara et m’engageais dans la rue d’Isly où m’accueillait l’odeur de beignets frits que préparait un bonhomme d’origine tunisienne. Sa boutique était toujours envahie par des clients qui y venaient acheter beignets, chamia, zlabia et autres makrout que le propriétaire des lieux présentait dans des plateaux alléchants, particulièrement lors du mois de Ramadan. Très affable, il était estimé par tous les habitués du magasin. Quelques pas plus loin, un autre lieu inondait la rue de son arôme, la boutique de torréfaction de Ammi Boulenouar, un vieil homme enturbanné avec des moustaches à la gauloise et son gros timbre de voix, ouvrait sa porte aux clients qui venaient y moudre leur café en grains, enveloppés dans des relents enivrants qui embaumaient toute la ruelle. La place Daouadji, qu’on appelait ‘Blas Ettolba’, dressait sa fontaine publique en son centre et là les riverains venaient remplir leurs seaux d’eau. Il faut dire que l’eau courante n’arrivait pas encore aux maisons à cette époque. Longeant la rue d’Isly, on arrive à la ‘mahakma’ où étaient enregistrés tous les mariages civils par le cadi. Juste en face, une maison abritait la famille de Benzellat, un grand arbitre de football qui a laissé une empreinte indélébile de ses magistrales prestations sur les terrains d’Algérie. Attenante à la ‘mahakma’ et donnant sur la rue Général Bourbaki, face au cimetière israélite, l’école coranique ‘Echrifia’ accueillait les enfants du quartier qui passaient entre les mains du cheikh ‘Ettounsi’, un enseignant très sévère qui n’hésitait pas à user du bâton pour corriger ceux qui ne se montraient pas attentifs à ses leçons.

    A la rue de Létang, deux épiceries se concurrençaient celle de Si Aïssa, un Mozabite, et celle de Si Djellal, un bel homme dont la boutique était mitoyenne de la boulangerie Lopez, un pied-noir qui était militant pour l’indépendance de l’Algérie avant d’être assassiné par les hordes de l’OAS.

    Les hammams

    Les bains maures étaient légion à cette époque. Ainsi, hammam ‘El Ghalmi’ ouvrait ses portes à la rue du figuier, pas loin de hammam ‘El M’zabi’ et hammam ‘Fouatih’. C’étaient des lieux conviviaux où les Oranais venaient prendre leur bain hebdomadaire dans une ambiance agréable, heureux de se rencontrer pour discuter longuement, suant dans la salle chaude avant de passer entre les mains du masseur pour une séance de décrassage.

    Le marché Sidi Okba et Carna


    Le marché de M’dina J’dida est appelé Sidi Okba, réhabilité à la fin des années 50 avec l’implantation de locaux et box fonctionnels pour chaque catégorie de commerçant. Ainsi, marchands de fruits et légumes, poissonniers, bouchers et marchands de volailles étaient installés dans des emplacements adéquats et les allées étaient alors réservées aux clients qui faisaient leurs emplettes tranquillement. Des boutiques étaient réservées à l’extérieur aux marchands de produits divers dont les épices et autres articles artisanaux. Un marché riant, joyeux, multicolore qui ne gênait ni les rues alentour ni les écoles voisines. En face du marché, une boutique attirait son monde. C’était celle de Carna, une dame d’origine espagnole qui écoulait sa calentica, et non pas carantita comme l’appellent certains aujourd’hui. Quand les jours devenaient plus chauds, c’étaient des glaces et des piroulis, des glaçons à base de limonade, qui étaient prisés. Beaucoup de monde fréquentait ces lieux qui étaient voisins des bijouteries qui s’alignaient sur cette venelle appelée ‘trig essiaghi’.

    La Place Sidi Blel

    La rue Tombouctou, où se trouvait un dispensaire qui octroyait des soins aux riverains, aboutissait à la place Sidi Blel, cœur palpitant du quartier, où se retrouvaient les habitués des lieux pour converser ou prendre un café. Le mausolée du Saint patron était aussi l’endroit qui réunissait les adeptes du diwan qui organisaient des séances où sons du goumbri et des crotales se mêlaient dans une ambiance faite de danses qui mettaient les participants dans une grande transe. Tout près, se trouvait la boutique du chanteur Blaoui lahouari et à deux pas l’impasse où a vécu le chahid Zabana, pas loin de l’école Pasteur.

    El Bansa

    El Bansa est le nom de l’emplacement de la cité érigée en ces lieux qui abritaient auparavant des lavoirs publics, des bassins où des lavandières d’origine marocaine venaient y laver le linge et autres couvertures et toisons en laine que leur confiaient des familles et qu’elles faisaient sécher avant de les restituer à leurs propriétaires. Les logements de la cité Lamoricière, du nom d’un sinistre général français ayant contribué à la colonisation de l’Algérie, ont été attribués à des familles algériennes, chanceuses, qui avaient dans les oreilles tout le temps le bruit des machines des Moulins Saher. Juste en face, le local de l’ASM recevait les joueurs de ce club militant dont certains sont tombés au champ d’honneur tels que Neggaz lahouari, Biziz, Houha Mohammed …

    A deux pas, le cabinet du docteur Nekkache était ouvert aux « « gueux » de l’époque dont certains étaient soignés gratuitement par cet homme au grand cœur, un vrai révolutionnaire qui sera appelé, à l’indépendance, à occuper les fonctions de ministre de la Santé de l’Algérie indépendante.

    Ceci est un aperçu de ce qu’était M’dina J’dida, un quartier dont les enfants étaient toujours prêts à tendre la main pour aider ceux qui en avaient besoin bien qu’eux-mêmes vivaient chichement mais dignement.


    Née en 1931 dans la maison du 17 rue Stambouli Mohamed dans le quartier de Mdina Jdida à Oran, ma mère Khaldia de la famille Noua et Boussaïd évoque, ici, certains souvenirs de Mdina Jdida, de la place Sidi Blel et de Tahtaha des années 40 et 50. Une époque de décontraction où musiciens, poêtes, chanteurs et autres figures enthousiasmaient les habitants de Mdina Jdida.
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