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  • #31
    Militairement, il est certain que la France aurait pu gagner le conflit en Algérie, ce qui n'aurait pas constitué un exploit d'une armée contre la gurérilla. Mais voilà, en lieu et place de s'attaquer à Nasser, lors de la crise de Suez en 1956, elle devait s'attaquer à l'URSS afin de couper l'approvisionnement en armes au FLN. Cette erreur stratégique sera le tournant décisif de la guerre d'Algérie.

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    • #32
      à vrais dire jadis, les guerres ne m'interessent pas personnellement

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      • #33
        Moi non plus. Mais mal ma thèse d'insinuer que la France devait s'attaquer à l'URSS afin de rompre les livraisons d'armes au FLN! Cette thèse fait office d'heures de prises de bec avec des colons sur un autre forum. A leurs avis, la France n'était pas assez puissante afin de faire face à l'Union soviétique!!!

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        • #34
          Jadis
          Militairement, il est certain que la France aurait pu gagner le conflit en Algérie, ce qui n'aurait pas constitué un exploit d'une armée contre la gurérilla. Mais voilà, en lieu et place de s'attaquer à Nasser, lors de la crise de Suez en 1956, elle devait s'attaquer à l'URSS afin de couper l'approvisionnement en armes au FLN. Cette erreur stratégique sera le tournant décisif de la guerre d'Algérie.
          Pardonne moi mon ami, mais la France avait gagné militairement. Et il n’y a pas de honte à cela. Que pouvait faire, comme tu le dis si bien, une guérilla, mal armée, mal entraînée, contre une armée moderne de 500 000 hommes ?

          Il faut rester réaliste.

          Mais comme le dit Tolkien, cela ne veut plus rien dire, si d’ailleurs cela a voulu dire quelque chose à une époque. Cette guerre n’était militaire que dans les apparences. C’est à Evian que tout ce jouait.

          Allez, tant pis je me lache…

          Ce que nous avons compris, aujourd'hui, nous les Pieds-noirs, c’est que la France à partir de 1958, ne voulait plus garder l’Algérie. Et De Gaulle avait déjà pris sa décision lorsqu’il a dit « je vous ais compris etc… » Il avait déjà décidé que l’Algérie serait indépendante. Alors pourquoi continuer la guerre ? pour le Sahara mon ami, essentiellement pour le Sahara et son sous-sol.

          Donner l’indépendance oui, le Sahara non.

          D’abord qui était De Gaulle, voici quelques citations qui situe le personnage.


          A un député UNR, Léon Delbecque, également partisan de l’Algérie française:
          « Et puis, Delbecque, vous nous voyez mélangés à des Musulmans? Ce sont des gens différents de nous. Vous nous voyez mariant nos filles avec des Arabes?» (La Tragédie du Général, op. cit.)
          Au général Koenig: «Evidemment, lorsque la monarchie ou l’empire réunissait à la France l’Alsace, la Lorraine, la Franche-Comté, le Roussillon, la Savoie, le pays de Gex ou le Comté de Nice, on restait entre Blancs, entre Européens, entre chrétiens … Si vous allez dans un douar, vous rencontrerez tout juste un ancien sergent de tirailleurs, parlant mal le français (…) Tous ces bicots se chamaillent. Ils aiment les fusils, ils aiment s’en servir. Ils ont la manie de la fantasia » (La Tragédie du Général, op. cit.).
          « Au soir des accords d’Evian, en mars 1962 : Alors. Joxe, vous avez bientôt fini avec vos bicots? » (Cité dans Le Petit De Gaulle illustré, op.cit.)
          « Des Français, ces gens-là! Avec leurs turbans et leurs djellabas!» (Cité par A. Peyrefitte. C’était De Gaulle. Ed Gallimard, 2000)
          « Nous sommes quand même avant tout un peuple européen de race blanche, de culture grecque et latine, et de religion chrétienne. Essayez d’intégrer de l’huile et du vinaigre. Agitez la bouteille. Au bout d’un moment, ils se sépareront de nouveau. Les Arabes sont les Arabes, les Français sont les Français. Vous croyez que le corps français peut absorber dix millions de musulmans, qui demain seront peut-être vingt millions et après-demain quarante ? Si nous faisons l’intégration, si tous les Arabes et Berbères d’Algérie étaient considérés comme Français, comment les empêcherait-on de venir s’installer en métropole, alors que le niveau de vie y est tellement plus élevé ? Mon village ne s’appellerait plus Colombey-les-Deux-Eglises, mais Colombey-les-Deux-Mosquées!» (Cité par Benjamin Stora, Le Transfert d’une mémoire, Ed. La découverte, 1999).
          Et j’en ai supprimé certaines qui étaient vraiment trop irrespectueuses.


          Non la France, De Gaulle, ne voulait pas garder l’Algérie. La France ne voulait pas prendre le risque d’intégrer 10 millions de Musulmans, qui pouvaient représenter 50 ans plus tard un électorat trop important au sein de la République.

          Mais il fallait arriver aux accords d’Evian en position de force pour négocier le Sahara, il fallait donc continuer la guerre pour la gagner, tout en sachant que l’indépendance serait accordée. Et tous ces morts pour rien. Le pire, c’est qu’en effet le Sahara fut négocié, la France obtenant donc ce qu’elle avait désirée, mais les accords ne furent pas respecté. Et je vais te surprendre peut-être, mais tant mieux, cela me satisfait.

          Si on n’a pas compris cela, on a rien compris à mon humble avis. Et cette façon de voir les choses change toutes les données. C’est pourquoi nous les PN, aujourd’hui, nous avons pris du recul et si c’était à refaire, crois moi on agirait différemment. Mais comment pouvait-on savoir ?

          Amitiés à tous.
          Dernière modification par BEO, 20 janvier 2007, 12h18.

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          • #35
            "Pardonne moi mon ami, mais la France avait gagné militairement. Et il n’y a pas de honte à cela. Que pouvait faire, comme tu le dis si bien, une guérilla, mal armée, mal entraînée, contre une armée moderne de 500 000 hommes ?"

            Comme déjà évoqué, ce sont 610 000 hommes du côtà français qui étaient opposé à 46 000 résistants algériens. Mais la France n'a pas gagné militairement la guerre d'Algérie, elle pouvait la gagner. Il faut souvenir que l'URSS était prête à entrer militairement dans le conflit algérien si la France ne lâchait pas le peuple algérien et ceci avec la bénédiction des USA.

            L'extraordinaire instinct diplomatique du FLN avait porté le conflit devant l'ONU et c'est efectivement cette instance qui avait imposé unréférendum à la France à propos de l'affranchissement de l'Algérie.

            Reste la question de savoir ce qui serait advenu de ce conflit si le peuple français avait refusé l'indépendance algérienne dont de Gaulle avait menti sur sa suite en cas d'acceptation.

            Finalement, les jeux étaient faits ce d'autant que Ferhat Abbas s'était éloigné d'une simple autonomie par ces propos: "Si une force étrangère veut pérenniser sa présence sur un sol qui ne lui appartient pas, alors ici, il lui faudra tout détruire".

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            • #36
              "Il fallait écouter les Algéreins en 1945"


              Du courage, Albert Nallet en a revendre. Car il lui a bien fallu des tonnes de ce courage pour dire ses quatre vérités sur une atroce guerre qu’est celle que l’Algérie a subi la mort et l’amour dans l’âme. D’autres tonnes, pour venir ici chez nous, parler de son livre «On n’efface pas la vérité, Guerre d’Algérie, Grande Kabylie» à la veille du 1er novembre et dans un contexte bilatéral qui connaît depuis quelques temps ses moments de blues. Un livre dans lequel cet homme courage dénonce sans complaisance aucune les cruautés du colonialisme, la torture, les exactions sommaires, les corvées de bois, l’indemnisation par l’Etat français des criminels de l’OAS que De Gaulle pourtant a pourchassé comme de vulgaires terroristes. Bref, pour cet ancien combattant du contingent français, c’est une véritable thérapie qu’à été ce livre qu’il vient tout juste de rééditer.

              Le Jour d’Algérie : Plus de deux mille livres sur la Guerre d’Algérie ont été écrits par d’anciens combattants de l’armée française… trop ou peu de livres ? Ont-ils tous dit la vérité, toute la vérité ?

              Albert Nallet : Je pense qu’il n’y a jamais trop de livres. D’abord, le nombre de 2 000 qui a été récemment donné en France, est approximatif mais disons qu’il y en a eu beaucoup depuis une dizaine d’années quand les choses se sont décantées à propos de la Guerre d’Algérie. Tout d’abord en 1999, en réponse aux engagements de la gauche plurielle, à l’unanimité, l’Assemblée nationale (le Parlement français), décide enfin de substituer les termes «d’opérations de maintien de l’ordre» ou «d’opérations effectuées en Afrique du Nord» par ceux de «guerre d’Algérie». Puis en 2000, le témoignage dans Le Monde de Louisette Ighilahriz, ancienne combattante de l’ALN, nous révèle le nom de ceux qui l’ont torturée en 1957. A partir de là, entre autres, un certain nombre d’appelés de l’armée française, qui l’ont jugé nécessaire, ont rompu un silence qui a perduré durant trente ou quarante ans. Apparaît au grand jour toutes les affres de cette «vraie guerre» (embuscades, tortures, assassinats, destructions, souffrances des populations, vols, viols et tant d’autres horreurs…) Certains ont raconté leurs histoires personnelles qui ont toutes leur importance, d’autres, moins nombreux, reflètent leur nette opposition à la guerre faite au peuple algérien.

              Ils ne sont pas très nombreux ?

              Oui, ils n’ont pas été très nombreux puisque à l’époque les jeunes du contingent ne pouvaient manifester leur opposition à cette guerre. Il n’y a donc pas eu une levée en masse. Seulement, un début de contestation en 1956 avec des rappelés qui ont refusé de partir en Algérie. Dans ces livres-là, je pense que beaucoup de choses ont été dites. Nous sommes à la veille d’un enseignement en toute transparence de cette période.

              Votre livre est de ceux-là ?

              J’ai fais partie de ceux qui étaient les plus engagés contre cette guerre et pour reconnaître aux Algériens leur droit à l’indépendance. J’étais un simple soldat appelé du contingent en Kabylie où j’ai tenu un journal intime commencé à la suite d’une terrible embuscade que nous avaient tendu les combattants algériens du côté de Fort National (Larbaâ Nath Irathen) et qui s’est soldée par 5 morts et 7 camarades très grièvement blessés. Une fois rentré au pays, j’ai peu parlé de la guerre. J’ai gardé le silence comme beaucoup. Mais le journal est resté. De temps à autre, j’en parlais un peu, surtout des moments extrêmement durs que j’ai vécus.

              Fallait-il un livre pour dire tout cela ?

              La moitié du livre reprend l’intégralité des textes que j’ai écrits dans mon journal. L’autre partie raconte mon engagement concernant la guerre d’Algérie. En effet, au moment du déclenchement de la guerre, je faisais partie de l’Union de la jeunesse républicaine de France (UJRF) qui s’est opposée à cette guerre. Nous étions un certain nombre de jeunes à manifester dès 1954 contre la guerre. J’avais dix sept ans à l’époque et j’étais très loin de penser que j’allais y prendre part. Quand les hostilités se sont déclenchées, je me disais que d’ici que j’y aille, d’ici que j’ai 20 ans, la guerre serait terminée. Vous savez, en France, on ne pensait pas qu’on était face à une guerre qui allait durer huit ans. On nourrissait beaucoup d’espoir car le mouvement de paix était alors très puissant. Il y avait des forces de la Gauche, dont le Parti communiste qui représentait 25% des voix et qui militait lui pour l’indépendance de l’Algérie. Puis il y a eu l’arrivée au pouvoir du Parti socialiste en janvier1956 dont toute la campagne électorale avait été basée sur cette idée de «guerre imbécile et sans issue» et de «vocation nationale» de l’Algérie.

              Source: journal Jour d'Algérie, 6/11/2006

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              • #37
                Il faut souvenir que l'URSS était prête à entrer militairement dans le conflit algérien si la France ne lâchait pas le peuple algérien et ceci avec la bénédiction des USA.
                Vraiment, je ne sais pas d'où tu sors cette information. C'est la première fois que j'entends cela, et pardonne moi, mais je n'y crois pas.

                L'URSS rentrer militairement dans la guerre d’Algérie, mais tu t'imagines les conséquences, en pleine guerre froide ?

                Que les Américains soient favorables à l'indépendance, oui. Ils étaient persuadés de prendre la place de la France au Sahara. Pas qu’eux, les chinois et les russes également. Il faut bien comprendre que si le Sahara n'avait pas révélé ses richesses, tout aurait été différent. L'Algérie n'était pas un conflit politique mais économique.

                Et encore une fois la France, pour les raisons déjà citées, ne voulait pas garder l'Algérie. Le Sahara, oui.

                Pourquoi parlait-on de « l’impasse Algérienne » ?

                C’est tout simplement parce que l’on ne pouvait considéré un territoire comme partie intégrante de la nation (département) tout en refusant à 90% de sa population la nationalité Française. Cela tombe sous le sens et les évenements parlent par eux-mêmes dans cette histoire.

                Regarde La Réunion, département Français à 12 000 km de l’hexagone, les Réunionnais sont Français, mais ils sont 400 000 environ. Ils ne représentent pas un poids électoral suffisamment important pour causer un danger. Idem pour les Antilles ou la Guyane. Ils avaient aussi dans ces départements des colons qui exploitaient la main d'oeuve locale. Avec le temsp tout est rentré dans l'ordre.

                Il y avait deux solutions. Ou la France donnait la nationalité Française à tous les Musulmans et l’Algérie pouvait du fait rester Française, si les Musulmans avaient été d’accord, bien sur. Mais, cela il n’en était pas question. Donc il ne restait plus que l’indépendance. C’est aussi simple que cela. Le problème restant le Sahara.

                On ne peut pas réfuter cette évidence. Elle est logique et j’ai envie de dire mathématique, par rapport à l’importance des populations concernées.

                Amitiés .
                Dernière modification par BEO, 20 janvier 2007, 14h03.

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                • #38
                  Bien sûr BEO. Il n'est pas dans ma nature de divaguer...et je tenterai l'impossible afin de te démontrai l'information.

                  D'ici là, songe à Bandung.

                  Commentaire


                  • #39
                    Bandung ???

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                    • #40
                      Oui Bandung dont l'Algérie deviendra le fer de lance!
                      __________________________________

                      En 1955, les damnés de la terre réinventent le monde

                      Bandung ou la fin de l’ère coloniale

                      Pour en savoir plus:

                      http://www.monde-diplomatique.fr/200...herche=bandung

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                      • #41
                        La paix selon M. Hervé Bourges

                        La revue Arabies consacre, ce mois-ci (n° 224), un dossier sur l’Algérie. La contribution de M. Hervé Bourges intitulée : “Tourner la page et bâtir le futur”, étant de sa part une adhésion pleine et entière au décret présidentiel du 14 août 2005, ne saurait être accueillie dans l’indifférence.

                        S’il est inutile de rappeler que l’homme respectable qu’est cet ami de l’Algérie n’est nullement en cause, il est, par contre, nécessaire de souligner que son opinion fort optimiste sur une Algérie apaisée dans le futur est abordée avec une légèreté qui ne sied pas à un sujet aussi sensible, aussi explosif. Est-ce en raison de l’amitié qui le lie au premier magistrat du pays ?

                        Pour en savoir plus:

                        http://www.lesoird***********/articl...id=32055&cid=2

                        Commentaire


                        • #42
                          Interessante ton adresse, j'ai lu en travers, mais j'y reviendrais.

                          Commentaire


                          • #43
                            @ Jadis:
                            Je trouve que vous éxagerez. La France a gagné la première guerre mondiale. Je suis Algérien, mon grand père a fait la guerre à l'interieur et non aux frontières, mais il reconnait qu'à la fin, la situation millitaire était intenable, il ne resatit plus que 7000 coupés de la population, mal-armés, mal nourris et mal ravitaillés en 62. Comment peut-on gagner une guerre dans ses condition. "Notre héroisme a ses limites" disait-on à l'époque au maquis. Puis, L'URSS n'a jamais reconnu le Gouvernement Provisoir de la République Algérienne (FLN) contrairement à certains pays communistes d'asie.

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                            • #44
                              "@ Jadis:
                              Je trouve que vous éxagerez. La France a gagné la première guerre mondiale. Je suis Algérien, mon grand père a fait la guerre à l'interieur et non aux frontières, mais il reconnait qu'à la fin, la situation millitaire était intenable, il ne resatit plus que 7000 coupés de la population, mal-armés, mal nourris et mal ravitaillés en 62. Comment peut-on gagner une guerre dans ses condition. "Notre héroisme a ses limites" disait-on à l'époque au maquis. Puis, L'URSS n'a jamais reconnu le Gouvernement Provisoir de la République Algérienne (FLN) contrairement à certains pays communistes d'asie." (quote AANIS)

                              Tiens donc! Durant le conflit 1914-1918, les Amricains n'ont-ils pas dû venir à la rescousse de l'Europe?

                              Je réitère que la thèse faisant foi que la France a perdu toutes ses guerres découle d'un historien vaquant à la bibliographie du père-haut gradé de l'armée française- de Ségolène Royal.

                              La déroute de Dien Bien Phu laisserait penser que celle de Vercingétorix à Alésia n'en fut qu'une anecdote de l'histoire à l'instar de celle de 1515 à Marignan.
                              En bref, k.o. dans les cordes en Indochine, la France avait voulu laver l'affront en lançant ses chiens fous...contre un peuple. Mal lui en a pris, car c'est en algérie que son glas allait sonné définitivement!

                              "Opposée au peuple le plus têtu sur cette terre, l'Hexagone n'avait aucune chance de redorer son blason en Algérie".
                              ______________________________________

                              Dien Bien Phu, une agonie française

                              La guerre française d'Indochine s'est achevée il y a tout juste cinquante ans dans cette cuvette frontalière du Laos. Les livres qui la racontent s'attardent tous sur la dimension humaine de la bataille.

                              Titre: Les Hommes de Dien Bien Phu
                              Auteur: Roger Brugge
                              Editeur: Perrin
                              Autres informations: Coll. Tempus, 622 p.

                              Titre: Dien Bien Phu
                              Auteur: Pierre Pellissier
                              Editeur: Perrin
                              Autres informations: 624 p.

                              Titre: Mémoires, tome 3
                              Auteur: Vo Nguyen Giap
                              Editeur: Anako
                              Autres informations: Trad. de Huu Mai et Su. 350 p.

                              Titre: Imaginaires de guerre
                              Auteur: Benjamin Stora
                              Editeur: La Découverte
                              Autres informations: 266 p.


                              Toute bataille est un drame. Celle de Dien Bien Phu, achevée il y a cinquante ans le 7 mai 1954, après trois mois d'un des sièges les plus féroces de l'histoire militaire moderne, fut à tous égards une tragédie. Tragédie humaine digne de Verdun, l'humiliante défaite en plus pour les 3000 blessés et 10 000 prisonniers français, légionnaires ou supplétifs tombés aux mains du Viêt-minh après avoir laissé dans la boue des tranchées et des collines de cette cuvette frontalière du Laos près de 5000 morts. Tragédie politique, sur fond d'agonie de la présence coloniale française en Indochine et des turpitudes politiciennes de la IVe République, chroniquement malade. Tragédie militaire enfin, qui vit le camp retranché mal conçu par un état-major divisé, peu au fait des réalités indochinoises et de l'indéfectible détermination de l'armée communiste du général Giap, succomber malgré l'incontestable héroïsme de ses défenseurs.

                              Lire les ouvrages publiés un demi-siècle après la reddition du colonel de Castries – le commandant en chef de la base promu général sur le champ de bataille – c'est se replonger dans ce drame qui, simultanément, se joua en trois dimensions. «L'histoire de Dien Bien Phu ne peut se limiter aux cinquante-cinq dernières journées d'un siège qui avait tourné au piège», avertit à juste titre en préambule Pierre Pellissier, auteur d'une remarquable biographie de la bataille. C'est une aventure infiniment plus complexe que la naissance, la vie, puis l'agonie d'un camp retranché. La France y a perdu une bataille, ce qui n'est pas forcément perdre la guerre. Sauf quand une nation n'a plus de volonté ni d'ambition, que son armée est moralement brisée... Effroyable machine à broyer les hommes; sidérante accumulation d'erreurs et de méprises stratégiques; abominable exemple de l'indifférence de l'élite métropolitaine pour ses combattants supposés défendre la France dans une jungle située à 12 000 kilomètres de distance: il est naturel que Dien Bien Phu demeure, cinquante ans plus tard, une mine pour les auteurs et les historiens. On regrettera juste, au passage, que la monumentale Bataille de Dien Bien Phu de Jules Roy n'ait pas été republiée pour ce cinquantenaire.

                              «Je m'étendis sur mon matelas de paille mais ne pus fermer l'œil. A cette heure, Ho Chi Minh et le Comité central étaient informés de la victoire. Demain nous parviendrait certainement la lettre de félicitations du président.» Ces phrases du 8 mai 1954 sont signées Vo Nguyen Giap, le vainqueur de Dien Bien Phu dont les Mémoires rééditées, pour officielles et passées au filtre de la censure communiste qu'elles soient, sont un morceau d'anthologie. Tout y apparaît calculé, précis, déterminé. La réécriture de l'histoire après la bataille par Giap saute aux yeux. Le général en chef vietnamien, toujours vivant à Hanoï où il est depuis longtemps retiré des affaires publiques, ne l'a d'ailleurs jamais nié. Mais la différence de ton, d'approche, de style en dit long sur ces deux mondes qui s'affrontaient alors sur les berges de la Nam Youn, la rivière qui draine la cuvette infernale bordée de collines toutes baptisées par les Français de prénoms féminins: Eliane, Béatrice, Isabelle... Le Viêt-minh ne peut pas se permettre de reculer. Giap utilise les vagues d'assauts comme un rouleau compresseur au point que ses pertes humaines atteignent le double de celles des Français. Pour la première fois, la puissance de l'artillerie, l'impeccable quadrillage stratégique, la logistique est du côté des communistes vietnamiens et de leurs conseillers chinois. Les hommes de Castries se battent pour des chimères. Leurs troupes coloniales se débandent comme l'Empire. Leurs canons, leurs avions sont comme leurs plans de retraite: erronés.

                              Benjamin Stora, dans la réédition d'Imaginaires de guerre, étude comparée des guerres américaine et française au Vietnam, dissèque cette perdition annoncée qu'illustrera, dix ans après la chute de Dien Bien Phu, le film La 317e Section de Pierre Schoendoerffer, lui-même vétéran de la tragédie de 1954: «A mesure que se déroule l'action dans la jungle grouillante de Viets, écrit-il, les caractères se dessinent et s'opposent. Un sous-lieutenant, fraîchement sorti de Coëtquidan, ne rêve, avec l'enthousiasme de sa jeunesse, que de coup d'éclat et d'action héroïque. Son adjudant est un homme de guerre, Alsacien vétéran malgré lui de la Wehrmacht...» Tous les comptes se soldent ce 7 mai 1954, lorsqu'à 17 h 30, de Castries donne l'ordre de cesser le combat depuis son «PC Gono»: ceux de la Seconde Guerre mondiale pour les milliers d'officiers français qui en sont issus, ceux de la décolonisation pour le Viêt-minh, ceux d'une vie trop vite brisée pour les milliers de blessés «qu'il faut caser»: «Ici, la boue coule de partout, raconte Pierre Pellissier. L'anesthésie n'est que légère et l'opéré bouge. Aux moribonds, il ne reste qu'à offrir une injection de morphine.»

                              La bataille de Dien Bien Phu fut un gigantesque enchevêtrement de vies et de destins. Elle fut perdue, côté français, par l'état-major. Mais gagnée, des deux côtés, par des hommes qui sacrifièrent tout: les Vietnamiens pour obtenir à l'arraché une victoire décisive; les Français, les tirailleurs sénégalais, les tabors marocains pour finir prisonniers, pris dans l'étau d'une guerre qui leur échappait. Les lignes les plus émouvantes de Vo Nguyen Giap, général à la retenue de plume toute socialiste, concernent le commando viêt-minh qui, le 6 mai 1954 vers 23 h, fit sauter la colline Eliane 2 après avoir creusé un tunnel sous les défenses françaises et bourré ses entrailles d'explosifs. Les mots les plus bouleversants de toute la production éditoriale sur cet anniversaire sont ceux rapportés par Roger Brugge, auteur des Hommes de Dien Bien Phu. Nous sommes en juin 1955. A Paris, une commission présidée par le général Catroux tente de faire la lumière sur les responsabilités de l'échec. Le général de Castries, héros de Dien Bien Phu, s'explique: «On ne pouvait pas remplir cette mission. C'est le piège des papiers, le piège des ordres. Je ne tenais pas les crêtes, je ne pouvais pas tenir.» Et Catroux d'en déduire: «La conclusion, c'est qu'on vous a donné une mission inexécutable.»

                              A lire aussi: «Go sur Dien Bien Phu» de Marcel Georges (Perrin) et «Lettres de Dien Bien Phu», sous la direction de Guy Leonetti (Fayard).

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                              • #45
                                Mon cher Jadis,

                                Il ressort très fort que tu n’aimes pas la France, tu en as le droit c’est ton choix. Mais, dire que la France a perdue toutes les batailles depuis Alésia, ça va…

                                En plus, c’est mal respecter le courage des poilus des tranchées de Verdun, dont on faisait d’ailleurs parti, Musulmans et Pieds-noirs. Les Américains ont très peu participé à ces batailles, c’est une victoire Franco-Britannique. Et encore une fois, quel rapport avec le sujet de ce fil ?

                                Vois-tu, si je peux me permettre, lorsque l’on rentre dans ce genre de débat, il faut oublier nos sentiments personnels, nos passions, nos apprioris. Autrement le débat tourne en rond et ne va nulle part, débattre c’est échanger, chacun apportant à l’autre une partie de la vérité qu’il détient. C’est là tout l’intérêt d’un débat. Aucun de nous détient une vérité absolue.

                                Amitiés.

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