Après un bref séjour comme psychiatre en Normandie, Frantz Fanon arrive en Algérie, à l'hôpital psychiatrique de Blida, joyau du système hospitalier colonial. Fanon et ses collègues y critiquent les conclusions de l'école d'Alger qui décrivaient les Algériens comme des êtres incapables d'exprimer une vie intérieure, de se projeter dans l'avenir, et qui étaient par essence crédules, menteurs et voleurs. C'est à Blida que Fanon prend contact avec les nationalistes algériens. En février 1955 paraît dans " Esprit " un article dans lequel il souligne l'écart entre l'engagement révolutionnaire africain et l'assimilation des antillais. Il participe au Congrès des écrivains et artistes noirs où sa présentation s'intitule " racisme et culture ". Mais bientôt il éprouve des contradictions entre son travail de psychiatre et son engagement militant. En 1956, il envoie sa lettre de démission au ministre-résident , Robert Lacoste, proclamant que comme psychiatre, il ne peut renvoyer ses patients dans une société qui fondamentalement les aliène et les déshumanise. Fanon est expulsé par les autorités coloniales en janvier 1957...
C'est presque naturellement qu'il est contacté par le Front de Libération Nationale algérienne, avec lequel il va collaborer jusqu'à sa mort, devenant le représentant de l'Algérie en guerre à l'étranger. Observateur soucieux des premières indépendances africaines, il prônera sans relâche la solidarité et l'unité africaine : " Chaque Africain doit se sentir engagé concrètement, et doit pouvoir répondre physiquement à l'appel de tel ou tel territoire… Il importe de ne pas isoler le combat national du combat africain. " Durant l'été 58, Fanon est grièvement blessé par une mine placée en dessous de sa voiture. Il part à Rome en convalescence et échappe de peu à un attentat organisé par la Main Rouge (une organisation terroriste fasciste), et rencontre Sartre et Simone de Beauvoir. En décembre 1958, il est membre de la délégation algérienne au Congrès panafricain d'Accra. Fin 1960, Fanon reçoit la confirmation du diagnostic de leucémie dont il est atteint depuis quelques mois déjà.
Il se met à la rédaction d'un livre qui se veut le manifeste des colonisés, qui connaîtra un succès planétaire, et deviendra le livre de chevet de toute une génération. Ce sera "les Damnés de la terre", écrit de mai à octobre 1961. Il accepte de se faire soigner aux Etats-Unis et part pour l'hôpital de Bethesba à Washington. Sartre a accepté de préfacer son livre, Fanon en est très heureux. Son éditeur François Maspéro lui envoie un exemplaire de son livre fin novembre 1961. Il décède le 6 décembre, à l'âge de 36 ans. Le 12, il est enterré comme il l'avait souhaité en terre algérienne. Depuis 1965, sa tombe est au cimetière d'Ain Kerma en Algérie.
Citations Frantz Fanon :
> Le colon fait l'Histoire et sait qu'il la fait. Et parce qu'il se réfère constamment à l'histoire de sa métropole, il indique en clair qu'il est le prolongement de cette métropole. L'histoire qu'il écrit n'est donc pas l'histoire du pays qu'il dépouille mais l'histoire de sa nation en ce qu'elle écume, viole et affame. L'immobilité à laquelle est condamné le colonisé ne peut être remise en question que si le colonisé décide de mettre un terme à l'histoire de la colonisation, à l'histoire du pillage, pour faire exister l'histoire de la nation, l'histoire de la décolonisation. .
> Nous pensons que la lutte organisée et consciente entreprise par un peuple colonisé pour rétablir la souveraineté de la nation constitue la manifestation la plus pleinement culturelle qui soit. Ce n'est pas uniquement le succès de la lutte qui donne par la suite validité et vigueur à la culture, il n'y a pas mise en hibernation de la culture pendant le combat.
> Les compagnies privées, pour investir dans les pays indépendants, exigent des conditions qui se révèlent à l'expérience inacceptables ou irréalisables. Fidèles au principe de rentabilité immédiate qui est le leur dès qu'ils vont "outre-mer", les capitalistes se montrent réticents à l'égard de tout investissement à long terme. (...)
> En fait la méfiance des groupes financiers occidentaux s'explique par leur souci de ne prendre aucun risque. Aussi exigent-ils une stabilité politique et un climat social serein qu'il est impossible d'obtenir si l'on tient compte de la situation lamentable de la population globale au lendemain de l'indépendance. Alors, à la recherche de cette garantie que ne peut assurer l'ancienne colonie, ils exigent le maintien de leur garnisons ou l'entrée du jeune état dans des pactes économiques ou militaires. Les compagnies privées font pression sur leur propre gouvernement pour qu'au moins les bases militaires soient installées dans ces pays avec pour mission d'assurer la protection de leurs intérêts.
C'est presque naturellement qu'il est contacté par le Front de Libération Nationale algérienne, avec lequel il va collaborer jusqu'à sa mort, devenant le représentant de l'Algérie en guerre à l'étranger. Observateur soucieux des premières indépendances africaines, il prônera sans relâche la solidarité et l'unité africaine : " Chaque Africain doit se sentir engagé concrètement, et doit pouvoir répondre physiquement à l'appel de tel ou tel territoire… Il importe de ne pas isoler le combat national du combat africain. " Durant l'été 58, Fanon est grièvement blessé par une mine placée en dessous de sa voiture. Il part à Rome en convalescence et échappe de peu à un attentat organisé par la Main Rouge (une organisation terroriste fasciste), et rencontre Sartre et Simone de Beauvoir. En décembre 1958, il est membre de la délégation algérienne au Congrès panafricain d'Accra. Fin 1960, Fanon reçoit la confirmation du diagnostic de leucémie dont il est atteint depuis quelques mois déjà.
Il se met à la rédaction d'un livre qui se veut le manifeste des colonisés, qui connaîtra un succès planétaire, et deviendra le livre de chevet de toute une génération. Ce sera "les Damnés de la terre", écrit de mai à octobre 1961. Il accepte de se faire soigner aux Etats-Unis et part pour l'hôpital de Bethesba à Washington. Sartre a accepté de préfacer son livre, Fanon en est très heureux. Son éditeur François Maspéro lui envoie un exemplaire de son livre fin novembre 1961. Il décède le 6 décembre, à l'âge de 36 ans. Le 12, il est enterré comme il l'avait souhaité en terre algérienne. Depuis 1965, sa tombe est au cimetière d'Ain Kerma en Algérie.
Citations Frantz Fanon :
> Le colon fait l'Histoire et sait qu'il la fait. Et parce qu'il se réfère constamment à l'histoire de sa métropole, il indique en clair qu'il est le prolongement de cette métropole. L'histoire qu'il écrit n'est donc pas l'histoire du pays qu'il dépouille mais l'histoire de sa nation en ce qu'elle écume, viole et affame. L'immobilité à laquelle est condamné le colonisé ne peut être remise en question que si le colonisé décide de mettre un terme à l'histoire de la colonisation, à l'histoire du pillage, pour faire exister l'histoire de la nation, l'histoire de la décolonisation. .
> Nous pensons que la lutte organisée et consciente entreprise par un peuple colonisé pour rétablir la souveraineté de la nation constitue la manifestation la plus pleinement culturelle qui soit. Ce n'est pas uniquement le succès de la lutte qui donne par la suite validité et vigueur à la culture, il n'y a pas mise en hibernation de la culture pendant le combat.
> Les compagnies privées, pour investir dans les pays indépendants, exigent des conditions qui se révèlent à l'expérience inacceptables ou irréalisables. Fidèles au principe de rentabilité immédiate qui est le leur dès qu'ils vont "outre-mer", les capitalistes se montrent réticents à l'égard de tout investissement à long terme. (...)
> En fait la méfiance des groupes financiers occidentaux s'explique par leur souci de ne prendre aucun risque. Aussi exigent-ils une stabilité politique et un climat social serein qu'il est impossible d'obtenir si l'on tient compte de la situation lamentable de la population globale au lendemain de l'indépendance. Alors, à la recherche de cette garantie que ne peut assurer l'ancienne colonie, ils exigent le maintien de leur garnisons ou l'entrée du jeune état dans des pactes économiques ou militaires. Les compagnies privées font pression sur leur propre gouvernement pour qu'au moins les bases militaires soient installées dans ces pays avec pour mission d'assurer la protection de leurs intérêts.