C’est pour rappeler ce que fête du travail signifie que nous avons décidé d’en parler, au lendemain de cette journée historique puisqu’il a fallu une reconnaissance d’un grand nombre de droits élémentaires des travailleurs - particulièrement ceux du secteur primaire - et une valorisation du travail pour que ce 1er mai voie le jour avec tout ce qu’il connote comme revendications ouvrières.
Il y a dans l’histoire des sociétés des périodes de récession, de disette ayant entraîné un chômage dramatique ressenti par ceux qui en sont victimes comme une machine broyeuse.Pour un jeune qui n’a jamais goûté au plaisir du travail ou un père de famille en chômage, c’est le drame pour soi et les siens. Ainsi, à côté des désespérés qui n’attendent plus rien au point même de perdre la foi, il y a ceux qui, par optimisme ou esprit ingénieux, cherchent du travail et finissent par en trouver.
Tel a été le cas d’un ancien émigré arrivé de l’étranger sans retraite, sans diplôme, mais avec quelques menues économies et des idées et qui pour survivre au milieu de ses concitoyens - tous actifs en ce temps-là - était prêt à faire n’importe quoi. C’était l’époque des vaches grasses.
Un jour, à force de concentration sur l’environnement, il eut l’excellente idée de défricher une terre longtemps abandonnée que lui avaient laissée en héritage ses parents disparus.
Avec sa seule force physique, son âme et ses outils, il arriva à bout de la végétation sauvage et fit de sa terre un beau verger. La terre avait été bien remuée et enrichie considérablement en engrais naturels. Les fruits des arbres, nouvellement plantés, avaient mis quelque deux années au moins pour arriver à donner une quantité satisfaisante. Cependant, pour faire face aux besoins immédiats, il avait eu la chance de trouver un prêteur qui lui avait passé une somme assez suffisante pour créer un poulailler. Au cours de la même année, il eut près de mille poules pondeuses qui lui ont apporté le bonheur et la joie de vivre.
On n’a pas besoin de donner d’autres informations sur cet homme, mais tout ce qu’on sait, c’est qu’il s’était construit de ses propres mains un logis ainsi qu’un abri sûr pour ses poules, avec des matériaux de fortune, qu’il a remboursé son créancier et qu’il a renouvelé plusieurs fois son «cheptel». On souhaite à tous ceux qui souffrent beaucoup du chômage de trouver les mêmes voies et moyens qui leur permettent de réussir comme lui.
Le travail, une source de bonheur
Lorsque, au lieu d’être chômeur ou indifférent à son métier, on pratique avec amour dans une branche professionnelle, le travail devient une école qui apporte, avec le temps, une contrepartie bien plus importante que le salaire qui sert à faire vivre soi-même ou sa famille. C’est alors que des liens se tissent entre soi et tous ceux en faveur desquels on accomplit son travail du mieux qu’on peut., mais on est loin de constituer une majorité de travailleurs qui considèrent que la richesse est dans les cœurs et que le bonheur vient du sentiment d’avoir accompli ses devoirs professionnels.
L’un des exemples qui illustre bien ce que nous avançons est l’instituteur envoyé pour enseigner dans une petite agglomération de montagne totalement isolée et située en Europe de l’Est d’avant la chute du mur de Berlin et de la dislocation de l’Union soviétique.
Aussi loin qu’ils remontassent dans le temps, les habitants se souvinrent bien qu’aucun maître n’a accepté de rester plus de deux mois. «C’est triste et ce serait gâcher sa vie que d’accepter de rester là un an», disaient-ils en fuyant la localité. Aussi, l’école a toujours été laissée à l’abandon et des générations d’enfants en sont sorties sans avoir rien appris. Pourtant, cet instituteur hors du commun, qui avait vécu en zone urbaine, avait décidé de se donner corps et âme à cet endroit délaissé.
Dans un premier temps, il a fait reconstruire l’école délabrée et qui menaçait de s’écrouler avec l’aide des habitants : tous ceux qui étaient maçons, ouvriers, entrepreneurs et pouvaient venir en aide. Tout le monde avait adhéré à cette cause noble. Voyant leur instituteur faire presque du bénévolat, des participants venaient en grand nombre. Jamais on n’avait connu une pareille chaîne de solidarité et ce jusqu’à la fin des travaux.. On avait adjoint à la nouvelle école un immense espace vert, une bibliothèque, une salle des fêtes, une piscine ; bref, tout ce qui manquait pour créer la vie, la convivialité, l’esprit de compétition, l’union pour des causes communes, l’ambiance culturelle.
Une fois avoir recréé l’espoir et les conditions de travail fructueux, l’enseignement commença avec la même ardeur. Armé de son esprit de sacrifice ainsi que de son savoir et de son savoir-faire, le maître avait su orienter son programme vers les données et la connaissance de la région. Il fallait faire prendre conscience du retard accumulé au fil des générations, du vide culturel pour installer une réelle motivation auprès des jeunes afin qu’ils deviennent des bâtisseurs, des parties prenantes à l’œuvre de développement de la région restée longtemps oubliée.
«Mon but, avait dit l’enseignant, était d’inculquer aux enfants l’amour du travail, source de progrès, de richesse, de dignité, de respect, de promotion sociale. Il fallait qu’ils sachent que rien ne s’obtient sans peine».
Le travail en littérature
La littérature populaire abonde en récits légendaires qu’on transmettait jadis de bouche à oreille pour inciter les plus paresseux à plus d’efforts dans le travail. Les aînés qui travaillaient durement pour gagner de quoi vivre ne rataient pas la moindre occasion pour parler aux jeunes des avantages d’un travail accompli avec le plus grand soin. Ils citaient pour mieux convaincre des anecdotes et des légendes en guise d’illustration.
On raconte par exemple que dans l’ancien temps vivaient deux frères différents de caractère. L’un travaillait sans relâche la terre de ses ancêtres ; l’autre, quant à lui, rêvait de partir ailleurs, de voyager pour faire fortune ou s’enrichir sans peine. Il partit vers d’autres horizons... Des années avaient passé inutilement pour lui car au bout d’une décennie d’absence il rentra au bercail totalement désargenté, abattu, fatigué d’avoir trop cherché l’endroit dont il avait toujours rêvé pour s’enrichir facilement. Son frère, qui était resté fidèle au pays, avait amassé un pécule appréciable pendant que lui se contentait de vivre au jour le jour de petits travaux mal payés.
Ce que nous vous rapportons ici c’est du vécu qui mérite d’être narré pour être mémorisé, et ce sans aucune intention de donner des leçons de morale. Chacun est libre d’agir comme bon lui semble. Quand on aime un métier, on le garde pour le bien de soi, des siens, de la société qu’on sert. Mieux on l’exerce plus on est utile. Ce que n’avait pas compris ou admis un meunier de l’ancien temps. Son moulin marchait à merveille sous son œil vigilant et sa clientèle repartait à chaque fois satisfaite de la mouture.
Un jour, sous l’influence de sa femme qui ne voulait plus le voir revenir le soir couvert de poussière, elle exigea de son frère - un marchand émérite - de faire échange avec lui.«Demain à l’aube, moi je ferai le marchand et toi tu feras le travail de meunier. - Tu vas faire notre malheur, lui répondit son frère aîné, tu ne connais rien aux marchés et moi j’ignore tout du fonctionnement du moulin.-Tout s’apprend par le temps, comme moi qui m’habituerai aux achats et ventes ; il suffit d’avoir du tact pour réussir» , lui ajouta le premier.
Alors, dès le petit matin, comme cela avait été convenu, le marchand prit le chemin du moulin et le meunier se dirigea vers le marché avec un portefeuille bien garni. Arrivé au milieu des autres marchands, il fit l’effort de négocier les prix, de gagner le maximum de bénéfices sur les ventes, mais il ne tarda pas à se faire remarquer comme novice. On lui vola sans peine son portefeuille. Immédiatement, il rentra à la maison. Le vrai marchand improvisé en meunier fit marcher le moulin toute la journée mais, le soir, dès qu’il n’eût plus de monde, il ne sut pas l’arrêter : les meules tournèrent dans le vide et, tout à coup, elles se cassèrent.Le soir, chacun raconta sa mésaventure à l’autre. C’était ce jour-là que le meunier avait compris le proverbe tant répété : «Chacun son métier, les vaches seront bien gardées» . Il avait compris aussi, pour le restant de ses jours, qu’il ne fallait pas trop écouter sa femme.
Les œuvres écrites sont également riches de ces personnages matériellement pauvres mais riches de qualités qui conduisent au succès, comme la ténacité dans le travail. Ce fut le cas de Jack London devenu écrivain de renommée mondiale après avoir été longtemps cireur, ou du Marocain Mohammed Choukri qui n’a appris à lire et à écrire qu’à la fin de son adolescence, une fois libéré d’un père méchant qui l’avait exploité à outrance. Il sortit de l’anonymat par l’écriture acquise tardivement.
On doit citer Van Bergen, auteur dramatique qui finit par s’imposer dans le paysage culturel de son pays à force de travail. C’était un homme débordant d’activité physique et d’activité intellectuelle. Il avait besoin d’équilibrer sa vie en alternant le travail cérébral et l’exercice corporel. «Il semblait qu’il dût abattre et vaincre sa débordante nature, avant de se contraindre à l’esclavage de la plume» , dit Vander Merrsch, un de ses confrères, auteur du roman «Fille pauvre» qui nous rappelle «Le fils du pauvre» qui nous raconte comment Féraoun a pu sortir de la misère uniquement par son travail acharné.
Par La Nouvelle République
Il y a dans l’histoire des sociétés des périodes de récession, de disette ayant entraîné un chômage dramatique ressenti par ceux qui en sont victimes comme une machine broyeuse.Pour un jeune qui n’a jamais goûté au plaisir du travail ou un père de famille en chômage, c’est le drame pour soi et les siens. Ainsi, à côté des désespérés qui n’attendent plus rien au point même de perdre la foi, il y a ceux qui, par optimisme ou esprit ingénieux, cherchent du travail et finissent par en trouver.
Tel a été le cas d’un ancien émigré arrivé de l’étranger sans retraite, sans diplôme, mais avec quelques menues économies et des idées et qui pour survivre au milieu de ses concitoyens - tous actifs en ce temps-là - était prêt à faire n’importe quoi. C’était l’époque des vaches grasses.
Un jour, à force de concentration sur l’environnement, il eut l’excellente idée de défricher une terre longtemps abandonnée que lui avaient laissée en héritage ses parents disparus.
Avec sa seule force physique, son âme et ses outils, il arriva à bout de la végétation sauvage et fit de sa terre un beau verger. La terre avait été bien remuée et enrichie considérablement en engrais naturels. Les fruits des arbres, nouvellement plantés, avaient mis quelque deux années au moins pour arriver à donner une quantité satisfaisante. Cependant, pour faire face aux besoins immédiats, il avait eu la chance de trouver un prêteur qui lui avait passé une somme assez suffisante pour créer un poulailler. Au cours de la même année, il eut près de mille poules pondeuses qui lui ont apporté le bonheur et la joie de vivre.
On n’a pas besoin de donner d’autres informations sur cet homme, mais tout ce qu’on sait, c’est qu’il s’était construit de ses propres mains un logis ainsi qu’un abri sûr pour ses poules, avec des matériaux de fortune, qu’il a remboursé son créancier et qu’il a renouvelé plusieurs fois son «cheptel». On souhaite à tous ceux qui souffrent beaucoup du chômage de trouver les mêmes voies et moyens qui leur permettent de réussir comme lui.
Le travail, une source de bonheur
Lorsque, au lieu d’être chômeur ou indifférent à son métier, on pratique avec amour dans une branche professionnelle, le travail devient une école qui apporte, avec le temps, une contrepartie bien plus importante que le salaire qui sert à faire vivre soi-même ou sa famille. C’est alors que des liens se tissent entre soi et tous ceux en faveur desquels on accomplit son travail du mieux qu’on peut., mais on est loin de constituer une majorité de travailleurs qui considèrent que la richesse est dans les cœurs et que le bonheur vient du sentiment d’avoir accompli ses devoirs professionnels.
L’un des exemples qui illustre bien ce que nous avançons est l’instituteur envoyé pour enseigner dans une petite agglomération de montagne totalement isolée et située en Europe de l’Est d’avant la chute du mur de Berlin et de la dislocation de l’Union soviétique.
Aussi loin qu’ils remontassent dans le temps, les habitants se souvinrent bien qu’aucun maître n’a accepté de rester plus de deux mois. «C’est triste et ce serait gâcher sa vie que d’accepter de rester là un an», disaient-ils en fuyant la localité. Aussi, l’école a toujours été laissée à l’abandon et des générations d’enfants en sont sorties sans avoir rien appris. Pourtant, cet instituteur hors du commun, qui avait vécu en zone urbaine, avait décidé de se donner corps et âme à cet endroit délaissé.
Dans un premier temps, il a fait reconstruire l’école délabrée et qui menaçait de s’écrouler avec l’aide des habitants : tous ceux qui étaient maçons, ouvriers, entrepreneurs et pouvaient venir en aide. Tout le monde avait adhéré à cette cause noble. Voyant leur instituteur faire presque du bénévolat, des participants venaient en grand nombre. Jamais on n’avait connu une pareille chaîne de solidarité et ce jusqu’à la fin des travaux.. On avait adjoint à la nouvelle école un immense espace vert, une bibliothèque, une salle des fêtes, une piscine ; bref, tout ce qui manquait pour créer la vie, la convivialité, l’esprit de compétition, l’union pour des causes communes, l’ambiance culturelle.
Une fois avoir recréé l’espoir et les conditions de travail fructueux, l’enseignement commença avec la même ardeur. Armé de son esprit de sacrifice ainsi que de son savoir et de son savoir-faire, le maître avait su orienter son programme vers les données et la connaissance de la région. Il fallait faire prendre conscience du retard accumulé au fil des générations, du vide culturel pour installer une réelle motivation auprès des jeunes afin qu’ils deviennent des bâtisseurs, des parties prenantes à l’œuvre de développement de la région restée longtemps oubliée.
«Mon but, avait dit l’enseignant, était d’inculquer aux enfants l’amour du travail, source de progrès, de richesse, de dignité, de respect, de promotion sociale. Il fallait qu’ils sachent que rien ne s’obtient sans peine».
Le travail en littérature
La littérature populaire abonde en récits légendaires qu’on transmettait jadis de bouche à oreille pour inciter les plus paresseux à plus d’efforts dans le travail. Les aînés qui travaillaient durement pour gagner de quoi vivre ne rataient pas la moindre occasion pour parler aux jeunes des avantages d’un travail accompli avec le plus grand soin. Ils citaient pour mieux convaincre des anecdotes et des légendes en guise d’illustration.
On raconte par exemple que dans l’ancien temps vivaient deux frères différents de caractère. L’un travaillait sans relâche la terre de ses ancêtres ; l’autre, quant à lui, rêvait de partir ailleurs, de voyager pour faire fortune ou s’enrichir sans peine. Il partit vers d’autres horizons... Des années avaient passé inutilement pour lui car au bout d’une décennie d’absence il rentra au bercail totalement désargenté, abattu, fatigué d’avoir trop cherché l’endroit dont il avait toujours rêvé pour s’enrichir facilement. Son frère, qui était resté fidèle au pays, avait amassé un pécule appréciable pendant que lui se contentait de vivre au jour le jour de petits travaux mal payés.
Ce que nous vous rapportons ici c’est du vécu qui mérite d’être narré pour être mémorisé, et ce sans aucune intention de donner des leçons de morale. Chacun est libre d’agir comme bon lui semble. Quand on aime un métier, on le garde pour le bien de soi, des siens, de la société qu’on sert. Mieux on l’exerce plus on est utile. Ce que n’avait pas compris ou admis un meunier de l’ancien temps. Son moulin marchait à merveille sous son œil vigilant et sa clientèle repartait à chaque fois satisfaite de la mouture.
Un jour, sous l’influence de sa femme qui ne voulait plus le voir revenir le soir couvert de poussière, elle exigea de son frère - un marchand émérite - de faire échange avec lui.«Demain à l’aube, moi je ferai le marchand et toi tu feras le travail de meunier. - Tu vas faire notre malheur, lui répondit son frère aîné, tu ne connais rien aux marchés et moi j’ignore tout du fonctionnement du moulin.-Tout s’apprend par le temps, comme moi qui m’habituerai aux achats et ventes ; il suffit d’avoir du tact pour réussir» , lui ajouta le premier.
Alors, dès le petit matin, comme cela avait été convenu, le marchand prit le chemin du moulin et le meunier se dirigea vers le marché avec un portefeuille bien garni. Arrivé au milieu des autres marchands, il fit l’effort de négocier les prix, de gagner le maximum de bénéfices sur les ventes, mais il ne tarda pas à se faire remarquer comme novice. On lui vola sans peine son portefeuille. Immédiatement, il rentra à la maison. Le vrai marchand improvisé en meunier fit marcher le moulin toute la journée mais, le soir, dès qu’il n’eût plus de monde, il ne sut pas l’arrêter : les meules tournèrent dans le vide et, tout à coup, elles se cassèrent.Le soir, chacun raconta sa mésaventure à l’autre. C’était ce jour-là que le meunier avait compris le proverbe tant répété : «Chacun son métier, les vaches seront bien gardées» . Il avait compris aussi, pour le restant de ses jours, qu’il ne fallait pas trop écouter sa femme.
Les œuvres écrites sont également riches de ces personnages matériellement pauvres mais riches de qualités qui conduisent au succès, comme la ténacité dans le travail. Ce fut le cas de Jack London devenu écrivain de renommée mondiale après avoir été longtemps cireur, ou du Marocain Mohammed Choukri qui n’a appris à lire et à écrire qu’à la fin de son adolescence, une fois libéré d’un père méchant qui l’avait exploité à outrance. Il sortit de l’anonymat par l’écriture acquise tardivement.
On doit citer Van Bergen, auteur dramatique qui finit par s’imposer dans le paysage culturel de son pays à force de travail. C’était un homme débordant d’activité physique et d’activité intellectuelle. Il avait besoin d’équilibrer sa vie en alternant le travail cérébral et l’exercice corporel. «Il semblait qu’il dût abattre et vaincre sa débordante nature, avant de se contraindre à l’esclavage de la plume» , dit Vander Merrsch, un de ses confrères, auteur du roman «Fille pauvre» qui nous rappelle «Le fils du pauvre» qui nous raconte comment Féraoun a pu sortir de la misère uniquement par son travail acharné.
Par La Nouvelle République