Arthur C. Clarke est mort
NOUVELOBS.COM | 19.03.2008 | 15:57
Le célèbre auteur de 2001, l’odyssée de l’espace est mort, à l’âge de quatre-vingt dix ans, au Sri Lanka, son pays d’adoption.
Arthur C.Clarke (AP).
Scientifique et auteur de plus d’une centaine d’ouvrages de science-fiction et de vulgarisation, Sir Arthur C. Clarke est décédé dans la nuit de mardi à mercredi, dans un hôpital de Colombo, au Sri Lanka, où il vivait depuis 1956. Avec sa disparition, la science-fiction perd un de ses auteurs à succès mais surtout un visionnaire qui tout au long de ses œuvres a été un ardent promoteur de l'idée que le destin de l'humanité réside au-delà des limites de la Terre.
Il restera à jamais célèbre pour avoir réalisé avec Stanley Kubrick, en 1968, le « légendaire bon film de science-fiction » : 2001, l’odyssée de l’espace. Le scénario du film, ainsi que le livre correspondant, ont été écrits conjointement par Clarke et Kubrick, à partir de plusieurs nouvelles qu’il avait éditées auparavant. Dans ce « space opera », Clarke met en scène une intelligence supérieure symbolisée par un monolithe noir qui insuffle à un groupe de primates préhistoriques affamés l’idée de se servir d’outils et lui procure ainsi l’élan qui les conduira, plusieurs milliers d’années plus tard, vers la Lune et une nouvelle rencontre avec le monolithe. Et encore après, à bord d’un vaisseau dirigé par un ordinateur parano, vers Jupiter et un mystère bien plus grand.
2001 a marqué durablement l’histoire de la science-fiction mais également plusieurs générations d’astronautes et d’ingénieurs. Ces derniers ont d’ailleurs souvent fait allusion au film durant diverses missions, certains furent même tentés d’annoncer la présence d’un monolithe lors du premier survol de la face cachée de la Lune tandis que d’autres s’acharnent à mettre en œuvre les inventions de l’auteur, comme l’ascenseur spatial.
Mais l’œuvre de Clarke ne se résume pas à 2001. En tout ce ne sont pas moins d’une centaine de romans et d’essais qui sont sortis de cet esprit fertile. Plusieurs d’entre eux ont été couronnés par des prix littéraires récompensant ce genre : Rendez-vous avec Rama (en 1973, Prix Nebula du meilleur roman, puis en 1974 : Prix British Science-Fiction, Prix John Wood Campbell Memorial et Prix Locus du meilleur Roman) ou Les Fontaines du Paradis (Prix Hugo et Prix Nebula du meilleur roman en 1980) pour ne citer que ceux-là.
Enfin, il convient de saluer le scientifique, qui au cours de la deuxième guerre mondiale, comme officier de la Royal Air Force, a contribué à la mise au point des premiers radars. Cette expérience l’a conduit non seulement vers la science-fiction, mais plus important encore, elle a abouti en 1945 à un document technique, publié dans la revue britannique Wireless World, définissant le concept de satellite de télécommunication géostationnaire. Depuis, l’orbite sur laquelle ils évoluent est appelée orbite de Clarke.
La disparition d’Arthur C. Clarke laisse le monde de la science-fiction et plus largement le monde de l’espace orphelin d’un homme qui affirmait que toute technologie suffisamment avancée est indiscernable de la magie. Ses fans pourront se consoler avec la sortie en fin d’année de son dernier roman, co-écrit avec Frederik Pohl : « le dernier théorème ». Et gardant en mémoire les paroles de David Bowman dans 2001, ils se plairont à penser qu’au moment d’entrer dans sa dernière demeure, il s’est écrié : « Mon Dieu, c‘est plein d’étoiles ! »
Joël IGNASSE
Sciences et Avenir.com
19/03/2008