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La langue berbère

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  • #16
    Donc, l'absence de matière propre au berbère qui aurait pu éclairer son histoire des siècles précedant sa rencontre avec l'arabe pour les linguistes n'a rien à voir avec les Arabes.

    A ma connaissance, il n'existe pas dans nos universités (du moins jusqu'à un passé récent) de filières spécialisées dans l'étude de la langue Berbère, encore moins de travaux de recherche consacrés à ce sujet . Des documentations s'il en existe c'est avec parcimonie, sans que la curiosité puisse étancher sa soif...

    Trois mille d'Histoire ont jalonnés l'existence des Berbères en ce pays de Tamzghat. Le volume temporel est extrêmement significatif pour toutes ressemblances des us et coutumes...

    Ce début de siècle interdit le silence autour de l'Histoire des peuples. Les vérités doivent êtres écrites, dites, chantées, célébrées, et immortalisées...

    Dernière modification par infinite1, 24 avril 2022, 21h58.

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    • #17
      infinite1
      A ma connaissance, il n'existe pas dans nos universités(du moins jusqu'à un passé récent) ...
      Ca reste toujours sans rapport avec l'arabe puisque il n'exista nul enseignement du berbère au cours des millénaires qui ont précédé l'irruption des Arabes et de la langue arabe sur la scène. Tu continues donc à tourner en rond ...
      "L'armée ne doit être que le bras de la nation, jamais sa tête" [Pio Baroja, L'apprenti conspirateur, 1913]

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      • #18
        Ca reste toujours sans rapport avec l'arabe puisque il n'exista nul enseignement du berbère au cours des millénaires qui ont précédé l'irruption des Arabes et de la langue arabe sur la scène.

        Est-ce là une résurgence d'une adversité qui puise ses racines très loin dans l'histoire ?

        Certainement, ferons observer ceux qui font de l'histoire leur gisement aux valeurs sélectives...

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        • #19
          Creux, toujours plus creux. Beaucoup de rhétorique et pas une once de linguistique ...
          "L'armée ne doit être que le bras de la nation, jamais sa tête" [Pio Baroja, L'apprenti conspirateur, 1913]

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          • #20
            Creux, toujours plus creux. Beaucoup de rhétorique et pas une once de linguistique ...

            Non !...Ce n'est pas de la rhétorique, je me lance à la découverte de l'histoire, de l'histoire qui nous est interdite. Interdite depuis l'école primaire jusqu'à l'université ...

            Et puis même si c'est de la rhétorique, elle permettra certainement à dépoussiérer l'histoire d'un continent: celui de l'Afrique du Nord non arabe.

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            • #21
              je me lance à la découverte de l'histoire, de l'histoire qui nous est interdite.

              infinite1

              Ce n'est pas vrai. Mouloud Mammeri te dit quelque chose? Et meme si ce que tu dis est vrai, avec l'internet, tous les interdits sont brisés.

              Tu as access a presque tous les livres dans archive.org que dans les Universités du monde.

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              • #22
                infinite1

                ​​​​
                Non !...Ce n'est pas de la rhétorique, je me lance à la découverte de l'histoire, de l'histoire qui nous est interdite. Interdite depuis l'école primaire jusqu'à l'université.

                Et puis même si c'est de la rhétorique, elle permettra certainement à dépoussiérer l'histoire d'un continent: celui de l'Afrique du Nord non arabe.
                Plus creux que creux, il y a creux. Tu ne pourra jamais fournir quelque chose avec rien INFINITE. Ici, le sujet est aussi précis que concret : linguistique, histoire. La rhétorique n'est d'aucun secours, si ce n'est pour creuser plus bas son propre ridicule ...

                Cela-dit, ce qu'il y a d'intéressant avec ce genre de topics, c'est qu'ils démontrent en très peu de temps l'étendue de l'ignorance chez les démaguogues de sujets qu'ils prétendent fondamentaux dans leur discours. Admirable ... lol
                Dernière modification par Harrachi78, 24 avril 2022, 23h11.
                "L'armée ne doit être que le bras de la nation, jamais sa tête" [Pio Baroja, L'apprenti conspirateur, 1913]

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                • #23
                  Cela-dit, ce qu'il y a d'intéressant avec ce genre de topics, c'est qu'ils démontrent en très peu de temps l'étendue de l'ignorance chez les démaguogues de sujets qu'ils prétendent fondamentaux dans leur discours. Admirable ...

                  Ce qu'il y a aussi d'intéressant avec ce genres de topics, c'est les réponses qu'ils suscitent, qui font comprendre des faits d'histoire, des dates, des événements enfouies, ou volontairement dénaturés...

                  En ce début du XXI e siècles, les algériens ont besion d'interroger leur HISTOIRE, la vraie, (non pas l'histoire officielle, artificielle, montée de toutes piéces), qui les ménera vers tous les entiers de la Vérité.

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                  • #24
                    Une Histoire des langues & des peuples qui les parlent
                    Jean Sellier
                    Éditions La Découverte
                    ___________________


                    Le berbère, le somali et le haoussa ont-ils la même origine ?

                    Remontons le temps de 3 000 ans et commençons par l’ensemble afro-asiatique qui, rappelons-le, réunit l’égyptien ancien (une famille en soi) et les familles sémitique, berbère, couchitique, omotique et tchadique. À cette époque, les langues sémitiques demeurent confinées au Proche-Orient : non seulement la langue arabe ne s’est pas encore propagée dans le N. de l’Afrique (il faudra pour cela attendre le 7e siècle), mais les Phéniciens, eux aussi de langue sémitique, n’ont pas encore fondé Carthage. Quant aux autres familles, elles ne sont présentes que sur le continent africain, qu’il s’agisse de l’égyptien ou des langues berbères (en Afrique du N.), couchitiques et omotiques (à l’E. du Nil) et tchadiques.

                    Si l’on admet que les diverses familles afro-asiatiques ont une ascendance commune, où situer le foyer originel ? Certains l’imaginent dans la vallée du Jourdain et la basse vallée du Nil, d’autres plus au S., entre le Nil et la mer Rouge. Dans tous les cas, on postule que les populations locutrices de l’hypothétique « proto-afro-asiatique » auraient tôt maîtrisé des formes d’agriculture et d’élevage, puis, de proche en proche, lentement essaimé dans des régions parcourues par des chasseurs-cueilleurs. Ces derniers se seraient mêlés aux nouveaux venus et auraient adopté leurs langues qui, de plus en plus éloignées du foyer originel, auraient divergé en plusieurs familles. À quand remonteraient ces divergences ? Il est difficile de l’établir, mais les différences constatées aujourd’hui entre les six familles impliquent une origine très ancienne, datant d’il y a une dizaine de milliers d’années.

                    Cela semble toutefois contredire une autre observation : les langues berbères actuelles se ressemblent, au point qu’aux yeux de certains elles ne formeraient qu’une seule langue… Comment rendre compte d’une telle situation ? En deux temps : au tout début, une lointaine ancêtre du berbère se détache du tronc afro-asiatique ; plusieurs milliers d’années plus tard, une langue descendant (parmi d’autres) de cette ancêtre s’impose aux dépens de ses cousines. C’est le « proto-berbère » que les linguistes s’efforcent de reconstituer et qui daterait de la fin du 4e millénaire. Il se diffuse dans toute l’Afrique du N., jusqu’aux confins de l’Égypte et jusqu’à l’Atlantique. Ses locuteurs atteignent même les îles Canaries où, sous le nom de Guanches, ils conserveront l’usage d’un parler berbère jusqu’à la conquête espagnole au 15e siècle. L’expansion du berbère dans le Sahara, plus récente, fait suite à l’introduction du dromadaire en Afrique du N., au 1er siècle av. J.-C.

                    [Fin de l'extrait]
                    Dernière modification par Harrachi78, 25 avril 2022, 23h39.
                    "L'armée ne doit être que le bras de la nation, jamais sa tête" [Pio Baroja, L'apprenti conspirateur, 1913]

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                    • #25
                      De l’oasis de Sîwa, à l’O. de l’Egypte, jusqu’à l’Atlantique s’étend l’immense région qui fut longtemps le domaine des Berbères : Libye, Tunisie, Algérie, Maroc. L’archéologie et l’anthropologie préhistoriques nous attestent des migrations et des brassages de populations auxquelles nous ne pouvons assigner d’identité linguistique. Nous ne savons pas quelle était la langue de ces « Libyens » qui, dès l’époque prédynastique (fin du 4e millénaire av. J.-C) sont les voisins occidentaux des Egyptiens, luttent avec eux, pénètrent le Delta nord-occidental, se mêlent aussi en partie à eux.

                      Les noms que leur donnent les Egyptiens (Tchehenou, puis Tchemehou, bien plus tard Meshwesh et enfin, au 13e s. av. J.-C, Lebou qui équivaut à Libyens) changent et désignent sans doute des groupes différents. Cependant certains mots employés par eux et attestés par les textes égyptiens, notamment quand des pharaons libyens dominent l’Egypte (v. 950-700 av. J.-C.), semblent bien des mots berbères. Il a dû y avoir, au moins dès cette époque, expansion d’un noyau ethnique parlant un des dialectes libyco-berbères qui forment une des quatre branches de la grande famille chamito-sémitique. Nous ne savons pas et ne saurons sans doute jamais où se situait son habitat « originel » et quand il l’a quitté, quand il s’est séparé du noyau encore plus ancien qui parlait l’ancêtre commun de toutes ces langues, lui aussi de situation géographique et chronologique inconnue. En tout cas, les « Libyco-Berbères », suivant la règle, assimilèrent, détruisirent ou subordonnèrent toutes les populations préexistantes sur l’immense domaine en question.

                      Les colons phéniciens er grecs du Ier millénaire av. J.-C. ne changèrent que marginalement la composition ethnique de la région. La Cyrénaïque fut hellénisée. Les peuples que nous décrivent les auteurs grecs et latins à partir du 3e s. av. J.-C., Maures au Maroc, Masaesyles et Massyles (ou Numides) en Algérie, Gétules au S., étaient certainement berbères et c’est dans leur langue, sans doute, que sont rédigées les inscriptions libyques dont les plus anciennes seraient du 2e siècle. Sous la République et l’Empire romains qui annexent tous ces pays peu à peu entre le 2e s. av. J.-C. et le milieu du 1er siècle de notre ère, le latin se diffuse comme langue de l’administration, du droit et de l’armée. Mais il n’y eut de latinisation profonde que dans une région limitée où le punique semble disparaître. Le berbère doit rester la langue quotidienne des autochtones, la seule langue des paysans et des pasteurs. Depuis les années 250 au moins, les révoltes berbères se succèdent sans discontinuer et durent restreindre encore l’influence du latin.
                      Maxime Rodinson
                      Dernière modification par Harrachi78, 25 avril 2022, 22h36.
                      "L'armée ne doit être que le bras de la nation, jamais sa tête" [Pio Baroja, L'apprenti conspirateur, 1913]

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                      • #26
                        infinite1

                        En ce début du XXI e siècles, les algériens ont besion d'interroger leur HISTOIRE, la vraie, (non pas l'histoire officielle, artificielle, montée de toutes piéces), qui les ménera vers tous les entiers de la Vérité.

                        Si tu aimes l'Algérie vraiment comme tu prétends, tu ne verserais jamais dans ces bétises et la haine primaire de l'Arabe, sachant que l'Arabe comme toi est un fils de cette grande nation. l'Arabe n'a jamais été un étranger en Algérie. Il est l'Algérien et son sang s'est mélangé avec de celui de son frere Berber.

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                        • #27
                          Langues et cultures dans la Kabylie antique
                          J.-P. Laporte
                          ____________________


                          Kabylie (Algérie) a livré un certain nombre d’éléments sur le niveau linguistique et culturel de ses populations antiques, d’abord des Libyques, puis des élites romaines ou berbéro-romaines, mais aussi, plus discrètement dans d’autres couches de la population. On ne s’étonne guère de trouver des épitaphes latines versifiées dans les nécropoles des colonies augustéennes de la région (Tubusuctu, Saldae, Rusazus), voire dans la ville ancienne d’Auzia (Sour el-Ghozlane), romanisée seulement sous Hadrien. Ceci amène à se demander comment s’est propagé ce savoir. À Tigzirt, antique Iomnium, pagus de Rusuccuru (Dellys), on note au 4e siècle l’épitaphe d’un magister liberalium litterarum chrétien. On est plus étonné de voir sporadiquement dans des zones montagneuses accidentées, rebelles à plusieurs reprises aux 3e et 4e siècles, des inscriptions et des décors funéraires gréco-romains parfois de fort bonne latinité. Quelques découvertes anciennes et récentes amènent à évoquer la question des rapports culturels entre les villes romaines et les peuples autochtones restés plus ou moins, mais jamais complètement, à l’écart de ce qu’il est convenu d’appeler la « romanisation ». En fait, tout ceci procède du plurilinguisme qui s’installe naturellement lors du contact prolongé d’une population avec une autre culture, imposée ou acceptée : certains se tournent plus nettement vers l’une ou l’autre langue, d’autres utilisant des sabirs complexes et évolutifs mélangeant des éléments de l’une et de l’autre.

                          ... /...
                          Dernière modification par Harrachi78, 25 avril 2022, 23h41.
                          "L'armée ne doit être que le bras de la nation, jamais sa tête" [Pio Baroja, L'apprenti conspirateur, 1913]

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                          • #28
                            La toponymie libyco-punique

                            Très tôt, cette population autochtone eut des contacts avec des marchands venus de la mer. La plupart des toponymes de la côte sont libyques, puniques ou bilingues, alliant un préfixe punique (rus- = cap, ou i- = île) et un radical libyque ou punique. Le nom de Rusazus, rus-azus, est entièrement punique et signifie le « grand cap ».

                            Le plus ancien témoignage matériel de ces contacts culturels est fourni par une stèle d’Azeffoun qui montre deux personnages tenant apparemment des poteries et une grenade, et se dirigeant vers un autel de type sémitique. Indatable en elle-même faute d’éléments directement comparables, elle paraît très ancienne avec un caractère égyptisant assez marqué (visage de profil sur un corps de face, œil de face dans une tête de profil). Les contacts avec la lointaine Égypte ont probablement été réalisés par l’intermédiaires de marchands phénico-puniques dont la culture et l’iconographie furent longtemps égyptisants.

                            Dans les villes de la côte, on a découvert quelques inscriptions puniques notamment à Cap Djnet (antique Cissi). Sur l’une d’elles M. Sznycer a lu la mention d’une assemblée du peuple. Ceci montre que l’on parlait la langue punique dans cette petite ville côtière, de plus organisée à la manière punique.

                            DRK ’DNB‘L H Š KŠY ’Š / [B]‘M LKŠ L’[DN…]

                            [Stè]le qu’a érigée DRK ’DNB‘L, l’homme de Kissi (ou le Sexite), qui [appartient] au peuple de Lixus. Au Sei[gneur ...

                            La même petite ville a livré une bilingue libyco-punique, c’est-à-dire qu’il y avait déjà dans la région, au moins dans les villes de la côte, coexistence dans la population de deux langues et donc de deux cultures. En revanche, dans la mesure où on la connaît, la toponymie de l’intérieur du pays, paraît entièrement libyque, ce qui montre les limites de ces contacts.

                            Non loin de là, à l’intérieur du pays, parfois à quelques kilomètres seulement des villes punicisées de la côte, une iconographie particulière apparut pour les chefs libyques dans les derniers siècles avant notre ère. L’iconographie est purement autochtone, sans la moindre trace d’influence punique ou romaine. Ces stèles montrent un cavalier au corps de face et au bassin de trois-quart, sur un petit cheval barbe de profil. Ce cavalier brandit de la main gauche un bouclier rond et des javelines, et lève le bras droit, dont la main ouverte montre souvent un anneau, sans doute un signe de pouvoir. Ce type de stèles, très stylisées, dont la datation a été longtemps contestée, est maintenant placé avant la période romaine, dans les trois derniers siècles av. J.-C.

                            ... /...
                            Dernière modification par Harrachi78, 25 avril 2022, 23h18.
                            "L'armée ne doit être que le bras de la nation, jamais sa tête" [Pio Baroja, L'apprenti conspirateur, 1913]

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                            • #29
                              Trois colonies romaines :

                              La période romaine commença dans la région vers 25 av. J.-C., avec la déduction de vétérans d’une même 7e Légion dans trois colonies voisines. Toutes les trois prirent le nom de Colonia Iulia Augusta, suivi de leur nom antérieur, libyque, punique, ou libyco-punique : Rusazus, Saldae, Tubusuptu, du nom de la légion qui avait fourni les premiers vétérans, et enfin la précision de l’immunité fiscale. C’est ainsi que Rusazus prit le nom de Colonia Iulia Augusta Rusazus Legionis VIIa, immunis, et ses deux consoeurs de même.

                              Le nom officiel de chaque ville était ainsi bilingue. Ces trois colonies, légalement des parties de Rome, étaient parfaitement latinisées, notamment dans les coutumes funéraires, dans leur épigraphie, dans l’onomastique de la plupart de leurs habitants, qui portent les duo puis tria nomina caractéristiques. Il s’agissait en quelque sorte d’enclaves culturelles latines dans un pays qui ne l’était pas. On ne s’étonne donc pas d’y trouver des épitaphes latines de belle facture. En revanche, il est plus étonnant de trouver des épitaphes latines versifiées dans la ville très ancienne d’Auzia (Sour el-Ghozlane), romanisée seulement sous Hadrien. Ceci amène à se demander comment s’est propagé ce savoir, sans pouvoir pour l’instant répondre directement à la question.

                              Le contact prolongé des villes romaines avec la population libyque des alentours entraîna une certaine acculturation chez une partie des autochtones et notamment les notables. Une stèle découverte à Toudja, dans la montagne au-dessus de Bougie, se présentait comme une dalle naturelle à peine équarrie, qui portait en haut une scène de chasse et en bas une scène d’interprétation encore incertaine. Cette apparence bien libyque est modifiée en haut à gauche par une tabula ansata qui porte une épitaphe latine donnant le nom berbère du défunt, Vergi en Nerdocen, et précisant sa fonction romaine de princeps. Un autochtone avait reçu de Rome la direction de la tribu locale (dans la mesure où ni le lieu, ni la tribu ne sont mentionnés).

                              Plus tard, au 3e siècle, plusieurs stèles présentent au premier abord une apparence purement gréco-romaine. Dans le fronton, un aigle flanqué du soleil et de la lune, en dessous, un cavalier accompagné probablement de ses fils ; en dessous encore, le repas funéraire gréco-romain classique, avec le défunt allongé sur son lit de repas, flanqué, à droite, de son épouse assise et d’un enfant (ou d’un serviteur) et, à gauche, de trois serviteurs. Le bandeau situé entre les deux registres inférieurs porte une épitaphe qui précise le nom libyque du défunt. Il s’agit là aussi d’un notable autochtone, princeps de Castellum Tulei, dont la stèle a été érigée à la romaine.

                              C’est la mise en série des stèles libyques figurées, de la stèle de Toudja et des stèles libyco-romaines de type Castellum Tulei qui a permis à la fois d’assurer enfin une datation des premières, antérieures à l’époque romaine, et d’illustrer la progression de la romanisation des chefs autochtones

                              ... /...
                              Dernière modification par Harrachi78, 25 avril 2022, 23h26.
                              "L'armée ne doit être que le bras de la nation, jamais sa tête" [Pio Baroja, L'apprenti conspirateur, 1913]

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                              • #30
                                Romanisation des campagnes :

                                La romanisation relative des chefs entraîna celle d’une petite partie de leurs sujets, comme le montre une épitaphe bilingue libyco-latine d’Ahmil. Elle est à ce jour unique pour la Kabylie, ce qui montre la faiblesse de cette pénétration lingustique du latin parmi les paysans autochtones.

                                Deux stèles récemment découvertes permettent d’évoquer l’une des manières dont une part de la culture romaine a pénétré la région au-delà des trois colonies augustéennes.

                                a) Stèle d’Ifoughalen

                                Une stèle d’Ifoughalen porte deux inscriptions qui ont été gravées simultanément. Selon le texte latin, il s’agit de l’épitaphe d’un certain Crescens, qui avait vécu 81 ans. En revanche, le texte libyque le nomme Mustelyn, et le qualifie de MSW, c’est dire servant, qui semble bien s’appliquer à un ancien soldat d’une unité auxiliaire de l’armée romaine. Chacun des deux textes précise ce qui intéressait ceux qui pouvaient le lire.

                                b) Stèle d’Ighil Oumsed

                                Une stèle de la même région présente un aspect beaucoup plus classique. Dans le fronton, une femme nue allongée devant un oiseau posé, probablement un aigle, et en-dessous les deux registres gréco-romains habituels : le cavalier sur son cheval et le repas funéraire. L’épitaphe inscrite sur le bandeau situé entre les deux précise qu’il s’agit de la stèle funéraire d’un certain Lesgig, ou Lescig, dont le nom unique, qui n’est pas latin, a toutes les chances d’être libyque. Il est qualifié de miles, alors qu’il était âgé de 75 ans. Il s’agit donc d’un ancien soldat d’une unité auxiliaire de l’armée romaine revenu dans son village de montagne où il avait repris son nom libyque.

                                Les deux stèles que nous venons de voir soulignent clairement que le passage par l’armée romaine a été une voie de romanisation pour certains autochtones. On est plus étonné de voir sporadiquement des inscriptions et des décors funéraires gréco-romains parfois de fort bonne qualité dans des zones montagneuses accidentées, rebelles à plusieurs reprises aux 3e et 4e siècles.

                                c) Stèle de Tazrout

                                Certaines stèles présentent un aspect un peu différent. Une grande stèle de Tazrout, un village à plus de 1 000 m d’altitude, montre tous les éléments précédents, dans une version particulièrement foisonnante qui couvre l’ensemble de la surface disponible. Sur la face avant, on reconnaît un cavalier entouré de sa famille à pied, une série de gardes armés, et le repas funéraire. La face arrière montre le départ pour la chasse, avec la famille et les serviteurs debout, puis une théorie de cavaliers, jusqu’à l’attaque du gibier à l’épieu.

                                La face principale comporte un champ épigraphique qui n’a pas été gravé. La stèle était destinée à être regardée par des Libyques qui ne connaissaient pas le latin. Les deux tranches sont également décorées : un petit atlante supporte une colonne surmontée d’un garde armé. Le foisonnement des personnages est un élément nouveau qui sera plus tard caractéristique de l’art libyco-romain tardif qui tendit à couvrir toutes les surfaces.

                                La romanisation de l’épigraphie des notables n’entraîna pas la soumission des tribus montagnardes qui se révoltèrent à plusieurs reprises. Deux dédicaces romaines de 292 et 305 mentionnent les Quinquegentanei, une grande confédération que l’on ne connaît que par des témoignages romains et contre laquelle les combats furent très durs

                                [Fin de l'extrait]
                                Dernière modification par Harrachi78, 25 avril 2022, 23h40.
                                "L'armée ne doit être que le bras de la nation, jamais sa tête" [Pio Baroja, L'apprenti conspirateur, 1913]

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