Voici la description de la maison d’Alger par William Shaler, consul général des États Unis à Alger de 1815 à 1828.
« Toutes les maisons d'Alger sont bâties sur le même plan. Par la description de celle que j'habite, on aura une idée juste des autres, puisqu'il n'y a de différence entre elles, que pour la grandeur et la qualité des matériaux qui les composent. Ma maison a environ soixante-quatre pieds sur quatre façade et quarante-deux de haut. Un tiers est occupé par le rez-de-chaussée, où se trouvent, à la suite les uns des autres, des magasins, des citernes, des écuries et des arcs-boutants, qui supportent le bâtiment. Dans les autres vingt-huit pieds, sont compris deux étages se formant en cercle autour d'une cour pavée en marbre, qui a trente pieds carrés. La cour est entourée d'une galerie couverte, large de six pieds, et supportée à chaque étage par douze colonnes de marbre d'Italie, de l'ordre ionique. Chacune de ces colonnes sert de soutien à douze arches elliptiques; et ainsi se dessine, autour de la cour, une double colonnade pleine d'élégance et de beauté. Le toit est plat et en forme de terrasse, avec un parapet de quatre pieds et demi de hauteur. Du côté qui regarde la mer, il y a une troisième galerie couverte, où sont plusieurs petits appartements.
La grandeur de la cour fait que les appartements de la maison, qui a quatre façades, sont excessivement étroits et longs outre mesure. Ils sont très bien entendus pour le climat, mais seraient très incommodes dans un pays moins chaud. Deux côtés de cette maison font face à la mer, et, à chacun, il y a des croisées; mais généralement, les maisons d'Alger ne reçoivent le jour que par la cour, parce qu'on ne permet pas d'avoir des fenêtres extérieures, quand elles ont vue sur d'autres maisons. Les fenêtres de la rue, comme celles de la cour, sont garnies de fortes grilles en fer; ce qui donne aux maisons la triste apparence de prisons. Dans celles où sont construites de grandes citernes, et, lors de la saison des pluies, on se procure, par le moyen des terrasses, assez d'eau pour les besoins ordinaires de la famille. A cette maison, comme à quelques autres, qui sont de la même importance, se rattache un second bâtiment qui en dépend. Il est petit, renfermé dans l'enceinte du premier, et pourtant forme réellement, sous d'autres rapports, un bâtiment à part. Il est ordinairement destiné aux femmes, à une famille dépendante ou à un fils déjà marié. Dans le système d'économie domestique, tel qu'il est entendu ici, il sert pour la cuisine, les offices, les bains, etc.
On entre dans cette maison par une porte intérieure, aussi forte et aussi solide que celle d'une forteresse; et, avec cette protection, les personnes qui l'habitent peuvent se reposer tranquillement, sans crainte d'être troublées dans leur intérieur. Tous les étages ont un pavé en marbre ou en tuiles de Hollande, sur lesquelles est un vernis; et souvent même, les appartements en sont garnis sur les côtés, à la hauteur d'environ quatre pieds, mais alors, elles sont plus belles que celles du parquet. Dans toutes les maisons d'Alger, il y a un petit appartement placé à la porte extérieure, en-dehors de l'enceinte du bâtiment. C'est là que le maître de la maison reçoit des visites et s'occupe d'affaires. Car, à cause des femmes, un étranger n'entre jamais dans la demeure d'un Algérien; il faut pour cela des circonstances extraordinaires. Cet appartement, qu'on appelle le skiffa (السقيفة), est très grand et très beau dans la maison que j'occupe. Les maisons d'Alger sont blanchies en-dehors avec le plus grand soin, ce qui, à une certaine distance, donne à la ville beaucoup d'apparence.
Je suis entré dans les plus grands détails sur la maison que j'habite, autant pour faire comprendre au lecteur le système d'architecture employé à Alger, que pour lui donner une idée de la valeur des propriétés. On suppose que cette maison a coûté, pour la faire bâtir, environ 100,000 dollars, et j'en paye chaque année un loyer de 250 dollars. Dans leurs jours de prospérité, les Algériens étaient très jaloux de se bâtir de belles maisons, et il serait facile d'en trouver dans la ville plusieurs aussi belles, ou plus belles, que celle que j'habite. Il est défendu à tous les Musulmans, sous les peines les plus sévères, de visiter, pendant le jour, les terrasses de leurs maisons, qui sont alors réservées pour les femmes ».
« Toutes les maisons d'Alger sont bâties sur le même plan. Par la description de celle que j'habite, on aura une idée juste des autres, puisqu'il n'y a de différence entre elles, que pour la grandeur et la qualité des matériaux qui les composent. Ma maison a environ soixante-quatre pieds sur quatre façade et quarante-deux de haut. Un tiers est occupé par le rez-de-chaussée, où se trouvent, à la suite les uns des autres, des magasins, des citernes, des écuries et des arcs-boutants, qui supportent le bâtiment. Dans les autres vingt-huit pieds, sont compris deux étages se formant en cercle autour d'une cour pavée en marbre, qui a trente pieds carrés. La cour est entourée d'une galerie couverte, large de six pieds, et supportée à chaque étage par douze colonnes de marbre d'Italie, de l'ordre ionique. Chacune de ces colonnes sert de soutien à douze arches elliptiques; et ainsi se dessine, autour de la cour, une double colonnade pleine d'élégance et de beauté. Le toit est plat et en forme de terrasse, avec un parapet de quatre pieds et demi de hauteur. Du côté qui regarde la mer, il y a une troisième galerie couverte, où sont plusieurs petits appartements.
La grandeur de la cour fait que les appartements de la maison, qui a quatre façades, sont excessivement étroits et longs outre mesure. Ils sont très bien entendus pour le climat, mais seraient très incommodes dans un pays moins chaud. Deux côtés de cette maison font face à la mer, et, à chacun, il y a des croisées; mais généralement, les maisons d'Alger ne reçoivent le jour que par la cour, parce qu'on ne permet pas d'avoir des fenêtres extérieures, quand elles ont vue sur d'autres maisons. Les fenêtres de la rue, comme celles de la cour, sont garnies de fortes grilles en fer; ce qui donne aux maisons la triste apparence de prisons. Dans celles où sont construites de grandes citernes, et, lors de la saison des pluies, on se procure, par le moyen des terrasses, assez d'eau pour les besoins ordinaires de la famille. A cette maison, comme à quelques autres, qui sont de la même importance, se rattache un second bâtiment qui en dépend. Il est petit, renfermé dans l'enceinte du premier, et pourtant forme réellement, sous d'autres rapports, un bâtiment à part. Il est ordinairement destiné aux femmes, à une famille dépendante ou à un fils déjà marié. Dans le système d'économie domestique, tel qu'il est entendu ici, il sert pour la cuisine, les offices, les bains, etc.
On entre dans cette maison par une porte intérieure, aussi forte et aussi solide que celle d'une forteresse; et, avec cette protection, les personnes qui l'habitent peuvent se reposer tranquillement, sans crainte d'être troublées dans leur intérieur. Tous les étages ont un pavé en marbre ou en tuiles de Hollande, sur lesquelles est un vernis; et souvent même, les appartements en sont garnis sur les côtés, à la hauteur d'environ quatre pieds, mais alors, elles sont plus belles que celles du parquet. Dans toutes les maisons d'Alger, il y a un petit appartement placé à la porte extérieure, en-dehors de l'enceinte du bâtiment. C'est là que le maître de la maison reçoit des visites et s'occupe d'affaires. Car, à cause des femmes, un étranger n'entre jamais dans la demeure d'un Algérien; il faut pour cela des circonstances extraordinaires. Cet appartement, qu'on appelle le skiffa (السقيفة), est très grand et très beau dans la maison que j'occupe. Les maisons d'Alger sont blanchies en-dehors avec le plus grand soin, ce qui, à une certaine distance, donne à la ville beaucoup d'apparence.
Je suis entré dans les plus grands détails sur la maison que j'habite, autant pour faire comprendre au lecteur le système d'architecture employé à Alger, que pour lui donner une idée de la valeur des propriétés. On suppose que cette maison a coûté, pour la faire bâtir, environ 100,000 dollars, et j'en paye chaque année un loyer de 250 dollars. Dans leurs jours de prospérité, les Algériens étaient très jaloux de se bâtir de belles maisons, et il serait facile d'en trouver dans la ville plusieurs aussi belles, ou plus belles, que celle que j'habite. Il est défendu à tous les Musulmans, sous les peines les plus sévères, de visiter, pendant le jour, les terrasses de leurs maisons, qui sont alors réservées pour les femmes ».
