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La sauvegarde des «Khizanate» un enjeu de mémoire national

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  • La sauvegarde des «Khizanate» un enjeu de mémoire national






    Par Latifa Abada


    Les bibliothèques traditionnelles du Sud de l’Algérie appelées «Khizanate» bénéficient ces dernières années d’une vaste opération de restauration et de numérisation menée par des experts de la Bibliothèque nationale. Dans la continuité de ces efforts, la BNA lance «Dhakirati», une plateforme numérique qui présente les plus importants manuscrits dont elle dispose.

    Ce nouveau portail intitulé «Dhakirati», accessible en arabe et en anglais sur le site web de la Bibliothèque nationale, offre la possibilité d’accéder aux fonds de manuscrits dans le respect de la réglementation et de la législation en vigueur. La plateforme peut également être enrichie, selon les conditions et règles établies, permettant ainsi le partage d’un maximum d’œuvres détenues par des institutions ou des particuliers.

    «La Bibliothèque nationale œuvre à la préservation de la mémoire nationale à travers la collecte, l’inventaire et la conservation des manuscrits, confiés à des services spécialisés. Par le biais de la numérisation, nous voulons faciliter l’accès au plus grand nombre possible de manuscrits, en les mettant à la disposition des chercheurs, des médias et de tous ceux qui s’intéressent à cette richesse culturelle», précise le Directeur de la Bibliothèque nationale, Mounir Bahadi.

    Mounir Bahadi estime que le manuscrit dépasse le simple statut de document écrit. C’est un moyen privilégié de sauvegarder et de préserver la mémoire culturelle et civilisationnelle d’un pays. Véritable pilier scientifique et culturel, il joue un rôle crucial dans la consolidation de notre identité et de notre patrimoine socioculturel

    La Bibliothèque nationale compte 6902 manuscrits, le plus ancien datant du IIe siècle de l’Hégire, écrit sur de la peau de gazelle en calligraphie Kufi irakienne.


    La protection du manuscrit par la restauration et la numérisation

    La Bibliothèque nationale et le Centre national des manuscrits d’Adrar entreprennent une opération de repérage et de recensement des manuscrits anciens et documents rares à travers les différentes régions du pays, en vue de les sauvegarder en prenant en charge leur restauration et leur numérisation. Ces manuscrits, vieux livres et documents sont exposés à la poussière, aux changements de températures et aux manipulations les ont fragilisés.

    Lors de cette rencontre, la responsable du service de la conservation au niveau de la Bibliothèque nationale, Adila Allaoua, est revenue sur la restauration «physique» des manuscrits. Elle précise que la détérioration des manuscrits est à l’origine de plusieurs facteurs : vieillissement, modification des couleurs, porosité du papier, acidité de l’encre, humidité et variation de la température de stockage, etc.


    Selon Adila Allaoua, les missions menées au Sud de l’Algérie, notamment à In Salah, sont réparties en trois volets : évaluer l’état de conservation des manuscrits, intervenir sur le document dégradé et entreprendre une opération de numérisation.

    Concernant la restauration, elle estime que c’est un travail chirurgical. La dégradation de ces documents est de différentes origines : chimique (encre), biologiques (insectes, rongeurs) ou physiques d’origine humaine (annotations), ce qui exige que chaque document doit être traité avec le plus grand soin.

    «La restauration conservatrice exige l’utilisation de matériaux non dégradants, c’est-à-dire un papier permanent qui répond aux normes internationales ISO 9706. Une colle naturelle d’origine végétale ou animale. Et l’opération doit être réversible, on intervient sur le document mais si l’opération ne peut pas se faire correctement on peut la refaire sans altérer le document», précise-elle.

    Adila Allaoua souligne que les manuscrits sont des œuvres produites d’une manière artisanale, utilisant des matériaux rares. A titre d’exemple, on retrouve dans ces documents l’utilisation de différentes encres. Le plus précieux sont les manuscrits dont l’écriture est à l’encre d’or.

    Pour sa part, le président de l’Association des manuscrits et de la recherche historique, Abdelkader Bouya, est revenu sur le bilan des incendies qui ont ravagé l’ensemble des anciens manuscrits des «Khizanate» de Moulay Al-Abbas Al-Ragani dans la commune de Bouda. L’intervenant décompte plus de 1963 manuscrits brûlés. Il insiste sur l’importance de la numérisation pour protéger ce patrimoine.

    Les trois opérations menées par les experts de la Bibliothèque nationale ont permis de numériser 17 890 images binaires issues de 135 manuscrits. Ces opérations de numérisation réalisées par la Bibliothèque nationale ont permis de les faire connaître et de les mettre à la disposition d’un plus grand nombre de chercheurs», précise-t-il.

    Le chercheur en manuscrits, Dif Belkacem, estime qu’il y a encore beaucoup à faire. Il tire la sonnette d’alarme quant aux manuscrits conservés dans les 50 bibliothèques de la wilaya d’Adrar. «Ils sont conservés dans des conditions inappropriées et subissent des détériorations par l’eau ou par des insectes ou bactéries».

    L’Algérie a inscrit deux manuscrits au Registre Mémoire du monde de l’Unesco : «Al-Mustamlah min Kitab Al-Takmila», un dictionnaire biographique qui présente un ensemble de savants andalous sélectionnés pour leur renommée en leur temps. Il a été écrit par la main de Shams Al-dîn Abù ‘Abd Allâh Muhammad b. Ahmad b. Et «Al-Qanun fi Al-Tibb».


    lalgerieaujourdhui.dz

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