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L'Espagne s'enfonce dans le chômage de masse

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  • L'Espagne s'enfonce dans le chômage de masse

    José Luis Rodriguez Zapatero ne cache pas son obsession : l'emploi. Le chef du gouvernement espagnol souhaite que l'Union européenne se dote d'un "pacte pour l'emploi" en complément de son pacte de stabilité et de développement. Devant les leaders socialistes européens, réunis à Madrid lundi 1er décembre, il a plaidé pour que "toutes les politiques communautaires et celles des Etats membres aient comme priorité l'emploi". Sans doute connaissait-il déjà les mauvais chiffres du chômage rendus publics le lendemain par son ministère du travail. Avec 171 243 demandeurs d'emplois supplémentaires en novembre (+ 6 % par rapport au mois précédent), l'Espagne frôle désormais la barre des 3 millions de chômeurs (2 989 269).

    Certes, octobre avait été pire, avec 192 658 sans-emploi supplémentaires, ce qui autorise la secrétaire d'Etat à l'emploi, Maravillas Rojo, à considérer "le chiffre de novembre comme une décélération de l'augmentation du chômage". Toutefois, cet euphémisme ne peut cacher la réalité d'une courbe vertigineuse : en un an, le chômage a augmenté de 42,72 %. Selon les estimations gouvernementales, il atteindra 12,5 % fin 2008 alors qu'il était tombé sous les 8 % en 2007. Le ministre de l'économie, Pedro Solbes, a dû reconnaître, mardi, que "2009 sera pire que 2008". Pour Gerardo Diaz Ferran, le patron des patrons espagnols, le seuil des 4 millions de chômeurs, soit environ 17 % de la population active, pourrait être franchi l'an prochain.

    Le rythme des destructions d'emplois est bien supérieur à celui des autres pays de la zone euro, car le retournement de la conjoncture dans l'immobilier et les services (tourisme) frappe deux secteurs de main-d'oeuvre qui ont été les piliers de la croissance espagnole depuis dix ans. En grande partie bâtie sur la spéculation immobilière et le crédit facile, l'économie espagnole s'écroule comme un château de cartes.

    Ecrasés par des dettes considérables, les promoteurs et constructeurs immobiliers dérivent presque tous vers la faillite. Mardi, le puissant groupe Metrovacesa (4 milliards d'euros de dettes) a annoncé qu'il tentait de négocier avec ses banques créancières la majorité du capital, comme le font ou l'ont fait la plupart des poids lourds du secteur (Colonial, 8,9 milliards de dette ; Reyal Urbis, 4,7 milliards, etc.).

    Tous n'y parviennent pas : Habitat (2,6 milliards de passif) s'est déclaré en cession de paiement le 28 novembre, comme Martinsa-Fadesa (5,2 milliards de dette) cet été. Le colosse Sacyr Vallehermoso, étranglé par un endettement record de 19 milliards d'euros, s'est donné un peu d'air avec la cession, lundi, de sa filiale d'infrastructures autoroutières Itinere, en attendant de vendre les 20 % qu'il détient dans le groupe pétrolier espagnol Repsol.

    Au total, 268 464 emplois ont disparu en un an dans le BTP. "L'ajustement immobilier arrive à son terme", a toutefois estimé Octavio Granado, le secrétaire d'Etat à la sécurité sociale. En accordant 8 milliards d'euros aux collectivités locales pour des investissements en équipements publics, le gouvernement compte recréer 200 000 à 300 000 postes de travail en 2009. "Un simple cachet d'aspirine", pour le chef de l'opposition de droite, Mariano Rajoy.

    Au-delà des services et du bâtiment, les effets de la crise commencent à se faire sentir dans l'industrie, notamment automobile. En novembre, les immatriculations de véhicules neufs ont diminué de moitié (- 49,6 %), soit une baisse de 28 % sur l'année. Les constructeurs s'attendent à une nouvelle année noire en 2009 (entre - 10 % et - 15 %), principalement à cause de la réduction des crédits à la consommation. Douze des dix-huit sites de production en Espagne ont déjà mis en place ou programmé des périodes de chômage technique, voire des réductions d'emplois, affectant 53 500 postes.

    Après avoir longtemps minimisé la crise, refusant d'évoquer autre chose qu'une "décélération" de la croissance, le gouvernement socialiste a mis en place, depuis les élections législatives de mars, un arsenal de quelque 80 mesures. Outre les garanties apportées au système financier, M. Zapatero a débloqué 26 milliards d'euros d'aides directes, que ce soit sous forme d'incitations fiscales ou de dépense publique.
    Cet effort, équivalent à 2,6 % du produit intérieur brut (PIB), est supérieur à la proposition de la Commission européenne (1,5 % du PIB). La plupart des analystes doutent pourtant de son efficacité. "Même si toutes les mesures sont un succès, elles ne pourront que réduire la taille de l'abîme dans lequel, inévitablement, se précipite l'économie espagnole", concluait, mardi, le quotidien économique Cinco Dias.

    Le Monde
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