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    La crise: Une chance historique pour un vrai Maghreb!

    Par Jamal BELAHRACH

    Jamal Belahrach est PDG de l’entreprise de travail temporaire Manpower pour le Maghreb et l’océan Indien. Ancien militant du Parti libéral français à Dreux, il a participé à l’éviction du Front national dans cette ville. Depuis son retour au Maroc pour le compte de Manpower, Belahrach s’est fortement impliqué dans le rajeunissement du management (Centre des jeunes dirigeants, dont il a créé l’antenne marocaine), dans la modernisation du droit du travail, spécialement temporaire, le respect des droits sociaux des travailleurs, la sécurisation et la fiabilisation des entreprises de travail intérimaire. A ses moments perdus, il anime des émissions de TV pour la vulgarisation de l’économie

    Nous vivons la fin d’une époque grâce ou à cause d’une crise sans précédent.
    Force est de constater qu’elle vient essentiellement des pays comme les Etats-Unis et le Royaume-Uni qui, d’ailleurs, paient le plus lourd tribut. En effet, l’on ne peut que se réjouir que l’Europe ait été moins touchée et ce, grâce à une monnaie fort critiquée à l’origine: l’euro. Sans la force de l’euro, beaucoup de pays européens auraient été dans l’obligation de dévaluer leur propre monnaie avec des conséquences encore plus lourdes sur leur économie réelle. Aujourd’hui, ce que l’on appelle l’économie réelle est touchée entraînant des changements de comportement. Avec des crédits plus rares, avec le risque du chômage, les particuliers consomment moins et différemment. Le secteur automobile est touché de plein fouet (- 45% aux Etats-Unis, -25% en Europe et -15% en France) avec un effet domino chez les sous-traitants y compris ceux installés dans le Maghreb. Ce sont là des chiffres qui font froid dans le dos. Des licenciements à tout va, dans l’industrie en général, mais également dans le secteur bancaire, créent une tension sociale forte qui augure des lendemains difficiles.
    Je n’oublie pas que la crise écologique est de la partie et que nous ne pourrons faire l’économie d’un vrai débat sur le sujet, car considérer que cela n‘est que l’affaire de pays occidentaux serait immature et suicidaire.

    Tout cela me conforte dans l’idée que nous sommes bien à la fin d’une époque. L’époque où le tout marché est roi est bel et bien révolue. L’économie de marché est un fondement de la démocratie avec son corollaire, la liberté d’entreprendre. Pour autant, des règles doivent être mises en place pour éviter le chaos social. Un devoir de l’économie de marché responsable et solidaire est en train de naître, du moins je l’espère. Dans ma vision du monde, je le nomme la sociale démocratie. Mais enfin, le débat est ouvert sur la question et j’espère qu’il sera enrichi dans les mois à venir.

    Partant de ce constat, je crois sincèrement que pour le Maghreb, cette situation est une opportunité historique pour créer un Espace économique maghrébin (EEM).

    Devoir d’adaptation


    Il est temps pour nous, Maghrébins, de changer de paradigme et de créer des relations nouvelles, avec un état d’esprit nouveau. L’Histoire nous le commande et c’est une grande responsabilité devant l’Histoire.

    Sachons transcender certains problèmes historiques dont une issue sera trouvée de toute façon car le prix à payer est trop élevé pour nous tous. Des générations différentes gouvernent cet espace maghrébin, elles ont un devoir d’adaptation au monde nouveau, aux valeurs nouvelles et aux attentes très fortes des citoyens et citoyennes de cet espace maghrébin.

    Parmi les peuples, il y a une véritable communion, il y a des envies de vivre ensemble pour le bien de tous. Nos objectifs communs doivent l’emporter sur nos différences et faire en sorte que nos ego respectifs laissent la place au sens de l’Histoire. Ne ratons pas cette opportunité car l’immobilisme ferait le jeu de capitales pas toujours bien intentionnées à notre endroit.
    C’est la dynamique économique qui créera cet espoir et remodèlera nos relations transnationales avec pour conséquence des changements politiques majeurs.

    Le lancement de l’Union Pour la Méditerranée (UPM), l’appel du FMI à une certaine unité du Maghreb, la proposition d’Othmane Benjelloun (PDG du groupe BMCE Bank) de créer une monnaie unique sont autant d’appels à la mobilisation pour un idéal maghrébin comme il y a eu un idéal européen. Cette Europe qui, aujourd’hui, montre sa force et sa résistance face à la crise et qui a contribué à la réduction des conflits dans son espace. Le temps ne joue pas en notre faveur, alors ne gâchons pas cette chance historique.

    Vivons avec notre temps et considérons que les hommes deviennent grands par les valeurs qu’ils défendent et les décisions historiques qu’ils sont amenés à prendre.

    L’EEM pour fonder l’UPM


    L’Espace économique maghrébin doit être une véritable locomotive dans la construction de l’UPM en initiant des actions concrètes, en dynamisant les accords bilatéraux. Il nous faut donner corps à cet Espace économique maghrébin à travers la création d’une institution dédiée où siègeraient des technocrates des différents pays, des ministres des Affaires étrangères et des personnes qualifiées en fonction de leur contribution, sans oublier d’y inclure des membres de la diaspora maghrébine qui est un véritable réseau d’influence, établie dans tous les pays d’Europe et d’ailleurs.

    Une fondation pourrait émerger de cette institution pour se rapprocher de la société civile maghrébine qui est riche et très active en lui donnant un vrai rôle et non un strapontin dans la construction de cet édifice maghrébin et méditerranéen.

    Car l’UPM ou l’EEM ne se feront que parce que les citoyens s’approprieront les projets. Le processus de Barcelone est en soi une leçon à méditer.

    Rêvons la construction d’un Maghreb fort économiquement et socialement, ne nous donnons pas de leçons et faisons preuve d’humilité. C’est ainsi et seulement ainsi que nous dépasserons nos clivages et travaillerons ensemble pour l’intérêt général qui, inéluctablement, aura des conséquences dans la vie de chaque citoyen.

    C’est le prix à payer pour recouvrer la confiance des peuples, élément clé de la construction d’une démocratie forte.


    Où sont nos défis?

    Voyons les enjeux auxquels nous devrions faire face dans les prochaines années dans notre espace maghrébin:

    - Des pays relativement jeunes avec des besoins différents

    - Une perte de confiance dans le politique

    - Une croissance structurelle qui n’est pas à la hauteur des besoins nationaux

    - Le chômage qui bat son plein, en particulier chez les jeunes

    - L’émigration de nos haragas au péril de leur vie vers l’Europe pour fuir la précarité et la misère

    - La faillite de nos systèmes d’éducation et de formation

    - Nos systèmes de santé plus ou moins disponibles, voire peu équitables

    - Une histoire méconnue sur le rôle et la place qu’a joués cette région dans l’histoire de l’humanité

    - La lutte contre l’obscurantisme qui ne réussira que lorsque nous aurons travaillé ensemble sur les enjeux précédents.
    Ma conviction est que, sans une dynamique économique maghrébine, nous ne pourrons pas gagner notre pari, qui est de créer de la richesse pour nos citoyens pour leur redonner de la confiance et de la fierté.
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