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Bernie Ebbers, ex-idole de Wall Street en prison

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  • Bernie Ebbers, ex-idole de Wall Street en prison

    Il y a 6 ans, Bernie Ebbers, adulé, présidait Worldcom. Le 13 Juillet, il a été à 25 ans de prison pour fraude et complot après la plus grande faillite de l'histoire des Etats-Unis.

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    Ernie Ebbers aura désormais tout le temps de prier Dieu. Il y a six ans à peine, cet homme d'affaires, qui entamait souvent ses réunions par une prière, était l'empereur du téléphone mondial. Président de Worldcom, il pesait 200 milliards de dollars. A présent petit entrepreneur frappé du sceau de l'infamie, accusé d'avoir ruiné ses salariés et ses actionnaires, il symbolise la criminalité financière.

    Le 13 juillet, la justice américaine l'a jugé coupable de fraude et de complot dans la plus grande faillite des Etats-Unis, survenue en 2002. La sentence : vingt-cinq années d'enfermement. Hier, à 63 ans, Bernie Ebbers a passé sa première nuit en prison.

    Ce gaillard d'un mètre quatre-vingt-dix s'est construit un destin comme seule l'Amérique sait en bâtir. Son aventure débute dans le Sud profond. Bernie Ebbers y échoue par hasard : le gamin canadien a obtenu une bourse pour jouer au basket au Mississippi College, la petite université baptiste de Bill Clinton, près de Jackson.

    Début de l'aventure, le démantèlement de AT&T


    Devenu entraîneur de basket, Bernie Ebbers mène une vie des plus banales. Après avoir tâtonné, il se retrouve à la tête de neuf hôtels Best Western. Et reste à l'affût. Sa chance est d'être là quand l'Amérique de Ronald Reagan se lance dans l'une des plus formidables révolutions économiques. Le 24 août 1982, le juge Greene décide de démanteler l'opérateur de télécommunications américain AT&T, la première entreprise dans le monde. La déréglementation des télécommunications américaine est lancée.

    Avec quelques amis réunis dans un restaurant, Bernie Ebbers crée en août 1983 un petit opérateur de téléphone. Douze ans plus tard, il est à la tête d'un empire baptisé Worldcom : il réalise 4 milliards de dollars de chiffre d'affaires. En 1997, il s'empare d'un concurrent, l'américain MCI. Coût de l'opération : 28,7 milliards de dollars.

    A 56 ans, l'inconnu du Mississippi qui se distinguait surtout par son goût des santiags, des jeans et des vestes de cuir, fait la une de la presse américaine. Sa réussite est d'autant plus étonnante que le nouveau gourou des télécommunications avoue ne rien connaître à la technologie. Mais il raconte une histoire que Wall Street apprécie car elle est simple : il achète pour devenir toujours plus grand.

    Le mardi 5 octobre 1999, il tente un nouveau coup de poker. Il veut s'emparer de Sprint, le troisième opérateur américain de communication longue distance, pour 129 milliards de dollars. Les autorités de la concurrence s'y opposent quelque mois plus tard. Mais qu'importe : à 59 ans, le petit gars de la province canadienne de l'Alberta, qu'une secrétaire aurait pris un jour pour un réparateur de télécopie, est l'idole de Wall Street. Les banquiers ne jurent que par «le cow-boy des télécoms». En quatre ans, il a réalisé trois des quatorze opérations de fusion à plus de 10 milliards de dollars dont le marché américain du téléphone et du câble a été le théâtre.

    Mais sa chute sera plus rapide encore que son ascension. Avec la bulle Internet, les idoles de la nouvelle économie sont secouées. Le 29 avril 2002, Bernie Ebbers est acculé à la démission. Stupéfaits, les Américains découvrent que l'opérateur téléphonique s'est livré à 11 milliards de dollars de manipulations comptables.

    Les cadres corrompus, de banals voleurs


    La justice se met en branle. Le mythe Bernie Ebbers vole en éclats. Le dirigeant adulé n'est plus qu'un sudiste aux manières grossières. Ses méthodes ? Expéditives. Son souci du détail ? De la pure mesquinerie : il comptait les filtres à café pour vérifier que personne n'en vole. Worldcom est mis en faillite.

    Le 1er août 2002, deux de ses proches collaborateurs sont arrêtés à New York. Des passants applaudissent en les découvrant menottes au poing. «Nous souhaitons envoyer un message clair et sans détour : les cadres dirigeants corrompus ne sont rien d'autre que de banals voleurs lorsqu'ils trahissent leurs employés et volent leurs investisseurs», déclare le procureur général des Etats-Unis.

    Bernie Ebbers, qui remerciait régulièrement Dieu de sa réussite, se retire alors dans un coin de terre du Mississippi. Il s'installe à Brookhaven dans un petit bureau coincé entre une agence de voyages et une librairie spécialisée dans les livres religieux. Sa nouvelle société s'appelle Joshua Management. Fidèle à lui-même, le croyant fréquente toujours l'église et se met au service de sa communauté. Et c'est dans une prison proche de chez lui que l'ex-entrepreneur le plus admiré d'Amérique risque de finir ses jours.

    Source: Le figaro
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