lundi 24 août 2009 | Publié 16:26
Si la France n'est techniquement plus en récession, elle reste dans une sorte de récession au vu des indicateurs économiques.
La France est sortie de la récession au 2e trimestre 2009 avec une croissance de 0,3% de son produit intérieur brut. C'est une bonne nouvelle qu'il est pourtant nécessaire de relativiser.
Car cette sortie de la récession ne signifie pas une amélioration des fondamentaux de l'économie française qui a certes mieux résisté que de nombreux autres pays mais qui demeure fragile. L'emploi reste notre point faible, ce qui laisse planer des doutes sur la consommation, principal moteur de notre activité puisqu'elle représente 60% du PIB français comme le rappelle Eric Heyer, économiste de l'OFCE (Centre de recherche en économie de Sciences Po).
Pour lui, au vu des perspectives de cette rentrée, la France demeure dans une sorte de récession même si sur le plan technique il faut deux trimestres de recul pour pouvoir véritablement parler de récession.
L'emploi au plus mal
Le pouvoir d'achat français est pris, depuis des mois, entre deux effets de sens inverses. Le premier, positif, est lié à la désinflation puis à la déflation, ce qui augmente le pourvoir d'achat. Le deuxième, remarque Eric Heyer, est négatif: le chômage augmente et va continuer d'augmenter.
Or, prédit-il, "l'effet positif de la désinflation, voire de la déflation, va s'arrêter pour revenir à 0,8 ou 1 point d'inflation au 3e trimestre", laissant l'économie française face aux destructions d'emplois.
En fait, les prévisions des économistes tablent sur un taux de chômage de 10% à la fin de l'année, ce qui ne s'était plus vu depuis la récession de 1993.
Bruno Cavalier, chef économiste chez Oddo Securities n'est guère optimiste. "La tendance est plutôt à la poursuite de la montée du chômage", reconnaît-il. "Pour l'instant, le gros de l'ajustement des effectifs des entreprises s'est fait avec ce qu'il était "facile" d'ajuster", rappelle l'économiste qui exclut que les entreprises se précipitent pour réembaucher. Il estime même que certains secteurs pourvoyeurs d'emplois, comme l' immobilier par exemple, n'ont pas touché le point bas. Une stagnation est donc le mieux que l'on puisse espérer en cette rentrée.
Comparaison défavorable
Et sur le plan de l'inflation, Bruno Cavalier note qu'après des mois de comparaison favorable, nous allons entrer dans une période de comparaison avec des niveaux de prix très bas. En d'autres termes, avant la crise, les prix qui servaient de base de comparaison pour mesurer la désinflation étaient hauts. Dans les mois qui viennent, l'inflation sera mesurée par rapport à des prix bas, ce qui n'est pas, aux yeux de Bruno Cavalier, "un élément de soutien".
Car les prix des matières premières sont à la hausse. Une hausse mesurée, certes par rapports aux pics de l'avant crise, mais une hausse palpable par le consommateur dans le sens où elle entraînera une augmentation des prix qui paraîtra plus importante avec l'effet de comparaison.
L'inconnue sera donc le moral des ménages. S'ils ont confiance dans l'avenir, ils continueront à consommer. Selon Bruno Cavalier, "le pessimisme était à son maximum fin 2008-début 2009 avec l'incertitude sur les mesures de relance. Depuis, nous avons constaté que ces mesures ont fonctionné ce qui a conduit à une timide amélioration de la confiance des ménages".
Volatilité et épargne
Pour autant, certaines dispositions vont introduire de la volatilité dans les chiffres de la consommation. Il en est ainsi pour la prime à la casse dont l'arrêt progressif fait planer des "risques de rechute" de l'activité automobile, comme l'indique l'économiste d'Oddo Securities.
De surcroît, il pointe les risques de recours des ménages à l'épargne de précaution. Car compte tenu du contexte budgétaire, le gouvernement n'aura pas les moyens d'engager des mesures de soutien de la consommation. Or, ce qui est épargné n'est pas consommé… Et si la demande n'est pas au rendez-vous, les entreprises vont moins vendre et l'ajustement du marché du travail se poursuivra, résume Bruno Cavalier. La boucle est bouclée.
De l'avis de tous, la période de stabilisation de l'économie française sera longue. C'est la raison pour laquelle le gouvernement n'envisage toujours pas de sortie de crise avant le milieu de l'année 2010, année au cours de laquelle il anticipe une reprise de 0,5%. Pour 2009, on est toujours sur un recul de 3% de la croissance française comme le prévoient les grandes institutions internationales que sont le FMI et l'OCDE.
E24
Si la France n'est techniquement plus en récession, elle reste dans une sorte de récession au vu des indicateurs économiques.
La France est sortie de la récession au 2e trimestre 2009 avec une croissance de 0,3% de son produit intérieur brut. C'est une bonne nouvelle qu'il est pourtant nécessaire de relativiser.
Car cette sortie de la récession ne signifie pas une amélioration des fondamentaux de l'économie française qui a certes mieux résisté que de nombreux autres pays mais qui demeure fragile. L'emploi reste notre point faible, ce qui laisse planer des doutes sur la consommation, principal moteur de notre activité puisqu'elle représente 60% du PIB français comme le rappelle Eric Heyer, économiste de l'OFCE (Centre de recherche en économie de Sciences Po).
Pour lui, au vu des perspectives de cette rentrée, la France demeure dans une sorte de récession même si sur le plan technique il faut deux trimestres de recul pour pouvoir véritablement parler de récession.
L'emploi au plus mal
Le pouvoir d'achat français est pris, depuis des mois, entre deux effets de sens inverses. Le premier, positif, est lié à la désinflation puis à la déflation, ce qui augmente le pourvoir d'achat. Le deuxième, remarque Eric Heyer, est négatif: le chômage augmente et va continuer d'augmenter.
Or, prédit-il, "l'effet positif de la désinflation, voire de la déflation, va s'arrêter pour revenir à 0,8 ou 1 point d'inflation au 3e trimestre", laissant l'économie française face aux destructions d'emplois.
En fait, les prévisions des économistes tablent sur un taux de chômage de 10% à la fin de l'année, ce qui ne s'était plus vu depuis la récession de 1993.
Bruno Cavalier, chef économiste chez Oddo Securities n'est guère optimiste. "La tendance est plutôt à la poursuite de la montée du chômage", reconnaît-il. "Pour l'instant, le gros de l'ajustement des effectifs des entreprises s'est fait avec ce qu'il était "facile" d'ajuster", rappelle l'économiste qui exclut que les entreprises se précipitent pour réembaucher. Il estime même que certains secteurs pourvoyeurs d'emplois, comme l' immobilier par exemple, n'ont pas touché le point bas. Une stagnation est donc le mieux que l'on puisse espérer en cette rentrée.
Comparaison défavorable
Et sur le plan de l'inflation, Bruno Cavalier note qu'après des mois de comparaison favorable, nous allons entrer dans une période de comparaison avec des niveaux de prix très bas. En d'autres termes, avant la crise, les prix qui servaient de base de comparaison pour mesurer la désinflation étaient hauts. Dans les mois qui viennent, l'inflation sera mesurée par rapport à des prix bas, ce qui n'est pas, aux yeux de Bruno Cavalier, "un élément de soutien".
Car les prix des matières premières sont à la hausse. Une hausse mesurée, certes par rapports aux pics de l'avant crise, mais une hausse palpable par le consommateur dans le sens où elle entraînera une augmentation des prix qui paraîtra plus importante avec l'effet de comparaison.
L'inconnue sera donc le moral des ménages. S'ils ont confiance dans l'avenir, ils continueront à consommer. Selon Bruno Cavalier, "le pessimisme était à son maximum fin 2008-début 2009 avec l'incertitude sur les mesures de relance. Depuis, nous avons constaté que ces mesures ont fonctionné ce qui a conduit à une timide amélioration de la confiance des ménages".
Volatilité et épargne
Pour autant, certaines dispositions vont introduire de la volatilité dans les chiffres de la consommation. Il en est ainsi pour la prime à la casse dont l'arrêt progressif fait planer des "risques de rechute" de l'activité automobile, comme l'indique l'économiste d'Oddo Securities.
De surcroît, il pointe les risques de recours des ménages à l'épargne de précaution. Car compte tenu du contexte budgétaire, le gouvernement n'aura pas les moyens d'engager des mesures de soutien de la consommation. Or, ce qui est épargné n'est pas consommé… Et si la demande n'est pas au rendez-vous, les entreprises vont moins vendre et l'ajustement du marché du travail se poursuivra, résume Bruno Cavalier. La boucle est bouclée.
De l'avis de tous, la période de stabilisation de l'économie française sera longue. C'est la raison pour laquelle le gouvernement n'envisage toujours pas de sortie de crise avant le milieu de l'année 2010, année au cours de laquelle il anticipe une reprise de 0,5%. Pour 2009, on est toujours sur un recul de 3% de la croissance française comme le prévoient les grandes institutions internationales que sont le FMI et l'OCDE.
E24
Commentaire