Richard Heinberg est un personnage important dans le monde de ceux qui s’intéressent au pic énergétique et à ces conséquences, et un des rares, avec James Kunstler, dont les écrits aient été, au moins partiellement traduits en français. Membre du Post Carbon Institute, il est l’auteur de Party’s Over : Oil, War, and the Fate of Industrial Societies (disponible en français sous le titre Pétrole : la fête est finie), Powerdown : Options and Actions for a Post-Carbon World, The Oil Depletion Protocol : A Plan to Avert Oil Wars, Terrorism and Economic Collapse et Peak Everything : Waking Up to the Century of Declines. Il a, dans ces ouvrages, longuement étudié et décrit le pic pétrolier et ce qu’il signifie pour l’avenir de nos sociétés. Son dernier livre, Blackout, Coal, Climate and the Last Energy Crisis, consacré au charbon, a donc suscité un intérêt certain, et ce d’autant plus qu’il soulève un problème qui n’avait été évoqué que dans des rapports relativement confidentiels : l’épuisement prochain des réserves de charbon.
Richard Heinberg fait d’abord remarquer que la production de charbon dans une région donnée suit la même courbe que la production de pétrole. Elle aussi commence par augmenter, atteint un maximum, puis décline inexorablement au fur et à mesure que les gisements s’épuisent. Cette évolution est nettement moins visible, cependant, car il existe de nombreuses formes de charbons, d’une valeur énergétique extrêmement variée. La meilleure, et celle qui est exploitée, et donc épuisée en premier, est l’anthracite. Ensuite viennent diverses qualités de houille, puis la lignite et enfin la tourbe que quasiment plus personne n’exploite à des fins énergétique. Or plus la qualité d’un charbon est faible moins il produit d’énergie au kilogramme, à ce point qu’il est dépourvu d’intérêt de transporter la lignite sur de longues distances, car l’énergie nécessaire pour ce faire excède rapidement celle que produirait la dite lignite. Or les chiffres officiels ignorent généralement ces distinctions ou les présentent d’une manière exagérément simplifié, ce qui donne une fausse impression d’abondance.
Par ailleurs les estimations de réserve se révèlent très souvent de mauvaise qualité. Elles n’ont souvent pas été mises à jour depuis des décennies et lorsqu’elles le sont, cela se traduit le plus souvent par de considérables révision à la baisse. C’est notamment ce qui s’est passé en Allemagne ou en Pologne, dont les réserve, autrefois conséquentes, ont été réduite à presque rien dés qu’on s’est avisé de les regarder d’un peu prés.
Pour réaliser son étude, Heinberg se base sur quatre travaux récents :
"Coal : Ressources and Future Production" par l’Energy Watch Group, un think-tank écologiste basé en Allemagne et soutenu par la fondation Ludwig-Bölkow
"A Supply-Driven Forecast for the Future Global Coal Production", par l’Uppsala Hydrocarbon Depletion Study Group
"The Future of Coal" préparé pour l’European Commission Joint Research Centre
"Hubbert Linearization and Curve-fitting" par David Rutledge, Jean Laherrère et al.
Le charbon aux Etats-Unis
Les Etats-Unis sont le second producteur mondial avec plus d’un milliard de tonnes par an. Ils ont également les réserves les plus importantes avec 240 milliards de tonnes, soit l’équivalent théorique de 250 ans de productions. Ces chiffres sont trompeurs cependant car la qualité de ce charbon est très inégal et si la production américaine continue à augmenter en volume, elle décroît en valeur énergétique.
52% du charbon de haute qualité est produit en Pennsylvanie, dans le Kentucky ou en Virginie Occidentale, or la production y stagne ou décroît. L’anthracite de Pennsylvanie est presque épuisé et la production de Virginie Occidentale va bientôt entamer son déclin.
Les réserves américaine se situent donc principalement dans le Wyoming, le Montana et l’Illinois, mais elles sont constituées de charbons riches en souffre (en Illinois) ou de mauvaise, voire même de très mauvaises qualité et dont l’exploitation poseraient de sérieux problèmes environnementaux. A cela s’ajoutent des difficultés de transport dans un pays où le réseau ferroviaire est en mauvais état.
De fait, la capacité des Etats-Unis à alimenter leur économie en charbon dépend principalement de leur capacité à exploiter les réserves du Wyoming, de mauvaise qualité, rappelons-le. Le pic de production se situerait entre 2025 et 2040 – 2060 dans le scénario le plus optimiste.
Le Charbon en Chine
La Chine est le premier producteur mondial de charbon avec environ 40% de la production mondiale. Celui-ci fournit 70% de son énergie et 80% de son électricité. Ses réserves étaient estimées à 200 milliards de tonnes en 1930 mais ont été révisés plusieurs fois à la baisse pour atteindre 114.5 milliards de tonnes en 1992. Ce chiffre est resté officiellement stable malgré une production annuelle de plus d’un milliard de tonne avant d’être révisée, toujours officiellement, à la hausse pour atteindre 186.6 milliards de tonnes en 2002. Cette révision n’a cependant pas été validées par les autres acteurs du marché.
L’industrie du charbon souffre en Chine d’une faible productivité. Un grand nombre des quelques 25.000 mines que comptent le pays sont privées et possédées par des petites entreprises, ou même exploitées de manière clandestine. Cela se traduit par des conditions de travail désastreuses mais aussi par des difficultés d’approvisionnement qui conduisent régulièrement à des coupures d’électricité. Des pénuries, également régulières, de carburant, entraînent des irrégularités dans la production. De grandes quantités de charbons sont, par ailleurs, perdues lors de feux de mine qui dégagent autant de CO² que l’ensemble du par automobile des Etats-Unis.
La majorité des ressources charbonnières chinoises se trouvent dans le nord et le nord-est du pays et leur extraction est extrêmement rapide par rapport aux réserves officielles, ce qui suggère un pic de production relativement précoce suivi d’un déclin rapide. Les estimations varient selon les auteurs entre 2015 et 2032, et cela dans un contexte où la Chine est contrainte par son expansion économique d’importer des quantités toujours croissantes de charbon.
Richard Heinberg fait d’abord remarquer que la production de charbon dans une région donnée suit la même courbe que la production de pétrole. Elle aussi commence par augmenter, atteint un maximum, puis décline inexorablement au fur et à mesure que les gisements s’épuisent. Cette évolution est nettement moins visible, cependant, car il existe de nombreuses formes de charbons, d’une valeur énergétique extrêmement variée. La meilleure, et celle qui est exploitée, et donc épuisée en premier, est l’anthracite. Ensuite viennent diverses qualités de houille, puis la lignite et enfin la tourbe que quasiment plus personne n’exploite à des fins énergétique. Or plus la qualité d’un charbon est faible moins il produit d’énergie au kilogramme, à ce point qu’il est dépourvu d’intérêt de transporter la lignite sur de longues distances, car l’énergie nécessaire pour ce faire excède rapidement celle que produirait la dite lignite. Or les chiffres officiels ignorent généralement ces distinctions ou les présentent d’une manière exagérément simplifié, ce qui donne une fausse impression d’abondance.
Par ailleurs les estimations de réserve se révèlent très souvent de mauvaise qualité. Elles n’ont souvent pas été mises à jour depuis des décennies et lorsqu’elles le sont, cela se traduit le plus souvent par de considérables révision à la baisse. C’est notamment ce qui s’est passé en Allemagne ou en Pologne, dont les réserve, autrefois conséquentes, ont été réduite à presque rien dés qu’on s’est avisé de les regarder d’un peu prés.
Pour réaliser son étude, Heinberg se base sur quatre travaux récents :
"Coal : Ressources and Future Production" par l’Energy Watch Group, un think-tank écologiste basé en Allemagne et soutenu par la fondation Ludwig-Bölkow
"A Supply-Driven Forecast for the Future Global Coal Production", par l’Uppsala Hydrocarbon Depletion Study Group
"The Future of Coal" préparé pour l’European Commission Joint Research Centre
"Hubbert Linearization and Curve-fitting" par David Rutledge, Jean Laherrère et al.
Le charbon aux Etats-Unis
Les Etats-Unis sont le second producteur mondial avec plus d’un milliard de tonnes par an. Ils ont également les réserves les plus importantes avec 240 milliards de tonnes, soit l’équivalent théorique de 250 ans de productions. Ces chiffres sont trompeurs cependant car la qualité de ce charbon est très inégal et si la production américaine continue à augmenter en volume, elle décroît en valeur énergétique.
52% du charbon de haute qualité est produit en Pennsylvanie, dans le Kentucky ou en Virginie Occidentale, or la production y stagne ou décroît. L’anthracite de Pennsylvanie est presque épuisé et la production de Virginie Occidentale va bientôt entamer son déclin.
Les réserves américaine se situent donc principalement dans le Wyoming, le Montana et l’Illinois, mais elles sont constituées de charbons riches en souffre (en Illinois) ou de mauvaise, voire même de très mauvaises qualité et dont l’exploitation poseraient de sérieux problèmes environnementaux. A cela s’ajoutent des difficultés de transport dans un pays où le réseau ferroviaire est en mauvais état.
De fait, la capacité des Etats-Unis à alimenter leur économie en charbon dépend principalement de leur capacité à exploiter les réserves du Wyoming, de mauvaise qualité, rappelons-le. Le pic de production se situerait entre 2025 et 2040 – 2060 dans le scénario le plus optimiste.
Le Charbon en Chine
La Chine est le premier producteur mondial de charbon avec environ 40% de la production mondiale. Celui-ci fournit 70% de son énergie et 80% de son électricité. Ses réserves étaient estimées à 200 milliards de tonnes en 1930 mais ont été révisés plusieurs fois à la baisse pour atteindre 114.5 milliards de tonnes en 1992. Ce chiffre est resté officiellement stable malgré une production annuelle de plus d’un milliard de tonne avant d’être révisée, toujours officiellement, à la hausse pour atteindre 186.6 milliards de tonnes en 2002. Cette révision n’a cependant pas été validées par les autres acteurs du marché.
L’industrie du charbon souffre en Chine d’une faible productivité. Un grand nombre des quelques 25.000 mines que comptent le pays sont privées et possédées par des petites entreprises, ou même exploitées de manière clandestine. Cela se traduit par des conditions de travail désastreuses mais aussi par des difficultés d’approvisionnement qui conduisent régulièrement à des coupures d’électricité. Des pénuries, également régulières, de carburant, entraînent des irrégularités dans la production. De grandes quantités de charbons sont, par ailleurs, perdues lors de feux de mine qui dégagent autant de CO² que l’ensemble du par automobile des Etats-Unis.
La majorité des ressources charbonnières chinoises se trouvent dans le nord et le nord-est du pays et leur extraction est extrêmement rapide par rapport aux réserves officielles, ce qui suggère un pic de production relativement précoce suivi d’un déclin rapide. Les estimations varient selon les auteurs entre 2015 et 2032, et cela dans un contexte où la Chine est contrainte par son expansion économique d’importer des quantités toujours croissantes de charbon.
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