Seconde plus grande ville d’Algérie et second pôle économique, Oran a fini par attirer les grands labels de l’hôtellerie internationale : le boom du business-hôtel sera un coup de poker misant sur le tourisme d’affaire annoncé depuis une décennie.
Par Kamel Derraz, Oran
Le afriques
Les Oranais ont cet habitude de départager l’urbanisme cahoteux de leur ville en trois : la vieille ville « coloniale », les bidon-villas pour parler des nouveaux quartiers chics avec villas cossues mais sans goudron pour les routes, et le quartier de la nouvelle vitrine, dit le nouveau front-de-mer, pour faire allusion au premier balcon, construit par les Français en 1949. Ce second « front », avec vue imprenable sur la Méditerranée, et sans contraintes d’extensions pour cause d’assiettes foncières disponibles et longtemps interdites à la construction, a fini par attirer les investisseurs en hôtellerie de prestige, avec en tête de la caravane, les promoteurs du Sheraton hôtel & towers.
Le rêve d’un Eldorado pour hôteliers de prestige et d’un Oran « avenir du tourisme spécialisé » est devenu tellement puissant qu’il a fini par séduire Sonatrach, première entreprise du pays.
Doyen de cette vague, le Sheraton est même présenté comme le pari gagné d’un montage entre la société de développement hôtelier d’Algérie, la LAFICO Algeria holding de Libye et la SIH, société d’investissement hôtelier. Ce cinq étoiles, d’un parc de 327 chambres et suites, sera inauguré en 2005 et offrira les premiers services de luxe pour la nouvelle clientèle ciblée. « Un tourisme de business et non un tourisme de masse » comme le précisera l’un des dirigeants de cette entreprise lors de la cérémonie d’ouverture. Cette déclaration sera par la suite le principe de base des autres labels en file d’attente pour implanter leurs sites à Oran.
Sheraton vs Chaîne Eden
La course sera aussi très serrée, avec des concurrences féroces, pour capter les flux des hommes d’affaires et des grosses entreprises, entre le Sheraton et ses quelques autres premiers concurrents comme le Groupe Cherif et sa Chaîne Eden d’hôtels et services. Ce dernier groupe, propriété d’un privé très entreprenant dans le domaine du tourisme à Oran, et pionnier de ce tourisme d’affaires, compte quatre hôtels, à vocation hybride, entre le tourisme d’affaires et le tourisme balnéaire. Avec Eden Palace, près de la cote (72 chambres), le cinq étoiles Eden Phoenix (91 chambres) et Eden Airport (4 étoiles situé à la sortie de l’aéroport), le groupe a longtemps dominé l’offre d’hébergement de luxe dans une ville qui en manquait cruellement. Le groupe aura même longtemps le monopole des services de colloques, séminaires, hébergements d’affaires, d’Air Algérie ou même Sonatrach, avant d’en perdre le filon face au Sheraton, plus récent et plus agressif en marketing. La guéguerre entre les deux pôles occupera la scène avant que d’autres concurrents ne viennent frapper à la porte de la ville. Le 20 novembre 2006, le groupe Mehri, un privé réputé, frappera fort en inaugurant l’hôtel Royal, un bijou architectural situé en plein centre ville d’Oran, qui date de l’époque coloniale mais que le groupe a réussi à reprendre et à restaurer avec grand art.
L’entrée en lice du groupe Mehri avec Accor
Loin de la devanture marine d’Oran, l’Hôtel Royal, (avec ses offres standard et ses 112 chambres) jouera sur sa proximité et sa situation exceptionnelle pour capter une partie de la clientèle spécialisée du tourisme d’affaire. « Cet hôtel sera une destination à lui tout seul » lancera Djillali Mehri, patron du groupe, lors d’un point de presse.
Jouant sur l’étude d’une offre moyenne avec des services de base de luxe, le groupe Mehri annoncera de sitôt la création d’une société immobilière d’exploitation hôtelière, la SIEHA, qui creuse la brèche avec l’acquisition de plusieurs assiettes foncières dans les grandes villes algériennes, et le lancement de deux projets, avec son partenaire le groupe français Accor. Mitoyen du Sheraton, le projet Mehri&accor prévoit l’implantation d’un hôtel IBIS trois et quatre étoiles, d’un cinq étoile sous le label Novotel et de deux tours commerciales, pour commencer. Avec des fourchettes de prix étudiées, le but est, là aussi, de capter une part du tourisme d’affaires qui s’intéresse à Oran depuis quelques années. Le parieur semble tellement certain de ses gains, que le groupe Mehri n’a trouvé aucune gêne à s’installer à quelques dizaines de mètres seulement du complexe Sheraton. Mieux encore, tout le monde continue de miser sur ce tourisme d’affaire au point d’imposer de nouveaux modes chez les promoteurs immobiliers locaux, intéressés par le marché locatif dit d’affaires, pour buisness-man et sociétés étrangères
Sonatrach séduite
La proximité de la zone industrielle pétrolière d’Arzew, les grands projets structurants, les premières usines de transformations, le cadre de vie et le décentrement par rapport à Alger, avec une proximité géographique favorable avec l’Espagne, principale pays-source des hommes d’affaires étrangers dans la région de l’Oranie, ont accentué la tendance au point d’en faire une mode. Le rêve d’un Eldorado pour hôteliers de prestige et d’un Oran « avenir du tourisme spécialisé » est devenu tellement puissant qu’il a fini par séduire Sonatrach, première entreprise du pays. Pour les besoins d’hébergement des 6000 invités du GNL 16, prévu en avril prochain, le mégaprojet du centre de convention d’Oran, le CCO, a prévu l’inauguration d’un nouvel hôtel de luxe à Oran, sous le label Le Méridien. La convention avait été signée il y a presque trois ans entre Sonatrach et la chaîne internationale Starwood pour la gestion du CCO et de cet hôtel d’une capacité de 300 chambres dont l’inauguration est prévue pour le 1er avril prochain, selon les promesses du promoteur principal, l’espagnol Obrascom Huarte Lain, OHL. Là aussi, après la clôture des « festivités » du GNL 16, le pari est fait sur ce tourisme d’affaires dont tout le monde pense pouvoir tirer profit et dont personne ne veut en imaginer l’illusion possible
Par Kamel Derraz, Oran
Le afriques
Les Oranais ont cet habitude de départager l’urbanisme cahoteux de leur ville en trois : la vieille ville « coloniale », les bidon-villas pour parler des nouveaux quartiers chics avec villas cossues mais sans goudron pour les routes, et le quartier de la nouvelle vitrine, dit le nouveau front-de-mer, pour faire allusion au premier balcon, construit par les Français en 1949. Ce second « front », avec vue imprenable sur la Méditerranée, et sans contraintes d’extensions pour cause d’assiettes foncières disponibles et longtemps interdites à la construction, a fini par attirer les investisseurs en hôtellerie de prestige, avec en tête de la caravane, les promoteurs du Sheraton hôtel & towers.
Le rêve d’un Eldorado pour hôteliers de prestige et d’un Oran « avenir du tourisme spécialisé » est devenu tellement puissant qu’il a fini par séduire Sonatrach, première entreprise du pays.
Doyen de cette vague, le Sheraton est même présenté comme le pari gagné d’un montage entre la société de développement hôtelier d’Algérie, la LAFICO Algeria holding de Libye et la SIH, société d’investissement hôtelier. Ce cinq étoiles, d’un parc de 327 chambres et suites, sera inauguré en 2005 et offrira les premiers services de luxe pour la nouvelle clientèle ciblée. « Un tourisme de business et non un tourisme de masse » comme le précisera l’un des dirigeants de cette entreprise lors de la cérémonie d’ouverture. Cette déclaration sera par la suite le principe de base des autres labels en file d’attente pour implanter leurs sites à Oran.
Sheraton vs Chaîne Eden
La course sera aussi très serrée, avec des concurrences féroces, pour capter les flux des hommes d’affaires et des grosses entreprises, entre le Sheraton et ses quelques autres premiers concurrents comme le Groupe Cherif et sa Chaîne Eden d’hôtels et services. Ce dernier groupe, propriété d’un privé très entreprenant dans le domaine du tourisme à Oran, et pionnier de ce tourisme d’affaires, compte quatre hôtels, à vocation hybride, entre le tourisme d’affaires et le tourisme balnéaire. Avec Eden Palace, près de la cote (72 chambres), le cinq étoiles Eden Phoenix (91 chambres) et Eden Airport (4 étoiles situé à la sortie de l’aéroport), le groupe a longtemps dominé l’offre d’hébergement de luxe dans une ville qui en manquait cruellement. Le groupe aura même longtemps le monopole des services de colloques, séminaires, hébergements d’affaires, d’Air Algérie ou même Sonatrach, avant d’en perdre le filon face au Sheraton, plus récent et plus agressif en marketing. La guéguerre entre les deux pôles occupera la scène avant que d’autres concurrents ne viennent frapper à la porte de la ville. Le 20 novembre 2006, le groupe Mehri, un privé réputé, frappera fort en inaugurant l’hôtel Royal, un bijou architectural situé en plein centre ville d’Oran, qui date de l’époque coloniale mais que le groupe a réussi à reprendre et à restaurer avec grand art.
L’entrée en lice du groupe Mehri avec Accor
Loin de la devanture marine d’Oran, l’Hôtel Royal, (avec ses offres standard et ses 112 chambres) jouera sur sa proximité et sa situation exceptionnelle pour capter une partie de la clientèle spécialisée du tourisme d’affaire. « Cet hôtel sera une destination à lui tout seul » lancera Djillali Mehri, patron du groupe, lors d’un point de presse.
Jouant sur l’étude d’une offre moyenne avec des services de base de luxe, le groupe Mehri annoncera de sitôt la création d’une société immobilière d’exploitation hôtelière, la SIEHA, qui creuse la brèche avec l’acquisition de plusieurs assiettes foncières dans les grandes villes algériennes, et le lancement de deux projets, avec son partenaire le groupe français Accor. Mitoyen du Sheraton, le projet Mehri&accor prévoit l’implantation d’un hôtel IBIS trois et quatre étoiles, d’un cinq étoile sous le label Novotel et de deux tours commerciales, pour commencer. Avec des fourchettes de prix étudiées, le but est, là aussi, de capter une part du tourisme d’affaires qui s’intéresse à Oran depuis quelques années. Le parieur semble tellement certain de ses gains, que le groupe Mehri n’a trouvé aucune gêne à s’installer à quelques dizaines de mètres seulement du complexe Sheraton. Mieux encore, tout le monde continue de miser sur ce tourisme d’affaire au point d’imposer de nouveaux modes chez les promoteurs immobiliers locaux, intéressés par le marché locatif dit d’affaires, pour buisness-man et sociétés étrangères
Sonatrach séduite
La proximité de la zone industrielle pétrolière d’Arzew, les grands projets structurants, les premières usines de transformations, le cadre de vie et le décentrement par rapport à Alger, avec une proximité géographique favorable avec l’Espagne, principale pays-source des hommes d’affaires étrangers dans la région de l’Oranie, ont accentué la tendance au point d’en faire une mode. Le rêve d’un Eldorado pour hôteliers de prestige et d’un Oran « avenir du tourisme spécialisé » est devenu tellement puissant qu’il a fini par séduire Sonatrach, première entreprise du pays. Pour les besoins d’hébergement des 6000 invités du GNL 16, prévu en avril prochain, le mégaprojet du centre de convention d’Oran, le CCO, a prévu l’inauguration d’un nouvel hôtel de luxe à Oran, sous le label Le Méridien. La convention avait été signée il y a presque trois ans entre Sonatrach et la chaîne internationale Starwood pour la gestion du CCO et de cet hôtel d’une capacité de 300 chambres dont l’inauguration est prévue pour le 1er avril prochain, selon les promesses du promoteur principal, l’espagnol Obrascom Huarte Lain, OHL. Là aussi, après la clôture des « festivités » du GNL 16, le pari est fait sur ce tourisme d’affaires dont tout le monde pense pouvoir tirer profit et dont personne ne veut en imaginer l’illusion possible
