Arcelor vient de perdre, mercredi 14 juin, un soutien important dans sa guerre contre Mittal Steel. L'homme d'affaires Romain Zaleski, qui détient 5 % du capital du sidérurgiste européen, s'est déclaré hostile à l'offre publique de rachat d'actions (OPRA) qu'entend lancer Arcelor. D'un montant de 6,5 milliards d'euros - c'est-à-dire 44 euros par titre Arcelor -, cette opération doit permettre au groupe de faire mécaniquement monter la part des actionnaires qui composent son noyau dur (Etat luxembourgeois, Belgique,...) et qui, eux, n'y souscriront pas.
Elle lui permet aussi de faire à ses actionnaires une offre qui concurrence celle de Mittal, sur sa partie cash du moins. La différence pour les actionnaires d'Arcelor se fera donc sur les projets industriels : d'un côté Mittal-Arcelor, de l'autre Arcelor-Severstal.
L'OPRA, si elle se fait, aura également pour conséquence de faire monter la part d'Alexei Mordachov, patron et propriétaire de Severstal, de 32,2 % à 37,5 %. Le mariage entre le sidérurgiste européen et son concurrent russe, s'il a lieu, devra en effet se faire avant l'OPRA.
DÉSAMORCER L'ÉNERVEMENT
Cette montée en puissance de M. Mordachov, qui détiendra donc plus du tiers du capital, ne déclenchera pas pour autant d'OPA. "Il s'agit d'une hausse mécanique. Il n'a pas fait de démarche active pour dépasser le seuil de 33 %, seuil au-delà duquel normalement on lance une OPA", explique-t-on chez Arcelor. C'est justement ce qui pose problème à M. Zaleski comme à d'autres détenteurs du capital d'Arcelor. Colette Neuville, présidente de l'Association des actionnaires minoritaires (ADAM), doit d'ailleurs engager une action en justice sur ce thème.
Le 21 juin, une assemblée générale des actionnaires d'Arcelor devra se prononcer sur l'OPRA : pour qu'elle soit adoptée, il faudra que les deux tiers des présents se prononcent pour. D'ici là, Guy Dollé et la direction du groupe vont s'attacher à désamorcer l'énervement des actionnaires qui contestent la stratégie de défense contre l'offensive de Mittal.
Par ailleurs, mardi, les directions générales de Mittal et d'Arcelor se sont rencontrées pour la première fois. Elles ont fixé l'ordre du jour et établi un calendrier de rencontres. "Mittal a besoin de nous. Il est prêt à bouger plus qu'il ne l'a déjà fait sur les sujets de gouvernance", affirmait M. Dollé, lors d'un déjeuner avec la presse le 11 juin.
Pour ce dernier, qui n'a cessé de dire que les modèles des deux groupes étaient incompatibles, il faudra aussi que l'homme d'affaires indien prenne des engagements forts. "Il peut se retirer de certains actifs sans intérêt, comme l'Algérie ou la Serbie. Il peut intensifier sa politique de recherche et développement et ses investissements", développe le patron d'Arcelor. Surtout, Mittal devra revaloriser son offre s'il veut, un jour, obtenir le soutien du conseil d'administration d'Arcelor.
Virginie Malingre
Article paru dans l'édition du 16.06.06
Elle lui permet aussi de faire à ses actionnaires une offre qui concurrence celle de Mittal, sur sa partie cash du moins. La différence pour les actionnaires d'Arcelor se fera donc sur les projets industriels : d'un côté Mittal-Arcelor, de l'autre Arcelor-Severstal.
L'OPRA, si elle se fait, aura également pour conséquence de faire monter la part d'Alexei Mordachov, patron et propriétaire de Severstal, de 32,2 % à 37,5 %. Le mariage entre le sidérurgiste européen et son concurrent russe, s'il a lieu, devra en effet se faire avant l'OPRA.
DÉSAMORCER L'ÉNERVEMENT
Cette montée en puissance de M. Mordachov, qui détiendra donc plus du tiers du capital, ne déclenchera pas pour autant d'OPA. "Il s'agit d'une hausse mécanique. Il n'a pas fait de démarche active pour dépasser le seuil de 33 %, seuil au-delà duquel normalement on lance une OPA", explique-t-on chez Arcelor. C'est justement ce qui pose problème à M. Zaleski comme à d'autres détenteurs du capital d'Arcelor. Colette Neuville, présidente de l'Association des actionnaires minoritaires (ADAM), doit d'ailleurs engager une action en justice sur ce thème.
Le 21 juin, une assemblée générale des actionnaires d'Arcelor devra se prononcer sur l'OPRA : pour qu'elle soit adoptée, il faudra que les deux tiers des présents se prononcent pour. D'ici là, Guy Dollé et la direction du groupe vont s'attacher à désamorcer l'énervement des actionnaires qui contestent la stratégie de défense contre l'offensive de Mittal.
Par ailleurs, mardi, les directions générales de Mittal et d'Arcelor se sont rencontrées pour la première fois. Elles ont fixé l'ordre du jour et établi un calendrier de rencontres. "Mittal a besoin de nous. Il est prêt à bouger plus qu'il ne l'a déjà fait sur les sujets de gouvernance", affirmait M. Dollé, lors d'un déjeuner avec la presse le 11 juin.
Pour ce dernier, qui n'a cessé de dire que les modèles des deux groupes étaient incompatibles, il faudra aussi que l'homme d'affaires indien prenne des engagements forts. "Il peut se retirer de certains actifs sans intérêt, comme l'Algérie ou la Serbie. Il peut intensifier sa politique de recherche et développement et ses investissements", développe le patron d'Arcelor. Surtout, Mittal devra revaloriser son offre s'il veut, un jour, obtenir le soutien du conseil d'administration d'Arcelor.
Virginie Malingre
Article paru dans l'édition du 16.06.06