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Allemagne : faut-il augmenter les salaires ?

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  • Allemagne : faut-il augmenter les salaires ?

    Le Point.fr - Publié le 04/08/2014 à 15:02
    Par Frédéric Therin, à Munich

    La Bundesbank persiste et signe, quitte à faire grogner le patronat et les... syndicats. Confirmant les demandes de son économiste en chef, Jens Ulbrich, formulées il y a tout juste deux semaines, le président de la Banque centrale allemande, Jens Weidmann, a expliqué dans un entretien à la Frankfurter Allgemeine Zeitung qu'il était favorable à une hausse des salaires de 3 % en République fédérale. "Actuellement, l'inflation est très basse et il faut s'attendre à ce que, dans la zone euro, elle reste encore un certain temps sous l'objectif. [...] Dans cette situation, il est important que les partenaires sociaux aient cette donnée à l'esprit, explique le patron de la Buba. [...] Il est dans la nature des choses et il est aussi souhaitable que les rémunérations augmentent de nouveau plus que lorsque l'économie allemande était dans une situation manifestement plus mauvaise." Voilà qui est dit...

    Cette analyse ressemble à la virgule près à celle de la Banque centrale européenne (BCE). Interrogé par l'hebdomadaire Der Spiegel, l'économiste en chef de l'institution communautaire Peter Praet expliquait la semaine dernière que l'Allemagne, où "le taux d'inflation est bas et le marché du travail dans une bonne situation", devrait procéder sans plus attendre à des revalorisations salariales. Les chiffres dans ce domaine sont éloquents, comme l'aiment à le rappeler les partenaires sociaux en France.
    Près de 20 % des employés gagnent moins de 8,5 euros de l'heure

    Si le revenu national brut par habitant en République fédérale était l'an dernier légèrement supérieur (46 100 dollars) à celui enregistré dans notre pays (42 250 dollars), selon la Banque mondiale, le nombre de personnes mal payées est nettement plus faible dans l'Hexagone que chez notre voisin. D'après une étude d'Eurostat publiée en décembre 2012, la France est le troisième pays d'Europe qui compte le moins de travailleurs à bas salaires (soit un salaire égal ou inférieur aux deux tiers du salaire horaire médian). Avec 6,2 %, l'Hexagone se place loin, très loin devant l'Allemagne (22,2 %) laquelle dépasse largement la moyenne de la zone euro (14,8 %).

    Plus de la moitié des salariés (54,6 %) disposant d'un niveau d'études jugé faible sont mal payés en République fédérale, un chiffre sans égal dans l'UE. Et près de 8 millions d'Allemands occupaient en 2012 un emploi dit "atypique" (CDD, temps partiels, intérim, et mini-jobs plafonnés à 450 euros par mois), un chiffre qui a pratiquement doublé en 20 ans, selon l'office fédéral des statistiques (Destatis). Conséquence, en 2012, 323 000 foyers composés de personnes ayant un emploi fixe ont dû recevoir des aides publiques afin de pouvoir boucler leurs fins de mois. Et selon la fondation Hans Boeckler, 5 % des employés gagnent toujours moins de 5 euros de l'heure et 19,2 % moins de 8,50 euros.

    Rattraper le temps perdu

    L'instauration à partir du 1er janvier d'un salaire minimum fixé à 8,50 euros devrait permettre de limiter certains excès. Un certain phénomène de rattrapage a également déjà eu lieu. Les accords collectifs conclus depuis janvier entre le patronat et les syndicats ont abouti en moyenne à une hausse de 3,1 % des salaires, un chiffre inégalé depuis 15 ans. Et pour 2015, la Bundesbank prévoit une hausse nominale des salaires de 2,9 %, et de 3,4 % en intégrant la nouvelle loi sur le revenu plancher. Mais ce rythme pourrait encore être accéléré afin de rattraper le temps perdu. La banque centrale allemande rappelle que la productivité au travail a augmenté de 16 % outre-Rhin entre 2000 et 2014, alors que les salaires réels corrigés de l'inflation n'ont progressé que de 10 %.

    Les demandes de Jens Weidmann n'ont toutefois pas fait que des heureux en Allemagne. Le patronat de la métallurgie a ainsi jugé que "les importantes augmentations de salaire souhaitées par la Bundesbank dégraderaient les conditions d'investissement et obligeraient les entreprises à prendre davantage en considération les sites à l'étranger pour de nouveaux investissements". Plus bizarrement, le président de la Confédération des syndicats allemands (DGB), Reiner Hoffmann, a expliqué que "les partenaires sociaux n'avaient pas de leçon à recevoir en matière de politique salariale". On imagine mal SUD ou la CGT se plaindre d'une demande du Medef d'augmenter les revenus des salariés...
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