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Subprime hier ,dette étudiant demain ?

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  • Subprime hier ,dette étudiant demain ?

    De nombreux analystes mettent aujourd'hui en garde sur le montant total de la dette contractée par les étudiants américains pour financer leurs études supérieures. Selon eux, cette dette pourrait bien être à l'origine de la prochaine crise financière aux Etats-Unis. En effet, les chiffres sont impressionnants : 40 millions d'américains ont actuellement un prêt étudiant à rembourser, et la valeur moyenne de leur emprunt est de 30 000 $, ce qui fait une dette globale évaluée à 1 200 milliards de dollars (environ la moitié du PIB de la France). De même, certains n'hésitent pas à faire un parallèle entre la dette étudiante et la dette subprimes qui engendra la crise financière mondiale de 2008. D'où leurs inquiétudes. Mais pour que cette comparaison soit valable, il faut toutefois vérifier certaines conditions.



    Solvabilité des emprunteurs

    En 2007, les subprimes étaient les ménages américains qui, par définition, étaient peu solvables et présentaient un risque de défaut sur leur crédit immobilier plus important que les autres (les mid-primes et les primes).

    Or aux Etats-Unis, afin de contracter un crédit pour ses études, il suffit simplement d'avoir le statut étudiant, peu importe sa solvabilité (job étudiant en même temps que les études, bourse de l'université, possibilité d'aide financière des parents...). Les banques sont donc très peu regardantes sur la situation financière des étudiants emprunteurs et elles peuvent facilement prêter jusqu'à 200 000 $.



    Montant de la dette et taux de défaut

    Au sommet de la bulle sur les subprimes en 2005-2006, l'encours de crédit subprimes atteignait presque 1 200 milliards de dollars, avant que le taux de défaut sur ces crédits ne commence à augmenter de manière exponentielle :




    On l'a vu en introduction, le montant de la dette étudiante est actuellement exactement à ce niveau. De plus, le taux de retard de remboursement (donc de risque de défaut des emprunteurs) s'est intensifié dans la période récente et est à peu près au même niveau que les taux de défaut sur les crédits subprimes juste avant la crise (~ 12 %) :





    Taux d'intérêt

    Les crédits subprimes étaient pour une partie des prêts structurés, c'est-à-dire des prêts découpés en 2 périodes de remboursement : l'une dont les intérêts étaient calculés sur un taux fixe, l'autre sur un taux variable. La plupart du temps, lors des 2 ou 3 premières années de l'emprunt, les intérêts du prêt étaient fixes et à un niveau bas, et devenaient par la suite variables et indexés sur des indices financiers, notamment sur le LIBOR US 3 mois. Quand la Fed décida de remonter ses taux directeurs de manière continue à partir de 2004 afin de lutter contre l'inflation (inflation annuelle moyenne : 2,7 % en 2004, 3,4 % en 2005 et 3,2 % en 2006), elle a encouragé la crise en alourdissant la charge d'intérêt des ménages subprimes qui avaient contracté un prêt à taux variable.

    Certains prêts étudiants (ceux contractés auprès d'institutions privées) sont également à taux variables. Or aujourd'hui la politique monétaire au Etats-Unis est particulièrement expansionniste (les taux de la Fed sont proches de 0 et 4 Quantitative Easing ont été mis en place entre 2008 et 2014) et les taux d'intérêt sont donc très bas. Les étudiants américains ont par conséquent en ce moment tout intérêt à contracter des emprunts à taux variables. Le problème pour eux surviendra lorsque la Fed commencera à remonter ses taux (fin 2015 ?), comme ce fut le cas en 2004 pour les subprimes. C'est entre autres parce que de nombreux prêts sont à taux variable aux Etats-Unis que la Fed hésite aujourd'hui à normaliser sa politique monétaire afin de ne pas affaiblir les emprunteurs, comme a elle a pu le faire dans le passé.




    Titrisation

    Le principal canal par lequel s'était transmise la crise des subprimes au monde financier est la titrisation. Pour faire simple, la titrisation est une technique financière qui permet de regrouper différents actifs sous la forme d'un seul titre financier qui peut ensuite être émis sur les marchés financiers. Cela permet non seulement de rendre liquide un actif qui ne l'est pas à la base mais également de minimiser la perception du risque des actifs risqués titrisés car ces derniers sont "mélangés" à d'autres actifs moins risqués. Il devient donc plus facile de les vendre. La fraction des crédits immobiliers subprimes titrisée (appelés residential mortage-backed securities, RMBS), qui sont des actifs très risqués, est ainsi passée de 46 % en 2001 à 81 % en 2006. Ils pouvaient par la suite être revendus sous cette forme à n'importe quel intermédiaire financier (banque, assurance, fonds de pension...) dans le monde.

    De même, les prêts étudiants sont aujourd'hui titrisés (connus sous l'appellation Student Loan Asset-Backed Securities, SLABS) et des banques du monde entier peuvent donc en posséder, d'où un risque de crise systémique majeure comme pour les subprimes.



    Nouveau fonctionnement du marché du travail

    Le remboursement des prêts étudiants sera d'autant plus difficile que le taux de chômage des jeunes aux Etats-Unis a été particulièrement élevé dans la période récente (2008-2014), ce qui peut expliquer la hausse des retards de remboursement.





    De plus, malgré le retour du chômage à son niveau structurel, les salaires n'augmentent plus comme avant, d'où là encore des difficultés accrues dans les remboursements des prêts (croissance annuelle moyenne des salaires : 1990-2000 : 2,09 %, 2003-2007 : 1,09 %, 2009-2013 : 0,52 %)






    Conclusion

    L'histoire se répète.



    écomatin
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