Bonjour, l'argent est plus utile lorsqu'il entre dans l'investissement productif, il enrichit au moins les pauvres en créant des jobs.
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Les capitaux arabes dans les banques suisses sont colossaux. En valeur, ils s’élèvent à quelque quatre cents milliards de dollars, indiquent des banquiers suisses. C’est un placement de fonds inédit en provenance du Moyen-Orient. Mais va-t-il perdurer ? Ce volume recule d’année en année. Si les banques suisses veulent préserver leur place historique au Moyen-Orient, elles doivent agir en urgence à travers l’ouverture de leurs branches dans cette région, soulignent des banquiers.

Ceux-ci rappellent que le monde est en perpétuel changement et que, si les banques suisses ne parviennent pas à s’y adapter, c’est leur viabilité qui sera en danger. C’est une nouvelle situation. Et elle suscite l’inquiétude des pays occidentaux qui ont longtemps tiré profit des fonds arabes. Des banquiers suisses notent que la «stratégie d’investissement» désormais adoptée par les riches Arabes a «changé la donne». Explication : dans le temps, les riches Arabes déposaient leurs fonds dans les banques, mais aujourd’hui ils les investissent dans leur pays à travers le rachat des actifs des grandes firmes à travers le monde et se dirigent vers des instruments d’investissement beaucoup plus performants comme les caisses d’épargne et de retraite.

C’est une tendance récente. Elle est née d’une conjoncture économique opérée dans le Monde arabe ces dernières années. Des données statistiques établissent le volume des fonds arabes dans les banques arabes à plus d’un milliard de dollars, alors que les dépôts arabes dans les banques occidentales ont nettement baissé au lendemain des attentats du 11 septembre 2001. Les raisons ?

La tendance baissière des fonds arabes dans les banques occidentales s’explique, entre autres, par la crainte des riches arabes, et ils sont nombreux, d’une campagne de gel et de confiscation des avoirs lancée par les Etats-Unis et soutenue par la majorité des pays européens, au motif de lutter contre le financement du terrorisme et du blanchiment d’argent, au moment où les rentes pétrolières ont atteint des niveaux record. Les fonds déposés ou récupérés des banques étrangères sont utilisés dans des secteurs d’investissement comme le rachat des dettes extérieures des pays arabes qui sont souvent proposées à la vente par les créanciers pour une valeur nettement inférieure, à moins de cinquante pour cent.

Ces fonds peuvent également être placés dans des banques arabes officielles qui offrent des taux d’intérêt plus avantageux qu’en dollars ou prêtés aux gouvernements arabes avec la garantie de l’une des institutions financières arabes, comme le Fonds monétaire arabe ou l’institution arabe de garantie des investissements.

Les investisseurs arabes peuvent, par ailleurs, placer leurs fonds dans des projets d’infrastructures de base dans la région arabe, désormais ouverte aux opérateurs privés locaux et étrangers, dans le cadre de ses programmes de réforme économique. Ce dont tout le monde est sûr, c’est qu’une grosse partie de ces fonds ne profite pas aux économies arabes, et que l’argent des riches Arabes sommeille souvent dans des institutions financières occidentales.

Les capitaux arabes dans les économies arabes étaient une des questions discutées lors du 10ème congrès arabe tenu à Alger les 18 et 19 novembre dernier, un rendez-vous qui a permis de replacer, ne serait-ce qu’au plan théorique, les relations économiques et commerciales interarabes et de dégager des pistes de partenariat dans l’objectif de faire fructifier l’argent arabe. Mais pas dans les banques suisses. Le débat autour de cette question en est resté là.

Par Youcef Salami
18 Décembre 2006 La Tribune