Les migrations internationales, élément clef du financement du développement
4 avril 2006
Les transferts de fonds des immigrés vers leurs pays d'origine atteignent 300 milliards de dollars par an, soit plus que le total de l'aide publique au développement, ont rappelé aujourd'hui à New York plusieurs des participants à la Commission de la population et du développement.

Dans de nombreux pays, les transferts de fonds effectués par les migrants sont devenus un facteur crucial de l'économie « souvent largement supérieur aux investissements étrangers directs » a souligné aujourd'hui François Farah, du Fonds des Nations Unies pour la population (UNFPA), devant la Commission de la population et du développement qui s'est ouverte à New York.

Pour améliorer le développement des communautés d'origine, « une stratégie serait de réduire les droits de transfert des fonds, de faciliter l'accès des services financiers aux migrants et de leur permettre d'avoir accès au crédit » a suggéré José Antonio Ocampo, Secrétaire général adjoint aux affaires économiques (DESA).

Le représentant du Bangladesh a de son côté cité l'exemple de son pays, grand pourvoyeur de migrants : les transferts des travailleurs bangladais vers leur pays d'origine sont passés de 576 millions à 4 milliards de dollars en 20 ans.

En 15 ans, le nombre de migrants dans le monde (200 millions) a augmenté de 23 %, une augmentation qui reste comparable à la croissance de la population mondiale. En revanche, les changements qualitatifs sont plus notables.

« La demande en personnel qualifié caractérise aujourd'hui la migration internationale » a noté Hania Zlotnik, directrice de la division de la population. De 1990 à 2000, les pays de l'OCDE ont ainsi accueilli 8 millions de travailleurs hautement qualifiés, dont une part importante originaire des pays du sud.

Cette transformation qualitative de l'immigration mondiale rend particulièrement sensible la question de la « fuite des cerveaux ».

Le représentant de la Commission économique pour l'Afrique, M. Sembajwe, a ainsi souligné que la réponse à donner à la fuite des cerveaux figurait parmi les priorités de l'Afrique en vue de son développement.

A cet égard, « les études démontrent que les migrants formés et les étudiants originaires de pays en développement peuvent potentiellement contribuer au développement de leurs pays d'origine quand des conditions favorables sont mises en place par les gouvernements de ces pays » a noté François Farah.

Il faut notamment prévoir des « arrangements collectifs de manière à ce que les migrants des pays du sud aient la possibilité de se réinsérer dans leur communauté d'origine » a préconisé M. Ocampo.

Les travaux de la Commission de la population et du développement, organe du Conseil économique et social (CES), vont se poursuivre jusqu'au 7 avril. « Les résultats de vos négociations seront des apports majeurs au Dialogue de haut niveau sur les migrations internationales qui se tiendra en septembre à New York » a rappelé M. Ocampo aux délégués.


Source : ONU