Annonce

Réduire
Aucune annonce.

L’Algérie face aux mutations financières mondiales

Réduire
X
 
  • Filtre
  • Heure
  • Afficher
Tout nettoyer
nouveaux messages

  • L’Algérie face aux mutations financières mondiales

    C’est dans le contexte de l’adaptation au processus de mondialisation irréversible par l’approfondissement de la réforme globale et donc de l’urgence de synchroniser la sphère réelle et monétaire, la dynamique économique et la dynamique sociale qu’il est important, pour l’Algérie, de comprendre les enjeux financiers mondiaux à travers les turbulences boursières, objet de cette modeste contribution.

    Cela n’est pas une vue simple de l’esprit mais a des incidences opératoires car bon nombre de produits comme le rond à béton, le blé sont cotés journellement à la bourse et de mauvais choix engendrent des pertes considérables visibles au niveau macro-économique à travers la balance de paiement et au niveau des entreprises à travers les rubriques frais financiers et matières premières.

    Distorsion entre la sphère réelle et monétaire en Algérie

    La monnaie n’est qu’un signe comme le montre le montant jamais atteint depuis l’indépendance politique des réserves de change clôturé à fin décembre 2006 de 75 milliards de dollars soit 25 mois d’importation auquel il faut ajouter le fonds de régulation créé par ordonnance en juin 2000 de 43 milliards de dollars US, soit près de 118 milliards de dollars US.

    Car le déficit budgétaire prévu par la loi de finances 2007 de 1.821,1 milliards de dinars et le déficit du Trésor de 1.722,4 milliards de dinars (29,2% et 27,6%du PIB) est à corriger puisqu’une fraction du montant du fonds de régulation servira à financer le déficit du Trésor mais avec obligation de maintenir le solde de ce fonds à hauteur de 740 milliards de dinars.

    Il faut se féliciter du remboursement par anticipation de la dette extérieure qui est passée de 33 milliards de dollars fin 1998 à 4,7 milliards de dollars fin 2006 car comment ne pas oublier que l’Algérie, entre 1985/2005, a versé 117,9 milliards de dollars US dont 84 pour le remboursement du principal et 34 pour les intérêts et en 1994, elle était en cessation de paiement.

    L’avantage de ces remboursements est qu’il permet d’économiser environ entre 1 à 2 milliards de dollars US et le placement des excédents dans des banques internationales cotées ou en bons de Trésor américains de rapporter presque autant (bien que ce montant est loin de ce que rapporterait un investissement utile inducteur de valeur ajoutée) et éviter en cas de rupture brutale du marché pétrolier d’aller vers un second rééchelonnement.

    Car dans la conclusion de l’accord multilatéral en mai 2006 avec le Club de Paris suivi de celui de septembre 2006 avec le Club de Londres, l’Algérie a remboursé une dette rééchelonnée de 8,5 milliards de dollars US. Ces dettes, selon les accords signés en 1994/1995, devaient être remboursés le 30 novembre 2006 et le 30 novembre 2011. Ces remboursements étaient précédés dès l’année 2004 par le règlement à l’avance de tous les crédits contractés auprès des institutions financières internationales (Banque mondiale, Banque africaine de Développement) pour 3,107 milliards de dollars soit un total de 11,607 milliards de dollars. En ajoutant les 4,737 milliards de dollars de la dette russe, l’Algérie a réglé 16 milliards de dollars US fin 2006. Mais, et il ne faut jamais l’oublier, tout cela ainsi que les 140 milliards de dollars du plan de soutien à la relance économique, grâce à l’envolée des cours du pétrole et du gaz.

    Cela explique d’ailleurs, outre la préservation de cette richesse pour les générations futures et les difficultés d’absorption de ces liquidités (divorce entre les objectifs et les moyens de réalisation avec le risque d’une mauvaise gestion généralisée), la modification de la loi des hydrocarbures avec un cours qui a dépassé ces deux dernières années plus de 55 dollars US, du fait que l’effet prix contrebalance actuellement l’effet quantité.

    En effet, les calculs ont été faits au moment de son élaboration, pour un cours de pétrole à environ 30 dollars; en réalité du fait de la dépréciation du dollar par rapport à l’euro d’environ 30%, d’un cours en termes de parité de pouvoir d’achat de 21 dollars du fait que les deux tiers de nos importations se font en euros. Cela n’est pas propre à l’Algérie, expliquant d’ailleurs le retour du nationalisme pétrolier notamment en Amérique latine, le débat en France sur le contrôle de l’énergie et le projet des démocrates américains, s’ils arrivaient totalement au pouvoir (contrôlant déjà les deux chambres du Congrès) de taxer les superprofits des compagnies américaines.

    Cette flambée du prix du pétrole concerne d’ailleurs l’ensemble des compagnies pétrolières, financièrement, le secteur ne s’étant jamais aussi bien porté, la croissance du chiffre d’affaires des 20 premières compagnies mondiales pétrolières ayant été de 27 % en 2004 tandis que leur profit cumulé a atteint le record de 135 milliards de dollars et les exercices 2005/2006 ont été, sans aucun doute, encore meilleurs.

    Cependant la particularité de ces signes positifs sur le plan monétaire en Algérie contraste avec la situation au niveau de la sphère réelle. En effet, la prédominance des hydrocarbures bruts ou semi-bruts du fait que la pétrochimie, inductrice de valeur ajoutée et de création d’emplois utiles, est embryonnaire: entre 2005/2006, 98,3% pour les exportations d’hydrocarbures; 76% des ressources budgétaires et entre 45-50 % du PIB. Et l’Arabie Saoudite, qui produit 10 fois plus de pétrole que l’Algérie (10 millions de barils/jour déclaré), les hydrocarbures bruts représentent 30% du PIB et 90% de ses exportations et ces ratios sont de loin inférieurs pour les autres pays du Golfe ou de l’Indonésie.

    Ce sont encore les dépenses publiques via les hydrocarbures qui ont permis, selon les officiels, de faire reculer le taux de chômage de 30% en 1999 à 15% en 2006 et de permettre ces transferts sociaux qui ont été de 463 milliards de dinars en 2005, plus de 586 en 2006 et de 677 en 2007 (10,9% du PIB), encore faudrait-il mesurer de leur efficacité par la prise en compte de la répartition socioprofessionnelle et spatiale du revenu national et du taux réel d’inflation (revoir le calcul de l’indice) pour déterminer l’évolution réelle du pouvoir d’achat qui, selon les officiels, a été clôturé en 2006 à 2,5%. Comme c’est cette envolée des cours du baril de pétrole qui a permis d’avoir un taux de croissance entre 2001/2006 appréciable avec 5,3%, selon les officiels, pour 2006 (le PIB étant d’environ 119 milliards de dollars US contre 105 en 2005).

    Encore qu’avec l’effritement du système d’information existe des discours contradictoires et que pour 2006 certaines institutions internationales prévoient plus de 5%, pour l’inflation et un taux de croissance approchant 3%. Cela serait dû à la faiblesse de la productivité globale, au gaspillage et pas seulement aux augmentations des salaires: faiblesse de la bonne gouvernance - corruption - augmentation excessive des importations de biens et services non facteurs qui pourraient contenir des surfacturations et des importations fictives.

    Ainsi, selon le Forum 2006 de Davos, qui a rendu public son rapport le 26 septembre 2006, l’Algérie est classée à la 76e place sur un total de 125 en matière de compétitivité internationale dans le monde, améliorant sa situation puisqu’en 2005 elle était classée 82e; selon le rapport de la Banque mondiale intitulé «Doing Business en 2007» notamment sur la complexité du système fiscal et les obstacles à la mise en oeuvre d’affaires, l’Algérie est classée 169e sur 175. Cela montrerait la timidité des réformes en matière de libéralisation étayée par le Wall Street Journal et la fondation Héritage (janvier 2007) en matière d’indice de libertés économiques pour qui l’Algérie est classée à la 134e position sur 157 (Maroc 96e, la Mauritanie 126e, les trois derniers étant la Libye, Cuba et la Corée du Nord).

    Ces indicateurs ne reflétant pas, bien entendu, les potentialités de notre pays. Car, outre la bureaucratisation de notre système économique qui fait fuir tant les compétences que les capitaux, de la réforme urgente du système financier et du foncier, de l’importance de la sphère informelle qui draine plus de 40% de la masse monétaire en circulation, s’agit-il de résoudre le lancinant problème du secteur économique public dont l’Etat lui a consacré de 1991/2006 plus de 36 milliards de dollars US sans résultats probants. Il s’agit d’insuffler une véritable politique industrielle réaliste tenant compte des nouvelles mutations mondiales, dont l’efficacité est liée à la revalorisation du savoir et l’assainissement de l’environnement.

    En effet, plus de 70% des entreprises publiques sont déstructurées sur les 1255 (les EPE emploient seulement 335.000 salariés sur 710.000 de l’ensemble du secteur économique public alors que la demande annuelle additionnelle d’emplois varie entre 400.000/500.000 unités qui s’ajoutent au stock de chômage), 365 entreprises seulement ayant un actif net supérieur au quart de leur capital social et une trésorerie supérieure à un mois de leur chiffre d’affaires. Or seule la compétitivité internationale par l’émergence d’un secteur financier digne de ce nom, évitant cette myopie à vouloir installer une bourse étatique qui n’existe nulle part dans le monde (des entreprises d’Etat achetant des entreprises d’Etat souvent déficitaires) expliquant la léthargie de la bourse d’Alger, permettra à notre pays de se hisser au niveau des pays émergents et de s’adapter à ce monde turbulent en perpétuel mouvement d’où l’importance de comprendre les turbulences boursières afin de s’y adapter.(1)

  • #2

    Evénements du 11 Septembre et turbulences boursières


    L’évolution du dollar, de l’euro et à un degré moindre du yen et dans un proche avenir de la monnaie chinoise (les USA et l’Europe reprochant à ce pays une monnaie sous-évaluée afin de dynamiser les exportations) n’est que le signe monétaire du fonctionnement de la sphère réelle. En cas de dépréciation d’une monnaie, à court terme l’on s’oriente vers des valeurs refuges afin de se prémunir contre les risques de baisse de la valeur du patrimoine expliquant les fluctuations du prix de certaines matières premières comme la monnaie suisse ou l’or. C’est que les événements du 11 septembre 2OO1 aux USA ont produit un affolement sur les différentes places boursières européennes. Certaines valeurs boursières ont perdu entre 2O à 6O % de leurs valeurs au profit d’une hausse sensible de secteurs liés à l’armement et indirectement à la pharmacie avec des fusions et des regroupements au niveau du pétrole, des télécommunications, des banques et de l’édition et jamais les fusions n’ont atteint une telle ampleur. Les compagnies d’assurance qui ont été les plus affectées, surtout celles sous-capitalisées du fait de l’absence de règles en matière de constitution des réserves, estiment les pertes évaluées dans une fourchette de 30 à 45 milliards de dollars. Et si les responsables américains ont parlé de décroissance après ces événements au lieu de récession, ce qui a été vérifié du fait de la reprise de l’économie américaine, c’est que le niveau de consommation, tout en changeant structurellement au profit des biens de consommation non durables, s’est maintenu et qu’une politique active a été conduite afin d’accroître l’épargne. Fait nouveau aux USA, les épargnants (surtout les couches moyennes) évitent de plus en plus les placements traditionnels (immobilier, assurance vie, produits monétaires) et investissent en Bourse (Wall Street, Nasdaq) en achetant des actions, bien que toute baisse boursière amenuise leur pouvoir d’achat qui se répercutera à terme sur le niveau de consommation.

    En effet, le poids de l’endettement pour ces derniers représente en moyenne plus du tiers de leurs revenus, ce qui a des incidences sur la mobilisation de l’épargne à terme. Mais la caractéristique de ce pays dominant est la problématique de l’important déficit budgétaire US estimé en 2005 à 318 milliards de dollars, avec une tendance à la facilité de la planche à billets, le dollar étant une monnaie internationale mais qui se trouvera contrebalancé de plus en plus par une concurrence vivace de l’euro dans les prochaines années. La récente dépréciation du dollar par rapport à l’euro pour plus de 30% ces 5 dernières années contribue ainsi à faire supporter ce déficit par les économies dont les transactions sont à dominance euro tout en stimulant les exportations américaines.

    Fluctuations monétaires et tendances cycliques

    Il existe une tendance à une déconnexion entre la sphère réelle et monétaire du fait d’importants mouvements de boursiers (brassage au niveau des différentes places de plusieurs centaines de milliards de dollars par jour), le taux de capitalisation boursière étant passé de 81 % en 1991 à plus de 200 % moyenne annuelle 2OOO/2005 largement supérieure à la croissance du produit intérieur brut et phénomène plus important que la période 1925-1929. Pourtant, pour l’expansion de l’économie mondiale en 2005, le commerce mondial mesuré par les exportations de marchandises a progressé de 6 % en termes réels et de 13% en valeur, pour atteindre un total de 10.400 milliards de dollars.

    Les exportations de services commerciaux ont de leur côté été évaluées à 2.450 milliards de dollars, soit une hausse de 11 % en valeur. Tandis que les exportations de produits énergétiques et miniers ont constitué 16 % du total des échanges mondiaux, leur part la plus importante depuis 1985. Celle des produits agricoles est tombée à son plus bas niveau historique avec seulement 9 % du total.

    La configuration boursière mondiale récente 2005/2006 subit une profonde mutation et les 10 premières capitalisations totales (marché domestique) en milliards de dollars US en 2005 sont: Nyse 13.310 milliards de dollars US, Tokyo Stock Exchange 4.573, Nasdaq 3.604, London Stock Exchange 3.058, Euronext 2.707, TSX Group 1.482, Deutsche Börse 1.221, Hong Kong Exchanges 1.055, AME Spanish Exchanges 960, Swiss Exchange 935. L’Europe des 15 avant le récent élargissement regroupe 25% de la capitalisation mondiale, les USA plus de 40% et le Japon 15%.

    Il existe une corrélation entre décroissance de l’économie américaine et décroissance de l’économie mondiale: pour preuve, la corrélation entre les fluctuations boursières des cours de Nasdaq et son équivalent en Europe, le Techmark britannique et le Nemax allemand, ainsi que la chute ou la hausse du dollar et l’impact sur la hausse ou la chute de l’euro reflètent le fonctionnement de l’économie mondiale qui se répercutent sur bon nombre de pays, notamment ceux en transition vers l’économie de marché. Il suffit de rappeler, il y a de cela quelques années, le déclenchement de la crise financière qui a plongé la Russie dans une récession avec la poussée de l’inflation, une dépréciation de plus de 70 % du rouble et un gonflement de sa dette extérieure à cette période, dette qui a sensiblement diminué depuis l’envolée des cours du pétrole.

    A Suivre.

    (1) Abderrahmane Mebtoul «Les conditions de l’attrait de l’investissement hors hydrocarbures en Algérie» - Revue internationale de la chambre de commerce française - Alger, novembre 2006 et notre contribution à cette même revue «Une réorientation de la politique socio-économique en Algérie axée sur le savoir... et la réhabilitation de l’entreprise», août 2006.

    Par Abderrahmane Mebtoul : Expert International, le QO

    Commentaire

    Chargement...
    X