Il existe maintenant une nouvelle définition de la richesse. En cherchant à mieux réglementer les fonds spéculatifs et autres fonds à "capitaux privés", l'autorité des marchés financiers américains, la Securities and Exchange Commission (SEC), a proposé en décembre dernier de relever le niveau de patrimoine exigé pour pouvoir y investir. Comme la SEC a toujours peu réglementé cette activité, en partant du principe qu'elle est destinée à des gens fortunés capables de se défendre tout seuls, sa définition d'un investisseur de fonds spéculatif est souvent considérée synonyme de celle d'un "riche".
Et il s'avère qu'être riche, de nos jours, exige deux fois et demi plus d'argent que dans les années 1980.
Selon la SEC, pour participer à un fonds de couverture, un investisseur doit disposer d'actifs à placer d'au moins 2,5 millions de dollars (1,87 million d'euros), sans compter ses biens immobiliers ni ses intérêts dans des entreprises. Il s'agit d'un bond énorme car, actuellement, il faut pour se qualifier un patrimoine d'au moins 1 million de dollars, y compris la valeur de la résidence principale, ou un revenu annuel de 200 000 dollars (150 000 euros) les deux années précédentes pour une personne seule, et de 300 000 dollars pour un couple.
D'après la SEC, il s'agit simplement de tenir compte de l'inflation et de l'explosion du nombre de millionnaires. Le seuil de 1 million de dollars a été fixé en 1982, longtemps avant l'envolée de la Bourse des années 1990 et la hausse de l'immobilier des cinq dernières années. Le gendarme boursier estime que le nombre d'individus possédant 1 million de dollars est tel que, parmi eux, certains ne s'y connaissent sans doute pas suffisamment en matière financière pour comprendre les risques d'un investissement dans des fonds spéculatifs.
Selon une enquête de la Réserve fédérale, les ménages pesant au moins 1 million de dollars (y compris la valeur de leur résidence principale) représentaient plus de 8 % de la population américaine en 2004. La nouvelle définition ne s'appliquerait plus qu'à 1 %. Sans même parler de la question de savoir si une plus grande richesse correspond à un plus grand savoir-faire, des millionnaires désormais exclus du club très fermé des fonds spéculatifs trouvent la nouvelle règle scandaleuse. Des avocats de ces institutions, qui risquent de perdre des investisseurs, sont également montés au créneau, arguant que les riches ont le droit d'investir avec les encore plus riches. Le site Internet de la SEC est inondé de centaines de courriels d'investisseurs furieux qui dénoncent le caractère élitiste de la nouvelle définition. Ross Kaminsky, du Colorado, qui était qualifié selon l'ancienne règle mais n'atteindrait pas le nouveau seuil, demande à l'autorité de tutelle de revenir sur sa décision. "On dit souvent que seuls les riches s'enrichissent", écrit-il. "Si cet adage se vérifie fréquemment, c'est parce que les riches voient des possibilités d'investissement que les autres ne verront jamais."
Pourtant, la SEC n'est pas la seule à changer sa définition du "riche". Même les agences de rencontres placent désormais la barre très haut. Une nouvelle officine new-yorkaise, Natural Selection [qui organise notamment des "rencontres rapides" – speed dating] met en relation des hommes "riches" et des femmes "belles". Les candidats masculins de moins de 25 ans doivent gagner au moins 200 000 dollars par an, somme qui passe à 500 000 dollars après 30 ans.
Robert Frank -The Wall Street Journal (Courrier international)
Et il s'avère qu'être riche, de nos jours, exige deux fois et demi plus d'argent que dans les années 1980.
Selon la SEC, pour participer à un fonds de couverture, un investisseur doit disposer d'actifs à placer d'au moins 2,5 millions de dollars (1,87 million d'euros), sans compter ses biens immobiliers ni ses intérêts dans des entreprises. Il s'agit d'un bond énorme car, actuellement, il faut pour se qualifier un patrimoine d'au moins 1 million de dollars, y compris la valeur de la résidence principale, ou un revenu annuel de 200 000 dollars (150 000 euros) les deux années précédentes pour une personne seule, et de 300 000 dollars pour un couple.
D'après la SEC, il s'agit simplement de tenir compte de l'inflation et de l'explosion du nombre de millionnaires. Le seuil de 1 million de dollars a été fixé en 1982, longtemps avant l'envolée de la Bourse des années 1990 et la hausse de l'immobilier des cinq dernières années. Le gendarme boursier estime que le nombre d'individus possédant 1 million de dollars est tel que, parmi eux, certains ne s'y connaissent sans doute pas suffisamment en matière financière pour comprendre les risques d'un investissement dans des fonds spéculatifs.
Selon une enquête de la Réserve fédérale, les ménages pesant au moins 1 million de dollars (y compris la valeur de leur résidence principale) représentaient plus de 8 % de la population américaine en 2004. La nouvelle définition ne s'appliquerait plus qu'à 1 %. Sans même parler de la question de savoir si une plus grande richesse correspond à un plus grand savoir-faire, des millionnaires désormais exclus du club très fermé des fonds spéculatifs trouvent la nouvelle règle scandaleuse. Des avocats de ces institutions, qui risquent de perdre des investisseurs, sont également montés au créneau, arguant que les riches ont le droit d'investir avec les encore plus riches. Le site Internet de la SEC est inondé de centaines de courriels d'investisseurs furieux qui dénoncent le caractère élitiste de la nouvelle définition. Ross Kaminsky, du Colorado, qui était qualifié selon l'ancienne règle mais n'atteindrait pas le nouveau seuil, demande à l'autorité de tutelle de revenir sur sa décision. "On dit souvent que seuls les riches s'enrichissent", écrit-il. "Si cet adage se vérifie fréquemment, c'est parce que les riches voient des possibilités d'investissement que les autres ne verront jamais."
Pourtant, la SEC n'est pas la seule à changer sa définition du "riche". Même les agences de rencontres placent désormais la barre très haut. Une nouvelle officine new-yorkaise, Natural Selection [qui organise notamment des "rencontres rapides" – speed dating] met en relation des hommes "riches" et des femmes "belles". Les candidats masculins de moins de 25 ans doivent gagner au moins 200 000 dollars par an, somme qui passe à 500 000 dollars après 30 ans.
Robert Frank -The Wall Street Journal (Courrier international)
