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«Marchés frontières»: les produits d'investissement se multiplient

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    «Marchés frontières»: les produits d'investissement se multiplient

    EMERGENTS. Les pays à l'aube de leur développement résistent bien à la crise boursière et deviennent un thème d'investissement à part entière.

    Jean-Pascal Baechler
    Lundi 11 février 2008

    La bonne résistance de certains marchés boursiers exotiques contraste avec le repli des grands indices, qui souffrent des craintes de récession aux Etats-Unis. Alors que le S & P 500 a cédé quelque 10% depuis le 1er janvier, les pertes ne sont que de 2,6% à Dubaï ou de 6,5% en Ukraine. La Jordanie a même progressé d'environ 5% et Maurice de 7%.

    Cela ne pouvait que retenir l'attention de ceux qui cherchent des opportunités au-delà des marchés émergents traditionnels et s'intéressent aux «nouveaux marchés frontières», des pays comme le Panama, le Vietnam, le Nigeria ou l'Ukraine. Pour satisfaire leur appétit, des produits, fonds ou certificats, éclosent sur le marché. Tous ne sont pas réservés à des investisseurs sophistiqués: Deutsche Bank doit lancer cette semaine un ETF adossé à l'indice S & P Select Frontier, coté à Francfort.

    Les marchés frontières sont les marchés émergents les plus jeunes, encore peu liquides et difficiles d'accès pour l'investisseur. «L'idée est de saisir tôt l'opportunité que présente la prochaine vague d'économies émergentes, celles qui seront peut-être dans dix ans la nouvelle Corée ou le nouveau Brésil», expliquait en décembre Christian Deseglise, spécialiste du domaine chez HSBC.

    Appétit de la Chine

    En dix ans, la bourse de Séoul a progressé de 240%, celle de São Paulo de 510%. Mieux, Ankara a progressé sur cette période de 1370%. Production de matières premières pour satisfaire la demande chinoise, développement du secteur financier, industrie d'exportation, gestion économique rigoureuse et capitalisation boursière faible font partie des ingrédients du cocktail. Par exemple, le Kazakhstan est riche en pétrole et le Botswana en diamants, tandis que le Maroc profite d'un accord de libre-échange avec les Etats-Unis, relève Credit Suisse (CSGN.VX) dans une étude.

    Le potentiel est d'autant plus important que la base de départ est basse. Une des qualités des nouveaux marchés frontières est une faible corrélation avec les marchés développés, soulignent les fournisseurs de produits.

    Ceux-ci sont très actifs depuis l'an dernier et les éditeurs d'indices sont en première ligne. Standard & Poor's (S & P) publie depuis plusieurs années un indice sur les marchés frontières, S & P/IFC Global Frontier Markets, qui a pour origine une collaboration avec l'International Finance Corporation (IFC), une filiale de la Banque mondiale. S & P a créé en 2007 deux nouveaux indices limités aux titres les plus liquides, Select Frontier et Extended Frontier 150, tandis que MSCI Barra a lancé son propre indice Frontier Markets.

    Ces indices couvrent plusieurs régions: Europe de l'Est et Asie centrale (par exemple, Bulgarie, Roumanie, Croatie, Ukraine ou Kazakhstan), Asie (Pakistan, Sri Lanka, Vietnam), Afrique et Proche-Orient (Botswana, Kenya, Nigeria, Tunisie, Liban, Oman, Qatar, Emirats arabes unis), Amérique latine (Colombie, Equateur, Panama) ou Océanie (Maurice). La couverture diverge d'un indice à l'autre et n'est pas figée; elle dépend notamment des exigences de liquidité minimale des actions. Un pays comme la Géorgie peut aussi être considéré comme un marché frontière.

    Fonds et certificats

    Les banques ne sont pas inactives: Merrill Lynch propose un indice Africa Lions, dédié à l'Afrique, tandis que Credit Suisse va lancer prochainement un indice Frontier Markets. Ces deux benchmarks sont des bases à des certificats. Du côté des fonds, Julius Bär s'intéresse aux anciens membres du bloc communiste autour de la mer Noire. Investec, New Star et Scipion Capital gèrent des produits en actions africaines. Via une filiale sise à Hongkong, JF, JPMorgan (JPM) mise sur les marchés frontières d'Asie. Au Danemark, Bankinvest fait partie des pionniers, tandis que HSBC s'apprête à lancer un fonds sur cette thématique. La liste n'est pas exhaustive.

    La plupart de ces produits ne sont pas approuvés à la distribution en Suisse. De plus, il n'est souvent possible d'acheter ou de revendre des parts qu'une fois par mois. Les actions sont souvent peu liquides et demandent du doigté au gérant, qui doit avoir des courtiers de confiance sur place et disposer d'un réseau de contacts lui permettant de se voir proposer des paquets d'actions quand ceux-ci arrivent sur le marché.

    Les principaux risques résident cependant dans la volatilité de l'investissement dans des sociétés de pays à l'aube de leur émergence. Lors de crises, les cours peuvent chuter de moitié, voire plus. En outre, le développement économique est semé d'embûches, comme le montrent les tensions au Kenya ou au Pakistan. Souvent, les inégalités dans la population sont profondes et asseoir le développement sur le long terme est un défi pour de nombreux gouvernements. L'inflation est aussi une menace dans ces économies fragiles: les hausses des taux d'intérêt freinent fortement l'activité et font chuter les cours. Il reste que les grandes nations émergentes sont passées par de telles crises et s'en sont remises.



    © Le Temps, 2008 . Droits de reproduction et de diffusion réservés.
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