L'ex-président du groupe de BTP Vinci, Antoine Zacharias, est sorti de sa retraite qu'il passe en Suisse pour réclamer, vendredi 28 mars devant le tribunal de commerce de Nanterre, 81 millions d'euros à son ex-entreprise. Cette somme représente le bénéfice des stock-options qu'il n'a pas pu exercer depuis son départ.
M. Zacharias avait brutalement démissionné de la présidence du numéro un mondial du BTP le 1er juin 2006, lors d'un conseil d'administration, après que neuf des seize administrateurs du groupe s'opposèrent au licenciement de son numéro deux, Xavier Huillard.
Le conflit entre les deux hommes avait commencé au début de l'année 2006, à propos du versement d'une prime de 8 millions d'euros à M. Zacharias pour avoir mené à bien l'acquisition d'Autoroutes du Sud de la France (ASF). Dans une lettre du 9 février 2006, M. Huillard s'était élevé contre cette éventualité. Le directeur général y soulignait que M. Zacharias allait déjà toucher 50 millions d'euros au titre des indemnités retraites. "Une prime ASF vous ferait et ferait courir à Vinci un très important risque de déstabilisation", estimait M. Huillard. La guerre de pouvoir s'achèvera par le maintien de M. Huillard et la démission de M. Zacharias.
Mais le 12 juin 2006, par "une volte-face surprenante", selon Me Georges Jourde, avocat de Vinci, M. Zacharias se ravise et maintient qu'il est toujours administrateur du groupe et, à tout le moins, de quatre filiales - Vinci Concessions, Vinci Allemagne, Vinci Royaume-Uni et Vinci Park -, mandats dont il est révoqué le 7 juillet suivant. N'étant plus mandataire social, ni salarié, la direction de Vinci estime qu'il n'a plus droit à ses stock-options.
Pour justifier leur paiement, Me Georges Terrier, avocat de M. Zacharias, affirme que la révocation de son client n'a pas été motivée par une faute grave, mais par la seule volonté de le priver de ses avantages et rappelle "les performances exceptionnelles réalisées par Vinci" sous la présidence de M. Zacharias, entre 1997 et 2006 : un chiffre d'affaires multiplié par quatre et une valeur boursière décuplée.
"CONFORTABLEMENT RÉMUNÉRÉ"
"Nul ne conteste que M. Zacharias a été l'artisan de la création de valeur de Vinci, mais il n'est pas le seul, puisqu'il y a 160 000 collaborateurs, et il a été confortablement rémunéré pour cela", a rétorqué Me Jourde, rappelant son dernier salaire annuel de 4,3 millions d'euros, la prime de départ à la retraite de 12,8 millions d'euros, une retraite garantie de la moitié de son dernier salaire, soit 2,5 millions d'euros par an, des jetons de présence et des plus-values sur 12 millions d'actions, évaluées à 260 millions d'euros...
Le procureur de la République a souhaité exclure toute question morale : "Il ne s'agit pas de contester la rémunération des mandataires sociaux (...) même si elle peut paraître indécente aux yeux de certains salariés (...), ni d'apprécier le travail de M. Zacharias (...). La vraie question est de savoir s'il peut prétendre bénéficier de ces stock-options en cas de rupture du mandat social. Pour moi, la réponse est non." A son avis, "le conseil d'administration a le pouvoir de révoquer les administrateurs ad nutum (à tout moment, sans motif ni formalités)" et "c'est peut-être son rôle d'empêcher une personne physique de s'enrichir au détriment de l'entreprise". Jugement le 30 mai.
Par le Monde
M. Zacharias avait brutalement démissionné de la présidence du numéro un mondial du BTP le 1er juin 2006, lors d'un conseil d'administration, après que neuf des seize administrateurs du groupe s'opposèrent au licenciement de son numéro deux, Xavier Huillard.
Le conflit entre les deux hommes avait commencé au début de l'année 2006, à propos du versement d'une prime de 8 millions d'euros à M. Zacharias pour avoir mené à bien l'acquisition d'Autoroutes du Sud de la France (ASF). Dans une lettre du 9 février 2006, M. Huillard s'était élevé contre cette éventualité. Le directeur général y soulignait que M. Zacharias allait déjà toucher 50 millions d'euros au titre des indemnités retraites. "Une prime ASF vous ferait et ferait courir à Vinci un très important risque de déstabilisation", estimait M. Huillard. La guerre de pouvoir s'achèvera par le maintien de M. Huillard et la démission de M. Zacharias.
Mais le 12 juin 2006, par "une volte-face surprenante", selon Me Georges Jourde, avocat de Vinci, M. Zacharias se ravise et maintient qu'il est toujours administrateur du groupe et, à tout le moins, de quatre filiales - Vinci Concessions, Vinci Allemagne, Vinci Royaume-Uni et Vinci Park -, mandats dont il est révoqué le 7 juillet suivant. N'étant plus mandataire social, ni salarié, la direction de Vinci estime qu'il n'a plus droit à ses stock-options.
Pour justifier leur paiement, Me Georges Terrier, avocat de M. Zacharias, affirme que la révocation de son client n'a pas été motivée par une faute grave, mais par la seule volonté de le priver de ses avantages et rappelle "les performances exceptionnelles réalisées par Vinci" sous la présidence de M. Zacharias, entre 1997 et 2006 : un chiffre d'affaires multiplié par quatre et une valeur boursière décuplée.
"CONFORTABLEMENT RÉMUNÉRÉ"
"Nul ne conteste que M. Zacharias a été l'artisan de la création de valeur de Vinci, mais il n'est pas le seul, puisqu'il y a 160 000 collaborateurs, et il a été confortablement rémunéré pour cela", a rétorqué Me Jourde, rappelant son dernier salaire annuel de 4,3 millions d'euros, la prime de départ à la retraite de 12,8 millions d'euros, une retraite garantie de la moitié de son dernier salaire, soit 2,5 millions d'euros par an, des jetons de présence et des plus-values sur 12 millions d'actions, évaluées à 260 millions d'euros...
Le procureur de la République a souhaité exclure toute question morale : "Il ne s'agit pas de contester la rémunération des mandataires sociaux (...) même si elle peut paraître indécente aux yeux de certains salariés (...), ni d'apprécier le travail de M. Zacharias (...). La vraie question est de savoir s'il peut prétendre bénéficier de ces stock-options en cas de rupture du mandat social. Pour moi, la réponse est non." A son avis, "le conseil d'administration a le pouvoir de révoquer les administrateurs ad nutum (à tout moment, sans motif ni formalités)" et "c'est peut-être son rôle d'empêcher une personne physique de s'enrichir au détriment de l'entreprise". Jugement le 30 mai.
Par le Monde