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Emirates et les compagnies françaises s’accaparent du ciel algérien et Air Algérie bientôt dans l’incapacité de verser les salaires
C’est une situation totalement inédite et absurde. L’Algérie est, décidément, le seul pays au monde qui interdit à sa propre compagnie aérienne nationale d’assurer des vols spéciaux au nom de la sacro-sainte fermeture des frontières du pays face aux dangers de l’épidémie de la COVID-19, mais tout en autorisant les compagnies aériennes étrangères de voler le plus normalement du monde dans le ciel national ! Les compagnies aériennes étrangères sont, depuis plusieurs semaines, les seules qui peuvent assurer des vols spéciaux ou de rapatriement depuis ou vers l’Algérie.
Et pendant ce temps-là, Air Algérie est totalement à l’arrêt et ses finances s’amenuisent dangereusement au point de ne plus pouvoir verser les salaires de ses employés à partir du mois de juin prochain ! Oui, cette information a été officiellement confirmée par le DG par intérim d’Air Algérie Amine Mesraoua lors d’un Conseil d’Administration tenu au début de ce mois d’avril au niveau de la Direction générale d’Air Algérie à Alger. Lors de ce Conseil d’administration, le DG par intérim d’Air Algérie a clairement expliqué à ses collaborateurs et représentants syndicaux que la situation financière de la compagnie est intenable.
Bloquée par la fermeture hermétique des frontières en vigueur depuis la mi-mars 2020, Air Algérie n’a même pas le droit de programmer des vols spéciaux ou de rapatriement depuis le début du mois de mars dernier. Et pourtant, la compagnie aérienne nationale avait pu tirer profit d’un lucratif programme de vols de rapatriement entre le 23 décembre 2020 et fin février 2021. Ces vols spéciaux ont permis à Air Algérie de récupérer quelques revenus précieux tout en permettant à des milliers de ressortissants algériens établis à l’étranger de retrouver enfin leurs proches et parents.
Le gouvernement algérien a tout stoppé en interdisant tous les vols de rapatriement. Les avions d’Air Algérie ont été une nouvelle fois entièrement cloués au sol provoquant ainsi un énorme préjudice financier pour la compagnie. La décision du gouvernement algérien a suscité des polémiques incessantes nourrissant une véritable controverse car l’Algérie a continué depuis le mois de mars dernier à autoriser les compagnies étrangères à voler dans le ciel algérien !
Preuve en est, la compagnie aérienne émiratie Emirates a annoncé le mercredi 7 avril la programmation de vols de spéciaux vers Dubaï au départ d’Alger à partir du 15 avril prochain. Ces vols de rapatriement sont programmés les 15, 20, 22, 27 et 29 avril prochains, précise Emirates qui indique que les passagers voyageant vers d’autres destinations via Dubaï peuvent être acceptés selon certaines conditions. « Les vols sont disponibles sur GDS, vous pouvez donc réserver et émettre les billets à votre niveau », fait savoir la compagnie émiratie, soulignant qu’ « étant un vol de rapatriement, la vente est ouverte pour des billets en aller-simple seulement, pour toutes les cabines ».
Emirates a pris le soin de souligner que seules certaines catégories de voyageurs peuvent embarquer sur ces vols spéciaux. Il s’agit des titulaires d’un visa de visite/touristique, seulement s’ils détiennent une autorisation de voyage spéciale délivrée par les autorités compétentes, des titulaires d’un visa de travail ou de résidence du pays de la destination finale, des passagers titulaires d’un visa de visite pour rejoindre leur famille en dehors de l’Algérie, sous réserve de détenir une preuve de lien familial ou des passagers titulaires d’un visa de visite voyageant pour des raisons médicales sous réserve de détenir un rapport médical complet et une confirmation de rendez-vous médical ainsi que les étrangers, sans aucune restriction au départ d’Alger.
Emirates vient rejoindre ainsi les compagnies françaises Air France, Transavia et ASL Airlines qui ont poursuivi leurs vols spéciaux vers l’Algérie le plus normalement du monde. Il arrive même que ces compagnies françaises puissent « jouir » du droit de mettre en place pas moins de 4 vols à destination de l’Algérie par… jour. Officiellement, à l’aller seules les passagers jouissant d’une autorisation spéciale d’entrée sur le territoire national peuvent monter à bord de ces vols. Mais au retour, les compagnies françaises embarquent tous les binationaux, résidents algériens établis en France ou en Europe ainsi que les conjoints de ressortissants français ayant bénéficié d’un visa d’installation.
Tout ce marché revient exclusivement aux compagnies françaises. Et les autorités algériennes viennent d’offrir un autre marché des vols spéciaux exclusivement à Emirates alors qu’Air Algérie n’a pas le droit de faire décoller ses propres appareils ! Oui, les avions étrangers quittent et rejoignent les aéroports du pays notamment celui d’Alger le plus régulièrement possible et les avions nationaux sont cloués sur le tarmac faisant perdre des millions d’euros à Air Algérie. En clair, le gouvernement algérien préfère voir Air Algérie frôler la faillite et la cessation de paiement sans bouger le petit doigt au moment où il offre des privilèges commerciaux inédits aux compagnies étrangères qui ne paient quasiment aucune taxe pour le Trésor Public, du moins très peu de taxes par rapport à la compagnie aérienne nationale.
Pour la première fois dans l’histoire de l’aviation civile, un Etat consacre lui-même le sabotage de ses propres entreprises nationales. Bravo Tebboune et Djerad !
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