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Sécheresse: Le Maroc va utiliser les eaux non conventionnelles pour sortir de la zone de risque

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  • Sécheresse: Le Maroc va utiliser les eaux non conventionnelles pour sortir de la zone de risque

    Au moment où les ressources en eau potable se rarifient, l’utilisation des eaux non conventionnelles devient un enjeu capital pour assurer la sécurité des Etats en eau. Au Maroc, après la politique des barrages, un nouveau chantier s’ouvre pour palier la sécheresse et les changements climatiques qui s’abattent sur la région Afrique du nord.

    Le Maroc sera amené à vivre une pénurie d’eau d’une grave intensité dans moins de 20 ans, selon les projections d’un rapport de l’Economist Intelligence Unit. Le royaume fera partie d’une quarantaine de pays dans le monde à être classés dans la zone de risque « extrêmement élevé » de pénuries d’eau avec une consommation supérieure à 80% de ses ressources en eau, en 2040.

    Face à ce constat et aussi cette année 2022 qui s’annonce déjà dès ses premiers mois comme une année de sécheresse aigue qui menace la sécurité alimentaire du pays en premier lieu, les autorités marocaines ont mis en place une stratégie à moyen et long terme pour lutter contre le phénomène de stress hydrique.

    Cette stratégie se dresse à plusieurs niveaux, dont une partie est consacrée à l’utilisation des eaux non conventionnelles. Ces eaux non conventionnelles, de leur nom, indiquent qu’elle ne proviennent pas typiquement de la pluviométrie, et ne sont pas des eaux de source, elles proviennent au contraire, des eaux usées, de l’eau de mer dessalée, ou des eaux saumâtres.

    « Les eaux non conventionnelles se sont essentiellement les eaux issues du dessalement de l’eau de mer, qui veut dire de passer d’une concentration de sel d’environ 35 grammes par litre à presque zéro gramme par litre, mais aussi la déminéralisation des eaux saumâtres, ce sont des eaux de nappes profondes qui sont chargées de moins de 10 grammes de sel par litre, et bien sûr la réutilisation des eaux usées », a déclaré à ce propos Taoufiq Marzouki Zerouali, directeur général de Novec, un bureau d’études leader en Afrique et Moyen Orient, spécialisé en ingénierie dans les activités du bâtiment, l’alimentation en eau et et l’assainissement, ainsi que les grandes infrastructures comme les barrages.

    Près de 500 millions de mètres cubes d’eau dessalée d’ici 2030

    Au Maroc, la politique de l’eau a été relevée au niveau de priorité depuis de le règne du défunt roi Hassan II qui avait mené une grande politique des barrages. En 1975, avec la réintégration des provinces du sud, au Sahara, qui ont un climat désertique caractérisé par une faible pluviométrie de moins de 100 millimètres par an, la question de la sécurité en eau dans ces provinces s’est rapidement posée.

    Devant la rareté des ressources en eau conventionnelles, qu’elles soient superficielles ou souterraines de bonnes qualité, le Maroc s’est naturellement dirigé vers la mise en service d’unités de déminéralisation et de dessalement pour l’alimentation en eau potable des populations des provinces du sud », a expliqué le DG de Novec lors d’un webinaire consacré à la mobilisation des eaux non conventionnelles dans la stratégie de sécurité hydrique au Maroc, organisé par l’Institut CDG.

    La première station de dessalement installée au Maroc pour lutter contre le stress hydrique dans les régions du sud, remonte ainsi aux années 70, avec une unité de dessalement dans la ville de Laayoune.

    Actuellement la capacité de production installée au niveau des 20 stations de dessalement ou de déminéralisation est d’environ 180 millions de mètres cubes par an, et presque 500 milles mètres cubes par jour et plus de la moitié se situe au niveau de la station d’Agadir qui vient d’être inaugurée.

    Dans la première tranche vient d’être mise en service en 2022, presque la moitié des ressources en eaux produites sont redirigées vers l’eau potable et l’autre moitié est utilisée pour l’irrigation, a expliqué M. Marzouki Zerouali

    Par ailleurs, il existe aussi 12 stations qui sont en cours de développement offrant une production supplémentaire de près de 16 millions de mètres cubes par an, et 9 stations sont programmées d’ici 2030, le tout permettra de produite à peu près 425 millions de mètres cubes par an d’eau issue du dessalement.


    Dans le détail, ces stations de dessalement sont réparties dans différentes régions du Maroc selon plusieurs critères, dont fait partie la taille de la population, leurs besoins de consommation en eau. Ainsi pour Casablanca, il est prévu la mise en place d’une première tranche de 200 millions de mètres cubes par an, et à terme qui devrait atteindre les 300 millions.

    Pour la station de l’Oriental, elle devrait faire 100 millions de mètres cubes par an en première tranche, la station de Safi qui ferait 60 millions, pour l’industriel l’OCP, il y aura une extension de Jorf Lasfer pour 50 millions de mètres cubes par an.

    Pour Dakhla, il y aura 22.500 de mètres cubes jour soit 8 millions de mètres cubes par an, Sidi Ifni avec 8.700 mètres cubes par jour soit 3 millions de mètres cubes par an, Tarfaya 1300 par jour, Smara 3500 par jour, Mrirt 6000 par jour, indique la même source.

    L’eau dessalée plus chère que l’eau conventionnelle

    Ces stations ont un coût élevé en comparaison avec celui de l’utilisation de l’eau conventionnelle, et le consommateur final ne paye pas l’eau mais plutôt le coût des infrastructures, du réseau de distribution et l’entretien, fait remarquer M. Marzouki Zerouali.

    Et d’expliquer que le procédé utilisé pour dessaler l’eau est la technique d’osmose inverse qui « est la technique la plus répandue au Maroc » affirme-t-il, en relevant ses coûts importants en termes d’énergie, qui sont variables entre 10 et 16 dirhams le mètre cube pour des petites unités de dessalement inférieures à 50 millions de mètres cubes.

    Néanmoins, plus les stations de dessalement sont importantes en volume, les coûts de production et d’exploitation sont revus à la baisse, explique-t-il, mais ces prix restent largement supérieurs à ceux des eaux superficielles.

    En comparaison, avec des eaux des barrages, le coût revient près de 3 ou 4 dirhams le mètre cube, a ajouté le responsable. Mais l’utilisation prochaine des énergies renouvelables permettra sans doute, de réduire ces prix sur le long terme, et également de réduire l’empreinte carbone des stations de dessalement

    Avec l’amélioration des technologies ces dernières années, le coût a largement baissé, car il y a 30 ans, le coût était de 50 dirhams par mètre cube.

    Au niveau des eaux usées, à ce jour il existe 31 projets de réutilisation ont été réalisés ou sont en cours de réalisation à l’échelle nationale, pour différentes utilisations, notamment pour les espaces verts, les les golfes et l’agriculture.

    Le volume d’eau réutilisées à fin 2020 était de l’ordre de 65 millions de mètres cubes dont près de 20 millions pour l’arrosage des golfs et espaces verts. Et, il y a eu une vingtaine de millions consacrés pour la ville de Marrakech et une dizaine de millions pour la ville d’Agadir.

    « A l’achèvement de la mise en œuvre de ces projets, le volume usé épuré mobilisé, atteindra 100 millions de mètres cubes », a affirmé Taoufiq Marzouki Zerouali.
    La lutte contre les pertes en eau est primordiale

    Si les projets d’utilisation de eaux non conventionnelles semblent être un apport important et stratégique dans les politiques publiques marocaines, elles ne devraient pas non plus se substituer aux ressources conventionnelles.

    Les eaux conventionnelles représentent « 22 milliards de mètres cubes et les eaux non conventionnelles atteindront les 500 millions de mètres cubes à terme, peut-être que cela pourrait doubler à long terme, donc il y a un rapport de 1 à 20 », déclare-t-il.

    « Et à mon sens, étant donné que la mobilisation des eaux non conventionnelles sont largement plus couteuses, en plus des problématiques d’impact, il faudra toujours privilégier les eaux conventionnelles lorsque c’est possible et lorsqu’il n’y a pas d’impératif sécuritaire », souligne le DG de Novec.

    Selon lui, « il faut absolument gérer la demande en eau via la lutte contre les pertes parce qu’il y a un gisement énormes dans les pertes (…) économiser l’eau par tous les moyens », notamment en généralisant l’utilisation du goutte à goutte dans l’agriculture, l’utilisation des robinets avec cellules photovoltaiques qui font que dès qu’on enlève la main il n’y a plus d’eau qui coule, dans les ménages.

    « Il y a une multitude de possibilités », a encore ajouté le responsable en rappelant le rôle important de la « communication efficace » pour passer des messages aux populations cibles.

    Enfin, il estime aussi qu’il faudra responsabiliser les populations habituées au gaspillage de l’eau, notamment dans les centres urbains, et éduquer les plus jeunes à la culture du non gaspillage de l’eau.

    « Il y a aussi un outil qui est formidable et qui a déjà été utilisé et qu’il faudra qu’on réutilise, c’est la tarification. Il y a des gens qui ne comprennent que leur poche. Vous touchez à leur poche, il réagissent, vous ne touchez pas à leur poche ils ne réagissent pas », a-t-il soutenu
    Hespress
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