
La marche du peuple amazigh vers sa libération
Par : Moha Moukhlis
Agraw Amazigh
La reconnaissance de l’amazighité en tant que fondement de l’identité nationale, sans jugement de valeur hiérarchisant qui subordonne l’amazighité à la supériorité raciale, théologique et métaphysique de l’arabe et des Arabes est la seule perspective qui puisse garantir la stabilité et la paix sociale. L’hégémonie officialisée de l’arabité et de l’arabe n’apporte rien de bien ni de nouveau, elle confirme le divorce entre les amazighs et le pouvoir arabiste. Les replâtrages idéologiques et politiques donnent l’impression du déjà vu. La vision idéaliste et finaliste que le « nationalitarisme » a donnée au Maroc a volé en éclat. Elle n’est que le miroir inversé du discours colonial ; son ennemi est interne : l’amazighité et ses dépositaires dont la seule existence physique agace et irrite. Au sien des instances, des hautes sphères du pouvoir, l’exclusion des amazighe s’apparente à un nettoyage ethnique.
Les cartels des familles des arabo-andalous s’accaparent tous les postes décisifs : politique et économique, financiers, diplomatique et de plus en plus militaires et sécuritaires. Le Ministère des Affaires Etrangères est la « propriété héréditaire » des arabo-andalous. Un sillage est édifié entre le sérail et les amazighes réduits à des fonctions ustensilaires. Comme des produits jetables.
La reconnaissance de la diversité et le respect de la différence sont des valeurs étrangères à la culture politique des « nationalitaristes » arabo-islamistes et à l’Etat marocain oppresseur, théocratique et esclavagiste dans ses fondements et ses référents idéologiques. Les promoteurs de son idéologie véhiculent la pensée totalitaire et unique. Ils pensent être les meilleures personnes qui puissent exister sur terre. Le reste de l’humanité devra aller en enfer. Les amazighs ont commis un délit impardonnable : celui d’exister.
L’arabisation est conçue depuis toujours comme une opération idéologique de contrôle social. Pour empêcher les amazighs d’accéder aux postes de décisions et se positionner comme concurrents potentiels. Elle émane de cadres politiques qui s’en nourrissent et de personnes dont le souci est moins de résoudre la question culturelle que la gestion de la parole du peuple. Elle sert de révélateur à tous les errements identitaires et à toutes les gabegies politiques. L’actuel gouvernement dominé par les andalous dont la progéniture « huppée » poursuit ses études à New York ou Paris, en est l’illustration.
Le combat amazigh est un combat culturel et politique qui révèle les contradictions profondes dans lesquelles l’Etat arabiste s’est enfermé et la dimension totalitaire d’une idéologie pernicieuse arabo-islamique qui ne tolère plus sa mise en cause. Une topique qui s’engouffre dans l’impasse, préférant le suicide à la réalité. Le Mouvement Amazigh est une lame de fond qui s’attaque au mal dans ses racines. Invisible et déroutant, il a entamé un travail de démystification radical qui donne des tergiversations du pouvoir une image ridicule et burlesque. Fantasque.
La torture des détenus politiques amazighes par des barbouzes désemparées et vivant dans une schizophrénie permanente, la répression de leurs familles et des sit in de solidarité de la population avec les étudiants incarcérés arbitrairement à Sidi Saïd, Errachidia et Warzazat (l’Etat marocain a envoyé des camions de forces auxiliaires, de policiers et de gendarmes à M’semrir, Boumal n Dadess, Sefrou, Tinghir… avec des moyens matériels conséquents), confirme l’usage devenu systématique de pratiques violentes, répressive à la Pinochet et vexatoires qui humilient les amazighs, traités bâtards et d’arriérés vendus, de fils de traînées, leur rappelant que l’arabe de Ben Laden et du gang séoudiens est la langue de Dieu et du paradis. Ils sont traités d’agents de l’ennemi étranger, de comploteurs…On s’est toujours attendu à la révélation des « forces obscures étrangères » qui manipulent les Berbères : ce fut le silence total ! Ce n’est tout de même pas la France, Israël ou les Etats-Unis qui ont inventé les Berbères !
Le Mouvement Amazigh mûrit et donne au pouvoir des leçons de force pacifique et d’exigence de dialogue démocratique. Mettant à nu son discours démagogique et les logorrhées de ses partis arabistes. Il rappelle que le mythe de l’arabité a vécu. Le pouvoir réprime, c’est la seule chose qu’il sait faire. A-t-il d’autres choix face un mouvement autochtone qui sape sa légitimité fictive ? Le Mouvement Amazigh résiste. Décidé. Inébranlable. Disposé à tous les sacrifices. Y compris le sacrifice suprême : la mort. Car sa lutte est motivée par des convictions et des valeurs humaines universelles. Les valeurs du futur. Il résiste face aux tentatives de destruction du sens des valeurs culturelles amazighes, face au travail de sape de la démobilisation de ses acteurs, du parasitage, du noyautage, de l’égoïsme. Il continue sereinement son travail de démystification.
Il conçoit la langue et la culture amazighes comme pivots de la revendication, car elles constituent un lieu de reconnaissance et de retrouvailles, un lien chaleureux de convivialité, un point de ralliement, la seule marge insoumise et rebelle devant l’uniformisation étatique et le nivelage, les faux débats, l’endoctrinement sectaire et sommaire, la rhétorique stérile et tragique arabe. L’arme irrécupérable de la langue et de la culture lui permet la libération des amazighs des réflexes de la peur, du silence, des tabous et de la soumission. Elle lui a permis l’apprentissage du combat politique face aux mensonges, aux manipulations, aux intimidations, à l’emprisonnement et au chantage idéologique de l’Etat.
Le retour de la légitimité passe par la reconnaissance officielle du Maroc comme pays des amazighs et non des arabes venus d’Orient comme une nuée de sauterelles ravageant tout sur leur passage comme l’a écrit Ibn Khaldoun, par la reconnaissance officielle de la langue amazighe par la constitution. Il est inconcevable que, dans un Etat qui se dit démocratique, ceux qui commandent, parlent aux citoyens une langue étrangère, en l’occurrence l’arabe. Une langue rébarbative qui véhiculent la culture de la décadence, du mépris et du racisme. L’alternative démocratique signifie l’officialisation de la langue amazighe. La langue amazighe a droit de cité dans la cité amazighe. Droit inaliénable que le colonialisme intérieur ou extérieur ne peut prescrire. Elle doit bénéficier de la part de l’Etat de l’égalité de traitement qui lui permette de rattraper le temps et le terrain perdus. Ceux qui s’y opposent s’inscrivent à contre courant de l’histoire amazigh et mondiale qui avance.
La confrontation a commencé contre un pouvoir colonial arabiste qui s’attaque à tous les fondements de la société amazighe colonisée, à ses repères et poussent les amazighs à l’asservissement. Sourd aux appels réitérés de l’Histoire, le pouvoir est déboussolé et opte pour la violence et la répression. Vaine stratégie face à un peuple déterminé, qui lutte pour sa liberté et sa libération.
Les opportunistes amazighs refusent toujours de regarder leur image dans le miroir. Ils préfèrent se dérober à la réalité, ne veulent pas accepter leur situation de colonisé sur la terre de leurs ancêtres. Ils réduisent la cause à un problème culturel qu’ils marchandent. Ils s’accrochent frénétiquement à des privilèges puérils et se retournent contre leur culture.
Le pouvoir a asphyxié les zones amazighes économiquement pour pousser les amazighs à l’exode et à s’arabiser. Les tribus sont morcelées par un découpage sécuritaire. Ses hommes de main se comportent en territoire conquis, ils se sentent supérieur à nous. Pour lui, le seul fait d’être amazigh mérite un châtiment. Il a bordélisé le Moyen Atlas pour casser la famille amazighe et clochardiser notre société.
Les appareils de répression omniprésents depuis toujours ont réussi à donner une impression d’inattaquable. Ils continuent leur œuvre de sabotage et de destruction. Le mouvement amazigh s’en retrouve renforce dans sa détermination. Car, solidement amarrés à ce qui constitue son fonds culturel et sa personnalité millénaire, libérés de l’aliénation de l’Orient, il avance vers des lendemains meilleurs. Le dominant veille à la stérilisation de nos élites, à la destruction de celles qui arrivent malgré tout à surgir par corruption et par oppression policière, par avortement et par provocation de tout mouvement populaire et son écrasement brutal et violent. Par le fait de la colonisation, le peuple amazigh a été arraché de son passé et stoppé dans son avenir. Ses traditions agonisent.
La conscience amazighe opprimée, devra passer, passe par des étapes avant d’arracher la reconnaissance de son identité collective. Le processus s’effectue tout en identifiant aussi bien le pouvoir ennemi que les forces sociales alliées du pouvoir. L’avenir nous appartient.
Auteur : Moha Moukhlis

Commentaire